A 23 ans, François Maigret alias Shanka n'est déjà plus un débutant. Multi-instrumentiste en général et guitariste de No One is Innocent en particulier, il revient pour Audiofanzine sur son parcours, ses influences, son matos et nous fait même l'honneur d'une petite démo en MP3 et en Vidéo...
AF : Qui es-tu Shanka ?
Shanka : Je m’appelle François Maigret (aka Shanka), j’ai 23ans et je joue de la guitare, de la basse, du saz (un instrument turc), du piano et un peu de batterie – quand j’en croise une.
AF : Tu joues de nombreux instruments : en quoi cela nourrit-t-il ton jeu de guitare et ta vision de la musique ?
Shanka : Tout être humain « normal » voit sa composition et son choix de notes conditionné par l’instrument sur lequel il joue. Jouer sur d’autres instruments permet de découvrir de nouveaux horizons, de nouvelles approches harmoniques, de nouvelles tessitures…
AF : Quelles ont été tes plus grandes influences ?
Shanka : Mon jeu de guitare a certainement été très influencé par certains des « shredders » des 90', essentiellement Dweezil Zappa, Steve Vaï, Nuno Bettencourt…Par contre, quand je compose, mes pensées vont plus à des groupes comme Alice In Chains, King’s X, SludgeFest, Metallica…
Si je devait ne citer qu’une chanson, cela serait la reprise de « Personal Jesus » de Depeche Mode par Johnny Cash. Un solo? Celui de « Back in Black » d’AC/DC : on n’a jamais fait mieux…
AF : Qui mettrais-tu dans le groupe de tes rêves ?
Shanka : Histoire de rigoler un peu, je mettrais Jim Hall à la guitare, Robert trujillo à la basse, Tommy Lee à la batterie (période US festival 82') et Max Cavalera au chant…
L’aventure « No One »
AF : Quel a été ton parcours avant de rejoindre No One Is Innocent ?
Shanka : Je suis arrivé à Paris il y a deux ans et demie, j’ai rapidement intégré l’équipe rédactionnelle du magazine Guitar Part (pour lequel je travaille encore aujourd’hui) et le groupe de goth’n’roll Lycosia. Après avoir réalisé un album et une tournée avec eux, j’ai rencontré (grâce au batteur Don Ragno) les membres actuels de No One qui cherchaient un guitariste…
AF : Tu connaissais No One auparavant ?
Shanka : Je les avais vus en 97 aux Eurockéennes, j’avais beaucoup aimé. Je les ai vus aussi dans Nulle Part Ailleurs sur Canal à la même époque, j’avais enregistré leur prestation (je dois encore avoir la cassette quelque part…).
Autant te dire que lorsque je me suis retrouvé avec eux sur la grande scène des Eurocks cette année, ça m’a fait un drôle d’effet…
AF : Comment s’est passé ta découverte de la scène à l’échelle des concerts de No One ?
Shanka : J’ai beaucoup appris en très peu de temps grâce à une équipe très professionnelle à tous les niveaux.
Evidemment j’ai une grosse pression sur les épaules car je suis le plus jeune du groupe, le plus inexpérimenté, mais le challenge est tellement élevé qu’il en devient excitant.
Finalement, j’essaye juste de faire de mon mieux et de donner sang et tripes sur scène pour que les gens dans la salle se disent en sortant « bon sang je n’ai pas payé ma place pour rien »…
AF : Sang et tripes ?
Shanka : Oui, vraiment ! D’ailleurs, un conseil à tous les guitaristes : faites attention à vos mains quand vous bourrinez votre instrument! Récemment, je me suis blessé à la main droite en jouant comme un veau, résultat : je saignais tellement que mon médiator n’arrêtait pas de glisser…le gag de la savonette qu’on arrive pas à attraper! Sans parler des joies du nettoyage de l’instrument après…
Depuis, j’essaye de continuer d’attaquer franchement les cordes, mais cette fois avec plus de précision et moins de steak haché.
AF : Tu tournes avec No One mais tu as aussi participé aux sessions d’enregistrement de l’album. En tant que musicien, dans quel univers te sens tu le plus à ton aise : la scène ou le studio ?
Shanka : C’est différent, en studio je vais avoir des idées plus construites, plus « intellectuelles », tandis qu’en live l’urgence du moment est plus propice à des poussées d’adrénaline.
Comme je suis assez fainéant, je suis tenté de dire que je préfère le studio parce qu’on transpire moins, mais cela serait mentir, c’est trop bon de se lâcher sur scène au point d’avoir envie de foutre le feu à tout son matos…
Ca arrive plus rarement en studio, vous en conviendrez très cher…
AF : Que réponds-tu aux gens qui regrettent le côté trop pop du dernier album de No One ?
Shanka : Qu’ils viennent voir un concert, et qu’ils osent me dire que c’est pop!!!
Riff’n’Rig
AF : Sur quelle(s) guitare(s) et quel(s) ampli(s) joues-tu ?
Shanka : Je joue essentiellement sur Washburn N4 et HB35, sur Gibson Les Paul, Fender telecaster. Quant à mon ampli, c’est un Trademark300 de Tech21.
Peux-tu m’en dire plus sur ta N4 ? Pourquoi celle-là et pas une autre ?
Shanka : J’ai d’autres guitares fétiches (aaaah, ma Les Paul… je ne m’en lasse pas…), mais la N4 est parfaite pour le jeu rapide et nerveux comme je l’aime. Et puis j’adore le côté « guitare d’apparence pourrie mais qui en fait sonne la mort » !
AF : Et du côté des effets, où vont tes préférences ?
Shanka : Mes effets regroupent une whawha 535 Dunlop, une Fuzz Probe et une seek’n’wah de Zvex, un octaver Ebs, un chorus/delay H2O visual sound, un phase shifter de boss, une réverbe ElectroHarmonix, et une Digitech Whammy.
AF : Que pense-tu des nouvelles technologies à modélisation (POD, Variax, etc) en terme de son et d’usage ?
Shanka : Le Pod est une tuerie, point barre. Aucun produit ne l’égale à l’heure actuelle, et tous les producteurs ont aujourd’hui un pod sur le coin de leur console au cas où…La Variax me laisse plus perplexe.
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AF : Peux-tu nous dire quelques mots sur ton home-studio?
Shanka : Je travaille sur un G4 doté d’une carte DIGI001 de digidesign ce qui me permet de travailler avec ProTools.
J’utilise une MC505 Roland uniquement pour son systeme de séquence que je trouve ultra pratique et un Yamaha RS7000 et un clavier MicroKorg pour les sons.
AF : Peux-tu nous parler de l’enregistrement du morceau ?
Shanka : Je ne me suis pas donné trop de mal tant au niveau du mix que de la qualité des prises, étant donné que cen’était qu’un pense-bête pour me rappeler des riffs.
J’ai enregistré deux fois la rythmique guitare (sur deux pistes pannées droite/gauche), puis la partie solo sur une troisième piste. J’ai programmé la batterie avec ma MC505 en utilisant des samples de batterie de Deftones…
Je n’ai pas traité les pistes, aucun EQ ni compresseur, j’ai juste mis un plug « maxim » et un dither sur la piste master.
AF : Sur le break de ton MP3, à 1:40, comment obtiens-tu le son de guitare qu’on entend à gauche ?
Shanka : Le son que tu entends est réalisé à l’aide de ma fidèle Fuzz Probe citée plus haut. C’est une pédale faite à la main aux US qu’il est très difficile de se procurer…
AF : Tu es un guitariste assez technique : que penses-tu de la folie actuelle pour le garage et du fait que les héros d’hier (Bettencourt, Satriani ou Vai) n’aient plus la faveur des charts aujourd’hui ?
Shanka : Peu importe, chacun fait ce qu’il veut…J’aime aussi certains groupes de garage, du moment que les riffs sont bien trouvés, peu importe le style ou le niveau technique.
AF : Certains clament haut et fort que le rock est mort : qu’en penses-tu ?
Shanka : Certains feraient peut être mieux de réfléchir avant de parler…
AF : Selon toi, à quoi ressemblera la musique dans 50 ans ?
Shanka : Aucune idée ! Je ne pense pas que les recettes d’aujourd’hui auront fondamentalement changé et que tout le monde écoutera du free-jazz cosmique, ces recettes seront affinées c’est tout…Comme toujours!