Si les anglophones utilisent le mot « cou » (neck) pour décrire la proéminence sur laquelle nos mains évoluent, nous autres français préférons parler de manche.
Bien qu’une étude psychanalytique approfondie pour trouver les causes de cette différence lexicale puisse être tout à fait passionnante, nous allons plus modestement faire le tour desdits manches afin d’en comprendre les caractéristiques de base en termes de confort.
Sticky fingers
Tout comme vos étagères, votre manche peut être verni ou non.
Un manche simplement poncé nécessite un entretien rigoureux, car le bois reste poreux et se remplit de toutes les cochonneries présentes sur vos mimines. Moyennant une application régulière de cire ou d’huile, vous aurez droit à une autoroute qui pourra rivaliser avec le riz de l’Oncle Ben. Bien sûr, l’absence de couche protectrice rend les manches « naturels » moins résistants aux chocs, sans incidence majeure sur leur longévité.
Quant aux manches vernis, la qualité de la pose et la finesse des couches appliquées comptent presque autant que le type de protecteur utilisé. J’exagère sans doute un peu, car de grandes différences existent entre les différents vernis. Typiquement, un nitrocellulosique sera peut-être plus esthétique qu’un polyuréthane, mais pourra vous causer des soucis si vous transpirez beaucoup des mains. De manière générale, ceux qui souffrent de surproduction de la part de leurs glandes sudoripares auront tout intérêt à passer du temps dans leur magasin de musique préféré pour tester le manche convoité en conditions « poisseuses ».
Profilage
La coutume veut que l’on utilise des lettres pour qualifier le profil dorsal des manches de guitare :
- C : © correspondant à un manche rond, « passe-partout », avec une épaisseur moyenne
- D : (D) de faible épaisseur, ce profil présente une courbure aplatie en son centre. Il est apprécié des adeptes de la position académique
- U : un profil proche d’un C qui aurait pris du poids. Les amateurs de « pouce par dessus » l’adorent
- V : épais ou fin, ce profil plus rare est convoité par les « techniciens » et plutôt déconseillé aux débutants.
T’en as un beau radius !
Le profil dorsal doit être associé au radius (la courbure de la touche) et au type de frettes utilisées pour déterminer le toucher global du manche.
Deux principaux types de touches existent :
Les guitares à faible radius (autrement dit les touches plutôt bombées) sont le plus souvent agrémentées de frettes « medium » assez fines et relativement pointues.
Les manches dont le radius est supérieur à 10 pouces sont habituellement équipés de frettes « jumbo » plutôt larges et plates.
Chacun fait fait fait C’qui lui plaît plaît plaît
La taille des mains et des doigts en particulier fait fantasmer tout un tas de choses sur le type de manche censé résoudre tous les problèmes. Or, des bassistes à petites mains jouent sur des troncs d’arbre et des guitaristes à grosses paluches choisissent parfois les manches les plus fins.
Gardez donc à l’esprit que le manche parfait est celui que vous aurez envie d’astiquer tous les jours !