Pour s’offrir le son de Bonham ou de Chad Smith, les plus grands ingénieurs du son de la planète pourront en témoigner : ce n’est pas gagné d’avance ! Mais ce n’est pas une raison de déprimer, car même sans une grosse production, on peut se préparer à une séance d’enregistrement de façon efficace pour mettre tous les atouts de son côté.
Le gros problème dans l’enregistrement d’un instrument, c’est que le son définitif va dépendre de tout une série de facteurs essentiels, qui interagissent de façon souvent imprévisible : technique du musicien, qualité de l’instrument, réglage, lieu et matériel d’enregistrement, position des micros, traitement du signal au moment de la prise de son et production finale au moment du mixage… Concentrons-nous donc sur les éléments sur lesquels le batteur peut avoir directement prise.
Le batteur
L’enregistrement est toujours un évènement qui met la pression, et a donc tendance à faire perdre ses moyens.
Ainsi, bien des pros avouent que lors de séances importantes, ils peuvent jouer à 30% seulement de leurs possibilités ! On doit donc se préparer le mieux possible, bien sûr au niveau musical, mais aussi au niveau physique, grâce à une bonne nuit de repos ou une murge d’enfer, selon son style, sans oublier, quoi qu’il arrive, un échauffement complet avant de jouer, qui permettra d’attaquer la séance en souplesse. Côté frappe, chacun, bien sûr, possède son propre toucher et ambitus dynamique, qu’il sera difficile de changer sans perdre son identité, mais de nombreux batteurs de studio affirment qu’il est indispensable de ne pas jouer trop fort pour avoir un son puissant. Contradictoire ? En tout cas, un jeu général à niveau moyen permettra de mieux faire ressortir les notes les plus puissantes, tout comme les ghosts.
La batterie
Un instrument équipé de peaux en bon état (on n’hésitera pas à les changer avant une séance), et accordé avec soin (voir notre article), est également plus que conseillé. On évitera ainsi, en plus, le bruit que peuvent occasionner des tirants mal serrés, notamment au niveau de la grosse caisse.
À ce propos, une petite révision mécanique des accessoires est souvent bienvenue, comprenant le graissage des pédales, le serrage correct des papillons des pieds de cymbales, ainsi que celui des différents clamps. Un petit rouleau de gaffer pourra d’ailleurs s’avérer très pratique lors de la séance, pour faire taire les plus dissipés ! On essaiera également de faire attention aux résonances du timbre de la caisse claire, en effectuant notamment un réglage attentif du tom medium situé juste au-dessus de ce fût, voire de l’écarter un peu, sans que cela gêne le jeu.
Sur le terrain
L’ambiance de la cabine d’enregistrement est fondamentale dans le rendu définitif de la prise. On pourrait la comparer aux épices indispensables au goût original d’un plat. Il convient donc de faire ses derniers réglages (accords, pose de sourdines, déplacement de la batterie dans la pièce…) en fonction de ce que l’on entend juste avant la prise, en ayant à l’esprit que c’est cela qui sera la composante essentielle du son définitif, au bout de la chaîne de production. Bref, on doit absolument s’approcher le plus du son que l’on veut obtenir, sans compter sur les miracles toujours très improbables du mixage.