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Sujet Désolé de casser le mythe

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Sujet de la discussion Désolé de casser le mythe
Je passe ma vie à combattre ce que j'appelle "l'inconscient collectif", les idées reçus en fait, et il y en a une qui m'agace particulièrement. C'est de croire que parce que quelqu'un a bien travailler sa technique il maîtrise son art. C'est FAUX, FAUX ET FAUX.

On est tous identiques face à la page blanche, aucune règle au monde va me donner un concept d'écriture, l'accord magique qui tue, la mélodie universelle et intemporelle, etc...L'imagination n'à pas de limites donc pas de règles. Ce qui m'a toujours frapper chez les génies de la musique c'est leur instinct sans failles. Beaucoups de très grands passages musicaux sont si simples, c'est à en pleurer, mais quelle imagination pour en arriver là, à l'essence même de la musique.

Les règles ne servent qu'à élaborer le discours, à le rendre compréhensible et fluide. Elles permettent aussi de former son goût et de mieux connaître sa personnalité de musicien. Le danger c'est vraiment de croire qu'elles font de nous des compositeurs, ès que l'on écrit selon les règles cela devient vite académique. Il faut les connaîtres et les maîtriser suffisement pour que notre imagination puisse être libre de se mettre en route pour les transgèsser intelligements.

Je ne sais plus qui à écrit, dans le forum parlant de ce qui nous agace particulièrement, que les personnes qui "croyait connaître la musique" l'agacait. Et bien je trouve que c'est un très bon résumé des choses.

Voilà, je suis désolé de casser le mythe du compositeur savant et je vais peut être me faire des enemis, mais je m'en fou.

Laurent.

Laurent Juillet - Livre des têtes... - Soundcloud

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181
Je pense que quand on a une production musicale continue, comme Bach qui a produit énormément de pièces dans sa vie, on se fie plus à des mécanismes de composition qu'à une inspiration purement artistique. Je dis pas ça pour dire du mal de Bach et d'autres musiciens qui ont du composer beaucoup, il y a de très belles choses, mais il devaient se considérer un peu comme des artisans, et beaucoup utiliser la technique pour remplacer l'inspiration.
Suzanne à la plage # http://www.myspace.com/supertramber
182

Citation : mais il devaient se considérer un peu comme des artisans,


je pense que la plupart des compositeurs se considèrent comme artisans.

Citation : et beaucoup utiliser la technique pour remplacer l'inspiration.


là, je ne suis pas vraiment d'accord. la technique n'a jamais été le point de départ. c'est un cadre, et comme son nom l'indique il modèle l'idée musicale, et pas l'inverse.

écoute bach, les chorals parce que c'est un bon exemple de musique bien cadrée, et tu te rendras compte que ce ne sont pas des enchainements dictés par la "technique" comme tu dis, sorte d'enchainements "mecaniques", mais bien dictés par une vraie sensibilité musicale.
183
Laurent, je viens de tomber sur ce thread, post1>14 Août 2003!
Mais je voulais simplement dire un truc:












Tout-à-fait :!:


Neil.
184
Tramber, je suis relativement d'accord avec toi,

mais alors je me pose cette question :

Est-il plus simple de composer sans inspiration mais avec technique qu'avec le contraire ?
185
Composer sans inspiration c'est tout à fait possible, ça s'appelle faire de l'alimentaire. Personellement je considère la composition comme un long processus, très intérieur, lent, et parfois douloureux.
Il ya pour moi deux clés à la composition musicale : l'émotion et la simplicité. Ce que j'ai écrit de meilleur vient d'assez profond en moi, et son expression s'épanouit dans qqch de simple où la technique se met en retrait.
186
Bonjour à tous!

Au sujet de l'inspiration, certains pensent qu'elle serait d'origine divine.
Non croyant s'abstenir.

Je fais référence à l'interview de Gabriel Yared (" le patient anglais" pour citer son succès le plus populaire) donné dans Keyboards, je crois, dans lequel il dit que son apprentissage lui a servi à devenir l'instrument de Dieu.

En gros, l'apprentissage musicale, quelqu'il soit, permet au compositeur d'être réceptif au "message" musical divin, puisque disposant de la technique et du savoir pour le retranscrire sur papier ou en jeu.

Il cite même Mozart, génie reconnu, qui aurait dit à sa soeur recevoir des symphonie entière " d'en haut", et qu'il n'avait plus qu'à les concrétiser sur une partition.
Je ne sais pas si Mozart était de nature humble, mais si cela est vrai, ça y ressemble un peu beaucoup, non?

Analyse intéressante, que l'on y adhère ou pas d'ailleurs.

Quand à moi, pour chercher parfois comme nous tous des idées en improvisant au clavier, je suis parfois surpris de ce qui peut en sortir.
Et un peu comme expliqué précédemment, je me dit, en toute modestie, c'est pas moi, c'est pas possible, j'ai pas pu jouer cela?
Je ne me sens pas complètement l'auteur (compositeur!) de ce que je viens de jouer.

Et vous?

soundcloud

187
D'origine divine, pourquoi pas... En tout cas, connectée avec les hautes sphères c'est une certitude absolue
188
C'est quoi pour toi les hautes sphères? :lol:

soundcloud

189
Gabriel Yared doit surtout la musique du patient anglais à son orchestrateur, qui n'a été cité nulle part et aurait parait-il fait quasiment tout le boulot. Dieu s'appellerait-t-il Maurice Coignard ?
190
En ce qui concerne Gabriel Yared: je l'ai rencontré pour une interview et j'ai aussi rencontré sa copiste, elle-même compositrice. Gabriel Yared dit en effet qu'il reçoit sa musique d'en haut (dans mon interview j'ai trouvé cela tellement péremptoire que j'ai modifié la phrase: "Je pense recevoir la musique d'en haut" :lol: ) Yared a une vision touchante et fascinante de la musique: faut l'écouter parler (un long monologue): on a l'impression d'être face à un illuminé, et il est difficile de ne pas être happé par ses paroles (en plus il s'exprime comme un poète). Devant tant de conviction, je me suis senti bien nul après...

La copiste que j'ai rencontré dans un autre contexte (elle a répondu à une de mes annonces) m'a dit avoir lu mon interview (dispo sur Cinezik.org) et m'a assuré qu'il était devenu aigri, et que contrairement à ce qu'il disait, il utilisait parfois l'ordinateur pour composer. Autrement dit, ce mythe du compositeur Yared écrivant sur le papier, inspiré par Dieu, est quelque peu un mensonge.


Citation : écoute bach, les chorals parce que c'est un bon exemple de musique bien cadrée, et tu te rendras compte que ce ne sont pas des enchainements dictés par la "technique" comme tu dis, sorte d'enchainements "mecaniques", mais bien dictés par une vraie sensibilité musicale.



BAch se disait au service de Dieu et mettait sa musique au service de l'office (je pense quant à moi que l'art est né avec le sacré et donc est historiquement indépendant de la religion). Sa musique, belle ou non, était avant tout fonctionnelle. Il n'a jamais eu de volonté créatrice (au sens romantique du terme). Ne serait-ce que parce que se poser en créateur serait se mettre à l'égal de Dieu. André Schaeffner dit que Bach en ce sens est un "primitif". Pour le musicologue les primitifs sont ces musiciens de tradition orale, qui liaient la musique improvisée à l'accompagnement d'un rite social ou sacré, ce que la musique a d'abord été avant d'être un art...