"J'ai toujours mixé les albums des autres", nous dit Klaus Hill. "J'ai toujours été bon à ça, tout simplement." Depuis onze ans qu'il a quitté l'Angleterre, Hill s'est imposé sur la scène dance comme l'un des meilleurs ingénieurs de mixage et mastering.
Quand il est arrivé à Sydney, il produisait lui-même sa musique. « Ça marchait très bien pour moi quand je faisais du breakbeat, de la drum & bass et de la house, raconte-t-il. Et puis on se fait vieux et on n’a plus envie de continuer à faire le DJ. »
Aujourd’hui Hill dispose d’un studio bien aménagé qui comprend un espace de mastering, un espace pour le mixage sur console, et un équipement de mixage portatif qu’il a fini par utiliser une bonne partie du temps, même lorsqu’il est dans son studio. Protégé par un boitier rack, son installation contient notamment une interface audio Metric Halo 2882, un sommateur et contrôleur de monitoring Dangerous D-Box, un égaliseur Manley Massive Passive et un EQ A-Designs Hammer.
Audiofanzine a pu récemment demander à Hill de nous parler de son studio hybride analogique/numérique et ce qu’il pense des principales STAN sur le marché, entre autres choses.
Parlez-nous du type de mixage que vous réalisez.
Je mixe tous les disques d’un paquet d’artistes. Mes clients vont de groupes nommés aux Grammy à des producteurs britanniques majeurs, en passant par des artistes qui montent. Des numéros uns dans à peu près 17 pays. Que de la dance music.
Est-ce qu’on a une vision différente du terme « EDM » (Electronic Dance Music) en dehors des USA ?
En Europe ce terme est utilisé pour décrire la dance dans son ensemble, et c’est un mot que personne n’aime vraiment. Mais en Amérique ils en ont plus ou moins pigé le sens, et là-bas c’est devenu un son. C’est la troisième fois que les États-Unis se sont emparés du mouvement dance.
En tout cas c’est devenu important aux États-Unis ces dernières années.
Depuis quatre ans, c’est vraiment reparti. Ça a été une bonne chose pour tous les acteurs de cette musique, parce qu’en fin de compte c’est un endroit génial pour travailler, et bon nombre de mes clients viennent des États-Unis. Ça compte beaucoup quand vous avez un pays comme ça. Il y a tellement de productions et d’intérêts. J’ai beaucoup de clients qui viennent des US maintenant, pour le mixage et tout ça. En gros le processus, c’est que la plupart des pistes sont déjà assez abouties. On a un dicton en Australie : « On ne peut pas lustrer une merde, mais on peut la recouvrir de paillettes. » Il y a pas mal de ça. Mais comme je l’ai dit, il y a aussi des artistes déjà bien reconnus. On m’envoie les pistes, et je travaille sur un système hybride : une STAN qui sera soit Logic, soit Pro Tools. Je n’arrive pas à me décider. En fait j’envisage de me tourner vers Studio One, en ce moment. C’est probablement la STAN la plus solide du marché. Elle est épatante. Je viens juste d’envoyer un e-mail à quelqu’un ce matin, parce que j’ai Pro Tools, j’ai Logic, j’ai essayé Cubase 8 récemment, mais j’ai jamais réussi à m’en sortir avec Cubase. Du coup je lorgne du côté de Studio One. On peut faire la liste des nouvelles fonctionnalités de Pro Tools 12 sur un timbre poste.
C’est ridicule. En fait c’est juste une mise à jour qui permet de faire monter le prix.
Et à présent sur les ordinateurs Apple il n’y a pas moyen de monter soi-même un disque SSD, ni de la mémoire RAM. Tout est soudé à la carte mère. Tout d’un coup, si on veut se payer une mise à jour, il faut dépenser 3000$ ou 4000$ pour avoir n’importe quel matériel audio professionnel, à moins de se monter un Hackintosh. Moi, je passe sur PC, aussi.
Je suis assez étonné quand j’entends parler de quelqu’un qui utilise la sommation analogique pour la musique dance, qui a un son si numérique.
On trouve pas mal de gens dans la dance qui utilisent la sommation analogique. Pas mal de ceux qui font de la drum & bass. Bon nombre d’entre eux utilisent des consoles d’époque. Le souci, aux États-Unis, c’est qu’on ne promeut qu’un certain type de son dans la dance, ce qu’on appelle l’EDM. C’est super énergique et bruyant, avec les RMS poussés à des niveaux absurdes. Et j’ai bossé sur des trucs de ce style pour des gens, hein, qu’on me comprenne bien. Mais on trouve tout un tas de sous-genres et de styles différents où les gens prennent leur travail très à cœur. Et beaucoup de ces gens-là ont recours à des sommateurs.
En termes de sons, qu’est-ce que la sommation analogique vous apporte ?
En ce qui me concerne, j’y obtiens de la séparation, ça améliore l’image stéréo, pour commencer. La séparation des stems est bluffante : juste entre la batterie et les basses. Quand on passe par le sommateur on obtient une meilleure séparation, et ça me permet d’obtenir un meilleur contraste entre la grosse caisse et les basses, ce qui est l’essentiel. En les passant par des canaux séparés j’ai plus d’amplitude pour les travailler. Ça me permet de gérer cet espace-là. Quand on me pose la question, je décris le mixage comme un sandwich ou une peinture : un empilement de couches. On ne peut pas trop en mettre. Mais la D-Box est super pour ça. Et puis on peut vraiment bien le pousser, et ça donne un très joli son riche aux basses, en plus de réduire un peu cette âpreté des aigus typique du numérique. Le tout-numérique va vous donner cette dureté des aigus, et la D-Box l’élimine. Mais à partir de là le reste de la chaîne aide aussi, la chaîne analogique. Je suis très fan de la sommation. Dans mon studio, en fait, j’utilise plutôt la D-Box, mais j’ai aussi une console SSL. Je ne l’utilise pas aussi souvent, parce qu’aujourd’hui ça ne permet plus de travailler assez rapidement.
Parlez-nous plus de votre équipement portatif.
J’ai un contrôleur Tango, un contrôleur à écran numérique que j’utilise, mais il y a le nouvel écran tactile Slate qui m’intéresse. Mais c’est [seulement] Pro Tools et Logic, donc même si je n’ai pas encore résolu le « problème » de la STAN, je n’ai pas l’intention de dépenser encore plus d’argent. Avec le contrôleur à écran tactile et le sommateur, je peux travailler super vite. Je peux faire des Recalls vraiment rapidement. Je veux dire, on peut aussi rappeler du matériel sur la SSL, mais pour être franc c’est vraiment une prise de tête. Sur le sommateur, la basse est sur l’un des canaux stéréo, et l’autre amène la batterie. Les voix ont leur propre canal. Les parties synthés sont sur un autre. Donc tout est regroupé par type et renvoyé vers le sommateur. Il y a aussi un Manley dans la chaîne. J’ai la version Mastering dans mon studio de mastering, mais je ne m’en sers presque jamais. C’est du matériel mobile, installé dans un flight case. Si je me déplace à l’étranger, ou ailleurs aux États-Unis, je peux l’emporter et l’installer n’importe où. Du coup je me retrouve à utiliser le Manley pour le mastering, mais je n’ai pas les boutons gradués, c’est une version standard. Alors que dans le studio de mastering il a été amélioré. Mais bon, comme je l’ai dit c’est du gâchis puisqu’au final j’utilise mon installation mobile la plupart du temps.
On trouve beaucoup de sommateurs sur le marché. Qu’est-ce qui vous a fait choisir le D-Box ?
J’ai eu tous les types de sommateurs, j’ai tout essayé. C’est celui-ci qui offre le plus de fonctionnalités, le meilleur son, le meilleur rapport qualité-prix. Comme je l’ai dit, je peux acheter le matériel que je veux, mais j’aime bien ce qui reste fonctionnel, parce que je travaille vite. Je mixe deux ou trois morceaux dans la journée. Je sais qu’il y en a dans le milieu du rock qui mixent des albums entiers en une journée, mais dans la dance tout se fait en ligne, tous les échanges. Personne ne se trouve jamais en studio avec toi. Du coup on peut difficilement abattre une telle quantité de boulot, surtout si on communique avec les gens par Skype. J’utilise Splice [une plateforme de collaboration et de partages de fichiers en ligne, pour les musiciens de studio], de sorte qu’on peut voir mes arrangements et le reste. Si je bosse sur Logic, je mets les fichiers en ligne sur Splice et en face on peut prendre des notes tout de suite. C’est un super outil. Sinon, pour Pro Tools et autres, il y a Gobbler.
Pourquoi envisagez-vous de changer de station audionumérique ?
Pro Tools 11 s’est avéré farci de bugs. Quant à Logic, ils l’ont simplifié, ce qui est idiot de la part d’Apple. Je ne sais pas pourquoi ils ont opté pour ce style GarageBand et tout ça. Mais la dernière mise à jour, quand ils ont modifié le compresseur et tout, elle est vraiment bien. Elle est vraiment stable, et je n’ai plus les problèmes que j’ai avec Pro Tools, les plantages, les bugs et le reste. Et comme je le disais, grâce à Splice je peux diffuser le projet et permettre aux gens de voir les arrangements, ce qui a été utilisé, y ajouter leurs notes, ça rend tout très rapide. J’ai tout un tas de travaux de balance en cours. Je songe à passer à Studio One, mais c’est vrai que Splice m’a permis de vraiment travailler plus vite. C’est le dilemme typique de l’ingénieur : il y a tellement de matériel, et tu dois trouver celui qui te va bien.
Vous avez beaucoup de matériel, mais qu’en est-il des plug-ins ?
Je suis un grand fan des produits Slate. Je trouve que le Virtual Tape Machines de Slate est la meilleure simulation de bandes analogiques du marché. J’utilise des plug-ins UAD, j’adore ces trucs, c’est génial, mais les simulations de bandes n’arrivent pas à la cheville de Slate. En tout cas pour moi. Et puis j’ai quelques presets que j’ai faits moi-même et que j’utilise pour tout. Je baisse le bruit de fond à 0. Ça n’apporte rien. Vu la saturation que ça ajoute au son, on n’a pas besoin de ce bruit dans le monde du numérique. Du coup je le coupe toujours. Un autre truc que je fais avec le plug-in, comme il ajoute pas mal de basses, c’est que je baisse un peu les niveaux des basses.
Vous les faites passer par des canaux individuels ?
Ouais. Ça apporte un caractère vraiment plaisant. J’adore ce que fait Slate. Ils font des plug-ins incroyables.
Est-ce que vous avez déjà utilisé le Virtual Mix Rack ?
Oui, il est très bon. Mais ma tranche de console de prédilection, c’est le Metric Halo Channel Strip. Il est incroyable. Pour l’EQ, la compression de canaux globale, il marche impeccablement bien. Et il a un son vraiment épatant. Il fait claquer la batterie, c’est fou. Ça marche super bien sur les caisses claires. Je ne regroupe pas tellement les éléments de la batterie. Alors je vais traiter la grosse caisse, et je vais utiliser de la compression parallèle, des tonnes en fait. Oui, donc je traite ça et j’y applique de la compression parallèle. Je traite la caisse claire à part, et je vais faire de même avec. En règle générale je ne combine rien ensemble sur un bus pour compresser ensuite. Mais j’utilise la tranche de console logicielle Metric Halo tout le temps. Quant à ce que fait Slate, je l’essaie depuis un moment, depuis qu’ils l’ont mis sur le Virtual Mix Rack, avec la [Virtual] Console. Avec la sortie branchée sur le sommateur et tout ça, j’en n’ai pas vraiment besoin. Mais en toute franchise, ça offre un bon son ; mais on sait déjà ce qui sonne mieux pour moi avec une telle installation : TriTone ColorTone. Si on veut ajouter ce caractère. TriTone ColorTone, le simulateur de grain. On y envoie l’audio. Si on veut simuler la console, ça envoie un signal qui passe par la console et en enregistre le caractère, exactement comme avec la convolution. Moi je préfère ce son-là. J’ai des centaines de réglages pour ça, des SSL et ce genre de trucs, et en envoyant ça sur un canal j’obtiens de meilleurs résultats qu’avec le Slate.
Qu’en est-il de la réverb ? Où va votre préférence ?
Je suis toujours d’avis que pour les salles de concert et ce genre de trucs, on peut difficilement trouver mieux que l’IK Multimedia Classik Studio Reverb — en logiciel. Et j’en ai parlé avec un certain nombre de gens par ici. De bons ingés son d’ici. Et on est tous arrivés à la conclusion que c’est toujours une très bonne réverb.
Il y en a d’autres ?
Il y a la BreVerb, aussi. La BreVerb est géniale. Ce que fait Lexicon est bon aussi. J’aime bien le plug-in Eventide. J’ai du matos Eventide, je crois que c’est le 8000. Mais je ne l’emporte pas partout avec moi. Si tu préfères quelque chose de plus numérique et d’un peu plus étrange, Audio Damage Eos est fabuleux. Et ils sortent un très bon plug-in à un prix raisonnable. J’adore tout ce que fait Audio Damage.
Je me suis toujours demandé comment les mixeurs de dance music installaient leur monitoring. Vous devez avoir des trucs costauds en termes d’enceintes, de subs et tout ça, pour rendre les basses à la façon des discothèques.
J’utilise PMC. Les iB. Ils coûtent autour de $20 000 ou $24 000, quelque chose comme ça.
Whoa ! Ils comportent un subwoofer ?
Ouais. J’adore les PMC. Mais j’utilise aussi les Focal. Je passe probablement plus de temps sur les Focal que sur les PMC. Parce que ça ne sert à rien de mixer tout le temps à haut volume. Et puis aussi je passe plus de temps sur mon casque Audeze LCD-X. Ça me donne l’impression d’avoir une paire d’ATC ou de PMC sur les oreilles. Ils sont faits aux USA. C’est une petite entreprise ; tout est fait sur place. C’est un casque pour audiophile. Il est vendu à Harrods au Royaume-Uni. Il coûte à peu près $2 000. Au départ j’étais très sceptique. Mais ce truc-là est hallucinant, mon vieux. Si je devais me mettre à écrire de la musique aujourd’hui, et que j’envisageais de renouveler mes haut-parleurs et tout ça, je ne le ferais pas. J’irais plutôt acheter un casque LCD-X, et je ne m’embêterais même pas à acheter des enceintes de monitoring.
Qu’est-ce qui justifie un coût pareil pour un casque ?
On perçoit chaque détail. J’arrive à entendre le moindre déphasage, que je ne perçois même pas avec mes grosses enceintes. C’est un casque absolument extraordinaire. Le casque de chez Focal est très bon également. Le Focal Spirit Professional. On produit une grande partie de la musique dance dans des petits studios. Aujourd’hui on n’a plus besoin d’un gros studio. Je connais des DJ qui gagnent $10 000 – $12 000 par soir, et ils bossent avec un casque et un portable à l’hôtel quand ils partent en tournée. Et ça sort dans le commerce.
Sans mastérisation ?
On m’envoie ça pour réaliser le mastering, ce genre de trucs. Mais il y en a pas mal qui seraient du genre à juste ajouter un limiteur, et ça sort comme ça.
Je ne suis pas expert de ce type de musique, mais si vous n’aviez que le son du casque comme contrôle, vous ne vous demanderiez pas comment la basse ressortirait une fois en discothèque ?
Vous savez, l’avantage de ce système, c’est que la plupart de ces gars sont tout le temps sur la route. Du coup ils vont à l’hôtel, et ils mixent quelque chose, et puis ils l’amènent directement au club et ils le jouent là pour prendre leurs marques. Je ne serais pas fâché de mixer à l’aide de ce casque Audeze. J’en ai déjà eu l’occasion, sans problème. Bon, j’utilise aussi les enceintes Focal. Des Solo6. La Solo6 via un subwoofer que j’ai fait installer. J’ai aussi une paire de MixCubes, les Avantone. J’en ai deux. J’ai aussi une paire de petits PMC, les TB-6, quelque chose comme ça, avec les amplis Bryston. J’adore les PMC.
Vous avez une autre configuration de monitoring pour mastériser ?
Oui, j’ai une installation différente dans le studio de mastering. Là aussi j’ai les enceintes PMC, et mon installation de mastering avec le Manley Massive, et le [Dangerous Music] Bax EQ. J’y ai aussi le compresseur Shadow Hills. Mais je ne l’utilise pas. Dans la dance, tout va si vite. Personne ne passe 6 mois en studio pour écrire un album. Tout est jetable. Si tu diriges une maison de disques, et que tu es sur BeatPort, le gros site de musique dance où on peut vendre, il te faut y sortir un morceau tous les quinze jours. Alors tout ça, c’est du jetable. A moins que tu n’aies écrit un classique absolu, ce qui est très rare en dance, tout doit se faire très vite. Si je finis de mixer un morceau et que quelqu’un est là et que cette personne a aimé ou approuvé ce que j’ai fait, je vais mastériser sur place, directement. Alors je clippe les compresseurs dans le Metric Halo, et j’utilise le Manley qui me sert au mixage. Et puis j’utilise deux ou trois limiteurs logiciels différents pour réhausser le niveau, parce qu’aujourd’hui en dance il faut monter les niveaux RMS de façon délirante. Selon le style de dance, si je n’atteins pas –4 RMS je n’arrive à rien. On pousse le son vraiment fort.
Du coup, pas de dynamique ?
Il n’y aucune dynamique. On n’en a plus dès qu’on dépasse –8 RMS. La raison de cet état de fait, ça n’est pas le son en discothèque, c’est la façon dont les jeunes achètent la musique aujourd’hui. La musique s’achète via les enceintes de PC et les écouteurs. Sur tous les sites, que ce soit iTunes ou les autres, les jeunes passent les morceaux en revue, ils en écoutent un et puis : « Oh, j’aime ça, j’achète. » Et puis ils passent au suivant, qui est beaucoup plus calme que le précédent, et vu qu’ils écoutent ça avec leurs écouteurs ou leurs enceintes ça leur semble moins bien, et peu importe la qualité musicale du morceau ils vont passer à autre chose.
Est-ce que vous vérifiez souvent la qualité de vos mixages en mono ?
Tout le temps. Et je le fais aussi pour chaque piste, individuellement. Je sélectionne la grosse caisse, puis la basse, et j’inverse aussi la phase sur chacune de ces pistes. En vérifiant aussi la phase sur les instruments. Ce qu’on finit par faire, c’est déplacer légèrement des éléments, et ça peut améliorer le son. Même si on passe en mono et que les pistes ne s’annulent pas entre elles, on peut les rouvrir pour en améliorer le son. Je vérifie ça aussi, sans arrêt. C’est une part importante de mon travail : m’assurer que tout rend bien.
Quel logiciel utilisez-vous quand vous mastérisez ?
Comme logiciel de mastering, Pro Tools. Je clippe les convertisseurs [sur le Metric Halo 2882] à l’entrée. J’utilise l’égaliseur hardware. Je n’utilise pas tellement de compression pendant le mastering. J’aime bien attraper quelques crêtes. On a pas mal de crêtes dans la dance. Je configure le truc pour que les temps de relâchement et d’attaque soient lents, ce qui permet d’attraper des crêtes, et je retire littéralement quelques décibels à cet endroit, afin d’attraper ces crêtes et de fournir un peu plus de marge pour pousser le son. Je monte la plupart des niveaux si je peux en clippant les convertisseurs. Le Metric Halo offre une telle marge de sécurité sur le signal d’entrée. Avec une piste qui a été vraiment bien équilibrée au mixage, je peux sans doute aller jusqu’à –8 RMS en entrée et clipper les convertisseurs. Et là j’utilise deux ou trois logiciels après ça, pour pousser encore le peu qu’il reste, chacun faisant une toute petite part du travail.
Pourquoi ne pas utiliser un seul limiteur ?
Quand on me pose des questions sur l’utilisation des limiteurs en mastering, je réponds toujours : « Pour déplacer un tas de briques, est-ce qu’il vaut mieux être tout seul ou avoir des potes qui vous aident ? » C’est la même chose pour la compression du limiteur. N’utilisez pas un seul limiteur pour enlever 5 dB ou quoi que ce soit. Parce qu’il va forcer. Faites-le avec deux qui vont enlever deux et demi chacun. Ou faites-le avec trois où chacun enlève un dB, et au final vous en tirerez un meilleur son. Mais n’utilisez pas le même limiteur. Moi j’utilise, peut-être en premier le Sonnox Oxford Limiter, que j’adore. Après ça j’utilise l’Invisible Limiter d’A.O.M, qu’on peut pousser très loin. Il est vraiment super bon. Et du suréchantillonnage 16x. Et puis je termine en enlevant ce qui reste avec les limiteurs placés en bout de chaîne. C’est tout. C’est comme ça qu’on fait, tout simplement.