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Test du VC340 de Behringer - Voice Cloner

9/10
Award Qualité / Prix 2019
2019
Qualité / Prix
Award

Surfant sur le revival vintage et déclinant sa stratégie de clonage à outrance, Behringer présente le VC340, une copie du célèbre « Vocodeur Plus » Roland VP-330 MkII.

Test du VC340 de Behringer : Voice Cloner

Produit à la fin des années 70, le VP-330 rassemble un clavier 4 octaves, un voco­deur 10 bandes avec HPF, une section voix et une section Strings. Entiè­re­ment analo­gique, il est basé sur des divi­seurs d’oc­tave et un triple chorus stéréo, capable de faire des merveilles en modu­lant des lignes à retard (BBD) avec de subtils LFO. On trouve aussi un LFO séparé pour animer le son des voix. Prisé par la scène disco-funk pour créer des voix de robot typiques, c’est aussi l’un des instru­ments de prédi­lec­tion de Vange­lis, avec ce mélange spatial de cordes et de chœurs synthé­tiques. Le VP-330 a connu deux révi­sions : la première, dotée de sélec­teurs à bascule et de BBD de type SAD et la seconde, équi­pée de boutons pous­soirs colo­rés et de BBD de type MM. Roland a récem­ment émulé le VP-330 en format mini-module avec le VP-03, mais il n’exis­tait pas de clone analo­gique… trop tentant pour Behrin­ger, bien décidé à cloner tout ce qui bouge ! Le VC340 reprend les fonc­tion­na­li­tés et le look du VP-330 MkII, pour une frac­tion du prix. Si en plus il en a le son…

Contrôle total

VC340_2tof 002.JPGLa première bonne nouvelle, c’est que Behrin­ger n’a pas choisi le format mini-module, mais un véri­table clavier de taille stan­dard. Contrai­re­ment au VP-330, il se limite à trois octaves, mais un sélec­teur permet de chan­ger d’oc­tave à la volée (les notes main­te­nues sont immé­dia­te­ment trans­po­sées). Certains regret­te­ront cette réduc­tion puisque le clavier est split­table, avec une partie basse et une partie haute sur lesquelles on peut acti­ver chaque section sonore (voir ci-après) ; d’autres au contraire appré­cie­ront la compa­cité de l’ins­tru­ment, d’au­tant que la profon­deur est aussi réduite grâce à une extrême minia­tu­ri­sa­tion des circuits. Du coup, la machine mesure 649 × 257 × 103 mm pour 6,6 kg. Ce poids est lié à la construc­tion tout en métal de très bonne facture, avec flancs en bois. On appré­cie égale­ment l’an­crage des commandes (poten­tio­mètres, curseurs et boutons) et leur bonne résis­tance au manie­ment.

Le clavier offre un toucher semi-lesté curieux, avec une résis­tance qui augmente quand on enfonce les touches, un « effet purée ». Il répond à la vélo­cité, assi­gnable au volume et trans­mise via MIDI DIN/USB) ; en contre­par­tie, le VC340 reçoit la vélo­cité, si on le souhaite. Sympa !

VC340_2tof 010.JPGMis à part le sélec­teur d’oc­tave en partie gauche et l’in­ter­rup­teur marche/arrêt passé à l’ar­rière, les commandes sont stric­te­ment iden­tiques à celles du VP-330 MkII : au total, 14 curseurs linéaires, 5 poten­tio­mètres rota­tifs, 10 inter­rup­teurs à LED et 2 sélec­teurs. Elles sont un peu plus serrées mais pas plus petites que celles du VP-330 (curseurs de 30 mm iden­tiques, par exemple). Du coup, la prise en main est impec­cable, car mis à part quelques réglages globaux néces­si­tant des combi­nai­sons de touches à l’al­lu­mage (vélo­cité fixe ou assi­gnée au volume, canaux MIDI en émis­sion/récep­tion), tout se fait en prise directe. En partie supé­rieure de la façade, on commence par le volume casque, le niveau de l’en­trée synthèse (signal porteur externe) avec deux diodes verte/rouge de présence/satu­ra­tion et les niveaux de sortie (micro direct, section voix, section Strings).

On conti­nue par les réglages du vibrato des sections voix et voco­deur, permet­tant d’hu­ma­ni­ser le son : vitesse, délai et profon­deur. On passe ensuite à la section voco­deur : brillance (Tone), niveau micro avec là encore deux diodes verte/rouge de présence/satu­ra­tion, acti­va­tion sur la partie basse, acti­va­tion sur la partie haute et acti­va­tion de l’ef­fet d’en­semble. Puis c’est au tour de la section voix : acti­va­tion sur la partie basse (voix d’hommes 8 et 4 pieds), acti­va­tion sur la partie haute (voix d’hommes 8 pieds et femmes 4 pieds), acti­va­tion de l’ef­fet d’en­semble et réglage d’at­taque. Le Release est commun aux voix, strings et voco­deur. On arrive enfin à la section Strings : Release commun, attaque, brillance, acti­va­tion sur la partie basse et acti­va­tion sur la partie haute (l’ef­fet d’en­semble est toujours actif ici). Bref, tout du VP-330 !

Connec­ti­vité accrue

VC340_2tof 014.JPGÀ gauche du clavier, on trouve les commandes liées au pitch : accor­dage fin, trans­po­si­tion d’oc­tave, vitesse d’Au­to­bend (unique­ment vers le haut), pitch de départ d’Au­to­bend et déca­lage de pitch manuel. Mis à part la trans­po­si­tion d’oc­tave, toutes les commandes sont encore une fois iden­tiques au VP-330. Anec­dote amusante, les capu­chons des poten­tio­mètres de pitch et de volume ont été inver­sés au montage (on peut les remettre correc­te­ment en les arra­chant déli­ca­te­ment, le plus gros devant atter­rir sur le volume, comme en témoigne la posi­tion de la séri­gra­phie). Certains proprié­taires de VC340 ont déjà signalé cette anoma­lie.

La connec­tique est entiè­re­ment située à l’ar­rière, comme sur le VP-330. Tout ce qui touche à l’ana­lo­gique est quasi iden­tique au modèle origi­nel : entrée micro XLR et jack (TRS ici), sortie casque, entrée audio pour synthé externe, entrée pour pédale d’ac­ti­va­tion du voco­deur, entrée pour pédale de déca­lage de pitch, sorties audio gauche / droite (stéréo ou mono) avec sélec­teur de niveau à trois posi­tions. Les jacks sont tous au format 6,35 mm. Là où le VC340 se distingue, c’est par l’ajout de connec­tique numé­rique : trio MIDI DIN et prise USB type B (MIDI unique­ment). L’ali­men­ta­tion est interne (détec­tion auto­ma­tique de tension et fréquence), on a donc une magni­fique prise IEC 3 broches pour y relier le cordon fourni, merci ! Signe que l’ana­lo­gique règne à l’in­té­rieur, des grilles de venti­la­tion permettent de dissi­per la chaleur en évitant le recours à un quel­conque venti­la­teur.

Trois sections

Le VC340 combine voco­deur, section Voix et section Strings. Comme son ancêtre, la poly­pho­nie est de 49 notes, nous l’avons véri­fié avec un clavier externe 5 octaves. On peut jouer les trois sections en même temps, avec un dosage fin pour chacune. Les voix et les Strings utilisent le prin­cipe du divi­seur d’oc­tave : douze oscil­la­teurs maîtres génèrent des impul­sions à hautes fréquences, divi­sées à plusieurs reprises pour créer les octaves infé­rieures. Le son obtenu est ensuite égalisé et filtré, expansé ; il est traité par un triple chorus analo­gique stéréo qui l’en­ri­chit et l’élar­git consi­dé­ra­ble­ment au moyen de lignes à retard, les fameux BBD, qui mélangent et modulent les signaux. La section Voix utilise les mêmes géné­ra­teurs sonores, filtrés et égali­sés diffé­rem­ment. Ces filtres à formants font la richesse et le grain carac­té­ris­tique du VC340. Le volume est modulé par une seule enve­loppe, la machine est donc en réalité para­pho­nique. Quand on ajoute des notes à un accord, elles empruntent l’en­ve­loppe en cours sans la redé­clen­cher. 

VC340_2tof 007.JPGLa section Voco­deur possède 10 filtres passe-bande et un HPF. Rappe­lons-en rapi­de­ment les prin­cipes : un voco­deur utilise deux signaux audio, modu­la­teur (signal d’ana­lyse) et porteur (signal de synthèse). Le signal d’ana­lyse (voix, BAR par exemple) est découpé en tranches de fréquences par des filtres passe-bande. Les ampli­tudes des bandes sont alors appliquées en temps réel au signal de synthèse (en géné­ral un son synthé­tique riche en harmo­niques, ondes dent de scie, impul­sions fines/larges, ou encore sample de chœurs) via des filtres à fréquences équi­va­lentes. Plus il y a de bandes, plus le signal est intel­li­gible. Certains voco­deurs permettent d’éga­li­ser les bandes de filtres, d’autres de les repat­cher (une fréquence basse de la partie analyse va par exemple aller modu­ler une fréquence haute de la partie synthèse). On trouve aussi un géné­ra­teur de bruit qui peut être déclen­ché par les bruits du signal d’ana­lyse (par exemple les sifflantes et les plosives de la voix humaine), pour augmen­ter l’in­tel­li­gi­bi­lité du signal final. Sur le VC340, le signal porteur est généré soit en interne (non modi­fiable), soit via l’en­trée synthèse, alors que le signal modu­la­teur provient de l’une des entrées micro.

On n’a aucun accès aux diffé­rentes bandes de fréquences ni au géné­ra­teur de bruit. Aucun des réglages en façade n’est mémo­ri­sable ; de même, les commandes ne répondent pas aux CC MIDI. Le manuel de prise en main, assez laco­nique, invite à consul­ter la page produit sur le site du construc­teur pour avoir des infor­ma­tions sur les Sysex recon­nus : nous n’avons rien trouvé sur le sujet… On conserve donc inté­gra­le­ment l’es­prit du VP-330, mis à part les quelques fonc­tion­na­li­tés MIDI de base : notes, vélo­cité et éven­tuelles mises à jour d’OS.

Couleur analo

Behringer VC340 : Behringer VC340 (25867)Nous avons vu que le VC340 repre­nait le look, l’er­go­no­mie, les commandes, la connec­tique et les fonc­tion­na­li­tés du VP-330 MkII. Qu’en est-t-il du son ? Commençons par la section Strings : on retrouve le soyeux et le crémeux du VP-330, aucun doute là-dessus. En faisant varier la brillance, on retrouve les mêmes timbres, avec un son sombre en réglage mini­mum et scin­tillant en réglage maxi­mum. Sur toute la tessi­ture du clavier, le VC340 fait parfai­te­ment le job. Il existe cepen­dant une légère diffé­rence au niveau du chorus (toujours actif sur la section Strings) : on perçoit un léger pleu­rage bref à chaque cycle du LFO le plus lent (toutes les 3 ou 4 secondes), ce qui n’est pas le cas sur notre VP-330 ; sur les forums, on a trouvé deux autres signa­le­ments de ce compor­te­ment, ce qui nous fait penser à des fluc­tua­tions de tolé­rance dans les compo­sants analo­giques ou un cali­brage diffé­rent.

Nous avons contacté l’équipe de déve­lop­pe­ment du VC340 et envoyé l’exemple sonore du test : ils nous ont confirmé ce phéno­mène, tout à fait normal, de disper­sion des compo­sants analo­giques. Il en est d’ailleurs de même pour les VP-330 utili­sés lors du rétro-engi­nee­ring. Tout comme pour le VP-330, il y a deux ajus­tables sur la carte audio (ceux situés dans l’ali­gne­ment du Do infé­rieur, voir photo interne) qui régissent le compor­te­ment des BBD ; chaque VC340 est cali­bré à l’usine, mais chacun est libre de déci­der s’il veut les modi­fier à ses risques et périls, c’est la parti­cu­la­rité des synthés analo­giques. De toute façon, noyé dans un mix, c’est diffi­ci­le­ment percep­tible. On a aussi remarqué une attaque plus claquante (sorte de mini-plop) lorsque le curseur est à zéro, alors que notre VP-330 ne produit pas cela… Augmen­ter un poil l’at­taque permet de suppri­mer l’ef­fet (cf. exemple sonore là aussi), donc rien de grave au final.

VC340_2tof 009.JPGLa section Voix imite parfai­te­ment celle du VP-330, que ce soit dans le timbre, la répar­ti­tion des registres sur la tessi­ture, la largeur stéréo lorsque l’ef­fet d’en­semble est enclen­ché, le LFO dédié et le compor­te­ment spéci­fique de l’en­ve­loppe dans les tran­si­toires. Sur le VP-330, le segment d’at­taque est suivi d’un léger déclin sur le volume avant que le son ne soit main­tenu, créant un petit saut de volume inté­res­sant. Les déve­lop­peurs du VC340 ont bien observé et repro­duit ce compor­te­ment, bravo ! De même, le segment de Release commence à un volume plus faible que le niveau de main­tien, créant une sorte de réverbe ; là encore, le VC340 est fidèle !

Côté voco­deur enfin, on retrouve le grain typique du VP-330, rond et chaud, plus intel­li­gible quand on monte la brillance, ainsi que le compor­te­ment sur le trai­te­ment des consonnes ; pour le test, nous avons utilisé un micro dyna­mique Shure SM58 connecté l’en­trée XLR, puis des boucles de TR-8S envoyées à l’en­trée micro jack. Avec le micro, l’im­pé­dance d’en­trée est parfaite (signal à –3 dBu max), il suffit de doser avec le curseur, pas la peine de brailler ou d’am­pli­fier. Avec la BAR, comme pour tout signal de niveau ligne, il faut atté­nuer pour ne pas satu­rer l’en­trée, logique. Nous aussi connecté des signaux externes à l’en­trée synthèse (+12 dBu max), en les mélan­geant au signal de synthèse interne : résul­tats très satis­fai­sants. Pour termi­ner, nous allons démon­trer aux plus scep­tiques la proxi­mité entre le VC340 et notre VP-330 MkI avec un petit blind-test : quatre extraits sonores ont été enre­gis­trés, avec pour chacun une version A et une version B ; alors, pour chaque extrait, qui joue A et qui joue B ?

VC340_1audio 01 Uncle Bend
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  • VC340_1audio 01 Uncle Bend00:46
  • VC340_1audio 02 Voices00:45
  • VC340_1audio 03 Pleu­rage00:18
  • VC340_1audio 04 Pop00:19
  • VC340_1audio 05 Voco­der Mic 100:34
  • VC340_1audio 06 Voco­der Mic 200:16
  • VC340_1audio 07 Voco­der Rhythm 100:22
  • VC340_1audio 08 Voco­der Rhythm 200:44
VC340_1blind 1A
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  • VC340_1blind 1A00:14
  • VC340_1blind 1B00:14
  • VC340_1blind 2A00:30
  • VC340_1blind 2B00:31
  • VC340_1blind 3A00:31
  • VC340_1blind 3B00:30
  • VC340_1blind 4A00:33
  • VC340_1blind 4B00:34

Conclu­sion

Le VP-330 a aujour­d’hui atteint une cote astro­no­mique. Seul Roland propo­sait jusque-là une alter­na­tive maté­rielle, le VP-03, émula­tion numé­rique au format mini-module. Avec le VC340, Behrin­ger réalise un véri­table clone analo­gique, avec un clavier stan­dard, des commandes quasi iden­tiques, un look simi­laire et un son hyper fidèle. 21e siècle oblige, la connec­tique MIDI DIN / USB a été ajou­tée, toute­fois limi­tée aux notes et à la vélo­cité. On aurait aimé que le VC340 réponde aux CC MIDI, faute de mémoires, mais l’es­prit du VP-330 a été conservé. Ce n’est pas très péna­li­sant, vu le nombre restreint de para­mètres et leur accès direct, avec des commandes bien dimen­sion­nées. Certains regret­te­ront le clavier réduit à trois octaves, mais il reste le pilo­tage MIDI avec un clavier externe pour ceux qui veulent jouer avec leurs deux bras à l’ho­ri­zon­tale. Ils pour­ront ainsi déclen­cher 49 voix de para­pho­nie, vu que la machine n’a qu’une enve­loppe de volu­me… Notre remarque concer­nant le léger pleu­rage de l’ef­fet d’En­semble n’est pas à propre­ment consi­dé­rer comme point néga­tif, c’est le propre des machines analo­giques de fluc­tuer d’un modèle à l’autre. Mais on chipote, car dès qu’on rapproche le tarif serré de la qualité de construc­tion et de la fidé­lité sonore, l’Award Qualité/Prix 2019 s’im­pose tout natu­rel­le­ment.

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Notre avis : 9/10

Award Qualité / Prix 2019
2019
Qualité / Prix
Award
  • Excellente fidélité sonore
  • Paraphonie totale
  • Grain et intelligibilité du vocodeur
  • Qualité de construction
  • Commandes bien dimensionnées
  • Paramètres conformes à l’originel
  • Prise en main aisée
  • Entrée audio synthèse
  • Interfaces Midi DIN et USB
  • Alimentation interne
  • Bonne compacité
  • Tarif serré
  • Clavier réduit à trois octaves
  • Pas de CC MIDI sur les commandes
  • Manuel de prise en main laconique

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