Le DT 770 Pro est sûrement le casque le plus populaire chez les home-studistes dans sa catégorie de prix, en atteste un sondage fait récemment sur votre site préféré. On peut dire que c’est mérité vu ses performances honorables et son confort indéniable. C’est donc avec un intérêt certain que nous avons accueilli le DT 1770 Pro, version survitaminée et évidemment plus onéreuse du DT 770 Pro. Le roi est mort, vive le roi ?
Si le DT 770 Pro est loin d’être un casque parfait, il faut avouer que pour son prix (environ 150 €), il rend bien des services aux musiciens et home-studistes, notamment grâce à sa large restitution sonore, son confort, sa robustesse, ses pièces détachables et son isolation. Seuls deux accidents situés en bas vers 100/200 Hz et en haut vers 4k/8kHz viennent entacher sa linéarité, mais comme on n’a pas vraiment trouvé mieux dans cette fourchette de prix…
Le DT 1770 Pro qui nous intéresse aujourd’hui joue dans une tout autre catégorie, et son prix 4 fois supérieur (environ 600 €) au DT 770 Pro confirme tout de suite les intentions du constructeur : proposer un « super » DT 770 Pro, tant au niveau de l’assemblage et la construction que du son.
1 000 fois mieux ?
Le design rappelle d’ailleurs grandement celui de son aîné, et les caractéristiques sont, dans les grandes lignes, identiques : casque dynamique, fermé, circumaural, avec une impédance de 250 ohms. De même, le DT 1770 Pro est sédentaire, non pliable, et se destine, à l’instar de son ancêtre, aux musiciens et professionnels du son bien au chaud dans leur studio, ou à l’air sur scène.
La première chose que l’on apprécie est la valisette rigide, qui reste assez volumineuse (le casque ne se plie pas, rappelez-vous), et qui renferme le précieux et ses petits accessoires, à savoir une paire de coussinets supplémentaires en cuir (ceux d’origine sont en velours) permettant d’avoir, d’après le constructeur, une meilleure isolation (21 dBA contre 18), et deux câbles détachables (un droit de 3 mètres et un torsadé de 5 mètres, avec à chaque fois un connecteur mini-XLR). Un premier défaut du DT770 Pro est donc corrigé avec ses câbles facilement détachables et donc aisément remplaçables. Le fait de disposer d’une paire de coussinets supplémentaire renforce aussi le sentiment d’avoir un produit un peu plus haut de gamme.
Côté construction, il faut avouer que Beyerdynamic a fait très fort, avec une sensation de robustesse due aux matériaux utilisés (pas de plastique ici, contrairement au DT770 Pro) et au poids légèrement supérieur à celui de son petit frère (388 g contre 270 g). Le confort est légèrement amélioré par rapport au 770, pourtant déjà très agréable, notamment grâce au bandeau situé au sommet du crâne, plus épais et moelleux. Terminons avec le look général du casque, beaucoup plus classe et fin que le 770 qui accuse un peu son âge. Pour une première approche, c’est donc un sans faute. Beyerdynamic a su garder une partie de l’identité visuelle du 770, tout en améliorant le confort, la sensation de robustesse et le look. Ça commence très bien !
Benchmark
Depuis le test du K812 d’AKG, nous avons organisé un nouveau protocole afin de compléter l’écoute comparative classique. Avec l’aide précieuse de notre partenaire Sonarworks (souvenez-vous, la calibration de casques), nous avons le plaisir de pouvoir vous fournir des courbes précises de la réponse en fréquence et du taux de distorsion harmonique élaborées par des professionnels, dont c’est le métier de tous les jours dans leur laboratoire. Et comme leur expérience est riche, leur avis précieux sur le casque vous sera aussi délivré. Elle n’est pas belle la vie ?
On commence donc avec la réponse en fréquence du DT1770 Pro, suivie de celle du DT770 Pro :
À première vue, il est clair que les deux casques ont un lien de parenté. On retrouve grossièrement les mêmes caractéristiques, à savoir un haut du spectre très développé à partir de 6 kHz, un gros creux à 4 kHz et un creux un peu moins prononcé à 200 Hz environ suivi d’une bosse à 100 Hz. Ce qui surprend le plus est la partie basse du spectre sur le 1770 Pro, qui reprend les grandes lignes du 770, mais en les accentuant un peu plus. On retrouve donc la bosse presque identique à 100 Hz, mais aussi le creux à 200 Hz qui descend davantage. De même, la bosse entre 400 et 700 Hz est plus accentuée, ce qui a pour conséquence une courbe de réponse en fréquence plus accidentée que sur le pourtant moins onéreux DT770 Pro. Ce résultat est assez étonnant, car on aurait imaginé une courbe de réponse en fréquence plus plate en montant de gamme. Ce n’est pas le cas ici. Dans le haut du spectre, c’est assez équivalent, avec seulement une petite différence aux alentours des 3 kHz, qui remontent un peu plus sur l’oreille gauche (!) du DT 1770 Pro, et un creux à 4 kHz légèrement moins prononcé sur le 1770 Pro (-6 contre –8 dB).
Concernant la distorsion, le résultat est lui aussi étonnant. Si dans le bas du spectre, le DT 1770 Pro assoit sa supériorité notamment à 93 dB (et 55 Hz), dans le haut du spectre, la distorsion est beaucoup plus prononcée, surtout à 4 kHz, par rapport au DT 770 Pro qui reste assez bon dans ce secteur.
Pour conclure cette série de benchmarks, on peut dire que les résultats sont mitigés, avec du mieux par endroit, mais du moins bien par ailleurs. Pour un casque coutant 4 fois le prix de son ancêtre, on aurait aimé avoir du mieux partout… Passons à l’écoute pour voir si tout ceci se confirme.
Écoute
Johnny Cash – Hurt
Sur cette chanson, on sent tout de suite que les deux casques font partie de la même famille, avec le même comportement dans les deux extrémités du spectre. Le DT 1770 Pro garde un focus légèrement plus accentué grâce notamment à la fréquence de 3 kHz un peu plus en avant. La différence la plus évidente se retrouve sur la voix de Cash, avec un son un peu plus nasal sur le 1770 et plus guttural sur le 770. Le fait que la courbe soit plus accidentée sur le 1770 donne l’impression d’avoir un peu plus de « tout », à savoir du bas médium et du haut médium, mais au détriment de la linéarité et du naturel légèrement plus présent sur le DT 770 Pro. Quoi qu’il en soit, les deux casques restent très proches, et rappelons que sur une même référence de casques, nous avons parfois des différences notables…
Gorillaz – Feel Good Inc
On continue avec une chanson qui envoie un peu plus. C’est amusant, car si on est attentif, on entend bien le léger surplus d’infra-basses sur le 770 Pro par rapport au 1770. L’équilibre par rapport aux bas médiums (400–700 Hz) y est aussi surement pour quelque chose. Au niveau des 3 kHz, le DT 1770 gagne en revanche la bataille, avec une meilleure présence et proximité, quitte à gagner aussi un peu en agressivité. Pour le haut du spectre, c’est vraiment équivalent, avec la signature Beyerdynamic. Côté dynamique, c’est aussi très proche, au point de ne pas pouvoir vraiment les départager.
Michael Jackson – Liberian Girl
On termine avec cette chanson de Bambi, qui vient confirmer nos premières impressions. L’intro de nappes de synthés nous confirme que les deux casques sont très proches dans le haut du spectre. En revanche, que ce soit dans le haut médium et le bas médium, les légères différences se font sentir, avec notamment des sibilances plus présentes sur le 1770, un extrême bas plus développé sur le 770 et enfin des bas médiums plus boursouflés sur le 1770.
D’une manière générale, on a l’impression d’enclencher un mode « focus » lorsque l’on chausse le DT 1770 Pro, ce qui apporte un peu de détail et d’agressivité. On a un son un peu plus « dans ta face » que sur le DT 770 Pro, ce qui peut être utile dans certaines situations où l’on a besoin d’entendre les détails à la loupe, mais cela se fait forcément au détriment de la linéarité et la fidélité. Quoi qu’il en soit, le 1770 reste assez proche de son ancêtre, il apporte quelque chose d’un peu différent, mais n’est pas forcément mieux de notre point de vue. Cela reste un peu regrettable vu la différence de prix entre les deux casques (nous sommes sur un rapport de 4, rappelons-le).
Conclusion
Si le test de ce DT 1770 Pro avait commencé sous les meilleurs auspices, avec notamment une très bonne qualité de construction, un confort et un look amélioré, deux câbles détachables et une jolie valisette, il faut avouer que d’un point de vue purement sonore, nous avons été un peu déçus. Avec un prix quatre fois supérieur au DT 770 Pro, le DT 1770 Pro ne parvient jamais à enterrer son ancêtre, qui, bien qu’étant une référence dans le secteur des casques à 150 €, avait pourtant quelques défauts à corriger, notamment dans le milieu du spectre. Et ces défauts, que l’on retrouve peu ou prou dans le DT 1770 Pro, restent beaucoup moins tolérables lorsqu’il s’agit d’un casque à 600 €. Après, si vous cherchez, en toute connaissance de cause, un DT 770 Pro « de luxe » et toutes options, et que vous ne regardez pas trop à la dépense, le DT 1770 Pro pourrait éventuellement vous intéresser.