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Le Concert d'hier soir

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Sujet de la discussion Le Concert d'hier soir
Je propose ce nouveau thread:

Hier, vous êtes allé voir un concert dans un bar, dans une salle, dans un stade, dans une arène, dans la rue, chez Tante Roberte, au mariage de Lulu et Mimi...

Faites part de vos impressions.

Hier soir:

Bénabar - Le Zénith Paris - Première partie: Travis Bürki

Un show qui commence par une première partie minimaliste (Bürki au clavier accompagné d'un guitariste) bien dans le ton de la soirée. Chansons légères aux textes alambiqués et calembouresques avec un très bon accueil du public.

Bénabar arrive ensuite devant une salle archicomble et met une ambiance survoltée, accompagné d'une douzaine de musiciens (bassiste et guitaristes excellents).

Un grand nombre de succès sont au rendez-vous, représentatifs de l'ensemble de sa carrière, et Bénabar chahute le public parisien avec beaucoup d'humour, parfois à la limite du spectacle comique avec la complicité de ses musiciens.

Une très bonne soirée.
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1431
Faut que je vous dise. J'ai vu le plus beau concert de ma vie samedi soir.

Czech National Orchestra dirigé par Semyon Bychkov, avec Gautier Capuçon à la Philharmonie de Paris (Salle Pierre Boulez)

J'avais acheté des places pour l'anniversaire de Mademoiselle, juste parce qu'elle a repris le violoncelle, et qu'en ce moment y'en a pas beaucoup qui taquinent autant que Capuçon dans ce domaine. Pour faire vite on est dans le top 5 des interprètes du moment sur cet instrument. J'ai même pas regardé ce qu'il jouait, j'ai choisi vraiment pour le prestige de l'interprète.

Le programme était en trois parties, trois oeuvres de Tchaikovski dans le cadre du Tchaikovski Project :

Serenade pour cordes :
Une pièce pour orchestre a cordes (une belle quarantaine de musiciens) en 4 mouvements, de presque 40 minutes en tout.
Je saurais pas me lancer dans une analyse musicale poussée, mais c'est varié, beau, puissant

Variations sur un thème rococo :
Pièce pour orchestre à cordes et bois et violoncelle soliste. 20 minutes de dialogue entre les bois et le violoncelle, accompagnés en finesse par les pupitres de cordes

Symphonie n°5 :
L'orchestre est maintenant complet (je dirai 120 musiciens a vue d'oeil, mais j'étais occupé a autre chose que compter les chaises). Très belle symphonie, assez atypique par moment, notamment le 3e mouvement en valse, construite sur un thème unique décliné en 4 mouvements.

Maintenant que vous savez ce que c'était, voila ce que j'en ai pensé.

Le batiment de la Philharmonie est un vrai chef d'oeuvre d'architecture, tout est clair, pensé dans les détails, fluide et simple, vraiment à l'image de ce que doit être la musique qu'on y joue. Le sas d'entrée dans la salle Pierre Boulez est un couloir d'une dizaine de mètres, completement noir et recouvert de moquette épaisse. Un véritable espace de transition entre l'extérieur et l'intérieur, ou le silence s'impose.
Nos places sont au troisième rang du parterre, on arrrive donc par le bas de la salle, et c'est deja un spectacle. L'impression mélangée d'entrer dans un temple de la musique, mais qui est accueillant et presque familier, pas du tout intimidant. L'éclairage est très doux et très clair a la fois, les dispositifs techniques (enceintes, spots) se font oublier dans les éléments architecturaux.

On s'installe, l'orchestre arrive, le chef aussi, salamalecs, silence.

Les premières mesures de la Sérénade sont comme le décollage d'une fusée propulsée au coton. On sait qu'on va partir loin, longtemps, mais dans une douceur inouïe. Le son de l'orchestre est fabuleux, celui de la salle aussi, avec cette juste dose de réverberation qui soutient l'orchestre mais qui ne prend jamais le pas. Ce que je prenais pour un apéro avant le soliste, en bon béotien que je suis, est en fait un chef d'oeuvre d’interprétation, d'une précision et d'une émotion irréelle. On a compris très vite qu'on avait un peu vite concentré notre attente sur le soliste, et que l'orchestre et son chef sont eux aussi d'une qualité exceptionnelle.
Malgré notre placement très latéral, tous les pupitres sont équilibrés, c'est magnifique.

Ensuite, on change quelques chaises, on amène une estrade et le Gautier Capuçon arrive. Pour ceux qui ne l'ont jamais vu, c'est genre Ken avec un violoncelle. J'aime bien me moquer un peu de son style de bellatre qui le fait un peu ressembler à André Rieu. Il joue un violoncelle Gofriller de 1701 qui a un son très particulier, beaucoup moins doux que ce a quoi je m'attendais, très clair et brillant, un peu métallique. La pièce est très exigeante techniquement, et il l'interprète bien entendu sans partition.
On pourrait croire que ses respirations profondes, ses grands mouvements de tête sont un style qu'il se donne, mais en fait c'est un musicien qui vit sa musique, ca se voit très clairement. Il chante réellement avec son instrument, chaque inflexion est sincère.
La salle permet de distinguer toutes les nuances du jeu, jusqu'au pianissimo, jusqu'aux descentes de manche très rapides qui sont très détachées et claires. La pièce alterne des moments extrêmement techniques et d'autres très émouvants. Je n'ai jamais vu un musicien avec un telle maîtrise de son art, je suis abasourdi. Ces gens, les grands concertistes, ne sont pas de notre monde, nous musiciens du dimanche. La quantité de travail pour préparer cette pièce, même sans parler des décennies de pratique pour arriver là, me parait insurmontable. La section de bois de l'orchestre est très sollicitée par la partition, et doit souvent jouer exactement ce que le soliste vient de faire, en question/réponse. Je suis trop absorbé par le jeu de capuçon, je ne les entend même pas, ce que je regrette un peu après coup.
En rappel, il nous offre Après un rêve de Fauré, un des morceaux signature de Capuçon, accompagné du pupitre de violoncelle au complet. On voit clairement que les musiciens qui ne jouent pas sont subjugués, et que les violoncellistes sont en train de vivre un moment exceptionnel de leur vie de musiciens. Ce genre de signe me fait comprendre que c'est pas uniquement parce que c'est mon premier grand concert, il se passe vraiment quelque chose de spécial avec ce gars là.

Entracte, on est clairement sous le choc, en train de vivre une expérience inédite, on peine a trouver des mots à mettre dessus.

Retour dans la salle, pour la symphonie
Le nombre de chaises sur le plateau a très nettement augmenté, on voit un pupitre de 8 contrebasses (dont 4 ou 5 double-basses). Ca va taper.
L'orchestre est parfaitement en place, évidemment. Mais dans ce milieu, la perfection technique c'est le minimum syndical. Là ca va beaucoup plus loin, chaque musicien est extrêmement investi dans son interprétation, on le voit aux mouvements aux regards, et tout ça s'entend. A priori, la méthode de direction du chef y est pour beaucoup. Pas de partition pour lui, pas de tempo pour eux, il les guide dans les intentions, les départs, les nuances, il joue de son orchestre comme d'un instrument. Le percussioniste vit sa meilleure vie sur le 4e mouvement, mes accoudoirs vibrent aux coups de cymbales, les contrebasses grondent, le tubiste, seul, est la fondation des cuivres, tout est merveilleux.

C'était une soirée unique, ce programme avec ces interprètes ne sera a priori jamais re-proposé en concert.

Les places en parterre sont à 60€, c'est deux fois moins cher que certains concerts de l'Olympia. Je vais vous le dire comme je le pense, les musiciens qui ne vont pas une fois dans leur vie à ce genre de concerts n'ont aucune excuse valable, sinon une vaine fermeture d'esprit. Putain, mais 60 balles c'est même pas le prix d'une journée de festival pour voir les mêmes concerts que dans le festivals d'avant et celui d'après, avec un son aussi dégueulasse que la bière.
Le lendemain, on a visité le très cool musée de la musique (les guitares et luth du 17e siècle, les instruments insolites, la console EMI de Pierre Schaeffer, le studio de Pierre Henry), et on a profité d'être dans le coin pour acheter parmi les dernières places pour Queyras et Tharaud en janvier.
Allez à la Philharmonie, vraiment. Si vous aimez la musique et les musiciens, y'a aucune chance d'être déçu je pense.

[ Dernière édition du message le 25/11/2019 à 18:55:02 ]

1432
Citation :
Les places en parterre sont à 60€

très bon plan, en effet :8O::bravo:

Les concerts classiques, c'est rarement décevant, j'en ai mangé pas mal à une époque, c'est toujours de grands moments. Moi c'était plus à la salle Pleyel, mais bon, yavé pas encore la Philarmonie à l'époque.
J'adore la musique symphonique, et pour ça je peux remercier un peu mes parents, et beaucoup feu mon grand-père. D'ailleurs, j'ai récupéré toute sa discothèque en vinyle :bave:, très régulièrement je me fais une petite dégustation. (beaucoup de Tchaikovski d'ailleurs dans la collec', pas mal de Beethoven, du Grieg, du Malher, Dvorak,du Lalo, assez peu de piano, quasi pas de Mozart, pas de Bach... zéro opéra aussi :-D )

"L'Homme est la nature prenant conscience d'elle même." - Elisée Reclus

1433
Et 60€ c'est plein tarif.
Pour les parisiens ou presque : 30 minutes avant le concert, les dernières places non attribuées sont bradees a 20 balles. Ca vaut le coup de tenter sa chance quand on sait pas quoi faire de son samedi soir.
1434
Citation de Traumax :
Et 60€ c'est plein tarif.
Pour les parisiens ou presque : 30 minutes avant le concert, les dernières places non attribuées sont bradees a 20 balles. Ca vaut le coup de tenter sa chance quand on sait pas quoi faire de son samedi soir.


ah oui, excellent, je savais pas. Merci du tuyau, il va me servir. Autant profiter un peu de la vie parisienne (ou presque) et ne pas subir que les désagréments. :bravo:

(je savais que les petits théatres soldaient leurs places comme ça, par contre)

"L'Homme est la nature prenant conscience d'elle même." - Elisée Reclus

1435
Puté la révélation mystique du Traumax :8O:

Je rigole mais merci pour le super compte-rendu.
1436
Merci Traumax pour cette description: On y est presque.
J'ai été une fois à la Philarmonie de Paris pour un concert en hommage à Pierre Boulez (a l'invitation de notre cher a.k.a). J'ai vécu une des émotions artistiques de ma vie. Le concert a commencé par des pièces pour petites formations et s'est achevé avec le grand orchestre. Les musiciens ont donné manifestement tout ce qu'ils avaient dans le cœur. Je suis d'accord pour dire que la salle Pierre Boulez est, vue du public, un lieu exceptionnel. Bon sang, il faut que j'y retourne! :bravo::bravo:
1437
Très beau compte rendu qui donne envie d'aller écouter l'orchestre.de ma ville même si ne n'est certainement pas le même calibre. :bravo:
Dans le doute, le mieux ça serait quand même une ligne inox.

 

 
1438
Merci Traumax pour ce très beau compte-rendu! :)

Tiens du coup je me ré-écoute la Symphonie Pathétique du père Tchaiko...

Accepter qu'on n'sait pas, c'est déjà l'premier pas.

 

MUSICIENS ET PUBLIC, PROTEGEZ VOS OREILLES!

1439
Hello,

Moi c'était pas hier soir mais dimanche dernier, Julian Lage à Villeurbanne. On s'attendait à le voir en trio jazz avec sa télé dans son champ et bass/batt, mais en fait juste une petite Collings et un micro devant...

Et ben c'était vraiment énorme, un toucher magnifique, une dynamique de fou, technique parfaite, il peut faire 1/4 sur un titre sans se répéter. Vraiment un chouette concert et une grosse baffe pour qui gratte un peu... pour ceux qui ne connaissent pas allez donc voir sur YT la maîtrise et le lyrisme du bonhomme :8O:
1440
J'ai vu il y a super longtemps, Rostropovitch, seul au violoncelle, dans une église de la région.
Comme Traumax, j'ai été subjugué, conquis, emporté par l'interprétation des pièces qu'il a jouées. Ce type était habité par son art et donnait tout à la musique qu'il servait.
L'expérience était unique et troublante. J'imagine ce que ça doit donner avec un orchestre symphonique et dans un lieu conçu pour ça ! :bave::bave::bave:

Edit : en revanche, pour le prix des places, on n'était loin d'un concert "démocratique". Rostro gracieusement jouait pour une action caritative, et l'asso avait mis les places à un tarif prohibitif. j'avais reçu la semaine d'avant une enveloppe pour mon anniv de la part d'un couple de cousines qui m'aimaient bien, j'ai financé le concert avec ça, sinon, j'avais clairement pas les moyens d'y aller (avec ma dulcinée en plus). Merci les cousines (elles ne sont plus là pour me lire...)

Incrédule sur tout, sceptique sur le reste

[ Dernière édition du message le 26/11/2019 à 05:47:47 ]