Se connecter
Se connecter

ou
Créer un compte

ou
Test écrit
2 réactions

Test du casque SRH1540 de Shure - L'Enlèvement au SRH

6/10

En voilà un qu'on ne s'attendait pas nécessairement à retrouver dans nos pages après la volée de bois vert qu'il s'était prise à l'époque. Mais qui dit nouveau protocole dit réactualisation des données : c'est l'heure de la seconde chance pour le SRH1540.

Test du casque SRH1540 de Shure : L'Enlèvement au SRH

Premiè­re­ment, je tiens à préci­ser que je suis très fier de mon titre pourri, dont le jeu de mots ne marche pas du tout. Car si le jeu de mots est une tradi­tion chez AF, le jeu de mots raté, c’est tout un art. C’est facile de faire des trucs drôles et de se faire féli­ci­ter dans les commen­taires, c’est large­ment plus diffi­cile d’échouer lamen­ta­ble­ment et de l’as­su­mer dès son intro­duc­tion.

Sur ce…

Repre­nons : après avoir testé en ce début d’an­­­née un ensemble de casques « de réfé­­­rence » situés dans la tranche 100–150 euros (envi­­­ron), nous commençons désor­­­mais une série complé­­­men­­­taire avec les casques de la tranche supé­­­rieure (200–300 euros, et plus). Ils corres­­­pondent eux aussi à des réfé­­­rences, parfois dispo­­­nibles dans des studios profes­­­sion­­­nels, souvent déjà mis en avant sur ce site…

Et voici donc que le Shure SRH1540 refait surface dans nos pages. Il n’avait pas été bien accueilli à l’époque par Notre Vénéré Poten­tat… Se tirera-t-il mieux de ce nouveau round ? Obtien­drons§nous des mesures simi­laires ? Est-ce que le démon­tage va nous révé­ler des quali­tés cachées ?

Spéci­­fi­­ca­­tions

Le SRH1540 est un casque de type circu­mau­ri­cu­laire, fermé, avec un trans­­duc­­teur dyna­­mique. La taille du trans­­duc­­teur est de 40 mm.

Les spéci­­fi­­ca­­tions annon­­cées par le construc­­teur sont les suivantes :

impé­­dance : 46 ohms

réponse en fréquence : 5 Hz — 25 kHz

IMG 20230904 151536Le câble est fourni en double : il s’agit d’un câble en Y, de 2 mètres envi­ron, avec des termi­nai­sons en plas­tique serti (pas moyen de les démon­ter aisé­ment, il nous semble). À une extré­mité, un jack TRS 3,5 mm avec son adap­ta­teur à vis 6,35 mm. À l’autre, deux bornes qui s’in­sèrent dans les oreillettes avec un léger clic, système qui tient bien, mais qui permet aussi l’ar­ra­chage sans dégât en cas d’ac­ci­dent (du type : marcher sur le câble). L’idée d’avoir un double, c’est bien… Mais deux câbles diffé­rents, pour des situa­tions d’écoute diffé­rentes, ça serait bien aussi… peut-être même mieux en fait !

Le casque est robuste tout en restant souple, et l’on sent que cet aspect a été pensé pour permettre de suppor­ter les chocs durant un trans­port sans se briser. L’ar­ceau, en parti­cu­lier, d’ap­pa­rence plutôt solide, est surpre­nant de souplesse (on y revien­dra dans la partie trans­port).

IMG 20230904 150924

La construc­tion se partage entre métal et plas­tique (voir photo ci-dessus), penchant un peu plus pour ce deuxième maté­riau.

IMG 20230904 150823Le casque est fourni avec une mallette, une paire de cous­si­nets en mousse supplé­men­taires (cachés sous un rabat dans la mallette) et deux câbles, comme mentionné plus haut.

Démon­­table ?

Oui, assez faci­le­ment. Mais, vous le verrez, il y a un défaut final qui nuit quand même à l’en­semble.

Alors, comme d’ha­bi­tude, pour commen­cer on tire sur les mousses pour révé­ler la struc­ture de l’oreillette : 

IMG 20230904 151006

Et l’on découvre 4 vis cruci­formes. Celles-ci ôtées, on démonte faci­le­ment la plaque de main­tien : 

IMG 20230904 151122

À noter : sans câble passant dans l’ar­ceau, les desi­gners de Shure ont opté pour une plaque qui porte l’in­té­gra­lité des éléments. On peut donc la déta­cher et travailler direc­te­ment dessus, sans avoir à manœu­vrer avec les restes du casque. C’est un très bon point : une construc­tion très ration­nelle.

IMG 20230904 151248

Le câblage est inha­bi­tuel­le­ment épais et robuste pour l’in­té­rieur d’un casque. En revan­che…

IMG 20230904 151208

Le trans­duc­teur est collé !! Impos­sible de l’en­le­ver sans sortir un outillage plus consé­quent, et risquer de fendre les parties plas­tiques qui lui sont ratta­chées (ou d’abî­mer le trans­duc­teur au passage). C’est un mauvais point, même très mauvais, car il vient annu­ler sinon tota­le­ment, du moins partiel­le­ment l’in­té­rêt de cette construc­tion « ration­nelle » que nous souli­gnions précé­dem­ment.

Confort

IMG 20230904 150905Le poids de 286 gr est accep­table, et l’ar­ceau rembourré fait bien son travail : l’écoute ne devient pas trop physique­ment fati­gante à la longue. Les mousses sont très confor­tables et s’adaptent bien à diffé­rentes morpho­lo­gies de tête, d’au­tant plus que les oreillettes sont larges, et prennent bien tout le pour­tour de l’oreille. Un peu chaudes certes, mais peu de casques de ce type n’ont pas ce problème, et ici ce n’est pas plus marqué que la moyenne. Rien à redire donc.

Isola­­tion

L’iso­la­tion est bonne, on sent qu’on peut se servir du casque dans des envi­ron­ne­ments exté­rieurs sans trop de diffi­culté. Ce n’est pas l’iso­la­tion d’un ATH-M50x, mais ça fait l’af­faire.

Trans­­port

IMG 20230904 150916Bien sûr, il y a la mallette, qui est très robuste, mais même si le casque ne se plie pas, son point le plus inté­res­sant, c’est cet arceau souple (souplesse accen­tuée par le fait que l’ar­ceau est scindé en deux parties) qui supporte très bien les torsions en reve­nant parfai­te­ment à sa place. C’est rare sur des casques de cette taille/gamme et cela permet des trans­ports hors de la mallette de protec­tion, sans craindre des dégâts. Bien pensé.

Bench­­mark

Voici donc le nouveau proto­­­­cole de mesures objec­­­­tives, mené par nos soins afin de complé­­­­ter l’écoute subjec­­­­tive. Avec l’aide précieuse de notre testeur EARS de MiniDSP, nous avons le plai­­­­sir de pouvoir vous four­­­­nir des courbes de réponse en fréquence et distor­­­­sion, réali­­­­sées dans notre atelier.

Réponse en fréquence : 

SHURE SRH1540 FR

On remarque :

  • un profil en V avec
  • une accen­tua­tion à 100 Hz
  • un plateau creux entre 200 Hz et 1,5 kHz
  • une accen­tua­tion qui s’étend de 2 à 4,5 kHz
  • un creux à 5 et 6 kHz
  • une seconde accen­tua­tion qui couvre les aigus, à partir de 7 kHz
  • Plus grand-chose au-dessus de 15 kHz

Distor­­sion :

SHURE SRH1540 DIST

La distor­­sion mesu­­rée est infé­rieure à 0,2 % entre 200 Hz et 4 kHz, avec des petits pics de distor­sion au-dessus de 2 kHz, mais surtout une montée impor­tante sous 100 Hz, pour atteindre 3 % à 40 Hz. Surtout, on remarque qu’il s’agit d’ajout d’har­mo­niques du 3e ordre, harmo­niques impaires que l’on essaie géné­ra­le­ment de limi­ter en audio.

Écoute

Richard Hawley — Don’t Get Hung Up In Your Soul (sur True­­lo­­ve’s Gutter)

Une ballade acous­­tique, avec beau­­coup de réverbe et une diffé­­rence de dyna­­mique impor­­tante entre la voix et la guitare. Tout de suite, on est partagé à l’écoute : oui il y a du détail dans le haut du spectre, mais le creux dans les médiums ajouté à la bosse dans le grave déséqui­libre vrai­ment l’écoute dans son ensemble. La contre­basse devient maousse, la voix manque de coffre. Les queues de réverbes sont très bien suivies, mais là où un casque « loupe » a une fonc­tion en travail du son, car il vient se concen­trer sur un ensemble de fréquences adja­centes, celui-ci met en avant trop d’in­for­ma­tions qui se para­sitent entre elles.

Sun Kil Moon – Butch Lulla­­bye (sur Common As Light And Love…)

Sur l’in­­tro, on doit entendre à la fois les notes graves, les harmo­­niques médiums ajou­­tées par la distor­­sion, l’at­­taque légè­­re­­ment piquée des notes, tout en sépa­­rant bien la grosse caisse qui sonne assez sèche et médium. La grosse caisse est un peu trop gonflée, même si ça reste accep­table, mais le vrai souci tient plus au clavier dont les notes sont plus ou moins outrées, selon qu’elles s’ap­prochent des 100 Hz ou qu’elles s’en éloignent. La voix est agréable, sans trop de réso­nance nasale, et le reste de la batte­rie égale­ment. Mais on a du mal à en profi­ter étant donné le déséqui­libre du grave.

Massive Attack — Tear­­drop (sur Mezza­­nine)

Un titre avec beau­­coup d’ex­­trême grave, mais qui ne doit jamais masquer les nombreux détails dans le haut médium et l’aigu. Là aussi, la conclu­sion est rapi­de­ment la même : oui il y a du grave, mais pas tant que ça d’ex­trême grave. Il y a surtout la plage entre 60 et 130 Hz, très en avant, et les réso­nances sub sont large­ment absentes. La voix n’a pas de sibi­lance désa­gréable, c’est un bon point, car par ailleurs le haut du spectre est très détaillé. Le piano sonne un peu « creux », manquant un peu de médiums.

Char­­lie Mingus — Solo Dancer (sur The Black Saint And The Sinner Lady)

Voilà un morceau avec beau­­coup de souf­­flants jouant dans des tessi­­tures simi­­laires : c’est très touffu et le but est d’es­­sayer de discer­­ner les timbres. Là, éton­nam­ment, c’est pas mal, car c’est un morceau qui supporte bien les égali­sa­tions un peu « intru­sives » : le manque de profon­deur dans le grave permet aux instru­ments dans le bas médium et médium de s’en tirer plutôt bien, de se trou­ver comme « détou­rés » et bien lisibles. Les cymbales ne se retrouvent pas trop en avant non plus, c’est un bon point, car c’est un défaut possible avec les casques flat­teurs dans l’aigu. Les suivis de réverbes sont toujours très aisés.

Edgar Varèse — Ioni­­sa­­tion (New York Phil­­har­­mo­­nic, dir. Pierre Boulez)

Ici on cherche à juger de l’image stéréo et du suivi de la réver­­bé­­ra­­tion natu­­relle de la salle, qui joue sur l’im­­pres­­sion d’es­­pace. L’écoute se fait entre 0:30 et 1:15 min. Ques­tion détail, on est servi : acous­tique de la pièce, place­ment des instru­ments dans le pano­ra­mique, dyna­mique… Tout cela est bien suivi, grâce à un profil très détaillé dans le haut du spectre. En revanche, on regrette une inflexion trop forte des instru­ments graves (les timbales, la grosse caisse d’or­chestres) qui ont tendance à ressor­tir de façon exagé­rée dans le mix d’en­semble.

Conclu­­sion

Au final, nos conclu­sions sont simi­laires à celles de Red Led il y a quelques années de cela : un casque sûre­ment agréable pour l’écoute récréa­tive, bien construit, solide, trans­por­table, confor­table, mais… mais…

IMG 20230904 150933Certes tout cela est vrai, mais cela n’en fait pas un casque adapté à une écoute analy­tique, à un travail du son où l’on a besoin de savoir à quoi s’en tenir quant à l’équi­libre des fréquences et à la justesse des timbres. Une égali­sa­tion serait bien entendu possible, et même recom­man­dée, mais la distor­sion par ajout d’har­mo­niques impaires dans le grave, sous 100 Hz, pose un vrai problème quand à la préci­sion de repro­duc­tion offerte par le SRH1540. J’ajoute à cela que démon­ter tout le casque en se disant que l’opé­ra­tion est simple, et que le prin­cipe de montage est bien pensé, tout cela pour se retrou­ver face à un trans­duc­teur collé sur tout son pour­tour, c’est vrai­ment une décep­tion quant à la cohé­rence de la démarche du construc­teur.

Bref, n’en jetons plus ! Pour cette deuxième chance, le SRH1540 ne s’en titre pas mieux que la fois précé­dente, et les points supplé­men­taires appor­tés par ce nouveau proto­cole de test ne vont pas spéci­fique­ment en sa faveur.

Notre avis : 6/10

  • Robuste
  • Bonne isolation
  • Confortable
  • Démontable en majorité
  • Câblage interne solide et de taille conséquente
  • Mallette de transport fournie
  • Paire de mousses de remplacement
  • Deux câbles fournis, mais...
  • ...Mais deux câbles complètement identiques
  • Transducteur collé, donc difficile à remplacer
  • Apparition d'harmoniques impaires dans le grave
  • Courbe de réponse trop marquée en "V"
Pays de fabrication : Chine
  • Coramel 6616 posts au compteur
    Coramel
    Modérateur·trice généraliste
    Posté le 24/09/2023 à 13:13:23
    Merci pour ce nouveau test. Et ce jeux de mots pourri assumé ;)
    Pour le mix, le plus gros problème, difficilement surmontable, me semble être ces harmoniques impaires dans le grave.
  • iktomi 14838 posts au compteur
    iktomi
    Drogué·e à l’AFéine
    Posté le 24/09/2023 à 16:51:35
    Le jeu de mot qui fait rire du jeu de mot est une performance.
    L'art c'est le jeu mot pété qui fait rire de la tentative elle-même.

    C'est dommage que l'élément principal de ne soit pas démontable, ça donne à penser que la marque à pris en compte l'usure, voire la fragilité, des "accessoires", mais pas une possible panne de l'élément principal.

Vous souhaitez réagir à cet article ?

Se connecter
Devenir membre