Se connecter
Se connecter

ou
Créer un compte

ou
Test écrit
9 réactions

Test des casques S4R et S4X de Ollo Audio - Ollo tire le gros lot

8/10

Ce n'est pas souvent que nous avons l'occasion de voir passer dans nos bureaux des casques en provenance de Slovénie : cette semaine, la start-up Ollo Audio nous a fait parvenir deux casques (qui forment à ce jour l'intégralité de sa gamme). Autant vous dire qu'on était impatients de les tester !

Test des casques S4R et S4X de Ollo Audio : Ollo tire le gros lot

Ollo Audio CasqueFondée en 2018 par Rok Gulik, Ollo Audio propose une gamme restreinte de casques qui allient qualité des maté­riaux et approche arti­sa­nale. Très active sur les réseaux sociaux, la marque sait bien présen­ter ses produits : design irré­pro­chable, plus inspiré des casques audio­philes que de ce que l’on trouve habi­tuel­le­ment en studio, certi­fi­cat d’au­then­ti­cité, courbe de mesure pour chaque casque, acces­soires simples mais de qualité, etc.

Alors, qu’est-ce qui se cache derrière ce marke­ting de haute volée ? Pour venir à bout de cette ques­tion, nous procé­de­rons, comme d’ha­bi­tude, à des mesures objec­tives et à une écoute critique. Mais d’abord, débal­lons !

Débal­lage : élégance et pièces déta­chées


Dès le débal­lage, diffi­cile de ne pas être séduit, ou au moins intri­gué, par les casques Ollo : élégance, simpli­cité et surtout le senti­ment que l’on a affaire à un fabri­cant sérieux. Le premier élément sur lequel on tombe en ouvrant la boîte du casque est une petite note indiquant la bonne manière de mani­pu­ler le produit, de façon à ne pas abîmer les haut-parleurs, et une note sur l’en­tre­tien des parties en noyer.

Une fois le casque sur la tête, on remarque que le confort est au rendez-vous, mais l’iso­la­tion ne nous semble pas si bonne que cela. À titre d’exemple, le Hi-X55 de Austrian Audio, avec ses mousses “mémoire de forme”, nous avait bien plus impres­sion­nés sur ce point. Avec leur mélange de noyer et de métal, les casques Ollo sont assez lourds (382 gr pour le S4R et 350 gr pour le S4X), mais leur ingé­nieux système de bandeau souple, qui vient s’adap­ter natu­rel­le­ment à la taille de chaque tête, permet un confort assez remarquable pour un casque de presque 400 gr.

Ollo audio CertificateIl s’agit donc d’un casque robuste, mais cela ne signi­fie pas qu’il est pour autant raide : au contraire on découvre un arceau métal­lique bien souple, et la possi­bi­lité de faire pivo­ter les écou­teurs à 360° (aucun câblage n’est présent dans l’ar­ceau, il n’y a donc aucun risque de torsion de câble). Alors, certes, les casques ne se plient pas et ils pren­dront de la place dans un sac de trans­port (sac qui est fourni avec), mais on est favo­ra­ble­ment impres­sionné par l’er­go­no­mie géné­rale de l’objet. 

Le carac­tère arti­sa­nal des casques est parti­cu­liè­re­ment appa­rent dans le fait qu’ils sont entiè­re­ment démon­tables par l’uti­li­sa­teur, pièce par pièce. Il est non seule­ment possible de chan­ger les mousses (ce qui est habi­tuel), mais l’uti­li­sa­teur pourra à volonté rempla­cer n’im­porte quelle pièce qui aurait, à l’usage, fini par se dégra­der. On peut même imagi­ner que les plus brico­leurs pour­ront s’en donner à cœur joie et modi­fier leur casque pour tenter d’en amélio­rer les résul­tats.

S4X insidePourquoi se priver ? Nous avons sorti notre plus beau tour­ne­vis et nous avons été voir ce qu’il y a à l’in­té­rieur. Comme on peut le voir sur les photos compa­ra­tives, il y a très peu de diffé­rence entre les modèles S4X et S4R : ils embarquent tous les deux le même haut-parleur de 50 mm, avec un câblage mini­mal et de bonne qualité. Tout ce qui semble, à nos yeux, diffé­ren­cier les deux casques c’est donc la plaque arrière (ouvertes ou non) et la présence d’une mousse absor­bante à l’ar­rière de l 'aimant néodyme. De toute façon, Ollo Audio propose ces deux casques exac­te­ment au même prix. 

Pour finir ce tour d’ho­ri­zon, préci­sons que le casque est fourni  avec un câble Y, terminé par un jack 3,5 mm + son adap­ta­teur vissable 6,35 mm, vers deux jacks 3,5 mm (qui vont s’en­fi­cher dans les écou­teurs) clai­re­ment badgés et R et L. Ce câble, tout comme le casque, ne contient presque aucune pièce serti et peut, à volonté, être modi­fié/amélioré. Ollo Audio va jusqu’à conseiller, dans la brochure four­nie avec le casque, de tester l’uti­li­sa­tion d’autres câbles custom.

Ollo Audio Driver


Pour finir, si nous n’avons pas trouvé de défaut au niveau du confort, ni au niveau de la soli­dité, nous formu­lons toute­fois une critique concer­nant les consé­quences de l’uti­li­sa­tion d’un arceau métal­lique non doublée d’une matière absor­bante : une fois posé sur la tête de l’uti­li­sa­teur l’ar­ceau est en tension, et n’im­porte quel choc (même léger) sur n’im­porte quelle partie du casque le fait réson­ner, à travers le bois, et jusque dans les oreilles de l’uti­li­sa­teur. On dirait le son d’une cloche ! Même en réajus­tant légè­re­ment le casque sur ses oreilles, on l’en­tend. Bien évidem­ment ceci consti­tue une critique très légère (personne ne passe son temps à tripo­ter son casque), mais, pour tout objet lié à l’au­dio, une bonne atté­nua­tion des fréquences de réso­nance nous paraît être la base.

Bench­mark

Si vous êtes un habi­tué de ces tests, vous le savez déjà : nous avons mis en place un proto­cole de mesures objec­tives, afin de complé­ter l’écoute compa­ra­tive subjec­tive. Avec l’aide précieuse de notre parte­naire Sonar­works, nous avons le plai­sir de pouvoir vous four­nir des courbes précises de la réponse en fréquence et du taux de distor­sion harmo­nique (THD), réali­sées à l’aide d’une tête arti­fi­cielle et de maté­riel de mesure de labo­ra­toire.

NB : le fait que les courbes publiées ici ne ressemble pas exac­te­ment à celles four­nies par le construc­teur n’est pas signi­fi­ca­tif. En effet, deux approches diffé­rentes de la mesure donne­ront des résul­tats diffé­rents. Il ne faut donc compa­rer les résul­tats publiés ici qu’avec les résul­tats déjà publiés dans nos pages pour d’autres casques.

Élimi­nons déjà la ques­tion de la THD : les résul­tats sont excel­lents. En effet, la THD mesu­rées sur les casques est, de toutes façons, toujours assez basse. Mais ici, on ne retrouve pas (ou à peine) les petites pointes qui corres­pondent géné­ra­le­ment aux zones de non-linéa­ri­tés du casque. Le S4R est parti­cu­liè­re­ment bluf­fant pour le coup, avec un résul­tat non seule­ment bas mais assez égal sur tout le spectre.

Pour ce qui est de la linéa­rité, on est plutôt face à des courbes que je nomme­rais « clas­sique » : le S4R, axé moni­to­ring, fera la part belle aux voix mascu­line et aux instru­ments médiums, avec un montée régu­lière de 100 Hz à 1000 Hz, puis une redes­cente pas trop raide jusqu’à 3 kHz. Ensuite, on trouve l’ha­bi­tuel profil boosté dans le haut médium et l’aigu, avec une chute bien raide à 15 kHz. Comme d’ha­bi­tude (c’est un problème de linéa­rité typique des haut-parleurs à large bande), cette bosse dans l’aigu, qui apporte de la clarté au casque, n’est pas constante et comporte souvent un creux impor­tant, ici à 7 kHz (creux qui est causé par un pic d’im­pé­dance, et qui a pour consé­quence un pic de THD). Pas trop de grave : à notre avis, c’est plutôt bien­venu pour un casque axé moni­to­ring.

Quant au S4X, on prend le même haut-parleur et on change la réson­nace de l’oreillette : de 1 kHz on descend à 100 Hz, ce qui nous donnera un casque beau­coup plus géné­reux dans les basses, mais sans pour autant avoir un creux trop impor­tant dans le médium. Même accen­tua­tion au dessus de 3 kHz, mais moins forte que sur le S4R (on s’at­tend à des aigus moins pronon­cés) pour ampli­fier la clarté de l’écoute (et palier les défauts des oreilles des utili­sa­teurs), avec le même creux à 7 kHz (cf. expli­ca­tion ci-dessus). En revanche, on remarque un meilleur rendu des fréquences au dessus de 10 kHz. Dans l’en­semble, malgré ses creux et ses bosses, le S4X trace une courbe moyenne plus linéaire.

Dernier bon point à noter : pour des casques fabriqués d’une façon assez arti­sa­nale, on remarque un bon contrôle qualité des haut-parleurs, avec des courbes gauche-droite qui ne se diffé­ren­cient pas trop.

S4R : linéa­rité et THD

Ollo S4R 1-1 PAPFROllo S4R 1-1 THD

S4X : linéa­rité et THD

Ollo S4X 1-1 PAPFROllo S4X 1-1 THD

Écoute

Richard Hawley – Don’t Get Hung Up In Your Soul (sur True­lo­ve’s Gutter)

Une ballade acous­tique, avec beau­coup de réverbe et une diffé­rence de dyna­mique impor­tante entre la voix et la guitare. Tout de suite la diffé­rence entre les deux casques saute aux oreilles : le S4X est plein de détails dans le médiums, avec une basse bien présente, mais avec un profil géné­ral que je décri­rais comme “feutré”, c’est-à-dire manquant d’aigu, par exemple, sur la voix, dont le timbre bary­ton est plus accen­tué que le souffle ou que les arti­cu­la­tions. Même remarque pour la guitare, sur laquelle on perçoit assez peu les attaques de plectre. La basse est bien présente, mais manque un peu de préci­sion (cela arrive toujours sur ce morceau avec les casques géné­reux dans le grave). Le S4R, quant à lui, donne la part belle aux attaques de la guitare, aux consonnes sur la voix. La basse est bien plus en retrait, mais gagne ainsi un peu en préci­sion. Sur les deux casques, les suivis de réverbe sont excel­lents, l’image stéréo égale­ment.

Sun Kil Moon – Butch Lulla­bye (sur Common As Light And Love…)

Sur l’in­tro, on doit entendre à la fois les notes graves, les harmo­niques médiums ajou­tées par la distor­sion, l’at­taque légè­re­ment piquée des notes, tout en sépa­rant bien la grosse caisse qui sonne assez sèche et médium. Nos percep­tions du premier morceau se confirment : le S4X ne fléchit pas sur les basses, tout en reflé­tant fine­ment leurs attaques. La voix est bien en avant, avec des médiums souli­gnés. On est très impres­sionné par la préci­sion des timbres de chaque élément percus­sif : la grosse caisse, médium et pêchue, le shaker, bien filtré dans l’aigu, la caisse claire en pré-refrain, avec son égali­sa­tion dans le haut médium. En compa­rai­son, le S4R convainc surtout par son rendu des attaques, mais ne fait pas le poids en ce qui concerne la tenue des graves et le rendu de la voix. Dans l’en­semble nous avons trouvé son écoute un peu terne, manquant d’une colo­ra­tion, même légère, qui lui confé­re­rait sa person­na­lité.

Massive Attack – Tear­drop (sur Mezza­nine)

Un titre avec beau­coup d’ex­trême grave, mais qui ne doit jamais masquer les nombreux détails dans le haut médium et l’aigu. Sans surprise, le S4X s’en tire mieux pour ce qui est des basses. Même consta­ta­tion sur le timbre du piano, qui est très riche harmo­nique­ment sur le S4X et un peu nasillard sur le S4R. En revanche pour tout ce qui concerne les détails de la coda (touches d’orgues, craque­ment, percus­sion, et cetera), et l’image stéréo, les deux casques sont, à notre avis, en concur­rence au même niveau. Quant à la voix, les deux casques s’en sortent excel­lem­ment, même le S4R pour­tant plus porté sur le haut du spectre : pas de sifflantes gênantes, ce qui arrive parfois avec ce morceau. Aucune fatigue ne se fait sentir sur le S4X ni sur le S4R.

Char­lie Mingus – Solo Dancer (sur The Black Saint And The Sinner Lady)

Voilà un morceau avec beau­coup de souf­flants jouant dans des tessi­tures simi­laires : c’est très touffu et le but est d’es­sayer de discer­ner les timbres. Le S4X nous laisse une excel­lente impres­sion sur ce morceau parti­cu­liè­re­ment diffi­cile. Durant la progres­sion initiale l’ac­cu­mu­la­tion, les cuivres passent sans aucun problème, avec des timbres précis, une image stéréo nette, et un très bon équi­libre entre la batte­rie, la contre­basse (à gauche), le piano (à droite). tout en lais­sant sa place au sax solo. Après le break, sur les notes ultra graves du trom­bone-basse, le S4X ne bronche pas : le rendu est excellent. Le S4R quant à lui, s’il se tire assez bien du fouilli de cuivre, n’offre pas les mêmes détails ni sur la contre­basse (très effa­cée) ni sur le trom­bone-basse (presque absent). Les cymbales, très brillantes, ont aussi tendance à noyer la section cuivre avec le S4R.

Edgar Varèse – Ioni­sa­tion (New York Phil­har­mo­nic, dir. Pierre Boulez)

Ici on cherche à juger de l’image stéréo et du suivi de la réver­bé­ra­tion natu­relle de la salle, qui joue sur l’im­pres­sion d’es­pace. L’écoute se fait entre 0:30 et 1:15 mins. Ici la diffé­rence entre les casques est moins flagrante. De peu, le S4X remporte la palme, grâce à sa tenue exem­plaire sur l’en­semble du spectre et même malgré un léger défi­cit dans les aigus. Rien à redire quant au timbre des instru­ments, au rendu de l’acous­tique de la salle, ou à l’image stéréo : tout est très convain­cant. Le S4R ne nous a pas parti­cu­liè­re­ment paru à la traîne, étant donné sont accen­tua­tion des aigus, permet­tant un excellent rendu des attaques et des réso­nances. Seul léger défaut : un manque de préci­sion sur le timbre des instru­ments les plus graves (grosse caisse d’or­chestre, gong).

Conclu­sion

Voilà deux casques très inté­res­sants, et qui nous semblent méri­ter une bonne note. Pour résu­mer nos impres­sions, nous pour­rions dire que le S4X offre des perfor­mances de haut niveau pour ceux qui cherchent une écoute pas trop analy­tique, et qui n’ont pas peur des basses un peu gonflées (voire colo­rées). Nous le dirions donc adapté à une écoute plus globale, « d’en­semble » : ce qui reviens à dire qu’il s’agit d’un bon casque Hi-Fi, qui trou­vera égale­ment sa place dans un studio/home-studio comme écoute de réfé­rence, pour travailler un maste­ring par exemple. On le compa­re­rait volon­tiers au AKG K371, casque au rendu sonore assez simi­laire (même si les courbes ne se ressemblent pas tota­le­ment, je parle ici seule­ment de l’écoute subjec­tive), mais dont la construc­tion était beau­coup plus banale et indus­trielle. Le S4R, quant à lui, s’il augure de bons résul­tats comme casque de moni­to­ring durant un enre­gis­tre­ment, nous a semblé avoir deux défauts pour cet usage : son isola­tion phonique correcte, mais moyenne, et son coût (399 euros) qui, de facto l’ins­crit au même niveau que le S4X, alors qu’il nous a semblé être un casque légè­re­ment moins dési­rable lors des écoutes. Ollo Audio reste, malgré cette critique, une marque à suivre, pour son approche indé­pen­dante, arti­sa­nale, et inven­tive.

Notre avis : 8/10

  • construction solide
  • design élégant
  • approche “fait-main”
  • pièces détachées disponibles
  • courbes mesurées fournies
  • confort
  • bonne qualité sonore
  • construction résonnante
  • isolation phonique moyenne
  • câble en Y un peu compliqué à manier

Vous souhaitez réagir à cet article ?

Se connecter
Devenir membre