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Test de la RD-9 de Behringer - Quand la BAR tabasse

9/10
Award Qualité/Prix 2022
2022
Qualité/Prix
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Après une gestation de plusieurs années, la RD-9 est enfin disponible pour les afficionados de la patte sonore si singulière de la TR-909. Elle séduit d’emblée par sa taille généreuse, une ergonomie améliorée, des sorties séparées et un tarif hyper serré…

Test de la RD-9 de Behringer : Quand la BAR tabasse

Notre premier contact avec la RD-9 remonte au Super­booth 2019, où le stand Behrin­ger arbo­rait une bonne dizaine de synthés frai­che­ment sortis, ainsi que des RD-808 et RD-909. Ce n’était encore que des proto­types à l’époque. Si la RD-808 était bien avan­cée, la RD-909 n’en était qu’à ses premiers balbu­tie­ments, avec des réglages encore manquants dessi­nés sur le capot (poten­tio­mètres de percus­sions). Toute­fois, le proto­type était en partie fonc­tion­nel et tour­nait déjà. Nous avions été davan­tage impres­sion­nés par la taille géné­reuse et les fonc­tion­na­li­tés avan­cées que par le son. Mais avec Luigi Scarano aux commandes, cette RD-909 première mouture allait être revue de fond en comble, tant sur le plan du moteur sonore que du système d’ex­ploi­ta­tion. Résul­tat, deux ans plus tard, une BAR rebap­ti­sée RD-9 bien diffé­rente, gonflée à bloc, fin prête pour les produc­tions EDM du monde entier…

 

Propor­tions avan­ta­geuses

RD-9_2tof 01.JPGDès le débal­lage, la RD-9 impres­sionne par sa taille et la géné­ro­sité de ses commandes. Ses 48×26×8 cm pour 3 kg, ses 36 poten­tio­mètres, son enco­deur et ses 58 inter­rup­teurs sont autant d’in­vi­ta­tions à la program­ma­tion. La qualité de construc­tion est très bonne, avec un dessous métal­lique, un capot plas­tique bien rigide et des flancs plas­tiques. Les poten­tio­mètres semblent robustes, sans toute­fois être vissés à la façade. Certains sont plus durs que d’autres, ce qui semble s’amé­lio­rer à l’usage ; tant mieux, parce que leur capot lisse et leur rela­tive proxi­mité peuvent parfois gêner. Les codes couleurs ne sont pas sans rappe­ler la TR-909 (la police rouge a toute­fois fina­le­ment remplacé l’orange), la RD-9 en repre­nant en grande partie l’or­ga­ni­sa­tion (sons et pas). Celle-ci est très bien pensée, avec des sections fami­lières ou clai­re­ment iden­ti­fiables.

Les percus­sions offrent diffé­rents réglages sonores et des boutons indi­vi­duels (sélec­tion/solo/coupure/assi­gna­tion aux effets). Une rangée de 16 inter­rup­teurs lumi­neux permet de program­mer les pas des séquences. On trouve aussi un écran à 4 carac­tères (diodes 7 segments), des commandes de trans­port, une touche Tap, des sélec­teurs pour les diffé­rentes sections d’une séquence, des touches de répé­ti­tion auto­ma­tique de pas ou de note, des sélec­teurs de divi­sion tempo­relle, une touche de synchro, une section effets et deux poten­tio­mètres de volume (géné­ral et casque). Tout cela est fort géné­reux et joue un grand rôle dans l’er­go­no­mie de la machine, bien meilleure que la TR-909, que ce soit pour le jeu ou la program­ma­tion.

Arrière toutes !

RD-9_2tof 11.JPGUn petit tour par l’ar­rière laisse entre­voir une connec­tique tout aussi géné­reuse : borne pour bloc secteur (pas glop) avec dispo­si­tif d’at­tache (glop), inter­rup­teur de puis­sance, sortie casque TRS, sortie ligne mono TRS, retour d’ef­fet (entrée vers mixage final), prise USB type B (Midi unique­ment, limité aux notes, trans­port du séquen­ceur et chan­ge­ments de séquences/Songs), trio Midi DIN, 10 sorties instru­ments indi­vi­duelles (l’uti­li­sa­tion de l’une d’elles retire l’ins­tru­ment de la sortie prin­ci­pale), 3 sorties trig­ger (une assi­gnable à la percus­sion de son choix, 2 pilo­tées par le rimshot et le clap, merci !), ainsi qu’une entrée et une sortie synchro. Mise à part ces deux dernières au format mini-jack, toutes les prises audio sont au format jack 6,35. On regrette que Behrin­ger n’ait pas recon­duit la sortie stéréo de la TR-909, avec posi­tion fixe des percus­sions dans le champ stéréo. Mais cela aurait compliqué les circuits, en parti­cu­lier le bus départ/retour vers les effets analo­giques.

Géné­ra­tion hybride


RD-9_2tof 07.JPGComme la TR-909, la RD-9 mélange deux tech­no­lo­gies pour produire ses 11 percus­sions : synthèse analo­gique (kick, snare, toms, rimshot, clap) et échan­tillon­nage (hi-hats, crash, ride). Pour ce dernier, il s’agit d’une repro­duc­tion à l’iden­tique de la partie échan­tillon­née de la TR-909. L’équipe de déve­lop­pe­ment est parve­nue à repro­duire la tech­no­lo­gie utili­sée à l’époque, à savoir un système maté­riel Eprom/horloge à vitesse variable sur trois canaux sépa­rés. Ensuite, la partie analo­gique de conver­sion D/A est iden­tique à la TR909, même réso­lu­tion de 6 bits, même fréquence de 18 kHz. Un souci du détail remarquable, qui garan­tit l’au­then­ti­cité sonore des cymbales, contrai­re­ment aux émula­tions logi­cielles. On sent que Luigi est un passionné de TR-909 et qu’il n’a rien lâché sur le son…

Chaque instru­ment possède des réglages spéci­fiques, repre­nant tout ce qu’on trouve sur une TR-909 tout en ajou­tant trois réglages acti­vés avec le mode étendu (igno­rés sinon). Le kick est le plus complet : tune (enve­loppe sur le pitch global), volume, attaque, déclin, auxquels ont été ajou­tés l’en­ve­loppe de pitch sur l’os­cil­la­teur et le pitch de l’os­cil­la­teur. On passe à la snare, qui reprend les quatre réglages origi­nels : pitch, volume, filtrage et timbre. Viennent ensuite les trois toms, dont on peut pour chacun régler le pitch, le volume et le déclin. On passe au rimshot et au clap, dont les seuls réglages concernent les volumes respec­tifs. Vient ensuite le hi-hat, dont on peut régler le volume global et les temps de déclin des modes ouvert et fermé ; s’y ajoute le pitch global en mode étendu, très utile. Enfin, les cymbales crash et ride, dont on peut régler les volumes et les pitchs respec­tifs.

Globa­le­ment, la RD-9 sonne vrai­ment comme une TR-909, avec une patate remarquable, un kick dévas­ta­teur, une snare explo­sive, un clap tran­chant, des cymbales cise­lées et une accen­tua­tion très sélec­tive. On gagnera à utili­ser les sorties sépa­rées où le signal est logique­ment plus élevé que sur la sortie prin­ci­pale, surtout pour faire des trai­te­ments externes sépa­rés par percus­sion. La RD-9 permet une grande variété sonore avec ses réglages supplé­men­taires bien choi­sis. Dommage qu’on ne puisse les sauve­gar­der ou trans­mettre des CC Midi, on reste dans un contrôle analo­gique direct, comme l’an­cêtre. Mais rien de choquant à cela…

RD-9_1audio 1 Clas­sic 9
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  • RD-9_1audio 1 Clas­sic 901:26
  • RD-9_1audio 2 District 901:03
  • RD-9_1audio 3 Indus Time02:03
  • RD-9_1audio 4 Ana Nine01:08
  • RD-9_1audio 5 Indiv Perc02:27
  • RD-9_1audio 6 Indiv Auto­rep00:50

 

Séquen­ceur boosté

RD-9_2tof 05.JPGLa mémoire de la RD-9 renferme 16 banques conte­nant chacune 1 Song et 16 séquences de 64 pas. Elle est livrée avec 256 excel­lents motifs signés Ben Booker, démon­trant ses quali­tés sonores intrin­sèques, que ce soit dans l’imi­ta­tion de la TR-909 ou les nombreuses fonc­tions addi­tion­nelles. Les 16 séquences peuvent être utili­sées en fill-in à tout moment, permet­tant d’épi­cer la ryth­mique en live. On peut aussi répé­ter un groupe de pas (1, 2, 4 ou 8). On peut encore couper une percus­sion à la volée, l’iso­ler, créer un ratchet (roule­ment de percus­sion à 1, 2, 4 ou 8 répé­ti­tions de même durée). Avec une valeur de 8, la répé­ti­tion est telle­ment rapide que le son est modulé dans l’au­dio, ce qui le trans­forme de manière spec­ta­cu­laire ! Et pour huma­ni­ser un peu le jeu, rien de tel qu’un peu de Swing (25 à 75 %).

La program­ma­tion se fait indif­fé­rem­ment en mode grille ou en temps réel. Le mode grille fonc­tionne aussi bien séquence arrê­tée qu’en marche. Les commandes de trans­port faci­litent ce choix. On sélec­tionne la percus­sion à entrer et on allume les pas où on veut qu’elle soit déclen­chée. La machine permet de choi­sir si on veut que les modi­fi­ca­tions soient tout de suite sauve­gar­dées ou après une procé­dure de sauve­garde, très appré­ciable. On peut ajou­ter de l’ac­cent, globa­le­ment par pas ou pour chaque instru­ment, en appuyant deux fois sur le pas souhaité. En fonc­tion du niveau réglé via le poten­tio­mètre dédié, l’ac­cent agit sur diffé­rentes carac­té­ris­tiques prédé­ter­mi­nées pour chaque percus­sion (attaque, pitch, volume, release, etc., voire plusieurs para­mètres simul­ta­nés). On peut aussi entrer les percus­sions en temps réel avec le pad Trig­ger (une par une) ou via un contrô­leur Midi externe, tel qu’un clavier ou un multi-pad (plusieurs percus­sions en même temps, la vélo­cité permet­tant d’en­trer l’ac­cent par percus­sion à la volée).

RD-9_2tof 03.JPGUne séquence peut prendre diffé­rentes divi­sons tempo­relles : 1/8, 1/8T, 1/16, 1/16T et 1/32. Fonc­tion rare, la longueur d’une séquence peut être réglée globa­le­ment ou par instru­ment, sur 1 à 64 pas : bonjour poly­mé­trie ! Pour chaque pas, on peut aussi défi­nir une proba­bi­lité qu’une percus­sion soit jouée telle que program­mée (0 à 100 %) ; on peut aussi entrer un fla (répé­ti­tion de 2 coups rapides d’une percus­sion dans un inter­valle de temps allant de 0 à 24). Tout cela huma­nise davan­tage la ryth­mique. Des fonc­tions directes permettent aussi de copier/coller/effa­cer/rallon­ger des motifs, ce qui fait gagner un temps précieux.

Enfin, la RD-9 offre un mode Song permet­tant de chai­ner 16 étapes de séquences. Chaque étape contient un numéro de séquence issue de la banque en cours (1 à 16) et un nombre de répé­ti­tions (1 à 100). Une fois la première étape termi­née, la Song passe à la suivante. On peut déci­der si elle s’ar­rête après la dernière étape, reboucle sur la dernière étape ou reboucle sur l’en­semble de la Song, super ! On aurait bien aimé pouvoir utili­ser les 256 séquences pour créer une Song (et pas unique­ment les 16 de la banque en cours) et dispo­ser de plus de 16 étapes (par exemple 64). Pour contour­ner cette limite, on peut enchai­ner plusieurs Songs, qui seront lues une seule fois l’une après l’autre, avec arrêt, bouclage à la dernière séquence ou bouclage inté­gral (comme pour les séquences d’une Song), sympa. Tout comme les séquences, les Songs peuvent être expor­tées pendant le jeu et réim­por­tées vers une STAN ou l’ap­pli maison Synth­Tribe (réglages et édition de séquences), ce qui permet de fran­chir la limite des 256 séquences et 16 morceaux dans un contexte live, bravo !

Effets analo­giques

RD-9_2tof 06.JPGLa RD-9 intègre deux effets analo­giques placés en série, formant un bus vers lequel on peut router les percus­sions de son choix. Si on utilise une sortie indi­vi­duelle, le son contourne évidem­ment le bus d’ef­fets. Le premier effet est une enve­loppe à segments attaque/main­tien qui agit évidem­ment sur l’at­taque et le niveau. Cela permet d’ob­te­nir des attaques compres­sées et des effets de pompage (atten­tion à l’élé­va­tion du seuil de bruit dans certains cas). Le second effet est un filtre réso­nant 2 pôles, capable de fonc­tion­ner en mode passe-bas ou passe-haut. La fréquence de coupure varie de 10 Hz à 15 kHz. On peut en jouer live ou enre­gis­trer les mouve­ments de la fréquence de coupure dans la séquence en cours, en temps réel ou en pas à pas, sur 256 valeurs. Bien vu ! La qualité de ce filtre est très correcte et prend tout son sens dans les styles de musique ciblés.

Conclu­sion

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On trouve aujour­d’hui des cinglés qui proposent des TR-909 à plus de 6.000 € et des tarés qui les achètent ! Quand on écoute la RD-9, on redes­cend un peu sur terre par rapport à cette cote astro­no­mique, avec une machine très fidèle à l’ori­gi­nale permet­tant de couvrir les mêmes styles musi­caux (c’est bien là l’es­sen­tiel quand on se ques­tionne entre les deux), bien plus intui­tive tant l’er­go­no­mie a été amélio­rée. On conserve les réglages sonores de la TR-909 auxquels s’ajoutent de nouveaux para­mètres bien sentis. Le séquen­ceur est quant à lui nette­ment plus perfor­mant, avec plus de mémoire, 64 pas, la poly­mé­trie, des outils pour jouer live, des proba­bi­li­tés et autres subti­li­tés très inté­res­santes.

Sans oublier le filtre analo­gique avec auto­ma­tion et le géné­ra­teur d’en­ve­loppe, auxquels on peut assi­gner n’im­porte quelle percus­sion. Dommage qu’il ne traite que les percus­sions routées au bus global, mais cela aurait consi­dé­ra­ble­ment compliqué l’élec­tro­nique, tout comme rendre le bus global stéréo avec des pano­ra­miques prédé­fi­nis comme sur la TR-909. Quant à la connec­tique, elle ne dépa­reille pas du modèle origi­nel par sa géné­ro­sité (mise à part la sortie globale mono, large­ment compen­sée par les sorties indi­vi­duelles) et va parfois plus loin, avec un Midi solide DIN/USB et plusieurs sorties trig­ger pour s’in­ter­fa­cer avec le monde modu­laire. On sent que la RD-9 a été déve­lop­pée par une équipe compé­tente diri­gée par un spécia­liste amou­reux de la TR-909. Bref, pour une somme très modique au regard de ce qui est proposé, voilà une excel­lente BAR que nous conseillons très volon­tiers à tous les amou­reux du son de la TR-909. Award qualité/prix sans hési­ter !

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Notre avis : 9/10

Award Qualité/Prix 2022
2022
Qualité/Prix
Award
  • Gros son punchy très fidèle à l’original
  • Réglages de percussions plus nombreux que sur la TR-909, avec mode étendu
  • Ergonomie du séquenceur nettement améliorée
  • Différents modes de programmation internes et externes
  • Fonctions ratchet / probabilités / répétitions de pas
  • Mode Song
  • Import/export des séquences et Songs en tâche de fond
  • Filtre avec automation et VCA dynamique intégrés
  • Mémoire généreuse
  • Dimensions très confortables
  • Sorties analogiques individuelles
  • Tarif ultra serré
  • Potentiomètres serrés et glissants
  • Sortie globale mono
  • Pas de sauvegarde ou d’automation des réglages de percussions
  • Songs limitées à 16 étapes de chainage et aux séquences de la même banque
  • Alimentation externe

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