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Test des Korg Electribe Ea-1 & Electribe Er-1 - Retour aux sources

Après Roland et Yamaha, c’est au tour de Korg de présenter sa propre vision des machines à Groove. Jouant sur la complémentarité synthétiseur à modélisation / boîte à rythmes, les Electribes s’y mettent à deux pour tenter de détrôner une concurrence déjà bien installée. Allons-nous succomber à leurs danses tribales ?

Présent depuis le tout début sur le marché des claviers élec­tro­niques, Korg a rapi­de­ment aban­donné la construc­tion d’orgues d’ap­par­te­ment pour s’at­taquer bille en tête aux synthé­ti­seurs. On doit notam­ment au construc­teur le MS-20, petit modu­laire mono­pho­nique abor­dable et idéal pour les sons qui bougent dans tous les sens. Il n’y a qu’à écou­ter le dernier album de Madonna pour s’en convaincre. Plus proche mais tout de même âgé de dix ans déjà, le superbe M1 fixait les stan­dards de la Works­ta­tion moderne. Aujour­d’hui encore, les construc­teurs déclinent (un peu trop à notre goût) cette approche, vision­naire à l’époque où le D50 dansait sur les cendres encore chaudes du DX7. Korg nous a ensuite grati­fiés de son magni­fique Trinity, dont le flam­beau est en passe d’être repris par le Triton. Le construc­teur japo­nais, fort d’une puis­sance de feu redou­table, n’a par ailleurs pas hésité à s’in­té­res­ser au marché des synthé­ti­seurs à modé­li­sa­tion (Prophecy, Z1), aux effets, aux enre­gis­treurs, aux consoles numé­riques et aux solu­tions infor­ma­tiques inté­grées. Par contre, la dernière boîte à musique du géant japo­nais remonte à la DDD-1, une boîte à rythmes fort sympa­thique des années 80 où l’uti­li­sa­teur pouvait lui-même échan­tillon­ner et sauve­gar­der sur cartes ses propres percus­sions. Depuis ce long silence radio, les musiques Techno / Dance ont déferlé sur les ondes et les véné­rables cousins nippons ne se sont pas fait attendre : Roland avec la série MC et Yamaha avec le RM1x, deux approches très simi­laires. Korg contre-attaque aujour­d’hui avec deux modules dédiés aux musiques qui bougent, l’Elec­tribe A (Analog Mode­ling Synthe­si­zer) et l’Elec­tribe R (Rhythm Synthe­si­zer), un couple de joyeux sauvages qui s’adresse tout parti­cu­liè­re­ment aux musi­ciens DJ. Voyons quel sort nous réservent le Grand Chef et le Sorcier de cette tribu élec­trique. 

Primi­tif abord

Korg Electribe Ea-1 & Electribe Er-1

Présen­tées dans un boîtier de 30 × 20 centi­mètres à façade alumi­nium brossé, les Elec­tribes font dans la caté­go­rie poids plume, avec un peu plus d’un kilo sur la balance. Outre le partage de l’em­bal­lage, nos deux guer­rières nous montrent un dos assez simi­laire : L’in­ter­rup­teur marche / arrêt jouxte la fiche coaxiale pour alimen­ta­tion externe (DC 9V four­nie avec bloc-prise à l’ex­tré­mité, peu pratique). Vient ensuite un trio Midi au grand complet, suivi des entrées audio, des sorties audio et de la prise casque, toutes au format jack 6,35mm. La ressem­blance vesti­men­taire s’ar­rête là, puisque si les deux Elec­tribes possèdent deux sorties audio, celles de l’E-A sont confi­gu­rées en deux sorties mono­diques, une par canal. En revanche, celles de l’E-R forment une vraie paire stéréo­pho­nique. La distinc­tion se fait égale­ment au niveau des entrées, mono pour l’E-A et stéréo pour l’E-R.

Korg Electribe Ea-1 & Electribe Er-1

Sur la façade avant, on retrouve sur les deux machines un air de famille : en haut à gauche, une section de contrôle, compo­sée d’un poten­tio­mètre de volume, d’un affi­cheur mini­ma­liste à 3 diodes de 7 segments, d’une touche d’en­voi direct des entrées audio vers les sorties, d’un gros Alpha­dial, d’une touche « Write » et d’une matrice de commandes 5 lignes 4 colonnes. Celle-ci permet de choi­sir et de para­mé­trer les modes de jeu (Pattern, Song, Global ou Midi) et diffère très légè­re­ment d’une machine à l’autre. Juste en-dessous, on trouve la section simpli­fiée des commandes de trans­port du séquen­ceur (Record, Stop, Play / Conti­nue, Tap Tempo et Trans­pose (E-A) / Mute (E-R)). En bas, la section Pads est consti­tuée de 16 braves de l’es­pèce, illu­mi­nés mais hélas statiques, asso­ciés à deux flèches <>, une touche Shift et une touche Keyboard (E-A) ou Pattern Set (E-R). Sur l’E-A, les Pads sont orga­ni­sés comme un clavier d’une octave et demie (La à Do) trans­po­sable sur six octaves grâce aux deux flèches. Sur les deux modèles, ils peuvent servir à appe­ler direc­te­ment 64 Sets de Patterns privi­lé­giés, défi­nis au préa­lable par l’uti­li­sa­teur. Ils permettent égale­ment d’en­re­gis­trer en pas à pas (mode grille à la Roland), de déter­mi­ner la réso­lu­tion des mesures ou d’édi­ter les Patterns et les séquences.

Dernière section diffé­ren­ciant le plus les deux modèles, les commandes de synthèse. Sur l’E-A, on dispose de 10 poten­tio­mètres rota­tifs et 7 inter­rup­teurs pour régler les oscil­la­teurs, le filtre, le volume et les effets pour chacune des 2 parties. Sur l’E-R, la section synthèse comprend 10 poten­tio­mètres rota­tifs et 3 inter­rup­teurs. Par contre, une section supplé­men­taire de 13 pads statiques permet de program­mer les rythmes en temps réel, de sélec­tion­ner et muter les pistes à la volée, de mettre un soupçon d’ac­cent ou un peu de modu­la­tion en anneau. En tout cas, on applau­dit l’er­go­no­mie de nos deux guer­rières, ma foi fort enga­geantes. 

Two tribes

Korg Electribe Ea-1 & Electribe Er-1

Les Elec­tribes sont deux machines parfai­te­ment complé­men­taires compre­nant une partie synthèse (avec trai­te­ment de signaux externes) et une partie ryth­mique, toutes deux program­mables. L’E-A est un synthé à modé­li­sa­tion analo­gique qui produit 2 canaux mono­pho­niques distincts et un séquen­ceur de boucles capable de mémo­ri­ser 65.500 événe­ments. On se retrouve donc aux commandes de deux Prophecy simpli­fiés. L’E-R est une boîte à percus­sions capable de produire simul­ta­né­ment 6 voix de poly­pho­nie sur un seul canal Midi et de mémo­ri­ser 35.700 événe­ments. Les quatre premières voix sont confiées à un synthé­ti­seur de percus­sions et les deux suivantes sont obte­nues par lecture d’échan­tillons : il s’agit de deux couples Hi-Hats ouverte / fermée et cymbale Crash / Hand­clap. Chaque échan­tillon dispose bien de son propre Pad, mais chaque couple est exclu­sif. Un mini­ma­lisme d’au­tant plus regret­table que la machine ne renferme que quatre échan­tillons de base, diantre ! Heureu­se­ment que l’on peut en partie les retra­vailler avec quelques para­mètres. Ces données étant posées, exami­nons le son produit par ces deux machines.

Korg Electribe Ea-1 & Electribe Er-1

L’E-A propose de très belles sono­ri­tés de basses et de solos, avec une modé­li­sa­tion réus­sie et un bon punch. Parmi l’éven­tail sonore produit par la machine, on trouve des timbres très aigre­lets obte­nus par synchro­ni­sa­tion des oscil­la­teurs, des basses façon Moog bien filtrées et des accords à la quinte convain­cants. Sur l’E-R, on sent d’em­blée la puis­sance du synthé­ti­seur de percus­sions. Bass­drums analo­giques avec boos­ter de graves, Toms avec déclin néga­tif sur le Pitch, Snares cuisi­nées au bruit blanc et percus­sions en tout genre, la pano­plie est grande, surtout lorsqu’on sait le peu de para­mètres dispo­nibles. Mieux, la machine affiche un excellent punch, ce qui, pour des percus­sions, est la moindre des choses. Les percus­sions échan­tillon­nées sont très propres, comme toujours chez Korg, mais il n’y en a que quatre, rappe­lons-le.

Passons main­te­nant aux Patterns, l’autre raison d’exis­ter des Elec­tribes. Chacune propose 256 Patterns en Ram pure (de 1 à 4 mesures) chaî­nables en 16 séquences (de 1 à 256 pas). Les trois premières banques de 64 Patterns (Ram) sont program­mées d’usine par Korg, ce qui permet de ne pas partir de zéro. Dans la collec­tion, on trouve tout ce qui fera les beaux jours des musi­ciens Techno / Dance / Trance / House / Hip-Hop/ Drum’n Bass / Garage / Rock, y’en aura pour tout le monde ! Le mieux, c’est que les programmes d’usine des deux machines se corres­pondent (à quelques excep­tions près), ce qui donne une envie irré­sis­tible de prendre les deux. Nous avons notam­ment beau­coup appré­cié le travail effec­tué en temps réel sur les para­mètres de synthèse (filtres, pano­ra­mique, effets) mais aussi le bon feeling que permettent ces machines. Bref, un rendu de qualité et une complé­men­ta­rité qui saute d’em­blée aux oreilles ! 

Analog Tribe

Korg Electribe Ea-1 & Electribe Er-1

Sur les Elec­tribes, la program­ma­tion et la mémo­ri­sa­tion des para­mètres de synthèse s’ef­fec­tuent au sein des Patterns, à l’ins­tar des machines japo­naises concur­rentes. Il n’y a donc pas de liste sépa­rée de programmes dans laquelle on pour­rait venir piocher. Ce ne serait abso­lu­ment pas grave s’il était possible de disso­cier les para­mètres sonores des para­mètres de séquence au sein d’un même Pattern, afin de copier les uns sans affec­ter les autres. Reve­nons à la synthèse, avec, pour l’E-A, un schéma clas­sique à deux oscil­la­teurs. Chacun dispose de trois formes d’ondes géné­rées par modé­li­sa­tion : dent de scie, impul­sion et triangle. Les ondes du DCO1 ont une fonda­men­tale boos­tée par rapport à celles du DCO2, pour des sons de basse plus effi­caces. Le DCO1 est débrayable au profit d’une source audio externe (mono­dique), qui emprunte alors le parcours complet du signal, y compris filtre et effets. Les deux DCO peuvent être désac­cor­dés (gros­siè­re­ment ou fine­ment), synchro­ni­sés, modu­lés en anneau ou « déci­més ». Dans cette dernière option, la forme d’onde du DCO1 est échan­tillon­née et repro­duite à la fréquence du DCO2, idéal pour les rois du Grunge. Le mélange des deux DCO (ou du DCO2 + signal externe) attaque alors un filtre passe-bas réso­nant (nombre de pôles inconnu) d’une grande effi­ca­cité, dont la fréquence de coupure est modu­lable de façon bipo­laire par une enve­loppe simpli­fiée à l’ex­trême, puisqu’elle ne comporte qu’un temps de déclin, commun avec la section ampli­fi­ca­tion. Le signal attaque ensuite l’étage d’am­pli­fi­ca­tion qui possède une distor­sion (simple affaire de marche / arrêt) et un poten­tio­mètre program­mable de niveau. Enfin, le signal passe par un double proces­seur d’ef­fets capable de produire un Délai basé sur le tempo et un Chorus/Flan­ger, dont l’in­ten­sité et la vitesse sont para­mé­trables. Tous les para­mètres sont tota­le­ment indé­pen­dants pour les deux canaux sonores que peut produire la machine. Voilà, on nage dans l’ex­trême simpli­cité, Korg s’est concen­tré sur l’es­sen­tiel.

Au global, il manque tout de même à cette section synthèse quelques enve­loppes et surtout des LFO pour faire évoluer le son, rôles que l’Elec­tribe réserve appa­rem­ment à l’opé­ra­teur. Par contre, dommage que l’on soit en mono, même à la sortie des effets. Pour termi­ner, il faut savoir que les poten­tio­mètres ne fonc­tionnent qu’en mode « saut », ce qui limite leur utili­sa­tion en « live ». Par contre, une petite diode s’al­lume dès qu’une commande passe par sa valeur stockée, ce qui est une excel­lente initia­tive, étant donné que l’af­fi­cheur reste muet quant à la valeur des para­mètres. 

Percus­sive Tribe

L’E-R dispose d’une section de synthèse complè­te­ment diffé­rente de sa collègue. Suivant la source sélec­tion­née (percus­sions analo­giques, échan­tillons ou entrées audio), les commandes dispo­nibles diffèrent. La plus complète est celle des percus­sions analo­giques, dont chacun des quatre exem­plaires dispose de réglages indé­pen­dants. La section oscil­la­teur possède un unique DCO. On a le choix de la forme d’onde (sinus ou dent de scie), de sa hauteur, de la profon­deur et de la vitesse de modu­la­tion. Il y a six types de modu­la­tions d’os­cil­la­teur : les quatre premiers sont des LFO (dent de scie descen­dant, carré, triangle et aléa­toire), la suivante une compo­sante de  bruit (pour les caisses claires) et la dernière une enve­loppe descen­dante (pour les Toms élec­tro­niques). Même si cela semble assez complet pour des percus­sions, les mélanges de modu­la­tions sont impos­sibles sur une même piste.

Korg Electribe Ea-1 & Electribe Er-1

Vient ensuite une section ampli­fi­ca­teur à quatre poten­tio­mètres : déclin du volume, niveau, pano­ra­mique (oui !) et boos­ter de graves (oui oui !). Pour les quatre sons PCM de Hi-Hats, Crash et Hand­clap, les seuls para­mètres acces­sibles sont la tona­lité et les quatre para­mètres de la section ampli­fi­ca­tion. C’est peu, même si l’ac­cès est indé­pen­dant pour les quatre sons. Enfin, les parties audio disposent des réglages de déclin, pano­ra­mique, boos­ter de graves et niveau. Le déclin fonc­tionne comme un temps de Gate, car comme nous allons le voir, l’in­té­rêt de ces pistes est la produc­tion de séquences stac­cato à partir de sources audio conti­nues. Avant de sortir dans la jungle, les signaux passent par un effet global de Cross Delay stéréo­pho­nique. Ce dernier peut soit être basé sur le tempo, soit modi­fiable et enre­gis­trable en temps réel au sein des Patterns grâce aux « Motion Sequences » sur lesquelles nous revien­drons. Les para­mètres dispo­nibles sont la fréquence et la profon­deur. Pour salir le son, l’E-R est capable de produire deux modu­la­tions en anneau à partir de deux paires de pistes : entre les pistes 1 et 2 (percus­sions synthé­ti­sées) et entre la piste 4 (percus­sion synthé­ti­sée) et les pistes externes. Ceci donne des résul­tats très inté­res­sants sur des boucles audio et repré­sente un bon stimu­lant pour la créa­ti­vité, merci ! En résumé, une section synthèse mélan­geant origi­na­lité et dépouille­ment, dans laquelle on regrette en parti­cu­lier l’ab­sence de para­mètres de synthèse plus touf­fus tels que des filtres réso­nants. Ce rôle est clai­re­ment réservé à l’E-A, Korg ayant bien pris soin de ne pas créer le moindre double emploi entre ses deux machines. Un posi­tion­ne­ment qui nous pousse encore à prendre les deux. 

Tribal Jam

Korg Electribe Ea-1 & Electribe Er-1

Si les Elec­tribes s’ar­rê­taient là, ce seraient de petits modules sonores assez sympa­thiques mais un peu limi­tés, surtout pour faire évoluer les sons en temps réel. Heureu­se­ment, elles sont conçues autour d’un séquen­ceur de boucles mélan­geant événe­ments de notes et de para­mètres. Au préa­lable, on déter­mine le nombre de mesures (1 à 4) et le nombre de pas des mesures (12 ou 16) à l’aide des Pads et de la touche Shift. Chaque machine auto­rise l’en­re­gis­tre­ment de notes en temps réel ou en pas à pas. Pour le temps réel, on active le clavier de l’E-A, le mode Pads de l’E-R étant toujours actif grâce à la petite section Pads évoquée plus haut. Pour lancer l’en­re­gis­tre­ment, tout se passe comme sur un magnéto (touche « Record » puis « Play »). Les machines sont capables d’ef­fec­tuer un décompte d’une ou deux mesures et un métro­nome peut être activé en lecture et / ou en enre­gis­tre­ment. Les notes sont entrées à la volée (Pads du bas pour l’E-A et Pads de percus­sions pour l’E-R) et auto­ma­tique­ment quan­ti­sées au pas le plus proche (24 bpqn). Pour casser cette rigueur, un mode Swing permet de déca­ler les notes des mesures quater­naires de 50 à 75%.

En mode pas à pas, les notes sont entrées grâce à la rangée de Pads infé­rieurs, chacun repré­sen­tant un pas sur la grille de mesures, comme chez Roland. L’en­re­gis­tre­ment s’ef­fec­tue en lecture (eh oui !), sachant que sur l’E-A, il suffit que le mode clavier soit désac­tivé et que sur l’E-R, on sélec­tionne la piste de percus­sion en appuyant simple­ment sur l’un des Pads de percus­sions (comme le Pad sélec­tionné s’al­lume, on n’est jamais perdu). Lorsqu’un pas est activé, la touche corres­pon­dante de la grille est allu­mée. Grâce aux flèches <>, on peut rapi­de­ment sélec­tion­ner l’une des quatre mesures. Une fois les notes entrées, l’E-A permet de les corri­ger en pas à pas (valeur, hauteur et durée) alors que l’E-R permet d’ajou­ter un accent global sur chaque pas, seul témoi­gnage du respect de la vélo­cité. L’ac­cent et les entrées audio se programment comme les pistes de percus­sions, en pas à pas ou en temps réel.

Sur une piste audio, dès que l’on enclenche une note, on auto­rise le passage du signal présent aux entrées audio. Grâce au réglage du déclin, on peut ainsi se fabriquer des effets stac­cato très prisés en Techno à partir d’un CD ou d’un autre synthé­ti­seur. Les résul­tats sont parti­cu­liè­re­ment probants sur des nappes tenues évolu­tives ou des choeurs. Dernier point, chaque piste (2 sur l’E-A et 8 simul­ta­nées sur l’E-R, 6 internes et 2 externes) peut être enre­gis­trée en temps réel avec les mouve­ments de l’un des poten­tio­mètres de la face avant, histoire de mettre du mouve­ment. Ces « Motions Sequences » peuvent s’ef­fec­tuer en mode progres­sif ou abrupt. Dommage qu’on se limite à un seul para­mètre et que l’édi­tion a poste­riori ne soit pas possible. Si cela ne plaît pas, il faut refaire toute la mesure, aussi bestial qu’une charge de Mammouths ! 

Elec­trika Salsa

Une fois les Patterns termi­nés, les Elec­tribes permettent de les assem­bler en 16 Songs. Chacune peut être consti­tuée de 256 pas dans lesquels on mémo­rise le numéro de Pattern. S’y ajoute la tona­lité sur l’E-A, avec une plage de plus ou moins deux octaves. En édition, il est bien sûr possible d’in­sé­rer ou suppri­mer un pas et de modi­fier le numéro de Pattern affecté à un pas déter­miné. Plus fort, les Elec­tribes permettent égale­ment d’en­re­gis­trer le mouve­ment des poten­tio­mètres et des inter­rup­teurs de la face avant au sein des Songs, comme cela était le cas au sein des Patterns. L’E-R auto­rise même de muter ou d’iso­ler chacune de ses pistes de percus­sions ou externes, idéal pour casser la mono­to­nie ou se fabriquer un morceau complet à partir d’un seul Pattern (si, si, certains y arrivent !).

Korg Electribe Ea-1 & Electribe Er-1

Plus sérieu­se­ment, l’en­re­gis­tre­ment des mouve­ments des poten­tio­mètres en mode Song est tout de même plus costaud qu’en mode Pattern, puisque tout ce qui bouge en même temps est mémo­risé sur la piste sélec­tion­née. Avec deux mains, on peut déjà faire pas mal de dégâts, mais rien n’em­pêche d’in­vi­ter les membres d’une tribu voisine pour faire bouger simul­ta­né­ment un maxi­mum de poten­tio­mètres (il convien­dra de choi­sir des Papous de préfé­rence, car les commandes des Elec­tribes sont assez proches). Dommage qu’il n’y ait pas de mode « Over­dub » dans lequel on puisse enre­gis­trer en plusieurs passages. Par contre, il n’y a pas le moindre séquen­ceur linéaire multi­piste en vue, comme cela était le cas sur le RM1x. Autre­ment dit, on se contente d’un simple assem­blage, comme sur les MC Roland. 

Midia­lecte

Korg Electribe Ea-1 & Electribe Er-1

Sur le plan du Midi, nos machines ne parlent que quelques mots, mais cela leur suffit pour bien se faire comprendre. L’E-A fonc­tionne sur deux canaux sépa­rés alors que l’E-R est mono­ca­nal. Chaque unité est capable de trans­mettre et de rece­voir l’in­té­gra­lité de ses Patterns, de ses Songs et de l’en­semble de ses mémoires par Midi Dump. Impos­sible cepen­dant d’en­voyer ou de rece­voir les données d’un Pattern ou d’une Song sépa­rés, même celui ou celle en cours, dommage. Un éditeur infor­ma­tique ou un gestion­naire de banque serait le bien­venu, Monsieur Korg ! Par contre, tout mouve­ment des poten­tio­mètres de la face avant se traduit par l’émis­sion de messages de contrô­leurs Midi, merci. Réci­proque­ment, les Elec­tribes recon­naissent la récep­tion des mêmes messages de contrô­leurs, ce qui permet, à partir d’un séquen­ceur externe, de se fabriquer des Songs évolu­tives à souhait avec une préci­sion opti­male, sans faire appel aux voisins. Il est égale­ment possible de filtrer les chan­ge­ments de programmes / banques / Songs, les messages de contrô­leurs et les messages de Sysex (simul­ta­né­ment en émis­sion et en récep­tion). Enfin, les Elec­tribes recon­naissent les messages de Song Posi­tion Poin­ter, ce qui leur permet de s’y retrou­ver au beau milieu d’une chan­son brusque­ment inter­rom­pue par une attaque enne­mie à la sarba­cane.

Elec­tri­bu­taires

Au final, nos deux Elec­tribes forment le couple TB-303 & TR-606 des temps modernes. La synthèse à modé­li­sa­tion a remplacé les compo­sants analo­giques et les mouve­ments des poten­tio­mètres peuvent enfin être mémo­ri­sés. De plus, tout ce beau monde travaille en parfaite synchro­ni­sa­tion avec toutes les tribus de la planète Dance, du moins celles qui parlent Midi. Nous avons parti­cu­liè­re­ment appré­cié leur grain sonore, leur extrême simpli­cité d’uti­li­sa­tion, la qualité de la modé­li­sa­tion analo­gique de l’E-A, la patate des percus­sions synthé­ti­sées de l’E-R, ainsi que les possi­bi­li­tés de trai­te­ment de signaux audio externes, chaque machine ayant sa propre façon de faire. En revanche, certaines spéci­fi­ca­tions tech­niques sont en retrait : poly­pho­nie, multi­tim­bra­lité, igno­rance des messages de vélo­cité (sauf E-R qui les trans­forme en accen­tua­tion), para­mètres de synthèse et d’édi­tion limi­tés, voilà qui lais­sera sur leur faim les habi­tués des gros systèmes ou des nombres à plus de deux chiffres. Mais pour la cible visée, à savoir les musi­ciens DJ, les Elec­tribes sont de belles machines capables de travailler correc­te­ment au beau milieu de platines et d’en tirer parti, un argu­ment de poids que leurs concur­rents ne proposent pas. Quoi qu’il en soit, si l’union des deux tribus s’im­pose dans la plupart des cas, il s’agit bien d’un mariage d’in­té­rêt pour partir côte à côte à la guerre du feu.

Glos­saire

Song Posi­tion Poin­ter : message permet­tant à une machine Midi d’émettre ou de rece­voir la posi­tion au sein d’un morceau.

Mode Over­dub : mode d’en­re­gis­tre­ment où les nouvelles données s’ajoutent aux données déjà enre­gis­trées.

Mode Replace : mode d’en­re­gis­tre­ment où les nouvelles données remplacent et écrasent les données exis­tantes.

  • La simplicité d’utilisation
  • La qualité sonore
  • Le punch des sons, très francs
  • La qualité de la modélisation de l’E-A
  • La qualité des percussions analogiques de l’E-R
  • L’enregistrement du mouvement des potentiomètres
  • La mémoire de Patterns et de Songs, non volatile
  • Le look, très réussi
  • Les traitements audio externes
  • E-A : seulement bitimbral et duophonique
  • E-R : pas assez de percussions échantillonnées
  • Les paramètres de synthèse, peu nombreux
  • Les possibilités d’édition, assez réduites
  • Les « sauts » des potentiomètres
  • La vélocité ignorée (E-A) ou recodée en simple accent (E-R)
  • Pas de mode « Overdub » en enregistrement de Motions
  • Soda Soft 4 posts au compteur
    Soda Soft
    Nouvel·le AFfilié·e
    Posté le 20/02/2022 à 15:39:43
    Bonjour,

    J'ai très apprécié cet article Synthwalker et merci beaucoup pour tous ces tests que vous réalisez. C'est toujours très pertinent et très utile avant d'acheter une machine de vous lire ! Donc merci beaucoup.
    Concernant l'Er1 j'aimerai éclaircir un point qui me paraît pas très clair.
    Est-ce de l'analogique ou de la modélisation analogique les quatres premières partie?
  • Ho'Dog 24735 posts au compteur
    Ho'Dog
    Vie après AF ?
    Posté le 20/02/2022 à 16:16:33
    Modélisation...
  • Soda Soft 4 posts au compteur
    Soda Soft
    Nouvel·le AFfilié·e
    Posté le 01/04/2022 à 22:32:11
    Il me semblait bien effectivement...
    Merci pour ta confirmation Ho'Dog

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