Quand ce n'est pas l'insupportable Harlem Shake, les incessants "allo, nan mais allo quoi...", les horribles jeans slim, ou les bottines noires cloutées genre "mon artiste de black metal préféré c'est David Guetta", la mode a parfois du bon.
Prenons par exemple (au hasard hein) l’équipement musical et en particulier guitaristique. En ce moment, le truc tendance c’est de réduire les formats. Têtes d’ampli ou pédales d’effet, les six-cordistes sont submergés de nano, mini, little, micro, tiny, etc. Surfant sur ce phénomène, de jeunes marques ont pointé le bout de leur nez: Malekko avec ses Omicron, Red Witch avec ses 7 sisters, Mooer ou Lovepedal pour ne citer que les plus spécialisées. Forte de son histoire et de son expertise en matière d’effets guitare, TC Electronic ne les a pas attendues pour initier le mouvement. Après la PolyTune Mini (son accordeur fétiche passé à la machine à laver) et le Ditto Looper, la firme danoise décline à nouveau un de ses produits phare, le Spark Booster (lire le test ici) dans sa version « Mimi Mathy ». Le lancer de pédales naines étant probablement interdit par la loi, sortons-la délicatement de son couffin cartonné pour l’ausculter.
« Victime de la mode, tel est son nom de code » (MC Solaar)
De prime abord, cette petite stompbox semble plus « mimi » que « Mathy ». Les designers de la marque ont gardé la couleur blanche et l’imprimé doré de sa grande soeur mais avec un graphisme très proche des tatouages traditionnels. C’est purement esthétique et absolument accessoire mais c’est très joli, on hésiterait presque à y mettre son pied (comme dirait mon pote Guillaume en s’inspirant de Michel Delpech, « on dirait que ça t’gêne de marcher dans la boost »).
Dans le mini carton, pas de notice, et on comprendra aisément pourquoi: de la Spark, elle n’a gardé que sa fonction essentielle, le clean boost. Un nouveau circuit, pas de réglages d’égalisation ou de gain, ni de modes avec mini switch, rien pour sculpter un peu le son ou vous sortir du mix sans trop changer le volume. Juste un potard de niveau, un footswitch, point barre. Less is… less.
Si ce mini booster n’est pas aussi complexe que l’original, son format (51mm x 45 mm x 93 mm) économisera pas mal de place sur votre pedalboard. En effet, beaucoup d’entre nous se servent des fonctions les plus basiques de leurs effets. Parfois les pédales sont tellement larges et sophistiquées que trois ou quatre suffisent à remplir nos planches. Ce nouveau type de gabarit nous permet d’en rajouter quelques-unes ou au contraire de diminuer considérablement la taille et le poids de notre arsenal. Il est, selon moi, vraiment souhaitable que cette mode devienne un standard. Quand je vois Seb, le chanteur/guitariste d’Abrahma, groupe dans lequel votre dévoué officie, se trimballer deux énormes pedaltrain remplis à ras bord, je me dis qu’avec des TC mini, il pourrait bazarder tout ça contre un seul pedaltrain… nano (puisque je vous dis que tout le monde s’y met !). Et les danois ont pensé à lui car s’ils n’ont pas fourni de notice, ils ont eu l’excellente idée de ne pas coller directement de patins antidérapants sous la pédale mais de les proposer à côté dans le carton. Qui n’a pas arraché, et ensuite perdu, les patins pour pouvoir poser du velcro afin de fixer la pédale sur sa planche ?
À vrai dire, il y a quelques contreparties à vivre dans le monde magique des lilliputiens. Exit la pile, le guitariste est condamné à la brancher sur le côté avec une alimentation 9V. Les amateurs de produits TC Electronic ne seront pas perturbés dans leurs habitudes, les Toneprint ont déjà une autonomie très faible, il est de toute façon fortement conseillé de les alimenter par secteur.
Deuxième micro inconvénient, afin de réduire la largeur, les prises jacks n’ont pas été alignées. Rien de grave mais il faut savoir qu’on ne pourra pas brancher plusieurs pédales côte-à-côte avec un petit adaptateur mâle-mâle comme on le fait souvent sur les pedalboard, il faudra un mini câble patch ou un adaptateur mâle-mâle tel que sur la photo.
Troisième tiny critique, les prises jack sont peu profondes, toujours pour gagner de la place. Quand j’ai sorti la pédale de son carton, un des écrous qui sert à les maintenir était presque dévissé. Il n’a en effet que 2 tours pour se fixer. Attention donc à ne pas les perdre et à les resserrer de temps en temps.
Alors ? Mini booster, maxi son ?
« Just a little spark in the dark » (Alice Cooper)
« Put your guitar down Sir ! I repeat, put your guitar down, NOW !! » hurle le SWAT en nous braquant une puissante Maglite en pleine face. C’est l’impression que l’on a parfois quand on active certaines pédales chinoises et que leur LED s’allume. Ici, c’est plutôt une lumière blanche, type lumière au bout du tunnel quand on est mort (ceci dit, je n’en sais rien, je n’ai jamais expérimenté la mort… Ah si ! peut-être une fois… quand j’ai du jouer « Toi + moi » de Grégoire lors d’une soirée privée). C’est assez franc mais pas trop aveuglant, en live et dans une relative obscurité, on peut quand même distinguer le potard en étant assuré que la pédale fonctionne.
Bonne surprise, on peut utiliser le booster momentanément en laissant son pied appuyé sur le footswitch et couper l’effet dès qu’on le lève, ce qui peut s’avérer utile quand on a quelques phrases mélodiques à jouer au milieu d’une rythmique. On peut bien entendu s’en servir de manière tout à fait traditionnelle en appuyant et en relâchant aussitôt. D’ailleurs, le commutateur est assez silencieux. Quand le guitariste joue dans un bar à faible volume, il lui arrive de se sentir bien ridicule quand les « clics ! » de ses pédales couvrent la musique. Je sais de quoi je parle.
Je m’inquiétais aussi de systématiquement tourner le potentiomètre avec le pied par mégarde, vu qu’il est bien plus large que notre mini pédale, à chaque fois que j’appuierais dessus. En concert, il n’y a rien de pire quand on active un booster que d’entendre un Airbus A320 atterrir sur scène, ou au contraire, de n’avoir aucun son qui sort de l’ampli, juste parce qu’on a accidentellement tourné le potentiomètre de quelques degrés. Ici, notre potard est assez résistant, et même sans gaffeur pour le caler, ce qui est la solution communément adoptée, il ne bouge pas trop.
Comme son aînée et la plupart des dernières stompbox TC, la mini Spark bénéficie du True Bypass. Elle inclut un « discrete analog circuit » qui augmente le volume de 20dB, en tout cas, c’est ce qui est écrit dessus.
Il est temps de vérifier tout ça. Pour cela j’ai branché une Fender Telecaster Deluxe dans un ensemble Mesa Boogie Triaxis/2:90, eux mêmes branchés dans un Two Notes Torpedo Live que reçoit une carte son Apogee Duet. La pédale est insérée dans la boucle d’effet, car telle est sa vraie place (positionnée directement entre la guitare et l’ampli, elle ne produira pas pleinement l’effet escompté, voire pas du tout).
Je vous propose en entrée un riff en son clair. Pour l’enregistrer, j’ai du faire des acrobaties : j’alterne entre le son d’origine, tel quel, et le son boosté à un peu moins du quart du potentiomètre, ensuite au tiers, ensuite aux deux tiers, et pour finir à fond les ballons, et j’ai fait tout ça avec mes deux pieds sans lâcher la guitare (non, il n’y a pas eu qu’une seule prise…). Je précise aussi que le niveau sonore d’origine est faible, je voulais m’assurer qu’une fois le booster au maximum, le son ne sature pas en entrée de la carte son, ce qui aurait faussé notre test.
On notera que ça crunch déjà au 1/3 et que ça sature franchement ensuite. Globalement, si c’est pour tenter de garder le son d’origine en augmentant juste le volume, le 1/4 sera suffisant. Au-dessus, la différence de niveau est flagrante et le son, altéré par l’overdrive, perd franchement en définition. Certains pourront expérimenter avec mais personnellement, pour ce type d’application, je préfère une tube screamer. À la fin de l’exemple, j’ai laissé le souffle exprès. Avec un ampli joué fort et le potard LEVEL à fond, on l’entend à peine.
Pour le deuxième exemple, en crunch au quart du potard cette fois-ci, on constatera l’utilité de l’effet momentané, quand on laisse le pied appuyé sur le footswitch et qu’on relâche, sur un blues mineur.
Ensuite viennent deux courtes phrases, la première avec le potard au 1/3, et la deuxième au 2/3, pour les curieux qui aimeraient savoir comment la pédale pousse les lampes en ajoutant du crunch au crunch.
- 3 crunch lick un tiers 00:09
- 4 crunch lick deux tiers 00:09
Nos rythmiques rock ne sont pas en reste, voici un exemple en son saturé, le potentiomètre de nouveau au 1/4. On constatera que la pédale restitue un son relativement fidèle à celui d’origine, elle ne coupe pas les aigüs et n’amplifie pas les graves comme ça peut arriver parfois. Dans l’ensemble, si on s’en tient à ce niveau de boost, elle est assez transparente.
Voici une impro où j’alterne son saturé d’origine et son boosté, toujours au 1/4, au gré de mes humeurs dans un joyeux foutoir musical.
Pour finir, un exemple Pink Floydien avec un autre effet TC Electronic, la Hall Of Fame, et je m’en explique. Pour avoir utilisé récemment notre Mini Booster en concert avec cette même pédale, j’ai pu constater que mes solos étaient sensiblement moins brouillons, malgré l’overdose de reverb, qu’ils ne l’étaient avec mon booster habituel d’une marque concurrente. L’impression que nous laisse un équipement ne se fait pas qu’à la maison ou sur des extraits audio mais surtout là où ils jouent leur vrai rôle, en live, et dans ces conditions, la transparence de la Mini Spark m’a convaincu.
alors ? mini booster, maxi sans faute ?
Spark ici la sortie (audio) !
Son utilisation est quand même assez restreinte : pour une augmentation de volume suffisante et claire, comme un vrai Clean Booster, nous serons limités au tiers de la course du potard, et encore. Comme « étincelle » pour les lampes, après le tiers donc, sa simplicité me rend un peu dubitatif, on préfèrera l’originale ou une vraie pédale d’overdrive. Dieu merci, la réduction du prix est proportionnelle à la réduction de sa taille et de ses fonctions. Annoncée à 79€, elle se situe à mi-chemin entre l’écrasante majorité des boosters comme sa grande soeur et les trop rares exceptions peu onéreuses (mais aussi peut-être, il est vrai, moins fiables). Avec la légendaire qualité TC, ce prix me semble totalement justifié. Finalement, ce TC Electronic Spark Mini Booster est un peu au guitariste ce que le viagra est à Rocco Siffredi, il tiendra dans la poche de vos jeans… slim et optimisera grandement vos performances… scéniques en donnant un grand coup de… fouet à votre son. Il a d’ailleurs déjà séduit beaucoup de grands noms comme Abdelaziz Boosteflika, Djamel Deboost, Christine Boostin ou Georges Boostaki.
Voilà voilà…
Bon ben, Spark que j’m’emm… mais faudrait p’tet’ penser à y aller.
(« jeux de mots pourris » copyright © Guillaume C. / Mathieu Y.)