Arturia revient avec une nouvelle émulation de synthé de légende qui manquait clairement à sa V Collection. Et c’est vers Oberheim que se sont tournés les Français pour nous offrir un petit Jump dans le temps…
Ne perdons pas de temps pour faire immédiatement parler la bête. C’est de cela qu’il s’agit :
Soit l’OB-Xa pour ceux qui ne l’auraient pas reconnu, un dinosaure mythique qui mérite bien une petite présentation en bonne et due forme.
Obédience Oberhheim
Figurant parmi les synthés les plus mythiques d’Oberheim et même du monde de la synthèse tout court, l’OB-Xa est un synthétiseur analogique qui fit suite à l’OB-X faisant lui-même suite à l’OB-1 (qui a donné son nom à Obiwan dans Star Wars) et ne fut construit que deux ans à partir de 1980 pour se placer en face du populaire Prophet 5. Doté de circuits intégrés de fabrication Curtis a priori plus fiables que les composants discrets qui équipaient l’OB-X, l’OB-Xa a connu un franc succès auprès des artistes en dépit de ses limitations (une forme d’onde à la fois pour chaque oscillo notamment) et de sa fragilité. Très prisé notamment pour ses sons de Brass bien fat, on le retrouve de fait sur quantité de standards émanant de Queen (I want to break free), Prince (1999), New Order, Eurythmics, Madonna (Holiday), Depeche Mode ou encore Bon Jovi, sans oublier évidemment Balavoine et Jean-Michel Jarre en France, et sans parler de son cri de guerre le plus célèbre : le Jump de Van Halen en intro de ce test.
Bref, c’est encore à une pièce d’anthologie que s’est attaqué Arturia en proposant, comme à son habitude, quelques améliorations permettant d’étendre le terrain de jeu de l’instrument sans pour autant renier sa personnalité, comme nous allons le voir…
Fac simile plus plus
Les connaisseurs de l’OB-Xa ne seront pas dépaysés vu que l’OB-Xa V d’Arturia reprend à peu de choses près le look comme l’organisation des commandes de l’original. On retrouve donc ce look so 80’s noir rayé bleu avec le paramétrage des modulations et des oscillos dans la partie gauche et le filtre et les enveloppes dans la partie droite.
À bien y regarder toutefois, les libellés comme les contrôles ne sont pas tout à fait les mêmes, à commencer par ce qui est présent dans la partie Oscillos où se glisse un potard X-Mod issu de l’OB-X premier du nom, lequel permet à un oscillo de moduler la fréquence de l’autre, soit une forme de synthèse FM avant l’heure avec tout ce que cela implique comme possibilités, tandis qu’en plus des deux formes d’ondes Scie et Pulse qu’on trouvait sur les deux oscillos de l’OB-Xa, on dispose désormais d’une Carrée.
Voilà qui permet déjà de faire bien plus de choses, sans compter que ce n’est pas la le seul ajout réalisé par Arturia.
Outre un Unison montant à 8 voix et une polyphonie montant à 16, on dispose en effet d’une commande Spread permettant de jouer avec le panoramique ou la largeur du champ stéréo, mais surtout de nettement plus de possibilités de traitements et de modulation.
Un clic sur la triple flèche du haut de l’interface permet ainsi d’accéder aux plus grosses nouveautés ajoutées par Arturia : une section de modulation autrement plus développée que ce que permettait l’original vu qu’elle permet de tracer jusqu’à quatre formes d’ondes sur quatre mesures et d’assigner la modulation sur une matrice 5X6 :
C’est aussi à cet endroit que l’on retrouve une section d’effets où trois slots agençables en série ou parallèle vous permettront de charger l’un des neuf effets disponibles : Reverb, Delay, Chorus, Flanger, Phaser, Overdrive, Compresseur, Bitcrusher et filtre multimode.
Bref, parti de la base de l’OB-Xa, il y a vraiment de quoi aller beaucoup plus loin, sans compter tous les avantages procurés par l’informatique : réplicabilité du plug (vous avez autant d’OB-Xa que vous voulez), presets illimités au sein d’un navigateur multicritère et surtout, le fait que la bestiole n’aura jamais à aller chez le réparateur… Quand on sait comme les synthés d’Oberheim de l’époque pouvaient se montrer capricieux, ça n’a rien d’un détail…
Reste à faire le tour de l’éventail sonore offert par cet OB-Xa V.
Vintage Ober Alles
On commencera évidemment par les Brass, qui sans sans doute ce qui est le plus populaire dans l’OB-Xa et qui donnent le sourire aux lèvres :
- BrassA1(3)00:08
- BrassTrumpetC1(2)00:08
- BrassTrumpetAB1(2)00:08
- BrassPureGritBrass00:08
- BrassOberheimer(2)00:08
- BrassDontJump00:08
- BrassMelloWow00:08
Côté basse, on retrouve le grain typique qui fait la réputation d’Oberheim, et on entend que l’émulation n’a pas trop de soucis pour générer des graves énormes chargés de sub :
- BassBassup00:08
- BassPunchyBouncer00:08
- BassHarmonic00:08
- BassDirtySub00:08
- BassClayPickup00:08
- BassArom00:08
- Bass3OctaveKnock00:08
Poursuivons avec les Lead, plus ou moins agressifs, tirant parti de l’Unison comme de la section d’effets :
- LeadRockUnison(2)00:08
- LeadTunedBees00:08
- LeadFormantStyle00:08
- LeadOverdriveMono00:08
- LeadSymplySync00:08
- LeadXmodReecLead00:08
Les Strings ne déméritent pas non plus même si ce n’est pas là la vocation première de l’OB-Xa :
- STRINGSArthurius00:08
- STRINGSthermostat400:08
- STRINGSicesstrings00:08
- STRINGSdramaqueen00:08
- STRINGSABC3StringsIII00:08
- STRINGSA3low00:08
Les Pads demeurent relativement sages mais peuvent bénéficier néanmoins d’une animation via la matrice de modulation :
- PADVariableCrossMod00:08
- PADIntotheShadows00:08
- PADDaniello00:08
- PADChauffage00:08
- PADBC5HymnOrgan(2)00:08
- PADBC5HymnOrgan00:08
- PADspacedTapeAngels00:08
Et enfin les motifs séquencés via l’arpégiateur intégré permettent d’aller vers des choses plus ou moins barrées :
- ARPStepSequence00:08
- ARPSlidingSequence00:08
- ARPHouseAbuse00:08
- ARPEchoesofSilence00:08
- ARPDetunedCrowed00:08
- ARPBambou00:08
- ARPanalogueSaws00:08
Comme vous le voyez, il y a de quoi faire, et même s’il est difficile de se prononcer sur la fidélité de modélisation en l’absence d’un test comparatif avec l’original émulé, la personnalité de l’OB-Xa est bien là. Pour seul réel défaut, on se contentera donc de parler de la politique de prix d’Arturia, qui nous propose comme à son habitude le synthé seul à 199 euros alors que la V Collection 7 qui propose une grosse vingtaine d’instruments (et pas des moindre) est à 499 euros. On tempèrera ce reproche toutefois en soulignant que les promos sont courante chez Arturia et qu’à sa sortie, ce petit dernier peut être acquis à des tarifs préférentiels suivant ce que vous possédez déjà, mais ceux qui veulent rentrer dans l’univers d’Arturia au meilleur prix attendront probablement que cet OB-Xa V rejoigne la V Collection 8 pour mettre la main dessus car l’affaire sera autrement plus intéressante.
Conclusion
Il n’y a pas grand chose à redire à la copie que nous rend Arturia, l’éditeur ayant comme à son habitude trouvé un juste point d’équilibre entre respect de l’original et innovation, vintage et modernité. L’OB-Xa V reprend en effet toutes les caractéristiques du synthé de légende d’Oberheim en ouvrant une fenêtre sur le prédécesseur OB-X, en corrigeant certains de ses défauts et en apportant certains fonctionnalités qui manquaient : côté modulation, on est en effet nettement plus à l’aise avec cette version logicielle, tandis que la section d’effets n’a rien d’un gadget pour le sound design. Bref, on aurait tort de bouder son plaisir face à ce nouveau venu qui n’a qu’un unique défaut qui n’en est pas un vraiment : un prix catalogue qui pousse à attendre les promos ou à investir dans la prochaine V-Collection. Pour le reste, bravo les grenoblois !