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Test de la Duesenberg Starplayer TV Goldtop - Luxe, vintage et personnalité

8/10

Gibson ou Fender ? Fender ou Gibson ? Vous êtes las de devoir toujours prendre parti dans ce débat sans fin. Las des bimbos américaines dont la légende et les derniers charmes ne vous font même plus rêver. Vous aimeriez parfois sortir des sentiers battus, essayer quelque chose de différent, de plus exotique et même pourquoi pas ressentir à nouveau de la passion pour une compagne de caractère qui ne vous perturbe pas trop dans vos repères. Ça tombe bien, ce mois-ci la rédaction d’Audiofanzine vous propose de prolonger vos vacances d’hiver : chaussez vos s(k)ix cordes, on vous emmène faire du hors-piste !

Nous regar­de­rons vers l’est, pour une fois, du côté de l’Al­le­magne et de Hanovre préci­sé­ment (plus répu­tée pour son exper­tise dans le domaine de la musique que dans celle du domaine skiable) avec le test de la Star­player TV de Duesen­berg. Du hors-piste quand même bien balisé : si la marque germa­nique est beau­coup moins connue du grand public que ses consœurs U.S, elle s’en inspire pour­tant forte­ment, mais en ajou­tant à ses instru­ments des petites touches vintage et « deutsche qualität » qui les démarquent des innom­brables imita­tions sans person­na­lité, leur faisant au passage gagner l’in­té­rêt de bon nombre de connais­seurs (dont Ron Wood, entre autres). Le modèle qui nous occupe ici est le « flag­ship », comme le veut le terme marke­ting consa­cré, de la firme, en fini­tion Gold­top. Il est distri­bué depuis 2006 avec les carac­té­ris­tiques tech­niques que nous allons vous présen­ter. Presque 10 ans après, il était vrai­ment temps d’en parler !

« Baby you can drive my car, Yes I’m gonna be a star »

Pour la petite histoire, « Duesen­berg » était, dans les années 30, un construc­teur améri­cain de voitures de luxe convoi­tées par les plus grandes stars de Holly­wood. Ceci explique sans doute les réfé­rences esthé­tiques chic et « Art déco », chrome et nickel, typiques des créa­tions du patron luthier Dieter Göls­dorf. Veuillez, je vous prie, obser­ver sur les photos le souci des détails qui confèrent à la guitare un aspect vintage respi­rant la classe : le logo style « D aéro­dy­na­mique » au-dessus du manche sur la table, le cache truss-rod « Duesen­berg » métal­lique, le numéro de série inscrit derrière la tête sur une plaque métal­lique vissée (bien diffé­rente des impres­sions souvent faites à l’ar­rache, même sur des guitares haut de gamme !), les lise­rés métal­liques qui entourent les micros, l’imi­ta­tion Bigsby plus-old-school-tu-meurs, les méca­niques qu’on ne trou­vera nulle part ailleurs, à 3 plis en réfé­rence au logo, comme sur le haut de la tête, du pick­guard en plas­tique (dont l’ac­croche est toujours en métal, toujours à 3 plis), du capu­chon du sélec­teur de posi­tion, du bout de la tige de vibrato, du haut des potards et même de l’en­trée jack ! Große Große Große perso­na­lität!

Duesenberg Starplayer TV Goldtop

D’au­tant que la fini­tion de notre instru­ment est tip top, nous n’avons trouvé aucun défaut, le binding de la table est soigné, celui en érable de la tête est magni­fique et les assem­blages ont été propre­ment réali­sés. La seule objec­tion que l’ont pour­rait formu­ler concer­ne­rait le gold­top à paillettes qui tire sur le caca d’oie (c’est quand même assez incom­pré­hen­sible cette passion des Alle­mands pour le kaki et le caca d’oie depuis Derrick !). Des goûts et des couleurs…

Lors du test, le capu­chon métal­lique du sélec­teur de posi­tion est tombé (et il est assez lourd, tant pis pour mon parquet). Rien de grave, il suffi­sait de le resser­rer avec une clé Allen four­nie (parmi d’autres). Mais l’in­ci­dent m’a amené à ces inter­ro­ga­tions capi­tales : Si je l’avais perdu, aurais-je pu le rache­ter dans un maga­sin spécia­lisé ? Aurait-il fallu que je contacte direc­te­ment Duesen­berg ? Et combien cela aurait-il coûté ? Rensei­gne­ments pris auprès du distri­bu­teur, je l’au­rais retrouvé en pièce déta­chée, comme les autres parties, en cher­chant un peu en maga­sin. Tout va bien alors.

Si notre Doozy est visuel­le­ment plus que réus­sie, nous n’al­lons pas nous lais­ser séduire comme ça, nous ne sommes pas des guita­ristes faciles et nous exami­ne­rons de manière plus prag­ma­tique sa luthe­rie. 

 Forêt Noire

Duesenberg Starplayer TV Goldtop

Avec la Star­player TV, les emprunts aux grandes Améri­caines sont assez évidents : C’est une Semi-Hollow Body (poutre centrale + ouïe) type Fender Tele­cas­ter Thin­line avec une forme calquée sur la Gibson Les Paul, sans comp­ter son look Gret­schis­sime. Mais le choix des bois ainsi que la concep­tion sont moins conven­tion­nels. Duesen­berg a opté pour une table bombée en épicéa (dont nous ne pouvons pas juger la qualité sous la pein­ture), ce qui est plutôt surpre­nant quand on connait les proprié­tés d’am­pli­fi­ca­tion de cette essence souvent utili­sée sur des instru­ments acous­tiques, mais plus rare­ment sur les élec­triques qui en ont par défi­ni­tion beau­coup moins besoin (semi-hollow ou pas). L’in­té­rêt n’est pas énorme, à moins de vouloir allé­ger la guitare ? Le choix d’un fond bombé en érable flammé, plutôt mignon, est tout aussi intri­gant. C’est beau, mais qui le verra à part ma boucle de cein­ture (qui en profi­tera pour le rayer de temps en temps) ? Ma théo­rie est la suivante : les Alle­mands ont joué à fond la carte du vintage au point qu’ils ont voulu faire réfé­rence aux instru­ments du début du siècle dont la concep­tion était encore proche des violons, ce qui explique­rait le fond en érable. Années 30 pour le fond, années 50 et 60 (le gold­top) pour la forme, le mot d’ordre de cette Star­player TV est bien « Vintage ».

Duesenberg Starplayer TV Goldtop

Côté manche, moins de surprise avec une combi­nai­son érable/touche en palis­sandre plus tradi­tion­nelle. Nous nous abstien­drons de commen­ter la qualité de l’érable couvert de pein­ture noire, mais nous n’hé­si­te­rons pas à trou­ver le palis­sandre assez commun. Au passage, le travail du bois est réalisé en Corée, comme certaines pièces, d’autres viennent des USA (le sélec­teur), du Japon (l’élec­tro­nique), d’Ita­lie et bien sûr d’Al­le­magne où l’en­semble est monté, peint, vernis assem­blé, etc. Les frettes, au nombre de 22, sont de type jumbo, le radius de la touche est assez large (12 pouces) à la Ibanez, le diapa­son est long (64,7 mm) à la Fender, et le sillet est plutôt étroit (42 mm). Voilà encore une asso­cia­tion surpre­nante. Le manche n’est pas vrai­ment fin et le sillet pas vrai­ment large. Origi­nal, mais pertur­bant, il faudra véri­fier ça en pratique.

Quelles surprises nous réservent donc les acces­soires et l’élec­tro­nique ?

 Bigsby le Magni­fique

Duesenberg Starplayer TV Goldtop

Le titre de ce para­graphe est trom­peur bien que le vibrato qui équipe notre gratte, un Diamond Deluxe Tremola, soit clai­re­ment une imita­tion du Bigsby à la sauce alle­mande. L’ori­gi­nal étant loin de nous assu­rer une tenue d’ac­cord opti­male, Duesen­berg en a profité pour y appor­ter quelques modi­fi­ca­tions. Pas tant au bloc en lui même (quoique les cordes sont rete­nues par une barre en acier sous celle qui les enroule) qu’aux acces­soires : les méca­niques ne sont pas à blocage malgré leur appa­rence et le cheva­let est « flot­tant », il avance et recule légè­re­ment pour compen­ser les frot­te­ments des cordes sur les pontets. Honnê­te­ment, malgré ces amélio­ra­tions, il faudra réac­cor­der la guitare de temps en temps après son utili­sa­tion (vive­ment décon­seillée aux fans de Van Halen ou Joe Satriani !). Le gros plus de ce Diamond Deluxe est qu’il nous permet de régler l’angle de la tige de vibrato à notre guise au moyen d’une clé Allen pour qu’elle soit plus haute ou plus basse et sa longueur, plus longue ou plus courte (vive­ment conseillé aux fans de David Gilmour !). Et puis contrai­re­ment au Bigsby, nous pour­rons tour­ner la tige à 360° (pour la retour­ner, mais c’est encore décon­seillé, derrière le cheva­let et faire des effets « flut­ter » à la Steve Vai. J’étais bien obligé de le citer après les trois autres, pas réussi à placer Jeff Beck.)

Le micro cheva­let est un humbu­cker Grand Vintage et le micro manche un DP90 Domino qui, comme son nom l’in­dique, est une sorte de P-90 d’outre-Rhin. Ils sont pilo­tés par un potard de volume et un seul potard de tona­lité. Pour passer de l’un à l’autre, nous aurons un tradi­tion­nel sélec­teur à 3 posi­tions. Il est temps d’en user et d’en abuser (et pourquoi pas d’en faire tomber le capu­chon).

Miss Doozy et son chauf­feur

Les acces­soires en métal sur la tête me lais­saient craindre que la guitare ne pique du nez, mais une fois posée sur la cuisse, la Star­player TV est bien équi­li­brée. En revanche elle est assez diffi­cile à jouer, l’ac­tion est bien trop haute. Contrai­re­ment à la majo­rité des fabri­cants qui livrent leurs instru­ments en 9–42, celui-ci est équipé d’usine avec un bon 10–50. C’est une guitare d’homme et ça se sent. Elle ne convien­dra proba­ble­ment pas à tout le monde, certains la trou­ve­ront incon­for­table, à véri­fier, comme d’ha­bi­tude, en maga­sin. La bonne nouvelle c’est que du coup, elle ne frise pas du tout. À vide elle résonne correc­te­ment alors bran­chée, ça donne quoi ?

Duesenberg Starplayer TV Goldtop

Voici la chaîne utili­sée pour les enre­gis­tre­ments audio : Duesen­berg Star­player TV > Marshall JVM410H (sons clairs) / Mesa Boogie Triaxis2:20 (sons crunchs et satu­rés) > Simu­la­teur de HP Two Notes Torpedo Live > Carte son RME Fire­face 802.

Comme d’ha­bi­tude, les sons clairs pour commen­cer avec, pour chaque extrait, les 3 posi­tions de micro. Le premier exemple est un riff en strum­ming d’un gang de jeunes Austra­liens qui sévis­saient dans les 90’s, en bas du manche (non, les Austra­liens sévis­saient un peu partout, c’est moi qui joue en bas du manche). Je plaque le dernier accord pour véri­fier le sustain. J’opte sur le deuxième exemple pour un jeu plus arpégé avec de plus grandes varia­tions dyna­miques, bas et milieu du manche, sur un thème russe en accord. Enfin, j’im­pro­vise en solo un peu partout sur le manche au troi­sième exemple.

1 jvm410 clean strum­ming 3posi­tions
00:0001:02
  • 1 jvm410 clean strum­ming 3posi­tions 01:02
  • 2 jvm410 clean arpeges dyna­mique 3posi­tions 00:50
  • 3 jvm410 clean impro 3posi­tions 00:37

Nous remarque­rons que le son est très claquant et brillant. Pour avoir joué plusieurs heures dessus, j’ai constaté que toutes les harmo­niques sonnent, les accords sont aussi très bien défi­nis et l’in­to­na­tion est toujours juste. Une guitare pas vrai­ment confor­table, certes, mais aucune note ne lui résiste. Sur la posi­tion du milieu en solo, j’ima­gine qu’elle a dû faire tendre l’oreille à quelques fans de Mark Knop­fler. Je la trouve très effi­cace dans un contexte folk/pop, peut-être même coun­try, rockab’ sans problème, voire rock à la Arctic Monkeys. En jazz je l’ai trou­vée un peu trop brillante. Côté réfé­rence, ce n’est clai­re­ment pas Gibson, légè­re­ment Fender, un peu plus Gretsch, mais surtout fran­che­ment Duesen­berg. J’ai cepen­dant été un peu déçu par le sustain, parti­cu­liè­re­ment pour une guitare lorgnant du côté acous­tique de la force.

Duesenberg Starplayer TV Goldtop

Passons au son crunch sur une doublette Mesa Boogie Triaxis / 2:20 (sans reverb) pour voir si nos impres­sions se confirment. Un premier riff d’un chan­teur Améri­cain qui ferait mieux de retour­ner à la musique au lieu de s’es­sayer au cinéma, micro manche, qui prou­vera que les accords sont toujours aussi bien défi­nis, même en son crunch, avec des basses pas trop enva­his­santes et beau­coup de médiums. Sur le deuxième extrait, posi­tion du milieu, le thème d’un artiste cana­dien qui montre la capa­cité de notre instru­ment à bien faire entendre chaque note, même avec un son sale (je la trouve excel­lente dans ce contexte). Ensuite, un riff en strum­ming qui prouve que cette guitare à un sévère penchant pour la ryth­mique. Enfin, pour me contre­dire un peu, un petite impro bluesy solo dont le résul­tat sonore est loin d’être mauvais.

4 triaxis crunch neck
00:0000:25
  • 4 triaxis crunch neck 00:25
  • 5 triaxis crunch middle 00:49
  • 6 triaxis crunch bridge 00:15
  • 7 triaxis crunch impro 3posi­tions 00:29
Duesenberg Starplayer TV Goldtop

Finis­sons avec le son saturé. Sur le premier exemple, un riff où la corde de mi et les cordes graves seront très solli­ci­tées, pour véri­fier leur défi­ni­tion lorsque le son est beau­coup plus chargé, en posi­tion manche. Comme nous ne sommes pas encore tout à fait au prin­temps et pour célé­brer l’hi­ver, un thème alle­mand en solo sur le haut du manche, posi­tion manche juste­ment, sur le deuxième extrait. Pour finir en restant chez les Saxons, et puisque le modèle « Rocket » de la marque est sans aucun doute un hommage aux guita­ristes d’un groupe mondia­le­ment connu et à la longé­vité incroyable, origi­naire d’Ha­novre lui aussi, voici un de leurs riffs mi-mélo­dique mi-ryth­mique en posi­tion cheva­let.

8 triaxis higain neck ryth­mique
00:0000:27
  • 8 triaxis higain neck ryth­mique 00:27
  • 9 triaxis higain neck otan­nen­baum 00:33
  • 10 triaxis higain bridge riffal­le­mand 00:42

Nous consta­te­rons que cette Doozy est vintage jusqu’au bout des frettes. Que ce soit le P-90 ou même le humbu­cker, le niveau de sortie des micros ne semble pas spécia­le­ment élevé. On les entend pous­ser diffi­ci­le­ment le gain du Triaxis. Métal­leux passez votre chemin. Mais comme son look ne l’in­dique pas, je la vois quand même bien sonner dans une appli­ca­tion rock à la Foo Figh­ters, ou encore une fois, à la Arctic Monkeys.

 Wunder­bar ?

Amou­reux du vintage, amateurs de fortes iden­ti­tés sonores et visuelles, guita­ristes qui cher­chez à sortir du trou­peau sans vous égarer, cette Star­player TV vous comblera, à condi­tion que vous n’ayez pas peur de passer en salle de sport vous muscler la main gauche. Cet instru­ment se mérite, physique­ment, mais aussi finan­ciè­re­ment : Il vous faudra débour­ser dans les 1600 € pour en faire l’ac­qui­si­tion, sans flight case (vendu sépa­ré­ment, au prix de 185 €). S’il avait été offert (nous n’avons que quelques clés Allen et un chif­fon en acces­soires) le prix aurait paru plus inté­res­sant (enfin, si vous voulez vous faire peur, allez donc jeter un œil au prix améri­cain…). C’est une guitare à prendre telle qu’elle est ou à lais­ser, pas vrai­ment faite pour être pimpée, « radi­kale » oserais-je dire. Mais c’est aussi ce qui en fait un instru­ment spécial. Peut-être même un futur clas­sique ?

  • Duesenberg Starplayer TV Goldtop
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Notre avis : 8/10

  • Finition impeccable
  • Forte personnalité visuelle
  • Forte personnalité sonore
  • Originale
  • Sons bien définis
  • Réglage (en hauteur et en longueur) de la tige du vibrato
  • Le goldtop discutable
  • Confort de jeu moyen
  • Pas si « acoustique » que ça
  • Flight case non fourni

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