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Binaural Rhapsody
8/10
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Dévoilé au Superbooth 2019, le Super 6 est la première production de la jeune société UDO Audio. Ce magnifique synthé hybride compact est désormais disponible à l’achat…

Test du Super 6 de UDO Audio : Binaural Rhapsody

UDO Audio est une toute récente compa­gnie anglaise fondée en 2018 à Bris­tol par George Hearn, concep­teur de synthés aupa­ra­vant employé chez Modal Elec­tro­nics, située dans la même ville à l’ouest de l’An­gle­terre. Parmi ses faits d’armes, il a entre autres contri­bué au déve­lop­pe­ment du synthé analo­gique poly­pho­nique Modal 008. Mais ça, c’est main­te­nant de l’his­toire ancienne.

Dispo­nible depuis peu, le Super 6 est le premier produit de la marque UDO, à savoir un synthé très soigné promet­tant de l’am­pleur sonore, de la convi­via­lité, de la puis­sance et de la soli­dité. Nous avions pu à peine le tester à Berlin dans le brou­haha du Super­booth 2019. Il aura fallu une année supplé­men­taire pour parfaire la mise au point et mettre sur le marché les premiers exem­plaires. Après une insis­tance de plusieurs mois sans jamais bais­ser la garde, nous avons réussi à convaincre George de nous envoyer un exem­plaire de test juste avant le Brexit. Merci à lui et à toute l’équipe UDO…

Construc­tion exem­plaire

Super 6_2tof 01.JPGCe qui frappe immé­dia­te­ment en débal­lant le Super 6, c’est sa qualité de construc­tion irré­pro­chable : coque tout en métal, réponse et ancrage parfaits des commandes, pein­ture et assem­blage très soignés. On appré­cie le souci apporté dans les fini­tions, par exemple les profils de protec­tion laté­rale des touches. Bravo UDO ! Le Super 6 est dispo­nible en deux fini­tions, bleu métal­lisé ou gris anthra­cite. Le synthé mesure 85 × 36 × 10 cm pour 9,2 kg, ce qui en fait un objet compact idéal pour le studio comme pour la scène. Le panneau est séparé en deux étages : synthèse en partie supé­rieure, contrôles en partie infé­rieure. Ils sont subdi­vi­sés en diffé­rentes sections : LFO1, modu­la­tion des oscil­la­teurs, oscil­la­teurs, mixeur, filtres, ampli et enve­loppes en haut ; contrôles temps réel, assi­gna­tion des voix, arpé­gia­teur / séquen­ceur, sélec­tion des programmes / ondes alter­na­tives / matrice de modu­la­tion / fonc­tions globales et effets en bas.

Cela repré­sente 9 poten­tio­mètres rota­tifs, 29 curseurs linéaires 45 mm, 1 enco­deur pous­soir, 5 sélec­teurs rota­tifs, 16 sélec­teurs à bascule et 31 boutons pous­soirs, qui donnent au Super 6 un air de Jupi­ter vintage. De quoi bien s’amu­ser, d’au­tant qu’une large majo­rité de commandes ne dépasse pas deux fonc­tions (le plus souvent une), ce qui assure une prise en main instan­ta­née. Niveau inter­face utili­sa­teur, c’est droit au but : aucun menu, aucun écran, pas même une petite LED pour indiquer lorsque la valeur en cours corres­pond à la valeur stockée. On a toute­fois une rangée de 16 LED pour repré­sen­ter certains réglages. UDO a prévu les fonc­tions Compare, Manual et Init. L’en­trée en matière est faci­li­tée, s’il en était besoin, par le joli manuel papier très détaillé livré avec la machine.

Super 6_2tof 05.JPGLe clavier 4 octaves Fatar sensible à la vélo­cité et à la pres­sion mono­pho­nique est de bonne facture. Dommage qu’il n’y ait pas plusieurs courbes de vélo­cité et de pres­sion. Nous sommes de ceux qui préfèrent les claviers 5 octaves sur les synthés poly­pho­niques, même mono­tim­braux ; d’autres préfèrent le côté compact des 4 octaves, une affaire de goût et de place. Un sélec­teur à ressort permet de chan­ger l’oc­tave, de –2 à +2. La vélo­cité peut contrô­ler le volume sonore et d’autres para­mètres à défi­nir, alors que la pres­sion peut s’ajou­ter à l’axe verti­cal du Bender pour pilo­ter le VCF et le pitch via un LFO dédié. La concep­tion méca­nique à très faible jeu de cet axe le rend très dur et peu pratique à doser ; on préfère l’ap­proche de Roland avec une vraie course verti­cale et un ressort de rappel.

UDO Audio Super 6 : Super 6_2tof 14.JPGLa connec­tique, vissée et centrée sur l’es­sen­tiel, est située sur le panneau arrière : sortie casque stéréo TRS, sorties audio gauche / droite TS, entrée audio stéréo TRS (vers la paire de seconds oscil­la­teurs), entrée pour pédale de main­tien, entrée pour pédale conti­nue assi­gnable, trio Midi DIN (notes, chan­ge­ments de programme, pitch­bend, modu­la­tion, pédales), port USB (échange de programmes / séquences / formes d’ondes et mise à jour du système d’ex­ploi­ta­tion), connec­teur IEC 3 broches pour cordon secteur (alimen­ta­tion interne univer­selle 90–250 V / 50–60 Hz, bravo !) et inter­rup­teur secteur. Toutes les connexions analo­giques sont au format jack 6,35 mm. Certaines fonc­tion­na­li­tés sont encore en cours de déve­lop­pe­ment, comme la trans­mis­sion de l’en­semble des CC/NRPN/MPE via Midi/USB ou l’en­semble des fonc­tions Midi via USB. A suivre…

Très large bande

Le Super 6 est un synthé­ti­seur hybride poly­pho­nique mono­tim­bral. Nous l’avons testé en version 0.25, après avoir effec­tué la mise à jour sans diffi­culté via USB en bootant dans un mode spécial. On trouve 128 programmes réins­crip­tibles orga­ni­sées en 16 banques (A1 à H2) de 8 programmes, ce qui est assez chiche de nos jours. La gestion des mémoires internes se fait égale­ment par USB, dans le mode spécial évoqué précé­dem­ment, qui permet d’ac­cé­der à tous les éléments réins­crip­tibles du synthé (programmes, formes d’onde, séquences), nous y revien­drons. Les 64 programmes four­nis sont déce­vants, pas très utiles, ni démons­tra­tifs, à quelques excep­tions près. Rien de bien trans­cen­dant. Heureu­se­ment, les commandes sont une invi­ta­tion aux voyages sonores impro­bables. L’ami CO5MA, toujours accro à la fondue et aux beaux synthés, nous a une fois encore concocté de formi­dables démos sonores dont il a le secret. Il a déve­loppé une banque de 32 programmes dont 5 sont offerts à ce lien. Un grand merci à lui…

Super 6_1audio 01 Large Pad
00:0000:43
  • Super 6_1audio 01 Large Pad00:43
  • Super 6_1audio 02 Jingle Bells00:48
  • Super 6_1audio 03 Bass Attack00:50
  • Super 6_1audio 04 Stereo Strings00:32
  • Super 6_1audio 05 Hybrid Tex01:20
  • Super 6_1audio 06 Hybrid Mex00:23
  • Super 6_1audio 07 Bass Seq01:12
  • Super 6_1audio 08 Super Pad00:38
  • Super 6_1audio 09 Arp&Del01:28
  • Super 6_1audio 10 Icy Day01:08
  • Super 6_1audio CO5MA GOLEM01:13
  • Super 6_1audio CO5MA FIRE­FLIES00:32
  • Super 6_1audio CO5MA ENDING01:03
  • Super 6_1audio CO5MA DENSITY00:43
  • Super 6_1audio CO5MA BMX RIDE00:40
  • Super 6_1audio CO5MA VHSLOVE00:59
  • Super 6_1audio CO5MA MOJO00:18
  • Super 6_1audio CO5MA LIQUEYS00:49
  • Super 6_1audio CO5MA GONE00:12

Immé­dia­te­ment, on est surpris par l’am­pleur stéréo des textures produites. Les sons se révèlent géné­reux, sur toute la bande passante et toute la largeur stéréo. Le grain est là, tantôt précis, tantôt fluc­tuant, nous pour­rions dire parfois numé­rique, parfois analo­gique. Les pêches de cuivres côtoient les textures mysté­rieuses, les basses profondes répondent aux leads tran­chants, les cloches parlent aux drones. Il est rare qu’un synthé montre une telle poly­va­lence sonore. Ici, tout paraît possible au détour d’un poten­tio­mètre, avec une musi­ca­lité à tous les étages. Quelques éléments viennent toute­fois un peu gâcher ce beau tableau : la vélo­cité est diffi­cile à bien doser (faute de courbes de réponse), les niveaux de sortie sont globa­le­ment faibles (même en jouant sur la quan­tité de modu­la­tion appliquée à l’en­ve­loppe de volume) et les canaux gauches / droits sont déséqui­li­brés de quelques dB. Le construc­teur travaille sur un correc­tif, donc rien d’inquié­tant, d’au­tant qu’il n’y a aucun bruit de fond. En résumé, une belle claque sonore comme on aime les prendre !

Paire de six

UDO Audio Super 6 : Super 6_2tof 09.JPGContrai­re­ment aux synthés clas­siques, le Super 6 tota­lise 12 voix orga­ni­sée en 6 voix stéréo (mode binau­ral par défaut) ou 12 voix mono (avec un léger ping-pong stéréo d’une voix à l’autre). En mode binau­ral, Les 12 voix sont appai­rées pour former un signal stéréo du début à la fin du parcours (cf. sché­mas). Chaque demie-voix offre deux oscil­la­teurs numé­riques (DDS), un HPF, un LPF et un VCA. Les DDS sont des oscil­la­teurs numé­riques géné­rées par un FPGA cadencé à 50 MHz. Ils sont capables de produire des ondes clas­siques (sinus, dent de scie, carré, triangle, bruit blanc). Le DDS1 peut aussi utili­ser 16 formes d’ondes alter­na­tives avec possi­bi­lité d’im­port (voir enca­dré). Les ondes préchar­gées couvrent diffé­rents conte­nus spec­traux (cloches, EP, orgues, réso­nan­ces…). Ce sont des ondes statiques, pas des tables d’ondes, dans la tradi­tion des synthés hybrides vintage comme le Prophet-VS ou le DW-8000 (et plus récem­ment le Modal 002). Le DDS1 est aussi capable de fonc­tion­ner en mode Super-oscil­la­teur, ajou­tant 6 oscil­la­teurs désac­cor­dables à l’os­cil­la­teur de base, soit à ampli­tude constante, soit à ampli­tude réduite de moitié en cascade, tout cela sans réduc­tion de poly­pho­nie. Très gros son garanti à partir d’un seul oscil­la­teur, surtout en binau­ral ! En plus des ondes clas­siques, le DDS2 peut pour sa part produire une impul­sion à la largeur variable. Il ne possède en revanche pas de mode Super-oscil­la­teur.

La fréquence de travail du FPGA est telle que les ondes sont dépour­vues de tout alia­sing numé­rique notable, ce sur toute la tessi­ture. Chaque oscil­la­teur peut être accordé sur 32–16–8–4–2 pieds. Le DDS1 descend en plus à 64 pieds, alors que le DDS2 peut passer en mode LFO (il n’émet plus de signal audio mais est routable via la matrice de modu­la­tion, travaillant à une fréquence comprise entre 0,1 et 100 Hz). Avec le DDS2 en mode LFO (donc inau­dible), on peut en profi­ter pour injec­ter un signal audio externe stéréo ou ajou­ter un sous-oscil­la­teur carré à l’oc­tave infé­rieure, sympa. Les deux DDS peuvent être combi­nés de diffé­rentes manières : en couche (balance clas­sique), en fondu (sur 2 octaves centrées en un point de sépa­ra­tion program­mable) ou en synchro dure (le DDS1 force le cycle du DDS2). Le DDS2 peut aussi être désac­cordé du DDS1 sur plus ou moins 6 demi-tons (ce serait bien d’ajou­ter un réglage super­fin en combi­nant la touche SHIFT).

Côté modu­la­tions, la fréquence de chaque DDS est direc­te­ment modu­lable par le LFO1 et la première enve­loppe. Il en est de même pour les para­mètres du mode Super-oscil­la­teur (DDS1) ou PWM (DDS2). Sympa d’avoir prévu ces réglages essen­tiels en accès direct. C’est dans cette même section que l’on dose la Cross Modu­la­tion du DDS1 par le DDS2 (FM expo­nen­tielle). On trouve égale­ment un porta­mento poly­pho­nique à temps variable de 0 à 10 secondes. On appré­cie tout de suite la puis­sance ces oscil­la­teurs, qui sortent de l’or­di­naire, avant même d’en­trer dans les filtres ou dans les autres modules du synthé. On aurait bien aimé une simu­la­tion de fluc­tua­tion de la fréquence des DDS (Drift), histoire de créer un peu d’in­sta­bi­li­té… Les deux DDS peuvent ensuite être mélan­gés sous forme de balance avant d’at­taquer les filtres. On aurait préféré des dosages sépa­rés pour plus de finesse, tant pis.

Doubles VCF

Les signaux des DDS accom­pa­gnés le cas échéant de la source audio externe ou du sub-oscil­la­teur attaquent ensuite deux VCF placés en série. Le premier est un HPF qui peut prendre trois modes : désac­tivé, fréquence fixe voisine de 500 Hz (pour allé­ger les basses sur certains sons, notam­ment en poly­pho­nie) ou fréquence calée sur le filtre prin­ci­pal. Ce dernier mode permet de créer un pseudo mode passe-bande. Là encore, c’est origi­nal et mieux que ce qu’offrent certains synthés analo­giques vintage de concep­tion proche, tels que les Roland Juno / Jupi­ter avec leur HPF statique (dont le Super 6 s’ins­pire tout de même un peu beau­coup, il faut bien le recon­naitre)

UDO Audio Super 6 : Super 6_2tof 08.JPGLe VCF prin­ci­pal est un LPF 4 pôles basé sur le circuit inté­gré SSI2144 (réédi­tion moderne du fameux SSM2044). Un réglage de Drive permet de satu­rer le filtre, soit en rela­tion avec la réso­nance (= subti­lité), soit à fond (= bour­ri­nage). La fréquence de coupure répond de manière parfai­te­ment lisse quand on bouge le curseur idoine. Elle peut être modu­lée par les enve­loppes (1 ou 2, 1 et 2), le LFO1 et le DDS2. A nous les brui­tages et autres déchi­rures sonores ! Tout cela est fine­ment dosable. Le suivi de clavier peut être réglé sur 0, 50 ou 100%. Lorsqu’on augmente la réso­nance, on n’écrase assez peu les niveaux de sortie. Quand on pousse davan­tage la réso­nance, le filtre entre en auto-oscil­la­tion.

Le son de ce filtre est très musi­cal, avec une belle colo­ra­tion typique du SSM2044, surtout en mode LPF, sur une large plage de coupures et de réso­nances ; le mode BPF manque par contre de mordant dans la coupure des graves, on sent que le HPF est en pente douce. Comme tout bon compo­sant analo­gique, chaque VCF peut se bala­der d’une voix à l’autre suivant les condi­tions de tempé­ra­ture ; la fonc­tion TUNE permet de réac­cor­der tout ce beau monde auto­ma­tique­ment en une tren­taine de secondes ; ils se révèlent ensuite très stables. En sortie de VCF, on attaque fort logique­ment le VCA, toujours en stéréo. Il peut être piloté par le LFO1 et la seconde enve­loppe, avec niveaux de modu­la­tion pour chacun (ce qui permet au passage de program­mer le volume de sortie dans chaque son). On peut substi­tuer à cette enve­loppe une porte simple ou une porte avec Release, ce qui la libère pour d’autres utili­sa­tions via la matrice de modu­la­tion, bien vu ! La vélo­cité peut aussi pilo­ter le VCA suivant trois niveaux (0–1/2–1).

Il y a diffé­rentes manières d’as­si­gner les voix : poly­pho­nique avec 2 oscil­la­teurs par voix et Release d’en­ve­loppes main­te­nus, poly­pho­nique avec 2 oscil­la­teurs par voix et Release d’en­ve­loppes coupés, unis­son (diffé­rentes voix empi­lées, accords à la quinte / à l’oc­tave / majeur), legato et solo. Préci­sons ici que le mode binau­ral est activé par défaut pour tout type d’as­si­gna­tion de voix ; on ne peut le désac­ti­ver qu’en mode poly­pho­nique, afin de passer de 6 voix stéréo à 12 voix mono comme sur un synthé clas­sique, utile pour ceux qui préfèrent une poly­pho­nie plus confor­table à un son stéréo de part en part.

Modu­la­tions matri­cielles

UDO Audio Super 6 : Super 6_3schéma 1.JPGLe Super 6 possède deux enve­loppes par demi-voix, de type respec­tif DADSR et ADSR. Les temps des segments ADR varient de 0,5 ms à 10 secondes, ce qui est parfait comme plage pour tout type de sons. Ces enve­loppes démontrent un bon punch sur les temps courts, permet­tant au synthé des tran­si­toires effi­caces sur les segments d’at­taque et de déclin. La première enve­loppe dispose de quelques réglages supplé­men­taires par rapport à sa consœur : bouclage, inver­seur de pola­rité et suivi de clavier (0–1/2–1). Elle est libre­ment assi­gnable via la matrice de modu­la­tion, alors que la seconde enve­loppe est simple­ment assi­gnable au VCF et au VCA.

UDO Audio Super 6 : Super 6_3schéma 2.JPGPassons au LFO1. Chacune des 6 voix stéréo possède un LFO indé­pen­dant avec dépha­sage des signaux gauche/droite (réglages communs pour tous). En mode 12 voix, les LFO sont parta­gés par 2 voix. On trouve les ondes clas­siques triangle, carré posi­tif, dent de scie et S&H. Le cycle peut être redé­clen­ché à chaque note, laissé libre ou joué une seule fois (mini-enve­loppe). La fréquence, comprise entre 0,05 et 20 Hz, peut être synchro­ni­sée au tempo interne ou à une horloge Midi. Il y a aussi un réglage de délai. Plus inté­res­sant, on peut dépha­ser le cycle du LFO pour les demi-voix gauches et droites, créant ainsi des effets de balayage stéréo très inté­res­sants ; c’est d’ailleurs tout l’in­té­rêt du mode binau­ral et hélas la seule source de modu­la­tion de la stéréo, assi­gnable aux pitchs (DDS1, DDS2, DDS1+2), PWM du DDS2, coupure du VCF et VCA. C’est ainsi que les pitchs, PWM, VCF et VCA sont modu­lés diffé­rem­ment pour les canaux gauches et droits de chaque voix.

On peut aussi bascu­ler le LFO1 dans deux modes haute fréquence (20 Hz à 20 kHz) où il se trans­forme en troi­sième oscil­la­teur audio, avec ou sans suivi de clavier. Dans ces deux modes, la forme d’onde peut être choi­sie parmi celles du DDS1 (sauf le bruit). Le son du LFO1 est alors sommé, au choix, au DDS1 ou au DDS2. Le Super 6 offre égale­ment un LFO 2 global pour toutes les voix (onde sinus), dédié aux modu­la­tions en temps réel du VCF et du pitch des DDS, via l’axe verti­cal du Bender et/ou l’af­ter­touch. On peut en régler le délai (0 à 5 secondes) et la fréquence (0,5 à 50 Hz).

Enfin, le Super 6 dispose d’une matrice de modu­la­tion permet­tant de relier 8 sources à de très nombreuses desti­na­tions, avec quan­tité de modu­la­tion bipo­laire. Les sources sont le DDS2, le LFO2, l’en­ve­loppe 1, la vélo­cité, la pres­sion, la pédale conti­nue, le Bender vers la gauche et le Bender vers la droite. Le suivi de clavier n’est donc pas dans la liste, dommage. Les desti­na­tions sont à choi­sir parmi la plupart des commandes conti­nues en façade. Les touches de sélec­tion de banques A-H corres­pondent à des desti­na­tions prédé­fi­nies : vitesse du LFO1, quan­tité de Cross Modu­la­tion, déclin de l’en­ve­loppe 1, relâ­che­ment de l’en­ve­loppe 2, réso­nance du filtre, temps du délai stéréo, feed­back du délai stéréo et déca­lage de phase stéréo du LFO1. On peut choi­sir d’autres desti­na­tions pour chaque source en main­te­nant le bouton corres­pon­dant à la source (1–8), en bougeant les commandes des desti­na­tions à assi­gner, puis en réglant la quan­tité de modu­la­tion avec l’en­co­deur pous­soir. A noter qu’une source peut être assi­gnée à plusieurs desti­na­tions, super ! Il manque hélas le mélange des oscil­la­teurs et un pano­ra­mique parmi la liste des desti­na­tions.

Effets stéréo simples

UDO Audio Super 6 : Super 6_2tof 10.JPGPassé le VCA stéréo, le signal attaque deux effets numé­riques 24 bits / 192 kHz placés en série : chorus puis délai. Stéréo en entrée et sortie, ils sont d’ex­cel­lente qualité mais offrent très peu de réglages. Il n’y a qu’un seul type de délai (stéréo paral­lèle), avec un temps variant de 1 ms à 1 seconde. Il peut être synchro­nisé au tempo suivant diffé­rentes divi­sions tempo­relles. Un feed­back permet de doser le nombre de répé­ti­tions, produi­sant des effets d’écho brefs jusqu’à des répé­ti­tions infi­nies, sans dégra­da­tion du signal. Le chorus offre trois posi­tions (I, II, I+II) corres­pon­dant à trois niveaux d’in­ten­si­té… et c’est tout ! Heureu­se­ment que la qualité est là, parce que cette section est un peu légère par rapport à ce que propose la concur­rence dans la même caté­go­rie de prix et de tech­no­lo­gie, on pense en parti­cu­lier au Summit de Nova­tion, son compa­triote d’Ox­ford.

Arpèges ou séquences

Le Super 6 est doté d’un module arpé­gia­teur / séquen­ceur. L’ar­pé­gia­teur offre quatre motifs basiques (haut, bas, alterné, aléa­toire), la cinquième posi­tion du sélec­teur bascu­lant en mode séquen­ceur. Les motifs d’ar­pèges peuvent être trans­po­sés sur 1 à 4 octaves et joués suivant 5 niveaux de swing (on aurait aimé plus de finesse, surtout pour les premiers réglages). Le tempo peut être synchro­nisé à l’hor­loge Midi, tout comme la vitesse du LFO1 et le temps de l’ef­fet délai. Une fonc­tion HOLD permet de main­te­nir l’ar­pège en cours tout en ajou­tant des nouvelles notes. Tout cela est très conven­tion­nel mais toujours agréable à avoir sous la main.

Le mode séquen­ceur offre 64 pas avec une poly­pho­nie de 12 notes. Lorsqu’elle est lancée (touche ON), la séquence est lue et trans­po­sée en temps réel au clavier. En mode normal, elle joue en boucle tant qu’on main­tient une note et retourne au début de cycle à chaque nouvelle note jouée. En mode HOLD, elle joue en boucle après relâ­che­ment de note et est immé­dia­te­ment trans­po­sée dès qu’on joue une nouvelle note, sans retour­ner au point de départ, ce qui permet des enchaî­ne­ments sans à-coup. Le swing est égale­ment acces­sible, comme pour les arpèges. Chaque pas contient des notes (1 à 12) et diffé­rents para­mètres addi­tion­nels : SLIDE (liai­son / porta­mento), ACCENT (vélo­cité accen­tuée sur les diffé­rentes desti­na­tions program­mées par ailleurs) et REST (acti­va­tion/coupure du pas). Leur statut est modi­fiable avec les sélec­teurs de programmes et de banques, ainsi que la touche d’oc­tave (RANGE) pour accé­der aux 4 sections de 16 pas.

Pour program­mer un pas, on appuie sur la touche SEQ REC. Les notes jouées sont entrées dans le pas en cours en même temps que la posi­tion hori­zon­tale du Bender. Lorsque la dernière note est relâ­chée, l’ac­cord est mémo­risé et le pas suivant est activé. Pour modi­fier un pas donné, il suffit de le choi­sir avec l’un des 16 sélec­teurs et la touche RANGE, puis rejouer les notes et le Bender. C’est à peu près la même chose pour les pistes SLIDE, ACCENT et REST. Par contre, nous n’avons pas trouvé de réglage de porte, durée de pas, Ratchets ou autres exotismes. De même, on ne peut pas enre­gis­trer de mouve­ments des para­mètres de synthèse. Enfin, il n’y a qu’un sens de lecture, avant toutes ! Au total, 16 séquences peuvent être mémo­ri­sées et l’une d’entre elles rappe­lée par chaque programme. Dernier point qui frotte, les notes arpé­gées / séquen­cées ne sont pas trans­mises en Midi, argh !

Les fichiers son sont dispo­nibles ici en loss­less.

  • UDO Audio Super 6 : Super 6_3schéma 1.JPG
  • UDO Audio Super 6 : Super 6_3schéma 2.JPG
  • UDO Audio Super 6 : Super 6_2tof 01.JPG
  • UDO Audio Super 6 : Super 6_2tof 02.JPG
  • UDO Audio Super 6 : Super 6_2tof 03.JPG
  • UDO Audio Super 6 : Super 6_2tof 04.JPG
  • UDO Audio Super 6 : Super 6_2tof 05.JPG
  • UDO Audio Super 6 : Super 6_2tof 06.JPG
  • UDO Audio Super 6 : Super 6_2tof 07.JPG
  • UDO Audio Super 6 : Super 6_2tof 08.JPG
  • UDO Audio Super 6 : Super 6_2tof 09.JPG
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  • UDO Audio Super 6 : Super 6_2tof 15.JPG
  • UDO Audio Super 6 : Super 6_2tof 16.JPG
  • UDO Audio Super 6 : Super 6_2tof 17.JPG
  • UDO Audio Super 6 : Super 6_2tof 18.JPG
  • UDO Audio Super 6 : Super 6_2tof 19
  • UDO Audio Super 6 : Super 6_2tof 20
  • UDO Audio Super 6 : Super 6_2tof 21
  • UDO Audio Super 6 : Super 6_2tof 22
  • UDO Audio Super 6 : Super 6_2tof 23

Conclu­sion

Le Super 6 est un bonheur au plan sonore, ample, émou­vant et d’une grande poly­va­lence, même si le niveau de sortie n’est pas des plus élevés. Cette poly­va­lence s’ex­prime aussi bien dans la bande passante (des basses pesantes aux leads perçants), dans la poly­pho­nie (aussi à l’aise en mono qu’en poly), que dans les timbres (des nappes analo­giques aux textures numé­riques, avec des mélanges déli­cats). Ceci est autant dû à la qualité des oscil­la­teurs géné­rés par FPGA qu’à la musi­ca­lité des filtres analo­giques SSI. Sans oublier les nombreuses possi­bi­li­tés de modu­la­tion. Les commandes directes, judi­cieu­se­ment choi­sies pour aller droit au but, faci­litent la prise en main et la créa­tion. Quant à la qualité de construc­tion, elle est irré­pro­chable.

Le Super 6 serait excep­tion­nel s’il ne souf­frait pas de péchés de jeunesse, pour la plupart corri­gibles : le séquen­ceur est perfec­tible et les fonc­tions Midi / USB ne sont pas termi­nées. C’est assez compré­hen­sible pour le premier produit d’une toute jeune société arti­sa­nale. Mais quid des niveaux de sortie un peu faiblard ? Le concur­rent le plus direct est le Summit de Nova­tion, égale­ment un British synthé hybride posi­tionné dans la même gamme de prix. Le Summit est plus puis­sant (poly­pho­nie, bitim­bra­lité, tables d’ondes, filtres multi­modes, réverbes et taille mémoire), alors que le Super 6 a pour lui de véri­tables voix stéréo modu­lables et un petit séquen­ceur poly­pho­nique. Pour lutter à armes égales, il doit encore progres­ser, car il est magni­fique et sonne divi­ne­ment bien. Nos sincères encou­ra­ge­ments à UDO ! Ou bien Nous lui décer­nons l’Award d’en­cou­ra­ge­ment-qui-reste-à-inven­ter 2021 !

8/10
Points forts
  • Spatialisation et ampleur des sons
  • Nombreux territoires sonores couverts
  • Aussi à l’aise en mono qu’en polyphonie
  • Section oscillateurs très souple
  • Nombreuses interactions d’oscillateurs
  • Possibilité d’importer ses formes d’ondes
  • Deux filtres analogiques par voix
  • Matrice de modulation
  • Qualité sonore des effets stéréo
  • Arpégiateur et séquenceur polyphonique
  • Excellente ergonomie
  • Qualité de fabrication exemplaire
  • Plutôt beau gosse
  • Entrée audio stéréo
  • Alimentation interne universelle
Points faibles
  • Monotimbral
  • Niveaux de sortie globalement faibles
  • Manque de contrôles de la stéréo
  • Peu de paramètres d’effets
  • Séquenceur perfectible
  • Pas de courbes de vélocité / pression
  • Mémoires internes limitées
  • Certaines fonctions à terminer
Auteur de l'article synthwalker Passionné de synthés, concepteur produits et rédacteur presse

J'aime tous les synthés, avec une préférence pour les poly vintage à mémoires, qui m'accompagnent depuis le début des 80's. J'écris depuis 25 ans sur les synthés et j'ai contribué au développement de certains d'entre eux. Plusieurs centaines de mes articles ont été publiés sur Audiofanzine et auparavant dans les magazines PlayRecord, Recording, Keyboards, Musicsound et Musiciens.


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J'aime tous les synthés, avec une préférence pour les poly vintage à mémoires, qui m'accompagnent depuis le début des 80's. J'écris depuis 25 ans sur les synthés et j'ai contribué au développement de certains d'entre eux. Plusieurs centaines de mes articles ont été publiés sur Audiofanzine et auparavant dans les magazines PlayRecord, Recording, Keyboards, Musicsound et Musiciens.