Après Roland et Yamaha, c’est au tour de Korg de présenter sa propre vision des machines à Groove. Jouant sur la complémentarité synthétiseur à modélisation / boîte à rythmes, les Electribes s’y mettent à deux pour tenter de détrôner une concurrence déjà bien installée. Allons-nous succomber à leurs danses tribales ?
Présent depuis le tout début sur le marché des claviers électroniques, Korg a rapidement abandonné la construction d’orgues d’appartement pour s’attaquer bille en tête aux synthétiseurs. On doit notamment au constructeur le MS-20, petit modulaire monophonique abordable et idéal pour les sons qui bougent dans tous les sens. Il n’y a qu’à écouter le dernier album de Madonna pour s’en convaincre. Plus proche mais tout de même âgé de dix ans déjà, le superbe M1 fixait les standards de la Workstation moderne. Aujourd’hui encore, les constructeurs déclinent (un peu trop à notre goût) cette approche, visionnaire à l’époque où le D50 dansait sur les cendres encore chaudes du DX7. Korg nous a ensuite gratifiés de son magnifique Trinity, dont le flambeau est en passe d’être repris par le Triton. Le constructeur japonais, fort d’une puissance de feu redoutable, n’a par ailleurs pas hésité à s’intéresser au marché des synthétiseurs à modélisation (Prophecy, Z1), aux effets, aux enregistreurs, aux consoles numériques et aux solutions informatiques intégrées. Par contre, la dernière boîte à musique du géant japonais remonte à la DDD-1, une boîte à rythmes fort sympathique des années 80 où l’utilisateur pouvait lui-même échantillonner et sauvegarder sur cartes ses propres percussions. Depuis ce long silence radio, les musiques Techno / Dance ont déferlé sur les ondes et les vénérables cousins nippons ne se sont pas fait attendre : Roland avec la série MC et Yamaha avec le RM1x, deux approches très similaires. Korg contre-attaque aujourd’hui avec deux modules dédiés aux musiques qui bougent, l’Electribe A (Analog Modeling Synthesizer) et l’Electribe R (Rhythm Synthesizer), un couple de joyeux sauvages qui s’adresse tout particulièrement aux musiciens DJ. Voyons quel sort nous réservent le Grand Chef et le Sorcier de cette tribu électrique.
Primitif abord
Présentées dans un boîtier de 30 × 20 centimètres à façade aluminium brossé, les Electribes font dans la catégorie poids plume, avec un peu plus d’un kilo sur la balance. Outre le partage de l’emballage, nos deux guerrières nous montrent un dos assez similaire : L’interrupteur marche / arrêt jouxte la fiche coaxiale pour alimentation externe (DC 9V fournie avec bloc-prise à l’extrémité, peu pratique). Vient ensuite un trio Midi au grand complet, suivi des entrées audio, des sorties audio et de la prise casque, toutes au format jack 6,35mm. La ressemblance vestimentaire s’arrête là, puisque si les deux Electribes possèdent deux sorties audio, celles de l’E-A sont configurées en deux sorties monodiques, une par canal. En revanche, celles de l’E-R forment une vraie paire stéréophonique. La distinction se fait également au niveau des entrées, mono pour l’E-A et stéréo pour l’E-R.
Sur la façade avant, on retrouve sur les deux machines un air de famille : en haut à gauche, une section de contrôle, composée d’un potentiomètre de volume, d’un afficheur minimaliste à 3 diodes de 7 segments, d’une touche d’envoi direct des entrées audio vers les sorties, d’un gros Alphadial, d’une touche « Write » et d’une matrice de commandes 5 lignes 4 colonnes. Celle-ci permet de choisir et de paramétrer les modes de jeu (Pattern, Song, Global ou Midi) et diffère très légèrement d’une machine à l’autre. Juste en-dessous, on trouve la section simplifiée des commandes de transport du séquenceur (Record, Stop, Play / Continue, Tap Tempo et Transpose (E-A) / Mute (E-R)). En bas, la section Pads est constituée de 16 braves de l’espèce, illuminés mais hélas statiques, associés à deux flèches <>, une touche Shift et une touche Keyboard (E-A) ou Pattern Set (E-R). Sur l’E-A, les Pads sont organisés comme un clavier d’une octave et demie (La à Do) transposable sur six octaves grâce aux deux flèches. Sur les deux modèles, ils peuvent servir à appeler directement 64 Sets de Patterns privilégiés, définis au préalable par l’utilisateur. Ils permettent également d’enregistrer en pas à pas (mode grille à la Roland), de déterminer la résolution des mesures ou d’éditer les Patterns et les séquences.
Dernière section différenciant le plus les deux modèles, les commandes de synthèse. Sur l’E-A, on dispose de 10 potentiomètres rotatifs et 7 interrupteurs pour régler les oscillateurs, le filtre, le volume et les effets pour chacune des 2 parties. Sur l’E-R, la section synthèse comprend 10 potentiomètres rotatifs et 3 interrupteurs. Par contre, une section supplémentaire de 13 pads statiques permet de programmer les rythmes en temps réel, de sélectionner et muter les pistes à la volée, de mettre un soupçon d’accent ou un peu de modulation en anneau. En tout cas, on applaudit l’ergonomie de nos deux guerrières, ma foi fort engageantes.
Two tribes
Les Electribes sont deux machines parfaitement complémentaires comprenant une partie synthèse (avec traitement de signaux externes) et une partie rythmique, toutes deux programmables. L’E-A est un synthé à modélisation analogique qui produit 2 canaux monophoniques distincts et un séquenceur de boucles capable de mémoriser 65.500 événements. On se retrouve donc aux commandes de deux Prophecy simplifiés. L’E-R est une boîte à percussions capable de produire simultanément 6 voix de polyphonie sur un seul canal Midi et de mémoriser 35.700 événements. Les quatre premières voix sont confiées à un synthétiseur de percussions et les deux suivantes sont obtenues par lecture d’échantillons : il s’agit de deux couples Hi-Hats ouverte / fermée et cymbale Crash / Handclap. Chaque échantillon dispose bien de son propre Pad, mais chaque couple est exclusif. Un minimalisme d’autant plus regrettable que la machine ne renferme que quatre échantillons de base, diantre ! Heureusement que l’on peut en partie les retravailler avec quelques paramètres. Ces données étant posées, examinons le son produit par ces deux machines.
L’E-A propose de très belles sonorités de basses et de solos, avec une modélisation réussie et un bon punch. Parmi l’éventail sonore produit par la machine, on trouve des timbres très aigrelets obtenus par synchronisation des oscillateurs, des basses façon Moog bien filtrées et des accords à la quinte convaincants. Sur l’E-R, on sent d’emblée la puissance du synthétiseur de percussions. Bassdrums analogiques avec booster de graves, Toms avec déclin négatif sur le Pitch, Snares cuisinées au bruit blanc et percussions en tout genre, la panoplie est grande, surtout lorsqu’on sait le peu de paramètres disponibles. Mieux, la machine affiche un excellent punch, ce qui, pour des percussions, est la moindre des choses. Les percussions échantillonnées sont très propres, comme toujours chez Korg, mais il n’y en a que quatre, rappelons-le.
Passons maintenant aux Patterns, l’autre raison d’exister des Electribes. Chacune propose 256 Patterns en Ram pure (de 1 à 4 mesures) chaînables en 16 séquences (de 1 à 256 pas). Les trois premières banques de 64 Patterns (Ram) sont programmées d’usine par Korg, ce qui permet de ne pas partir de zéro. Dans la collection, on trouve tout ce qui fera les beaux jours des musiciens Techno / Dance / Trance / House / Hip-Hop/ Drum’n Bass / Garage / Rock, y’en aura pour tout le monde ! Le mieux, c’est que les programmes d’usine des deux machines se correspondent (à quelques exceptions près), ce qui donne une envie irrésistible de prendre les deux. Nous avons notamment beaucoup apprécié le travail effectué en temps réel sur les paramètres de synthèse (filtres, panoramique, effets) mais aussi le bon feeling que permettent ces machines. Bref, un rendu de qualité et une complémentarité qui saute d’emblée aux oreilles !
Analog Tribe
Sur les Electribes, la programmation et la mémorisation des paramètres de synthèse s’effectuent au sein des Patterns, à l’instar des machines japonaises concurrentes. Il n’y a donc pas de liste séparée de programmes dans laquelle on pourrait venir piocher. Ce ne serait absolument pas grave s’il était possible de dissocier les paramètres sonores des paramètres de séquence au sein d’un même Pattern, afin de copier les uns sans affecter les autres. Revenons à la synthèse, avec, pour l’E-A, un schéma classique à deux oscillateurs. Chacun dispose de trois formes d’ondes générées par modélisation : dent de scie, impulsion et triangle. Les ondes du DCO1 ont une fondamentale boostée par rapport à celles du DCO2, pour des sons de basse plus efficaces. Le DCO1 est débrayable au profit d’une source audio externe (monodique), qui emprunte alors le parcours complet du signal, y compris filtre et effets. Les deux DCO peuvent être désaccordés (grossièrement ou finement), synchronisés, modulés en anneau ou « décimés ». Dans cette dernière option, la forme d’onde du DCO1 est échantillonnée et reproduite à la fréquence du DCO2, idéal pour les rois du Grunge. Le mélange des deux DCO (ou du DCO2 + signal externe) attaque alors un filtre passe-bas résonant (nombre de pôles inconnu) d’une grande efficacité, dont la fréquence de coupure est modulable de façon bipolaire par une enveloppe simplifiée à l’extrême, puisqu’elle ne comporte qu’un temps de déclin, commun avec la section amplification. Le signal attaque ensuite l’étage d’amplification qui possède une distorsion (simple affaire de marche / arrêt) et un potentiomètre programmable de niveau. Enfin, le signal passe par un double processeur d’effets capable de produire un Délai basé sur le tempo et un Chorus/Flanger, dont l’intensité et la vitesse sont paramétrables. Tous les paramètres sont totalement indépendants pour les deux canaux sonores que peut produire la machine. Voilà, on nage dans l’extrême simplicité, Korg s’est concentré sur l’essentiel.
Au global, il manque tout de même à cette section synthèse quelques enveloppes et surtout des LFO pour faire évoluer le son, rôles que l’Electribe réserve apparemment à l’opérateur. Par contre, dommage que l’on soit en mono, même à la sortie des effets. Pour terminer, il faut savoir que les potentiomètres ne fonctionnent qu’en mode « saut », ce qui limite leur utilisation en « live ». Par contre, une petite diode s’allume dès qu’une commande passe par sa valeur stockée, ce qui est une excellente initiative, étant donné que l’afficheur reste muet quant à la valeur des paramètres.
Percussive Tribe
L’E-R dispose d’une section de synthèse complètement différente de sa collègue. Suivant la source sélectionnée (percussions analogiques, échantillons ou entrées audio), les commandes disponibles diffèrent. La plus complète est celle des percussions analogiques, dont chacun des quatre exemplaires dispose de réglages indépendants. La section oscillateur possède un unique DCO. On a le choix de la forme d’onde (sinus ou dent de scie), de sa hauteur, de la profondeur et de la vitesse de modulation. Il y a six types de modulations d’oscillateur : les quatre premiers sont des LFO (dent de scie descendant, carré, triangle et aléatoire), la suivante une composante de bruit (pour les caisses claires) et la dernière une enveloppe descendante (pour les Toms électroniques). Même si cela semble assez complet pour des percussions, les mélanges de modulations sont impossibles sur une même piste.
Vient ensuite une section amplificateur à quatre potentiomètres : déclin du volume, niveau, panoramique (oui !) et booster de graves (oui oui !). Pour les quatre sons PCM de Hi-Hats, Crash et Handclap, les seuls paramètres accessibles sont la tonalité et les quatre paramètres de la section amplification. C’est peu, même si l’accès est indépendant pour les quatre sons. Enfin, les parties audio disposent des réglages de déclin, panoramique, booster de graves et niveau. Le déclin fonctionne comme un temps de Gate, car comme nous allons le voir, l’intérêt de ces pistes est la production de séquences staccato à partir de sources audio continues. Avant de sortir dans la jungle, les signaux passent par un effet global de Cross Delay stéréophonique. Ce dernier peut soit être basé sur le tempo, soit modifiable et enregistrable en temps réel au sein des Patterns grâce aux « Motion Sequences » sur lesquelles nous reviendrons. Les paramètres disponibles sont la fréquence et la profondeur. Pour salir le son, l’E-R est capable de produire deux modulations en anneau à partir de deux paires de pistes : entre les pistes 1 et 2 (percussions synthétisées) et entre la piste 4 (percussion synthétisée) et les pistes externes. Ceci donne des résultats très intéressants sur des boucles audio et représente un bon stimulant pour la créativité, merci ! En résumé, une section synthèse mélangeant originalité et dépouillement, dans laquelle on regrette en particulier l’absence de paramètres de synthèse plus touffus tels que des filtres résonants. Ce rôle est clairement réservé à l’E-A, Korg ayant bien pris soin de ne pas créer le moindre double emploi entre ses deux machines. Un positionnement qui nous pousse encore à prendre les deux.
Tribal Jam
Si les Electribes s’arrêtaient là, ce seraient de petits modules sonores assez sympathiques mais un peu limités, surtout pour faire évoluer les sons en temps réel. Heureusement, elles sont conçues autour d’un séquenceur de boucles mélangeant événements de notes et de paramètres. Au préalable, on détermine le nombre de mesures (1 à 4) et le nombre de pas des mesures (12 ou 16) à l’aide des Pads et de la touche Shift. Chaque machine autorise l’enregistrement de notes en temps réel ou en pas à pas. Pour le temps réel, on active le clavier de l’E-A, le mode Pads de l’E-R étant toujours actif grâce à la petite section Pads évoquée plus haut. Pour lancer l’enregistrement, tout se passe comme sur un magnéto (touche « Record » puis « Play »). Les machines sont capables d’effectuer un décompte d’une ou deux mesures et un métronome peut être activé en lecture et / ou en enregistrement. Les notes sont entrées à la volée (Pads du bas pour l’E-A et Pads de percussions pour l’E-R) et automatiquement quantisées au pas le plus proche (24 bpqn). Pour casser cette rigueur, un mode Swing permet de décaler les notes des mesures quaternaires de 50 à 75%.
En mode pas à pas, les notes sont entrées grâce à la rangée de Pads inférieurs, chacun représentant un pas sur la grille de mesures, comme chez Roland. L’enregistrement s’effectue en lecture (eh oui !), sachant que sur l’E-A, il suffit que le mode clavier soit désactivé et que sur l’E-R, on sélectionne la piste de percussion en appuyant simplement sur l’un des Pads de percussions (comme le Pad sélectionné s’allume, on n’est jamais perdu). Lorsqu’un pas est activé, la touche correspondante de la grille est allumée. Grâce aux flèches <>, on peut rapidement sélectionner l’une des quatre mesures. Une fois les notes entrées, l’E-A permet de les corriger en pas à pas (valeur, hauteur et durée) alors que l’E-R permet d’ajouter un accent global sur chaque pas, seul témoignage du respect de la vélocité. L’accent et les entrées audio se programment comme les pistes de percussions, en pas à pas ou en temps réel.
Sur une piste audio, dès que l’on enclenche une note, on autorise le passage du signal présent aux entrées audio. Grâce au réglage du déclin, on peut ainsi se fabriquer des effets staccato très prisés en Techno à partir d’un CD ou d’un autre synthétiseur. Les résultats sont particulièrement probants sur des nappes tenues évolutives ou des choeurs. Dernier point, chaque piste (2 sur l’E-A et 8 simultanées sur l’E-R, 6 internes et 2 externes) peut être enregistrée en temps réel avec les mouvements de l’un des potentiomètres de la face avant, histoire de mettre du mouvement. Ces « Motions Sequences » peuvent s’effectuer en mode progressif ou abrupt. Dommage qu’on se limite à un seul paramètre et que l’édition a posteriori ne soit pas possible. Si cela ne plaît pas, il faut refaire toute la mesure, aussi bestial qu’une charge de Mammouths !
Electrika Salsa
Une fois les Patterns terminés, les Electribes permettent de les assembler en 16 Songs. Chacune peut être constituée de 256 pas dans lesquels on mémorise le numéro de Pattern. S’y ajoute la tonalité sur l’E-A, avec une plage de plus ou moins deux octaves. En édition, il est bien sûr possible d’insérer ou supprimer un pas et de modifier le numéro de Pattern affecté à un pas déterminé. Plus fort, les Electribes permettent également d’enregistrer le mouvement des potentiomètres et des interrupteurs de la face avant au sein des Songs, comme cela était le cas au sein des Patterns. L’E-R autorise même de muter ou d’isoler chacune de ses pistes de percussions ou externes, idéal pour casser la monotonie ou se fabriquer un morceau complet à partir d’un seul Pattern (si, si, certains y arrivent !).
Plus sérieusement, l’enregistrement des mouvements des potentiomètres en mode Song est tout de même plus costaud qu’en mode Pattern, puisque tout ce qui bouge en même temps est mémorisé sur la piste sélectionnée. Avec deux mains, on peut déjà faire pas mal de dégâts, mais rien n’empêche d’inviter les membres d’une tribu voisine pour faire bouger simultanément un maximum de potentiomètres (il conviendra de choisir des Papous de préférence, car les commandes des Electribes sont assez proches). Dommage qu’il n’y ait pas de mode « Overdub » dans lequel on puisse enregistrer en plusieurs passages. Par contre, il n’y a pas le moindre séquenceur linéaire multipiste en vue, comme cela était le cas sur le RM1x. Autrement dit, on se contente d’un simple assemblage, comme sur les MC Roland.
Midialecte
Sur le plan du Midi, nos machines ne parlent que quelques mots, mais cela leur suffit pour bien se faire comprendre. L’E-A fonctionne sur deux canaux séparés alors que l’E-R est monocanal. Chaque unité est capable de transmettre et de recevoir l’intégralité de ses Patterns, de ses Songs et de l’ensemble de ses mémoires par Midi Dump. Impossible cependant d’envoyer ou de recevoir les données d’un Pattern ou d’une Song séparés, même celui ou celle en cours, dommage. Un éditeur informatique ou un gestionnaire de banque serait le bienvenu, Monsieur Korg ! Par contre, tout mouvement des potentiomètres de la face avant se traduit par l’émission de messages de contrôleurs Midi, merci. Réciproquement, les Electribes reconnaissent la réception des mêmes messages de contrôleurs, ce qui permet, à partir d’un séquenceur externe, de se fabriquer des Songs évolutives à souhait avec une précision optimale, sans faire appel aux voisins. Il est également possible de filtrer les changements de programmes / banques / Songs, les messages de contrôleurs et les messages de Sysex (simultanément en émission et en réception). Enfin, les Electribes reconnaissent les messages de Song Position Pointer, ce qui leur permet de s’y retrouver au beau milieu d’une chanson brusquement interrompue par une attaque ennemie à la sarbacane.
Electributaires
Au final, nos deux Electribes forment le couple TB-303 & TR-606 des temps modernes. La synthèse à modélisation a remplacé les composants analogiques et les mouvements des potentiomètres peuvent enfin être mémorisés. De plus, tout ce beau monde travaille en parfaite synchronisation avec toutes les tribus de la planète Dance, du moins celles qui parlent Midi. Nous avons particulièrement apprécié leur grain sonore, leur extrême simplicité d’utilisation, la qualité de la modélisation analogique de l’E-A, la patate des percussions synthétisées de l’E-R, ainsi que les possibilités de traitement de signaux audio externes, chaque machine ayant sa propre façon de faire. En revanche, certaines spécifications techniques sont en retrait : polyphonie, multitimbralité, ignorance des messages de vélocité (sauf E-R qui les transforme en accentuation), paramètres de synthèse et d’édition limités, voilà qui laissera sur leur faim les habitués des gros systèmes ou des nombres à plus de deux chiffres. Mais pour la cible visée, à savoir les musiciens DJ, les Electribes sont de belles machines capables de travailler correctement au beau milieu de platines et d’en tirer parti, un argument de poids que leurs concurrents ne proposent pas. Quoi qu’il en soit, si l’union des deux tribus s’impose dans la plupart des cas, il s’agit bien d’un mariage d’intérêt pour partir côte à côte à la guerre du feu.
Glossaire
Song Position Pointer : message permettant à une machine Midi d’émettre ou de recevoir la position au sein d’un morceau.
Mode Overdub : mode d’enregistrement où les nouvelles données s’ajoutent aux données déjà enregistrées.
Mode Replace : mode d’enregistrement où les nouvelles données remplacent et écrasent les données existantes.