Dans l’article précédent, nous avons abordé la question de la compression dans le cadre du mastering fait maison au moyen d’un compresseur classique. Penchons-nous maintenant sur le cas du compresseur multibande.
Qu’est-ce donc ?
Comme son nom l’indique, un compresseur multibande est avant toute chose un compresseur. À ce titre, il dispose peu ou prou des mêmes paramètres qu’un compresseur classique, à ceci près qu’il est capable d’appliquer une compression différente suivant les zones du spectre audio qui sont découpées en un certain nombre de bandes. Ainsi, vous pourrez choisir un ratio, un seuil, un makeup gain ainsi que des temps d’attaques et de relâchement différents pour chaque bande de fréquences.
À quoi ça sert ?
L’essentiel de l’énergie d’un mix provient des fréquences basses. Par conséquent, un compresseur a tendance à réagir plus fréquemment lors de peaks situés dans cette zone du spectre. Or, si le titre sur lequel vous travaillez présente une dynamique « sauvage » dans le bas, il se peut que la réaction du compresseur à ces excès avale littéralement ce qu’il se passe au même moment dans le reste du spectre… D’autre part, les longueurs d’onde étant plus courtes à mesure que l’on monte en fréquence, il peut s’avérer judicieux d’utiliser des constantes temporelles sensiblement différentes selon les bandes afin d’obtenir une compression plus respectueuse de vos crêtes tout en étant plus ferme.
Bref, un compresseur multibande vous permettra d’aller beaucoup plus loin dans la maîtrise de la dynamique d’un morceau tout en restant transparent. Mais cela nécessite une bonne dose de savoir-faire tant ce type de traitement peut défigurer un mix. Rendez-vous compte, vous agissez non seulement sur la dynamique mais également sur l’équilibre spectral ! De quoi amplement défigurer votre œuvre si vous n’y prenez garde… D’ailleurs, si un compresseur traditionnel suffit, préférez cette solution plutôt que de vous embarquer dans quelque chose qui vous dépasse.
Méthodologie
La première chose à faire, c’est de définir votre découpage en bandes de fréquences. Suivant le vieil adage « less is more », il convient de travailler avec le moins de bandes que possible. Deux bandes peuvent suffire, trois est une bonne moyenne, plus s’avère souvent révélateur d’un problème de mixage et donc, autant retourner corriger à la source si c’est encore possible. Afin de fixer les limites de chacune de ces bandes, il convient de procéder comme suit :
- pour la séparation entre le bas et le médium, essayez de capturer le corps de la basse et de la grosse caisse sans empiéter sur le début de la voix, des guitares, des claviers, etc. Un bon point de départ se situe aux alentours de 120 Hz ;
- en ce qui concerne la limite entre les médiums et les aigus, tâchez de garder l’ensemble du registre de la voix dans la bande médium sous peine de dénaturer fortement celle-ci lors de la compression. En naviguant autour entre 5 et 8 kHz, vous devriez trouver votre bonheur.
Une fois ce découpage effectué, la procédure pour régler la compression de chacune des bandes ne diffère pas de celle exposée dans l’article précédent. Les compresseurs multibandes offrant généralement la possibilité d’écouter chacune des bandes en solo, nous ne saurions trop vous conseiller d’user et d’abuser de cette fonction afin de mieux vous rendre compte de l’impact de vos réglages.
Tools of the trade
Avant de tourner définitivement la page sur la compression en situation de mastering, voici une liste non exhaustive de plug-ins de compression (multibande ou pas) dont la qualité vous permettra de travailler en toute confiance. Comme d’habitude, il y en a pour toutes les bourses :
- iZotope Ozone 5
- Blue Cat Audio MB-5 Dynamix
- FabFilter Pro-MB
- Flux:: Alchemist
- Klanghelm DC8C 2
- ToneBoosters TB BusCompressor
- Tokyo Dawn Labs TDR Feedback Compressor II