Musique : art ou science ?
- 1 192 réponses
- 70 participants
- 70 422 vues
- 54 followers
a.k.a
Je me pose régulièrement la question, sans jamais pouvoir y répondre. Des avis éclairés et divergents si possibles seraient les bienvenus. Il est bien entendu que ce topic ne concerne que la musique, et en aucun cas la peinture ou la sculpture. Il n'est bien sûr pas interdit de citer des oeuvres pour étayer son propos, mais notre "objet d'étude" reste la musique
Il est évident que j'attends des positions solidement argumentées , courtoises et bienveillantes (même si je sais qu'à un moment ou à un autre, ça va chauffer...).
J'ouvre le débat :
En considérant l'exemple du dodécaphonisme, peut-on dire que la musique devient une science ? Pour moi, oui car le microcosme "organisationnel" qu'est la série dans l'organisation macrocosmique qu'est déjà la musique relève d'une scientificité : il faut recenser les occurences de chaque demi-ton afin de ne pas le répéter avant l'exposition de la série entière, se tenir à un principe compositionnel strict. Même dans le traitement de la série, par exemple en la rétrogradant, il faut le faire strictement. Cela ne relève-t-il pas d'une certaine scientificité ?
Cette remarque s'applique également dans le système tonal, puisqu'on ne peut rien écrire sans tenir compte de ce qui précède. Le seul art serait-il dans le Tristan de Wagner et dans le post-romantisme (période charnière entre la tonalité et l'atonalité ?
Head Minerve
Citation : on en vient au problème du jugement de valeur, car c'est bien de cela qu'il s'agit
On a beau dire que le jugement d'une oeuvre comme artistique est subjective, la masse arrive à se mettre d'accord cependant. Après des siécles, personne n'est revenu sur Bach pour dire qu'en fait, ce qu'il a fait était de la chiotte.
Le juger d'artiste, faisant de la belle musique, dans ce cas précis est-ce objectif ou subjectif ?
Pourquoi l'esprit et les moeurs humains prennent des années de recul pour se mettre d'accord sur la beauté d'une oeuvre, d'un morceau, pour enfin le garder en mémoire ?
Ce que je vois surtout, c'est cette peur de l'homme d'oser affirmer que ça ou ça est beau, et que c'est de l'art. Pourquoi ? Parce-qu'il y a forcément le conflit qui arrive. Les détracteurs sont partout là où on pose un avis.
La subjectivité qu'on s'accorde permet de calmer les ardeurs, de persuader chaque parti que personne n'a tort,... ni raison d'ailleurs.
C'est facile de dire que Bach est un génie, du beau ou de l'art, car nous ne sommes plus dans le contexte d'époque, plus de détracteurs aujourd'hui (ou très peu).
Affirmer que la star ac n'est pas de l'art, mais qu'on accepte que ça en soit à partir du moment où un homme la juge d'art, je trouve que ça manque de couilles !
Le débat est là pour trouver solution au problème. OK, chacun ses goûts, mais je crois qu'il faut valoriser l'effort de valeur de l'artisan se voulant artiste, effort qui se remarque objectivement lui. Si réussite après effort de valeur, alors quelque chose d'artistique émane de l'oeuvre.
Maintenant pour juger un effort de valeur, en effet pour repiquer une phrase, le travail harmonique/mélodique, l'arrangement rythmique, la mise en place etc... jouent. Les choses simples peuvent se voir demander cet effort, cette démarche.
L'effort de valeur dans ma petite tête s'assimile à l'intelligence, la curiosité, le culot et la persévérance.
Nyl auster
Dire qu'une oeuvre est plus ou moins belle, c'est déjà partir un peu sur le fait qu'existerait une sorte de "beau pur sans mélange" auquel "participeraient" avec plus ou moins de résussite les choses.
Si on réfute ça, on tombe sur du "tout est relatif", où toutes les valeurs s'effondrent, et où chacun voit midi à sa porte...
Sinon on peut prendre le point de vue un peu spinoziste suivant:
L'oeuvre musical comme "prolongement/accomplissement" de sa propre essence. Nous sommes tous différents, nous disposons tous d'une essence différente.
Du coup on pourrait dire que tout fonctionne par "compatibilité d'essence": si je partage la même sensibilité artistique qu'un compsiteur, je vais pouvoir comprendre ce qu'il fait.
Si ma sensiblité est trop éloigné de celle d'un artiste, son univers m'est clos car nos essences divergent trop.
parenthèse : pour rester un peu spinoziste: l'essence étant caractérisée entres autres par
-les éléments avec lesquels nous nous "composons" (nourriture, amour, musique => accroissement de la réalité de notre être, de notre puissance d'être)
- les éléments qui nous décomposent (poison, idées qu'on refuse, musique qui nous est désagréable car pour diverses raisons notre essence n'y est pas sensible.
Je crois pas que ce que je viens dire soit très clair, mais trop tard, c'est dit
Nyl auster
Head Minerve
Nyl auster
Il sera reconnu par ceux dont la nature est telle que ce prolongement de l'être de l'artiste "s'emboîte" très bien avec leur être également. (de la même manière que les molécule d'hydrogène et la molécule d'Oxygène se lient pour créer une nouvelle molécule plus forte).
a.k.a
Citation : J'en propose d'en revenir à Platon et de démêler une bonne fois pour toute de l'existence ou de la non-existence du beau en tant qu'absolu
Dire qu'une oeuvre est plus ou moins belle, c'est déjà partir un peu sur le fait qu'existerait une sorte de "beau pur sans mélange" auquel "participeraient" avec plus ou moins de résussite les choses.
Je n'ai jamais vu la beauté nouménale, donc je rejette en bloc cette hypothèse, ainsi que toutes les thèses platoniciennes selon lesquelles l'art n'engendre que des apparences. Au contraire, d'après moi, l'art dévoile l'essence des choses. Pour réfuter Platon (rapellons tout de même qu'il n'y avait pas Malévitch à son époque et que tous les artistes, parmi lesquels Zeuxis, cité dans la République, se contentaient de reproduire la réalité. Sa position est donc légitime, à son époque seulement), on peut dire que puisque cette beauté en soi n'existe pas, c'est nous qui l'insufflons dans les oeuvres, d'oû ce présupposé intentionnel.
Par ailleurs, joli développement sur Spinoza, qui mériterait d'être prolongé.
karlos73
plutôt que Malevitch c'est surtout Marcel Duchamps qui a ouvert la voie vers un art total qui deconstruit et propulse vers de nouveaux horizon la question du beau (et de l'art) en inssuflant la dimension du quotidien, ensuite Joseph Beuys a fait resonner la notion d'existence avec cette même question en ouvrant la perspective d'une future oeuvre collective, a dimension sociale telle qu'on peu l'imaginer avec l'idee d'oeuvre participative comme il en existe sur le net...
julbul
par contre
Citation : j'atterirais à la conclusion qu'un bon artiste est celui qui...
...si on se met à distinguer artiste, artiste moyen, bon artiste, artiste génial... on est pas au bout de nos peines
La pizza est prête...
a.k.a
j'ai dit Malévitch comme j'aurais pu dire Mondrian, simplement pour montrer que l'abstraction n'existait pas encore à l'antiquité, mais c'est vrai que Duchamp est plus approprié en raison du renouveau de la représentation qu'il impose.
Bonne pizza !
on avait déjà dicuté le bout de gras à propos du génie quelques dizaines de posts en arrière...
Head Minerve

a.k.a
Hors sujet : je n'ai pas encore écouté ton vertige cosmique, mais tu auras mon rapport d'ici demain dans ta boîte aux mails...
karlos73
Oui j'avais bien compris et ton exemple est tout fait à bon, je voulais juste citer ces exemples afin d'illustrer la question du beau car d'apres moi ces artistes ont veritablement defriches cette question.
Head Minerve
a.k.a
Malévitch est le représentant du suprématisme russe (c'est à lui qu'on doit le fameux "Carré blanc sur fond blanc" ). Voici son "Garçon avec un sac à dos" :
c'est un des premiers peintres abstraits.
Mondrian est un hollandais qui a fondé la revue De Stijl (le style, en néerlandais) avec son pote Theo van Doesburg. voici son "moulin"

et un de ses "pommier" (il en a fait toute une série qui sont de plus en plus abstraits) :

Tu vois d'où vient le logo de Look ?

Duchamp est l'inventeur des fameux ready made : tu prends un objet (au hasard, un urinoir ou une roue de bicyclette) que tu ériges en oeuvre d'art. on le rapproche de la mouvance dada en cela.
Voici sa "Fontaine" :
et son "Nu descendant l'escalier" :

Beuys, je ne le connais pas, et Zeuxis est un artiste antique dont le nom est évoqué par Platon dans la République. Il est réputé pour ses imitations parfaites des choses de la nature. Elles sont tellement fidèles qu'un jour, ayant peint des raisins, les pigeons ont essayé de les manger. Ainsi, le travail de l'artiste est blamâble car il ne montre pas l'essence des choses, mais une simple apparence (d'après Platon...)
Head Minerve
Malevitch>
Mondrian>
Duchamp>
Ca inspire en tout cas, du coup j'ai envie de faire un morceau parlant de moulin qui descend un escalier, un urinoir nu sur le dos !
a.k.a
je te conseille, pour combler un peu tes lacunes (n'y vois là rien de méchant), de faire un tour sur ce site, très complet pour la peinture classique.
Va voir les peintures de Bellini, Mantegna, Fra Angelico, Brueghel l'ancien, Van Eyck, Bosch, de Vinci (la Joconde n'est vraiment pas son meilleur tableau), Dürer, Velasquez, Raphaël, Le Greco, Michelange et tu m'en diras des nouvelles !!! C'est du classique, mais il y a des choses sublimes.
Citation : Ca inspire en tout cas, du coup j'ai envie de faire un morceau parlant de moulin qui descend un escalier, un urinoir nu sur le dos !
Tout un programme...
a.k.a

triptyque fermé :

c'est pas sublime tout ça ???
Head Minerve
Wock'n'woll !

karlos73
a.k.a
Citation : Bosch et Duchamps sont pour moi parmis mes plus importantes influences
Evite de mettre un "s" à Duchamp alors
C'est vrai qu'ils sont géniaux ces deux là.
J'aime énormément Dürer, et cette Pieta de Michel ange :

eh bien c'est peut-être la beauté nouménale...
karlos73
karlos73

La Tour "le rêve de Saint Joseph"
a.k.a
karlos73
karlos73

- < Liste des sujets
- Charte

