Dévoilé au Superbooth 2019, le Super 6 est la première production de la jeune société UDO Audio. Ce magnifique synthé hybride compact est désormais disponible à l’achat…
UDO Audio est une toute récente compagnie anglaise fondée en 2018 à Bristol par George Hearn, concepteur de synthés auparavant employé chez Modal Electronics, située dans la même ville à l’ouest de l’Angleterre. Parmi ses faits d’armes, il a entre autres contribué au développement du synthé analogique polyphonique Modal 008. Mais ça, c’est maintenant de l’histoire ancienne.
Disponible depuis peu, le Super 6 est le premier produit de la marque UDO, à savoir un synthé très soigné promettant de l’ampleur sonore, de la convivialité, de la puissance et de la solidité. Nous avions pu à peine le tester à Berlin dans le brouhaha du Superbooth 2019. Il aura fallu une année supplémentaire pour parfaire la mise au point et mettre sur le marché les premiers exemplaires. Après une insistance de plusieurs mois sans jamais baisser la garde, nous avons réussi à convaincre George de nous envoyer un exemplaire de test juste avant le Brexit. Merci à lui et à toute l’équipe UDO…
Construction exemplaire
Ce qui frappe immédiatement en déballant le Super 6, c’est sa qualité de construction irréprochable : coque tout en métal, réponse et ancrage parfaits des commandes, peinture et assemblage très soignés. On apprécie le souci apporté dans les finitions, par exemple les profils de protection latérale des touches. Bravo UDO ! Le Super 6 est disponible en deux finitions, bleu métallisé ou gris anthracite. Le synthé mesure 85 × 36 × 10 cm pour 9,2 kg, ce qui en fait un objet compact idéal pour le studio comme pour la scène. Le panneau est séparé en deux étages : synthèse en partie supérieure, contrôles en partie inférieure. Ils sont subdivisés en différentes sections : LFO1, modulation des oscillateurs, oscillateurs, mixeur, filtres, ampli et enveloppes en haut ; contrôles temps réel, assignation des voix, arpégiateur / séquenceur, sélection des programmes / ondes alternatives / matrice de modulation / fonctions globales et effets en bas.
Cela représente 9 potentiomètres rotatifs, 29 curseurs linéaires 45 mm, 1 encodeur poussoir, 5 sélecteurs rotatifs, 16 sélecteurs à bascule et 31 boutons poussoirs, qui donnent au Super 6 un air de Jupiter vintage. De quoi bien s’amuser, d’autant qu’une large majorité de commandes ne dépasse pas deux fonctions (le plus souvent une), ce qui assure une prise en main instantanée. Niveau interface utilisateur, c’est droit au but : aucun menu, aucun écran, pas même une petite LED pour indiquer lorsque la valeur en cours correspond à la valeur stockée. On a toutefois une rangée de 16 LED pour représenter certains réglages. UDO a prévu les fonctions Compare, Manual et Init. L’entrée en matière est facilitée, s’il en était besoin, par le joli manuel papier très détaillé livré avec la machine.
Le clavier 4 octaves Fatar sensible à la vélocité et à la pression monophonique est de bonne facture. Dommage qu’il n’y ait pas plusieurs courbes de vélocité et de pression. Nous sommes de ceux qui préfèrent les claviers 5 octaves sur les synthés polyphoniques, même monotimbraux ; d’autres préfèrent le côté compact des 4 octaves, une affaire de goût et de place. Un sélecteur à ressort permet de changer l’octave, de –2 à +2. La vélocité peut contrôler le volume sonore et d’autres paramètres à définir, alors que la pression peut s’ajouter à l’axe vertical du Bender pour piloter le VCF et le pitch via un LFO dédié. La conception mécanique à très faible jeu de cet axe le rend très dur et peu pratique à doser ; on préfère l’approche de Roland avec une vraie course verticale et un ressort de rappel.
La connectique, vissée et centrée sur l’essentiel, est située sur le panneau arrière : sortie casque stéréo TRS, sorties audio gauche / droite TS, entrée audio stéréo TRS (vers la paire de seconds oscillateurs), entrée pour pédale de maintien, entrée pour pédale continue assignable, trio Midi DIN (notes, changements de programme, pitchbend, modulation, pédales), port USB (échange de programmes / séquences / formes d’ondes et mise à jour du système d’exploitation), connecteur IEC 3 broches pour cordon secteur (alimentation interne universelle 90–250 V / 50–60 Hz, bravo !) et interrupteur secteur. Toutes les connexions analogiques sont au format jack 6,35 mm. Certaines fonctionnalités sont encore en cours de développement, comme la transmission de l’ensemble des CC/NRPN/MPE via Midi/USB ou l’ensemble des fonctions Midi via USB. A suivre…
Très large bande
Le Super 6 est un synthétiseur hybride polyphonique monotimbral. Nous l’avons testé en version 0.25, après avoir effectué la mise à jour sans difficulté via USB en bootant dans un mode spécial. On trouve 128 programmes réinscriptibles organisées en 16 banques (A1 à H2) de 8 programmes, ce qui est assez chiche de nos jours. La gestion des mémoires internes se fait également par USB, dans le mode spécial évoqué précédemment, qui permet d’accéder à tous les éléments réinscriptibles du synthé (programmes, formes d’onde, séquences), nous y reviendrons. Les 64 programmes fournis sont décevants, pas très utiles, ni démonstratifs, à quelques exceptions près. Rien de bien transcendant. Heureusement, les commandes sont une invitation aux voyages sonores improbables. L’ami CO5MA, toujours accro à la fondue et aux beaux synthés, nous a une fois encore concocté de formidables démos sonores dont il a le secret. Il a développé une banque de 32 programmes dont 5 sont offerts à ce lien. Un grand merci à lui…
- Super 6_1audio 01 Large Pad00:43
- Super 6_1audio 02 Jingle Bells00:48
- Super 6_1audio 03 Bass Attack00:50
- Super 6_1audio 04 Stereo Strings00:32
- Super 6_1audio 05 Hybrid Tex01:20
- Super 6_1audio 06 Hybrid Mex00:23
- Super 6_1audio 07 Bass Seq01:12
- Super 6_1audio 08 Super Pad00:38
- Super 6_1audio 09 Arp&Del01:28
- Super 6_1audio 10 Icy Day01:08
- Super 6_1audio CO5MA GOLEM01:13
- Super 6_1audio CO5MA FIREFLIES00:32
- Super 6_1audio CO5MA ENDING01:03
- Super 6_1audio CO5MA DENSITY00:43
- Super 6_1audio CO5MA BMX RIDE00:40
- Super 6_1audio CO5MA VHSLOVE00:59
- Super 6_1audio CO5MA MOJO00:18
- Super 6_1audio CO5MA LIQUEYS00:49
- Super 6_1audio CO5MA GONE00:12
Immédiatement, on est surpris par l’ampleur stéréo des textures produites. Les sons se révèlent généreux, sur toute la bande passante et toute la largeur stéréo. Le grain est là, tantôt précis, tantôt fluctuant, nous pourrions dire parfois numérique, parfois analogique. Les pêches de cuivres côtoient les textures mystérieuses, les basses profondes répondent aux leads tranchants, les cloches parlent aux drones. Il est rare qu’un synthé montre une telle polyvalence sonore. Ici, tout paraît possible au détour d’un potentiomètre, avec une musicalité à tous les étages. Quelques éléments viennent toutefois un peu gâcher ce beau tableau : la vélocité est difficile à bien doser (faute de courbes de réponse), les niveaux de sortie sont globalement faibles (même en jouant sur la quantité de modulation appliquée à l’enveloppe de volume) et les canaux gauches / droits sont déséquilibrés de quelques dB. Le constructeur travaille sur un correctif, donc rien d’inquiétant, d’autant qu’il n’y a aucun bruit de fond. En résumé, une belle claque sonore comme on aime les prendre !
Paire de six
Contrairement aux synthés classiques, le Super 6 totalise 12 voix organisée en 6 voix stéréo (mode binaural par défaut) ou 12 voix mono (avec un léger ping-pong stéréo d’une voix à l’autre). En mode binaural, Les 12 voix sont appairées pour former un signal stéréo du début à la fin du parcours (cf. schémas). Chaque demie-voix offre deux oscillateurs numériques (DDS), un HPF, un LPF et un VCA. Les DDS sont des oscillateurs numériques générées par un FPGA cadencé à 50 MHz. Ils sont capables de produire des ondes classiques (sinus, dent de scie, carré, triangle, bruit blanc). Le DDS1 peut aussi utiliser 16 formes d’ondes alternatives avec possibilité d’import (voir encadré). Les ondes préchargées couvrent différents contenus spectraux (cloches, EP, orgues, résonances…). Ce sont des ondes statiques, pas des tables d’ondes, dans la tradition des synthés hybrides vintage comme le Prophet-VS ou le DW-8000 (et plus récemment le Modal 002). Le DDS1 est aussi capable de fonctionner en mode Super-oscillateur, ajoutant 6 oscillateurs désaccordables à l’oscillateur de base, soit à amplitude constante, soit à amplitude réduite de moitié en cascade, tout cela sans réduction de polyphonie. Très gros son garanti à partir d’un seul oscillateur, surtout en binaural ! En plus des ondes classiques, le DDS2 peut pour sa part produire une impulsion à la largeur variable. Il ne possède en revanche pas de mode Super-oscillateur.
La fréquence de travail du FPGA est telle que les ondes sont dépourvues de tout aliasing numérique notable, ce sur toute la tessiture. Chaque oscillateur peut être accordé sur 32–16–8–4–2 pieds. Le DDS1 descend en plus à 64 pieds, alors que le DDS2 peut passer en mode LFO (il n’émet plus de signal audio mais est routable via la matrice de modulation, travaillant à une fréquence comprise entre 0,1 et 100 Hz). Avec le DDS2 en mode LFO (donc inaudible), on peut en profiter pour injecter un signal audio externe stéréo ou ajouter un sous-oscillateur carré à l’octave inférieure, sympa. Les deux DDS peuvent être combinés de différentes manières : en couche (balance classique), en fondu (sur 2 octaves centrées en un point de séparation programmable) ou en synchro dure (le DDS1 force le cycle du DDS2). Le DDS2 peut aussi être désaccordé du DDS1 sur plus ou moins 6 demi-tons (ce serait bien d’ajouter un réglage superfin en combinant la touche SHIFT).
Côté modulations, la fréquence de chaque DDS est directement modulable par le LFO1 et la première enveloppe. Il en est de même pour les paramètres du mode Super-oscillateur (DDS1) ou PWM (DDS2). Sympa d’avoir prévu ces réglages essentiels en accès direct. C’est dans cette même section que l’on dose la Cross Modulation du DDS1 par le DDS2 (FM exponentielle). On trouve également un portamento polyphonique à temps variable de 0 à 10 secondes. On apprécie tout de suite la puissance ces oscillateurs, qui sortent de l’ordinaire, avant même d’entrer dans les filtres ou dans les autres modules du synthé. On aurait bien aimé une simulation de fluctuation de la fréquence des DDS (Drift), histoire de créer un peu d’instabilité… Les deux DDS peuvent ensuite être mélangés sous forme de balance avant d’attaquer les filtres. On aurait préféré des dosages séparés pour plus de finesse, tant pis.
Doubles VCF
Les signaux des DDS accompagnés le cas échéant de la source audio externe ou du sub-oscillateur attaquent ensuite deux VCF placés en série. Le premier est un HPF qui peut prendre trois modes : désactivé, fréquence fixe voisine de 500 Hz (pour alléger les basses sur certains sons, notamment en polyphonie) ou fréquence calée sur le filtre principal. Ce dernier mode permet de créer un pseudo mode passe-bande. Là encore, c’est original et mieux que ce qu’offrent certains synthés analogiques vintage de conception proche, tels que les Roland Juno / Jupiter avec leur HPF statique (dont le Super 6 s’inspire tout de même un peu beaucoup, il faut bien le reconnaitre)
Le VCF principal est un LPF 4 pôles basé sur le circuit intégré SSI2144 (réédition moderne du fameux SSM2044). Un réglage de Drive permet de saturer le filtre, soit en relation avec la résonance (= subtilité), soit à fond (= bourrinage). La fréquence de coupure répond de manière parfaitement lisse quand on bouge le curseur idoine. Elle peut être modulée par les enveloppes (1 ou 2, 1 et 2), le LFO1 et le DDS2. A nous les bruitages et autres déchirures sonores ! Tout cela est finement dosable. Le suivi de clavier peut être réglé sur 0, 50 ou 100%. Lorsqu’on augmente la résonance, on n’écrase assez peu les niveaux de sortie. Quand on pousse davantage la résonance, le filtre entre en auto-oscillation.
Le son de ce filtre est très musical, avec une belle coloration typique du SSM2044, surtout en mode LPF, sur une large plage de coupures et de résonances ; le mode BPF manque par contre de mordant dans la coupure des graves, on sent que le HPF est en pente douce. Comme tout bon composant analogique, chaque VCF peut se balader d’une voix à l’autre suivant les conditions de température ; la fonction TUNE permet de réaccorder tout ce beau monde automatiquement en une trentaine de secondes ; ils se révèlent ensuite très stables. En sortie de VCF, on attaque fort logiquement le VCA, toujours en stéréo. Il peut être piloté par le LFO1 et la seconde enveloppe, avec niveaux de modulation pour chacun (ce qui permet au passage de programmer le volume de sortie dans chaque son). On peut substituer à cette enveloppe une porte simple ou une porte avec Release, ce qui la libère pour d’autres utilisations via la matrice de modulation, bien vu ! La vélocité peut aussi piloter le VCA suivant trois niveaux (0–1/2–1).
Il y a différentes manières d’assigner les voix : polyphonique avec 2 oscillateurs par voix et Release d’enveloppes maintenus, polyphonique avec 2 oscillateurs par voix et Release d’enveloppes coupés, unisson (différentes voix empilées, accords à la quinte / à l’octave / majeur), legato et solo. Précisons ici que le mode binaural est activé par défaut pour tout type d’assignation de voix ; on ne peut le désactiver qu’en mode polyphonique, afin de passer de 6 voix stéréo à 12 voix mono comme sur un synthé classique, utile pour ceux qui préfèrent une polyphonie plus confortable à un son stéréo de part en part.
Modulations matricielles
Le Super 6 possède deux enveloppes par demi-voix, de type respectif DADSR et ADSR. Les temps des segments ADR varient de 0,5 ms à 10 secondes, ce qui est parfait comme plage pour tout type de sons. Ces enveloppes démontrent un bon punch sur les temps courts, permettant au synthé des transitoires efficaces sur les segments d’attaque et de déclin. La première enveloppe dispose de quelques réglages supplémentaires par rapport à sa consœur : bouclage, inverseur de polarité et suivi de clavier (0–1/2–1). Elle est librement assignable via la matrice de modulation, alors que la seconde enveloppe est simplement assignable au VCF et au VCA.
Passons au LFO1. Chacune des 6 voix stéréo possède un LFO indépendant avec déphasage des signaux gauche/droite (réglages communs pour tous). En mode 12 voix, les LFO sont partagés par 2 voix. On trouve les ondes classiques triangle, carré positif, dent de scie et S&H. Le cycle peut être redéclenché à chaque note, laissé libre ou joué une seule fois (mini-enveloppe). La fréquence, comprise entre 0,05 et 20 Hz, peut être synchronisée au tempo interne ou à une horloge Midi. Il y a aussi un réglage de délai. Plus intéressant, on peut déphaser le cycle du LFO pour les demi-voix gauches et droites, créant ainsi des effets de balayage stéréo très intéressants ; c’est d’ailleurs tout l’intérêt du mode binaural et hélas la seule source de modulation de la stéréo, assignable aux pitchs (DDS1, DDS2, DDS1+2), PWM du DDS2, coupure du VCF et VCA. C’est ainsi que les pitchs, PWM, VCF et VCA sont modulés différemment pour les canaux gauches et droits de chaque voix.
On peut aussi basculer le LFO1 dans deux modes haute fréquence (20 Hz à 20 kHz) où il se transforme en troisième oscillateur audio, avec ou sans suivi de clavier. Dans ces deux modes, la forme d’onde peut être choisie parmi celles du DDS1 (sauf le bruit). Le son du LFO1 est alors sommé, au choix, au DDS1 ou au DDS2. Le Super 6 offre également un LFO 2 global pour toutes les voix (onde sinus), dédié aux modulations en temps réel du VCF et du pitch des DDS, via l’axe vertical du Bender et/ou l’aftertouch. On peut en régler le délai (0 à 5 secondes) et la fréquence (0,5 à 50 Hz).
Enfin, le Super 6 dispose d’une matrice de modulation permettant de relier 8 sources à de très nombreuses destinations, avec quantité de modulation bipolaire. Les sources sont le DDS2, le LFO2, l’enveloppe 1, la vélocité, la pression, la pédale continue, le Bender vers la gauche et le Bender vers la droite. Le suivi de clavier n’est donc pas dans la liste, dommage. Les destinations sont à choisir parmi la plupart des commandes continues en façade. Les touches de sélection de banques A-H correspondent à des destinations prédéfinies : vitesse du LFO1, quantité de Cross Modulation, déclin de l’enveloppe 1, relâchement de l’enveloppe 2, résonance du filtre, temps du délai stéréo, feedback du délai stéréo et décalage de phase stéréo du LFO1. On peut choisir d’autres destinations pour chaque source en maintenant le bouton correspondant à la source (1–8), en bougeant les commandes des destinations à assigner, puis en réglant la quantité de modulation avec l’encodeur poussoir. A noter qu’une source peut être assignée à plusieurs destinations, super ! Il manque hélas le mélange des oscillateurs et un panoramique parmi la liste des destinations.
Effets stéréo simples
Passé le VCA stéréo, le signal attaque deux effets numériques 24 bits / 192 kHz placés en série : chorus puis délai. Stéréo en entrée et sortie, ils sont d’excellente qualité mais offrent très peu de réglages. Il n’y a qu’un seul type de délai (stéréo parallèle), avec un temps variant de 1 ms à 1 seconde. Il peut être synchronisé au tempo suivant différentes divisions temporelles. Un feedback permet de doser le nombre de répétitions, produisant des effets d’écho brefs jusqu’à des répétitions infinies, sans dégradation du signal. Le chorus offre trois positions (I, II, I+II) correspondant à trois niveaux d’intensité… et c’est tout ! Heureusement que la qualité est là, parce que cette section est un peu légère par rapport à ce que propose la concurrence dans la même catégorie de prix et de technologie, on pense en particulier au Summit de Novation, son compatriote d’Oxford.
Arpèges ou séquences
Le Super 6 est doté d’un module arpégiateur / séquenceur. L’arpégiateur offre quatre motifs basiques (haut, bas, alterné, aléatoire), la cinquième position du sélecteur basculant en mode séquenceur. Les motifs d’arpèges peuvent être transposés sur 1 à 4 octaves et joués suivant 5 niveaux de swing (on aurait aimé plus de finesse, surtout pour les premiers réglages). Le tempo peut être synchronisé à l’horloge Midi, tout comme la vitesse du LFO1 et le temps de l’effet délai. Une fonction HOLD permet de maintenir l’arpège en cours tout en ajoutant des nouvelles notes. Tout cela est très conventionnel mais toujours agréable à avoir sous la main.
Le mode séquenceur offre 64 pas avec une polyphonie de 12 notes. Lorsqu’elle est lancée (touche ON), la séquence est lue et transposée en temps réel au clavier. En mode normal, elle joue en boucle tant qu’on maintient une note et retourne au début de cycle à chaque nouvelle note jouée. En mode HOLD, elle joue en boucle après relâchement de note et est immédiatement transposée dès qu’on joue une nouvelle note, sans retourner au point de départ, ce qui permet des enchaînements sans à-coup. Le swing est également accessible, comme pour les arpèges. Chaque pas contient des notes (1 à 12) et différents paramètres additionnels : SLIDE (liaison / portamento), ACCENT (vélocité accentuée sur les différentes destinations programmées par ailleurs) et REST (activation/coupure du pas). Leur statut est modifiable avec les sélecteurs de programmes et de banques, ainsi que la touche d’octave (RANGE) pour accéder aux 4 sections de 16 pas.
Pour programmer un pas, on appuie sur la touche SEQ REC. Les notes jouées sont entrées dans le pas en cours en même temps que la position horizontale du Bender. Lorsque la dernière note est relâchée, l’accord est mémorisé et le pas suivant est activé. Pour modifier un pas donné, il suffit de le choisir avec l’un des 16 sélecteurs et la touche RANGE, puis rejouer les notes et le Bender. C’est à peu près la même chose pour les pistes SLIDE, ACCENT et REST. Par contre, nous n’avons pas trouvé de réglage de porte, durée de pas, Ratchets ou autres exotismes. De même, on ne peut pas enregistrer de mouvements des paramètres de synthèse. Enfin, il n’y a qu’un sens de lecture, avant toutes ! Au total, 16 séquences peuvent être mémorisées et l’une d’entre elles rappelée par chaque programme. Dernier point qui frotte, les notes arpégées / séquencées ne sont pas transmises en Midi, argh !
Les fichiers son sont disponibles ici en lossless.
Conclusion
Le Super 6 est un bonheur au plan sonore, ample, émouvant et d’une grande polyvalence, même si le niveau de sortie n’est pas des plus élevés. Cette polyvalence s’exprime aussi bien dans la bande passante (des basses pesantes aux leads perçants), dans la polyphonie (aussi à l’aise en mono qu’en poly), que dans les timbres (des nappes analogiques aux textures numériques, avec des mélanges délicats). Ceci est autant dû à la qualité des oscillateurs générés par FPGA qu’à la musicalité des filtres analogiques SSI. Sans oublier les nombreuses possibilités de modulation. Les commandes directes, judicieusement choisies pour aller droit au but, facilitent la prise en main et la création. Quant à la qualité de construction, elle est irréprochable.
Le Super 6 serait exceptionnel s’il ne souffrait pas de péchés de jeunesse, pour la plupart corrigibles : le séquenceur est perfectible et les fonctions Midi / USB ne sont pas terminées. C’est assez compréhensible pour le premier produit d’une toute jeune société artisanale. Mais quid des niveaux de sortie un peu faiblard ? Le concurrent le plus direct est le Summit de Novation, également un British synthé hybride positionné dans la même gamme de prix. Le Summit est plus puissant (polyphonie, bitimbralité, tables d’ondes, filtres multimodes, réverbes et taille mémoire), alors que le Super 6 a pour lui de véritables voix stéréo modulables et un petit séquenceur polyphonique. Pour lutter à armes égales, il doit encore progresser, car il est magnifique et sonne divinement bien. Nos sincères encouragements à UDO ! Ou bien Nous lui décernons l’Award d’encouragement-qui-reste-à-inventer 2021 !