Janvier 2018, Universal Audio annonce l’Arrow, première interface audionumérique exclusivement Thunderbolt 3 de l’histoire. Le pari du constructeur américain est osé, le parc d’ordinateurs intégrant la dernière version de ce format de connexion restant limité, que ce soit du côté de la pomme ou de la fenêtre. L’apport du Thunderbolt 3 vaut-il cette prise de risque ? C’est ce que nous allons voir tout de suite…
S’il y a bien une chose incontestable avec le Thunderbolt 3, c’est sa capacité à envoyer plus de courant dans le périphérique qu’il alimente, et ça, Universal Audio l’a bien compris. En effet, un des points négatifs relevés dans le test de l’Apollo Twin est le bloc secteur nécessaire à son fonctionnement. Pour une interface audio facilement transportable, il faut avouer que c’est ballot. Heureusement, ce n’est pas le cas pour cette Arrow qui ne nécessite pour fonctionner qu’un câble Thunderbolt 3. Bon, OK, il n’est pas fourni et il faudra dépenser au moins une trentaine d’euros, soit environ 6 % du prix de l’interface, pour en faire l’acquisition, mais avouez que c’est quand même bien pratique ! Les plus matheux d’entre vous auront donc fait le calcul, l’Arrow est vendue 500 €. Et ça aussi, c’est une première chez Universal Audio. Autrefois, le billet d’entrée dans le monde du constructeur californien, représenté par l’Apollo Twin précitée, était fixé à 700 €. Alors me direz-vous, où les coupes ont-elles été faites ? C’est par ici que ça se passe.
UA réinvente l’Arrow
Et les plug-ins livrés ? L’Arrow est livrée avec 14 plug-ins dont les émulations de préampli à lampes 610-B et d’ampli guitare Marshall Plexi, mais aussi un LA-2A, un 1176 ou encore des égaliseurs Pultec. |
La première concession faite par le constructeur concerne la partie DSP, réduite à un UAD-2 SOLO, contrairement à la Twin proposée en version DUO ou QUAD. On aura donc logiquement deux fois moins de ressources processeur avec cette Arrow, ce qui signifie qu’il faudra faire des choix drastiques ou freezer ses pistes à tout va. Pour avoir une idée de ce que cette Arrow pourra lancer comme instances de plug-ins, référez-vous à ce tableau. On remarquera que les plug-ins les plus gourmands, souvent les plus récents, ne pourront avoir qu’une ou deux instances avec cette Arrow. Vous avez néanmoins l’assurance de pouvoir lancer tous les plug-ins du catalogue UAD.
Si vous aimez traiter à la prise, cela ne vous posera pas trop de problèmes étant donné que l’Arrow ne dispose que de deux entrées analogiques mic/line compatibles avec la technologie maison Unison. Exit donc l’entrée ADAT de la Twin, mais que voulez-vous, pour baisser les prix il faut aussi faire des choix. Côté sorties on retrouve aussi le strict minimum, une stéréo pour brancher vos enceintes, les sorties line out ayant été jugées inutiles sur une interface « entrée de gamme ». Pour le reste, on retrouve l’entrée instrument (compatible Unison elle aussi) et la sortie casque en façade (totalement indépendante des sorties à l’arrière), ce qui est fort pratique à l’utilisation. Le format Desktop permet quant à lui de proposer de manière ergonomique quelques boutons et potards.
On retrouve ainsi un gros potard de volume permettant de contrôler à la fois le niveau des sorties enceintes, mais aussi les gains des entrées analogiques suivant si vous avez appuyé sur les boutons monitor ou preamp situés juste en dessous. Une pression sur ce gros potard coupe les sorties en mode monitor, et passe de la première à la deuxième entrée en mode preamp. Sous les quatre séries de LED permettant d’afficher les niveaux des entrées et sorties de l’interface se trouve une rangée de boutons permettant de passer du niveau ligne au niveau micro ou instrument sur les entrées, d’enclencher un coupe-bas (à 75 Hz), d’activer l’alimentation fantôme 48 V, de mettre un pad d’atténuation de –20 dB sur les entrées micro, d’engager l’opposition de phase ou encore de lier les deux entrées pour qu’elles fonctionnent comme une seule et unique entrée stéréo. Pas grand-chose à redire là-dessus, c’est très complet et bien pensé.
Console-moi Côté logiciel, Universal Audio ne change pas une équipe qui gagne et nous retrouvons sans trop de surprise la même console virtuelle que celle équipant les Apollo. C’est une très bonne nouvelle, cette partie logicielle ayant eu le temps de mûrir ces dernières années, d’évoluer et de corriger ses défauts originels. Bien évidemment, le nombre d’entrées et sorties change, mais les utilisateurs d’Apollo retrouveront immédiatement leurs petits ! Il sera d’ailleurs possible de chainer cette Arrow avec des Apollo (3 en plus de l’Arrow) ou des DSP UAD-2, mais pas d’autres Arrow. |
Trois petits mots sur la qualité de fabrication et le look de l’interface en elle-même : rien à dire. C’est propre, classe et assorti aux derniers MacBook dont le clavier fonctionne mal et la barre tactile ne sert à rien. Universal Audio nous a habitués à cela depuis ses premières interfaces audio, mais il ne faut pas pour autant banaliser la chose. Leurs interfaces figurent parmi les plus belles du marché, c’est un fait indiscutable.
Benchmark
Avec la mémoire tampon réglée au minimum (32 échantillons), nous avons obtenu une latence de 4,2 ms en roundtrip, dont 0,7 ms en sortie. Un très bon résultat, digne des interfaces Thunderbolt ! Afin de tester l’interface, nous avons fait des benchmarks avec notre APx515 d’Audio Precision, et nous allons pouvoir comparer les résultats à ceux obtenus avec les interfaces précédemment testées.
Voici les résultats avec les niveaux ligne, à 96 kHz :
Avec une déviation de ±0,059 dB, l’Arrow fait aussi bien que la Twin mkII d’UA (±0,052 dB), elle reste au-dessus de la Metric Halo ULN-8 (±0,06 dB), l’Apogee Ensemble (±0,087 dB), la Fireface 802 (±0,063 dB) et la Crimson de SPL (±0,073 dB), mais un peu moins bien que la Babyface Pro (±0,021 dB), l’UFX+ (±0,023 dB), la Zen Tour (±0,032 dB) et l’Orion Studio (±0,037 dB). Un très bon résultat, donc.
Côté distorsion, on retrouve quelques pointes au-dessus de 0,01 %, cela reste donc cette fois-ci moins bien que la Twin mkII (moins de 0,002 %), mais à peu près équivalent à la Babyface Pro de RME. Tout va bien.
Avec le gain réglé sur 34 dB, la déviation n’évolue quasiment pas (±0,060 dB), ce qui est très bon signe et prouve que les préamplis sont très transparents. La distorsion est même un peu meilleure (moins de 0,005 %) ! Les préamplis sont vraiment à la hauteur, de plus ils proposent une bonne réserve de gain (65 dB) tout en ayant un très bon rapport signal/bruit (103,5 dB).
Pour résumer, il n’y a rien à redire concernant les performances audio, l’Arrow tient son rang sans problème.
Conclusion
Vous cherchiez une interface audio nomade et haut de gamme sans pour autant avoir besoin de moult entrées/sorties ? L’Arrow pourrait bien correspondre à vos attentes avec ses performances audio excellentes, sa construction irréprochable, sa latence minime et sa partie logicielle simple et complète. Ajoutez à cela une compatibilité Mac/Windows et un DSP certes très limité, mais ouvrant les portes des plug-ins UAD, et vous obtiendrez une interface quasiment parfaite, pour peu que vous disposiez de 500 € et surtout d’un ordinateur assez récent intégrant un port Thunderbolt 3…