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Test de l'Izotope iris - Au doigt et à l’œil

Award Innovation
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Réputé pour ses effets et outils de traitement et restauration du son, iZotope franchit le seuil de l’instrumentarium virtuel et propose son premier synthé, iris. Connaissant l’éditeur, on suppose que l’approche retenue ne peut qu’être originale. Qu’en est-il ?

Des instru­ments virtuels conçus et assem­blés sous Synthe­dit aux plus farfe­lues réali­sa­tions (en termes d’ori­gi­na­lité, bien sûr) issues des cerveaux en perpé­tuelle recherche des nombreux éditeurs d’ins­tru­ments virtuels que compte cette planète, et qu’ils soient gratuits ou commer­ciaux, le musi­cien ou compo­si­teur sur plate-forme virtuelle ne sait plus où donner de la tête. Même si l’offre se précise au fur et à mesure des avan­cées tech­niques, aussi bien en termes de déve­lop­pe­ment que de puis­sance infor­ma­tique. Ainsi, il sera diffi­cile de faire l’im­passe sur Diva de u-he si l’on recherche la meilleure émula­tion actuelle de synthés analo­giques, ou sur Kontakt de Native pour son côté boîte à outils complète (sauf le sampling direct…) et surtout l’in­croyable puis­sance de program­ma­tion offerte par ses scripts.

Machine de test

MacPro Xeon 3,2 GHz
OS 10.6.8
Logic Pro 9.1.7
iZotope iris 1.00.748

D’autres outils, synthés comme banques de sons échan­tillon­nés se distinguent dans leur caté­go­rie, mais, en tout cas récem­ment, rares sont les instru­ments propo­sant une nouvelle approche, a fortiori une nouvelle tech­nique.

C’est dans ce monde un peu convenu, ronron­nant et se repo­sant tech­nique­ment sur ses acquis que déboule iris, défini comme un « instru­ment visuel » (ce qui ne manque pas d’évoquer des précur­seurs comme Meta­synth ou Krish­na…), produit conjoin­te­ment par iZotope et GForce (joli assem­blage), qui utilise des prin­cipes qui, s’ils ne sont tota­le­ment inédits, n’en sont pas moins origi­naux. 

Intro­du­cing iZotope Iris

iZotope iris

L’ins­tru­ment est dispo­nible sur le site de l’édi­teur, seul ou en bundle regrou­pant le synthé et deux banques, Wood et Glass, consti­tuées respec­ti­ve­ment de plus de 260 et 150 échan­tillons et presque 100 programmes chacune, que l’on peut aussi acqué­rir sépa­ré­ment (dans l’ordre 29 et 48 euros), le synthé seul étant proposé pour la somme de 245 euros. À savoir, iris est vendu avec une biblio­thèque d’un peu plus de 4 Go d’échan­tillons et d’une foul­ti­tude de programmes.

On dispose d’une version stan­da­lone, ainsi que de plusieurs plug-ins (AU, VST et VST 3 et RTAS) pour Mac (Intel seule­ment) et Windows, compa­tible 64 bits. L’ins­tru­ment inclut égale­ment la plus récente version de Radius, le logi­ciel de compres­sion/expan­sion tempo­relle et de chan­ge­ment de la hauteur, dénommé RadiusRT. 

Instal­la­tion simple et sans problème, auto­ri­sa­tion de même, sur le disque dur ou sur iLok (merci de lais­ser le choix) avec le numéro de série fourni à l’achat, synthé comme biblio­thèques.

De quoi s’agit-il ?

iZotope iris

La première fois que l’on ouvre iris, on est en droit d’être un peu désta­bi­lisé, puisque l’in­ter­face gris moyen ne propose que les noms de l’en­gin et de l’édi­teur, une mention « drag sample 1 here or browse », et comprend un nom sur chaque côté, Global, Tools, Keyboard et Synth. Fort heureu­se­ment, chacun de ces noms donne accès à des réglages, comme d’autres para­mètres de l’in­ter­face.

Radius temps réel

Alors que certains attendent déses­pé­ré­ment son portage afin de pouvoir l’uti­li­ser dans Logic en 64 bits, Radius ne cesse d’ap­pa­raître ici et là : dans RX2 d’abord, puis dans iris aujour­d’hui. 
Ainsi le logi­ciel d’ex­pan­sion/compres­sion tempo­relle et de modi­fi­ca­tion de hauteur devient ici temps réel, avec de nombreux réglages acces­sibles via Options : éten­due (jusqu’à ± 5 octaves), rapport nombre de voix/instances ouvertes (jusqu’à 10 voix à parta­ger entre les trois lecteurs), fonc­tion­ne­ment en mode HQ, auto­dé­tec­tion de la Root Note (fréquence fonda­men­tale de l’échan­tillon chargé), éten­due du Pitch Bend, tempo (en mode stan­da­lone) etc.
Un algo­rithme d’ex­cel­lente qualité (le compa­ra­tif sur Audio­fan­zine des diffé­rents outils le montrait), fonda­men­tal dans la réus­site sonore de l’ins­tru­ment. Une seule règle à garder en tête : plus on va dans des valeurs hautes dans les réglages qui précèdent, plus la CPU souf­fri­ra…

Mais commençons d’abord par le prin­cipe global de l’ins­tru­ment. iris est consti­tué de trois lecteurs d’échan­tillons indé­pen­dants (on détaillera leurs spéci­fi­ci­tés plus avant) et d’un Sub Oscil­la­tor un peu spécial, le tout passant dans une section Master incluant un filtre et des départs vers quatre effets (utili­sables en effets Send ou Master).

Chaque lecteur d’échan­tillon, acces­sible via Synth ou les boutons 1, 2 et 3 situés en haut à droite de l’in­ter­face, héberge donc un sample, que l’on char­gera via glissé-déposé, ou en le sélec­tion­nant grâce au menu idoine, à partir de la copieuse biblio­thèque d’usine. On dispose ensuite de contrôles à peu près habi­tuels, sens de lecture de la boucle créée (avant, arrière, avant-arrière et inver­se­ment, One Shot et Reverse One Shot), redé­clen­che­ment ou non, type de lecture (Resam­pling, qui change donc de hauteur et de durée suivant la note, Fixed, même note sur tout le clavier, et Radius RT, voir enca­dré). 

Voici un exemple du ré-échan­tillon­nage à partir d’un échan­tillon lu sans modi­fi­ca­tion aucune (échan­tillon de départ présent au début de l’exemple). Préci­sion : les quatre premiers sons graves ne sont joués que sur la moitié de leur durée. 

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Du clas­sique, mais propre. Voici main­te­nant le Radius RT en action : son prin­cipe est donc de garder la même durée, quelle que soit sa hauteur.

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Excel­lente qualité de cet algo­rithme, en temps réel, pas d’ar­te­fact ou d’ef­fet de filtrage prononcé.

iZotope iris

Ensuite on dispose d’un réglage d’ac­cord (par demi-ton et centième), d’un Gain et d’un Pan. Une clas­sique enve­loppe ADSR est implé­men­tée, rien de parti­cu­lier à faire remarquer à son sujet (temps d’at­taque et de decay maxi­mum, 10 secondes, temps de release maxi­mum, 30 secondes). Tout aussi clas­sique, le LFO offre sept formes d’ondes (de la sinus au Sample & Hold, bruit y compris), avec sélec­tion de la desti­na­tion (Amp, Pitch, Pan), Synchro et Trig­ger, plus les habi­tuels Rate, Depth et une attaque (5 secondes maxi). On finit par les départs effets, Master par défaut mais pouvant bascu­ler en Send, avec accès direct via un petit triangle aux para­mètres qui appa­raissent en fenêtre flot­tante. 

En dessous, une Macro avec pad X/Y et pré-réglages, un Glide, un Tracking (suivi de clavier sur le filtre géné­ral) et un Mod Routing, permet­tant de spéci­fier quatre desti­na­tions et taux pour la vélo­cité et l’af­ter­touch complètent le synthé. Ces réglages sont globaux, donc se réper­cutent sur les trois lecteurs.

Le bouton All affiche les trois formes d’ondes/spec­tro­grammes (un curseur permet de mixer visuel­le­ment les repré­sen­ta­tions) des échan­tillons et celle du Sub (on y charge des formes d’ondes déter­mi­nées), Sub qui dispose des mêmes réglages qu’un lecteur. Mix affiche dans une fenêtre qui peut se déta­cher les trois lecteurs, le Sub et le Master.

iZotope iris

Global ouvre les menus de navi­ga­tion, les Undo/Redo, la sélec­tion du mode (Poly, Mono, Legato), nombre de voix (jusqu’à 64), un Pan et un Gain, plus deux (trop petits) indi­ca­teurs de niveaux.

Keyboards affiche bien sûr un clavier, ainsi que les molettes Pitch et Mod, et les réglages de bouclage (départ, fin, offset, cross­fade, delay) ainsi que celui de la Root Note (qui s’af­fiche aussi via un petit pavé noir sur le clavier). Une Map permet de répar­tir les échan­tillons sur le clavier.

Jusque-là, rien que de très normal et, à l’ex­cep­tion de la qualité de Radius RT, rien ne semble distin­guer iris de ses concur­rents travaillant via resyn­thèse d’échan­tillons.

Sauf que l’on n’a pas encore ouvert l’on­glet Tools.

Tools, et tout change

iZotope iris

Une fois l’on­glet Tools ouvert, les habi­tués de iZotope RX2 commencent à avoir une idée de ce qui est mis en œuvre, idée rapi­de­ment confir­mée par la vision des zones, lignes et traits affi­chés par les échan­tillons char­gés.

iris reprend en effet tous les outils de sélec­tion graphique du logi­ciel de restau­ra­tion sonore de l’édi­teur : sélec­tions hori­zon­tales, verti­cales, carrées, divers zooms, outils lasso, pinceau, gomme, baguette magique afin de sélec­tion­ner des zones du spec­tro­gramme, les modi­fi­ca­tions induites sur la forme d’onde pouvant être visua­li­sées en quasi temps réel.

On peut ainsi voir des lignes blanches symbo­li­sant les têtes de lecture (une par note jouée) se dépla­cer le long des trois échan­tillons de façon indé­pen­dante, dans la fenêtre All. Et ceci même sur des micro­zones.

iZotope iris

La puis­sance à dispo­si­tion est assez phéno­mé­nale, puisque l’on a la possi­bi­lité de choi­sir préci­sé­ment le contenu spec­tral d’une forme d’onde, de la mettre en boucle et de la trai­ter grâce à des outils de synthèse perfor­mants. Ce qui explique aussi la présence d’un unique filtre dans la partie Global, qui ne servira que pour des effets d’ou­ver­ture/ferme­ture modu­lés, puisque son usage, dans une optique de synthèse sous­trac­tive (retrait d’har­mo­niques d’une forme d’onde riche) est rendu ici obso­lète, puisque les outils à dispo­si­tion permettent de sélec­tion­ner très préci­sé­ment le contenu spec­tral et harmo­nique d’une forme d’onde, d’un échan­tillon. Du coup le slogan de l’édi­teur prend tout son sens, « trou­vez de la musique dans tout et n’im­porte quoi ». En effet, n’im­porte quel enre­gis­tre­ment pourra ainsi être dissé­qué, pour en extraire le ou les éléments utiles à des fins musi­cales, puisque l’on peut quasi­ment isoler et regrou­per chacune de ses compo­santes harmo­niques… 

Un simple exemple à partir de la flûte déjà enten­due. On va l’uti­li­ser trois fois : une première en ne sélec­tion­nant qu’une partie des harmo­niques hautes. Ça donne ceci : 

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Ensuite une partie des graves (on joue évidem­ment la même note sur tous les exemples). 

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Puis la troi­sième désac­cor­dée.

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Le tout mélangé donne ceci.

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Nous sommes là dans un exemple resté volon­tai­re­ment très simple, sur le même sample. On est pour­tant bien loin du son de départ et cela a pris à peine plus de deux minutes. 

Voici quelques exemples des sono­ri­tés que l’on peut obte­nir avec le synthé, de sons assez fami­liers à d’autres beau­coup moins communs. 

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 Télé­char­gez les fichiers sonores : flac.zip

Bilan

Certaines de mes connais­sances pratiquant la synthèse direc­te­ment dans iZotope RX2 vont sans doute être ravies de l’ar­ri­vée d’iris. Indé­nia­ble­ment, le synthé offre une approche pour le moins inédite dans le domaine de la resyn­thèse où brillent pour­tant quelques fameuses réus­sites (on peut penser à Alchemy dans le domaine logi­ciel). La sélec­tion du maté­riau sonore qui va être utilisé avec des outils semblables à ceux de tout bon logi­ciel graphique est une expé­rience assez unique, permet­tant d’être face au synthé dans une posi­tion de quasi-débu­tant, puisqu’on ne sait pas à l’avance ce qui va résul­ter des sélec­tions (tandis qu’une dent-de-scie passée dans un quatrième ordre avec une réso­nance de 50 %, on sait ce que ça donne). En cela, iris est une arme sonore nouvelle, et inté­res­sante. 

Bien sûr, ce ne sera pas le synthé à tout faire comme un bon sous­trac­tif peut l’être, pour une basse, une nappe, un lead, etc. En revanche, pour créer des sono­ri­tés étranges, mêlant de façon très parti­cu­lière sons réalistes et irréa­listes, pour passer des heures (à s’en faire péter le bulbe…) à faire des essais à partir de n’im­porte quel maté­riau de base et en sortir quelque chose d’in­té­res­sant à quasi­ment chaque fois, iris est un rêve. D’au­tant que ses algo­rithmes sont quasi irré­pro­chables, son ergo­no­mie et sa simpli­cité d’usage un vrai bonheur, le rendant acces­sible à quasi toute personne inté­res­sée par la synthèse.

Bref, s’agit-il encore pour iZotope d’une réus­site ? Eh oui…

Award Innovation
Innovation
Award
  • Concept
  • Trois lecteurs plus Sub
  • Radius RT, superbe
  • Outils de sélection graphique
  • Ergonomie surprenante mais parfaite
  • Simplicité d’usage
  • Midi Learn très simple et complet
  • Effets
  • Vaste banque de samples d’origine
  • Nombreux présets
  • Choix iLok ou C/R
  • Provoque une nouvelle démarche créative
  • Mérite des enveloppes plus riches
  • Manque peut-être un filtre dans les effets
  • Manque parfois de générosité dans les graves
  • Attention à la conso CPU

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