Vous en voulez plus, toujours plus ? Ou alors, pas toujours plus mais juste ce qu'il faut (et vous n'en avez pas assez) ? Arturia pense à vous en sortant ces deux modules de conversion analogique vers et depuis le numérique : les X8 In et Out, pour toujours plus de possibilité et de fluidité.
Et l’on doit bien dire que l’on ressentait un certain plaisir à tester un appareil qui change un peu des « boîtes à tout faire » que sont devenues les interfaces grand public actuelles : ici, on n’a pas la promesse d’avoir un studio tout-en-un dans une boîte de 15 cm de large, mais plutôt deux appareils complémentaires (ou non, selon vos besoins) à la fonction spécifique et limitée, et qui se doivent donc d’être de très bonne qualité.
C’est en tout cas avec cette approche que nous abordons notre test, et vous verrez que l’on n’a pas été déçus…
Présentation
Les deux unités se présentent sous un format rackable 1U, chacune d’entre elles faisant la moitié, en largeur, d’un rack 19 pouces.
Elles sont livrées avec un système d’oreilles et d’interconnexion classique (une oreille par unité, un raccord central par unité) avec leur visserie. Le système est ingénieux, car ces accessoires s’encastrent dans des petits renfoncements, situés sous l’interface. On apprécie bien cette idée simple et bien dessinée, qui permettra à ceux qui ne souhaitent pas racker de ne pas se retrouver avec de la quincaillerie inutile qui traine au fond d’un tiroir.
Les deux interfaces sont entièrement réalisées en métal, avec une finition mate très élégante, des faces avant épaisses, et une construction qui dans l’ensemble donne confiance (les connexions jack et BNC sont toutes vissées contre le châssis, par exemple).
Faisons maintenant un tour des faces arrière et avant :
Sur les deux unités, les faces arrière sont similaires avec, de droite à gauche :
- 8 entrées (pour la X8 IN) ou 8 sorties (X8 OUT) au niveau ligne, sur jack 6,35 mm TRS
- Une connexion BNC mâle pour une entrée WordClock, si vous souhaitez employer l’horloge de votre interface (ou toute autre horloge extérieure aux convertisseurs) comme référence pour la synchronisation.
- Cette connexion est accompagnée d’un sélecteur Hi-Z <> 75 ohms
- Puis une paire de sorties (pour la X8 IN) ou d’entrées (X8 OUT) au protocole ADAT, sur connecteurs TosLink. Un seul connecteur peut transmettre 8 voies jusqu’à 48 kHz. À une fréquence d’échantillonnage plus élevée, il devient nécessaire d’utiliser les deux connecteurs (1–4 sur TosLink 1, 5–8 sur TosLink 2).
- Puis la connectique pour le transformateur d’alimentation, sécurisé par un écrou (on aime bien ce genre d’élément très « sécurisé »).
Voilà pour les faces arrière. C’est sur les faces avant que les deux unités se distinguent. Commençons par la X8 OUT, car il n’y a presque rien à en expliquer, puis nous décrirons la X8 IN qui requiert plus de précision.
La face avant de la X8 Out présente seulement, en dehors du bouton de mise en marche, un bouton « sync » qui sert à sélectionner le mode de synchronisation : par le canal ADAT, par le WordClock (seulement disponible si l’entrée WordClock reçoit un signal approprié) ou par les canaux ADAT SMUX, lorsque les entrées ADAT reçoivent un signal numérique contenant des informations de demultiplexing.
C’est simple, mais c’est aussi tout à fait suffisant pour vous permettre de travailler avec des signaux numériques à des résolutions très élevées.
La X8 In est légèrement plus complexe, comme nous le disions : de droite à gauche, on trouve le même bouton de mise en marche, un bouton pour sélectionner la synchronisation (WordClock externe, ou horloge interne) et un bouton de sélection de la fréquence d’échantillonnage, puis quatre boutons permettant de commander les entrées :
- les deux boutons les plus à gauche servent de commandes de navigation (flèche droite, flèche gauche) pour passer d’une entrée à l’autre
- un bouton « Dim » permet d’assigner une atténuation à l’entrée sélectionnée
- un bouton « Link » permet de coupler deux entrées adjacentes
- on entre dans ce mode « edit » en appuyant sur n’importe lequel de ces quatre boutons
- Les 8 LEDs au-dessus servent d’indicateurs d’entrée de signal (allumées en verte lorsqu’un signal et présent), de « VUmètres » (elles passent à l’orange puis au rouge), mais aussi, en mode « edit », à indiquer la présence d’un PAD (bleu foncé) ou d’un couplage stéréo.
Nous ferons ici un petit reproche, qui est peut-être à imputer au fait que nous prenions tout juste l’appareil en main… toutefois, il nous a semblé que le temps de veille du mode « edit » était un peu court. Il suffit d’hésiter quelques secondes sur la sélection d’une option pour en ressortir. On se retrouve donc à beaucoup pianoter, et comme toutes les informations de navigations sont transmises par la simple couleur des LEDs, on se retrouve rapidement à devoir s’assurer que l’on comprend bien ce qui est sélectionné, ce qui ne l’est pas, sur quelle entrée on travaille… Une limitation à laquelle on doit certainement s’habituer à l’usage, mais qui rend le système de navigation un peu difficile à prendre en main, dans notre expérience.
Par ailleurs, les 8 entrées sont pratiques pour augmenter vos possibilités de prise de son, et les 8 sorties peuvent être employées pour alimenter un système 7.1, mais aussi pour réaliser des routages complexes dans un studio, sur scène… À noter également, Arturia a eu la bonne idée de doter la X8 Out de sorties analogiques couplées en CC, ce qui permet d’envisager son emploi comme support pour envoyer des signaux de commandes vers des synthétiseurs. Ce n’est pas la première fois qu’Arturia pense aux « modulistes », et ça reste une très bonne idée !
Voyons maintenant la qualité des convertisseurs…
Benchmark
Précisons-le d’abord, les X8 travaillent dans une résolution maximum de 24 bits/96 kHz.
Pour mesurer la latence qu’elles ajoutent à un système, nous les avons connectées en entrée et sortie à la PreSonus Quantum HD8, que nous avions testée il y a quelque temps. En mesurant d’abord la latence de l’interface, puis en ajoutant en entrée et sortie les convertisseurs Arturia, RTL Utility donne les chiffres suivants (premier tableau, la HD8/deuxième tableau l’interface + les convertisseurs X8) :
On constate donc une différence qui se situe généralement vers 1,55 ms — 1,6 ms, ce qui nous a semblé très bon.
Afin de tester l’interface, nous avons fait un benchmark avec notre fidèle APx515 d’Audio Precision. Nous publions les résultats obtenus en THD+N (en balayage en fréquence et en amplitude), rapport signal/bruit et déviation des voies.
Plage dynamique mesurée : 116,4 dB pour la X8 In, 122,6 dB pour la X8 Out (ce qui correspond presque exactement aux chiffres annoncés)
Commençons par la X8 In
Déviation : ±0,031 dB
THD+N : 0,0007 % THD : 0,0003 %
Rapport signal/bruit : 105,726 dB
Si l’on ajoute le PAD en entrée, on constante une augmentation de la THD+N sur tout le spectre :
Rien d’étonnant, puisque comme toujours la THD dépend au rapport du niveau d’entrée par rapport à la plage dynamique autorisée. Ainsi l’on mesure :
Une courbe de THD qui atteint son niveau le plus faible à environ –3 dBFS, et se maintient très bien presque jusqu’à 0 dBFS, où elle saute d’un seul coup (comportement normal lorsqu’on atteint le niveau de saturation numérique).
Quant à la X8 Out
Déviation : ±0,031 dB
THD : 0,0005 %
Rapport signal/bruit : 119,520 dB
Le taux de THD est remarquablement bas, et le rapport signal/bruit est assez excellent pour être noté !
En amplitude, on constate :
La X8 Out atteint sa limite lorsque le générateur atteint les –9 dBFS, ce qui se reporte en THD+N, sur les sorties analogiques, avec une augmentation brusque à + 23,5 dBu (= –9 dBFS dans notre système de mesure). On remarque aussi le décrochage à — 4 dBu, probablement dû au passage d’un convertisseur à l’autre, le second ayant une sensibilité plus basse (même système que sur l’UAC-232 de Zoom, entre autres).