Nous poursuivons aujourd'hui notre exploration des voicings... en reprenant certaines bases ! Parce que c'est bien beau de vous parler d'accords ouverts, fermés, enrichis, n'est-ce pas, mais si je ne vous précise pas quelles notes utiliser ou pas, vous allez rapidement vous retrouver le bec dans l'eau.
Les notes importantes
Donc, la première règle dont je souhaitais vous entretenir concerne le rôle de la tierce et de la septième d’un accord et donc d’un voicing. Je parlais dans les articles précédents de la coloration harmonique des voicings. Il me semble important de revenir ici sur cette notion et de rappeler ce qui constitue la nature même des accords.
Nous avons vu dans l’article 4 que la nature des accords (et donc des voicings qui nous intéressent ici) change en fonction de leur tierce dans le cas des triades, et de leur tierce et de leur septième dans le cas d’accords à 4 sons. Ce sont ces degrés de l’accord qui définissent si celui-ci est majeur, mineur, accord de septième majeur, accord de septième mineur ou encore accord de septième de dominante. C’est donc la présence de la tierce et éventuellement de la septième qui va être déterminante dans la caractérisation de votre voicing et donc dans son rendu sonore et son rôle harmonique.
Bien entendu, c’est également valable pour les accords et voicings dont la tierce ou la septième sont remplacés par d’autres degrés. Ainsi, dans un accord de sixte, ce sont la tierce et la sixte qui définiront sa nature, alors que dans un accord de sus4 ce seront la quarte et la septième.
Les notes dont on peut se passer
Alors évidemment, tout ceci aura pu apparaître évident à certains qui auront noté par eux-mêmes que les accords sont définis par leur tierce et leur septième ou leurs éventuelles remplaçantes. Mais si je vous parle de ça aujourd’hui, c’est moins pour vous rappeler cette évidence que pour attirer votre attention sur l’effet miroir qui en découle. En effet, l’importance de ces deux degrés permet de se passer des autres dans certains cas bien précis.
Les autres, ce sont donc la fondamentale et la quinte. C’est surtout de cette dernière que l’on va pouvoir se passer assez facilement, notamment grâce au fait qu’elle est déjà bien présente comme harmonique de la fondamentale. Pour ce qui est de la fondamentale, sa suppression sera un peu plus délicate, et il faudra veiller à ce que le contexte harmonique soit bien défini. A ce sujet, je vous invite à relire les articles 17 à 21 sur les modulations.
Avec les exemples ci-dessous, vous entendrez tout de suite que, si la suppression de la quinte reste relativement indolore acoustiquement parlant, celle de la fondamentale reste plus problématique et entraîne une sensation de changement d’accord bien plus importante (normal, on obtient alors un accord mineur basé sur la tierce, ici Mi mineur) :
Les notes à éviter
Si l’on peut se passer de certaines notes de base d’un accord, d’autres sont à éviter autant que possible dès qu’il s’agit d’enrichissements. Ainsi, la quarte a naturellement tendance à effacer la sensation de tonique. On évitera donc de l’employer sur les accords de tonique, et on la réservera à l’accord de dominante sus4, accord qui doit être par ailleurs utilisé en connaissance de cause car il détruit la mécanique habituelle de tension et de résolution (cf article 29).
On évitera également la sensible dans l’accord de substitut de sous-dominante II-7. En effet, la sensible formera alors un triton avec la sous-dominante (le 4e degré de la gamme).