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Test de la Fireface UFX III de RME - Une interface de OUFX ?

9/10

Sortie en fin d'année dernière, l'UFX III de RME s'annonçait comme une interface très complète, très performante et, comme toute interface haut de gamme, chère. Alors est-ce que ça donne assez envie pour sauter le pas ? AF se charge du test...

Test de la Fireface UFX III de RME : Une interface de OUFX ?

D’au­tant plus qu’elle béné­fi­cie de l’ex­cel­lente répu­ta­tion de sa prédé­ces­seuse, l’UFX II. On peut donc légi­ti­me­ment se deman­der s’il vaut le coup de sauter le pas et de passer au modèle supé­rieur.

Explo­rons donc cette belle inter­face argent et bleu, rapide comme l’éclair.

Présen­ta­tion

Avant de commen­ter plus avant les avan­tages et désa­van­tages poten­tiels de l’in­ter­face, il est néces­saire de la décrire pour savoir à qui l’on a affaire :

Du côté de la face avant, on trouve :

  • quatre entrées de niveau micro/ligne sur combo XLR/jack 6,35 mm TRS, utili­sables aussi comme entrée instru­ments avec réglage d’im­pé­dance d’en­trée, plus une commu­ta­tion indi­vi­duelle du l’ali­men­ta­tion +48 VDC
  • deux sorties casque (voie 9/10 et 11/12)
  • deux ports (entrée et sortie) MIDI sur connec­teur DIN 5 broches (tiens, j’en profite pour préci­ser que norma­le­ment il faudrait dire « 5 broches, 180 degrés », car il existe diffé­rentes orien­ta­tions de broches ! #merci­pè­re­cas­tor)
  • un port USB qui permet d’en­re­gis­trer direc­te­ment sur support externe, jusqu’à 80 pistes simul­ta­né­ment, indé­pen­dam­ment du contrôle par ordi­na­teur puisque cette fonc­tion est gérée en interne par DSP (gestion des supports mémoire jusqu’à 2 TB).
  • sur la droite, dans la zone bleue, le contrôle par écran LCD (à contrôle TFT, donc avec une très bonne réso­lu­tion et vitesse d’af­fi­chage), qui permet de visua­li­ser tous les niveaux d’en­trées et de sortie simul­ta­né­ment, et aussi de contrô­ler grâce à deux enco­deurs et à quatre boutons, la navi­ga­tion dans les sous-menus. Le gros enco­deur à gauche de l’écran permet de gérer le niveau de moni­to­ring, les deux à droite contrôlent les sorties casque.

Fireface-UFX-III-C

Sur la face arrière : 

  • Huit entrées symé­tri­sées niveau ligne (jack 6,35 mm TRS). On peut régler deux niveaux de gain diffé­rents (+4/+19) au sein de l’en­vi­ron­ne­ment logi­ciel, ou à travers l’écran de contrôle.
  • Huit sorties symé­tri­sées niveau ligne (6 sur jack 6,35 mm TRS, 2 sur XLR) — bien noter : elles sont toutes couplées en continu (DC-coupled) pour permettre l’en­voi des tensions de contrôle vers des appa­reils externes ! Elles ont toutes trois niveaux max de sortie préré­glés, sélec­tion­nables dans le logi­ciel ou dans le menu (+19, +13, +4), sauf les deux sorties prin­ci­pales, sur XLR, qui ont quatre niveaux (jusqu’à +24) en plus d’être modu­lables par l’en­co­deur.
  • Un couple entrée/sortie AES/EBU sur XLR (bien sûr)
  • Deux couples E/S au format ADAT (accep­tant aussi le S/PDIF)
  • Deux liai­sons E/S au format MADI, permet­tant d’aug­men­ter de façon consé­quente les entrées et sorties de l’ap­pa­reil (jusqu’à 64 voies supplé­men­taires, comme le veut le format). Le proto­cole MADI peut aussi servir à faire tran­si­ter des signaux de contrôle MIDI, en ce qu’on appelle le « MIDI over MADI ». On les trouve à la fois au format optique SC et coaxial BNC. Les prises BNC peuvent égale­ment servir pour le Word­clock.
  • Un autre couple E/S MIDI au format DIN 5 broches (« Combien de degrés ? Qui a suivi ? »)
  • Une prise USB pour employer un contrô­leur externe.
  • La liai­son à l’or­di­na­teur par port USB 3.

On comprend rapi­de­ment, en tout cas, ceux qui connaissent la gamme UFX sur ces dernières années, que la UFX III est compo­sée comme un retour vers ce qui faisait la UFX+ (tout parti­cu­liè­re­ment les E/S MADI), et qui n’était pas présent sur la UFX II. Cette dernière reste en revanche au cata­logue, mais dans une version mise à jour, et c’est un point impor­tant : l’UFX III est donc la « grande sœur » d’une UFX II qui avait été pensée comme une version plus perfor­mante, mais aussi plus restreinte (moins d’E/S) de l’UFX+.

UFX-DURecArrê­tons-nous sur deux points :

Les sorties coupées en CC — là aussi, l’UFX III fait mieux que sur l’UFX+ (où cette option n’était dispo­nible que sur les sorties casques), et les anciennes UFX II… mais les nouvelles UFX II en béné­fi­cient égale­ment sur toutes les sorties.

L’UFX III emploie l’hor­loge FSClock de RME, leur meilleure horloge numé­rique, mais il est impor­tant de noter que celle-ci est aussi présente (désor­mais, ce n’a pas toujours été le cas) sur les versions mises à jour de l’UFX II.

La grande diffé­rence concerne donc véri­ta­ble­ment : le MADI, avec ses 64 voies supplé­men­taires (utili­sables égale­ment en boucle de retour type loop­back) et bien sûr l’USB 3, néces­saire pour le proto­cole MADI. RME annonce égale­ment une amélio­ra­tion des spéci­fi­ca­tions en THD+N grâce à de nouveaux conver­tis­seurs (— 6 dB).

Logi­ciel

Pour ce qui est du soft­ware, RME four­nit l’en­semble Total­Mix, en version ordi­na­teur et tablette.

On ne pourra certes pas faire un tour complet du logi­ciel (on ne le peut presque jamais), mais cette fois-ci, peut-être encore moins que d’ha­bi­tude, car le logi­ciel est si complet et si puis­sant qu’il requiert une vraie plon­gée (à travers des tuto­riels, dans un premier temps, mais aussi peut-être grâce à un manuel d’uti­li­sa­teur gros comme les pages blanches, sans rire) qu’il serait impos­sible de résu­mer ici. Nous nous conten­te­rons de quelques éléments impor­tants : 

  • Mixer full
  • Matrix Mixer

Il y a d’abord deux fenêtres prin­ci­pales : le mixer, qui comprend pratique­ment TOUT, et la matrice de routage.

Dans le mixer, on trouve d’abord les entrées physiques (première rangée, en haut à gauche), puis les voies numé­riques (milieu à gauche) puis les sorties physiques (en bas à gauche).

Sur la rangée du haut, on voit plusieurs exemples d’af­fi­chage possible de la voie : 

  1. « Normale »
  2. Avec l’on­glet « réglages » ouvert, où l’on voit le passage de stéréo à mono, le réglage de la sensi­bi­lité max, le réglage du gain, l’en­voi d’ef­fet, et l’in­ver­sion de phase.
  3. Une tranche avec l’on­glet EQ ouvert, trois types d’EQ (low shelf, notch, high shelf), les para­mé­trages des fréquences, du gain, du Q, puis un simple passe-haut, avec sa fréquence réglable, et sa pente.
  4. Une tranche avec l’on­glet « dyna­mics » ouvert, avec les réglages de seuil et de ratio, plus le réglage de gain auto­ma­tique.
  5. Une tranche complè­te­ment « repliée »

On remarque que des présets sont enre­gis­trables pour l’EQ comme pour le compres­seur. On remarque aussi que ces effets sont assi­gnables sur les entrées et les sorties indé­pen­dam­ment, même les sorties casques ou moni­to­ring.

Channel Options

Sur la partie droite du mixer, on a accès aux effets d’écho et de réverbe, dispo­nibles sur les bus d’en­voi (send), utili­sable en temps réel lors des prises (merci le DSP). L’uti­li­sa­tion d’un bus d’en­voi permet de régler indé­pen­dam­ment le recours à ces effets dans chaque mix envoyé en sortie, ce qui peut être parti­cu­liè­re­ment pratique pour répondre aux besoins des musi­ciens avec lesquels vous travaillez. De façon géné­rale, il est d’ailleurs possible d’as­si­gner un mix unique à n’im­porte quelle sortie physique, indé­pen­dam­ment les unes des autres.

On a égale­ment accès aux snap­shots, c’est-à-dire des préré­glages géné­raux mémo­ri­sés, qui permettent de travailler faci­le­ment sur plusieurs projets en même temps, et de travailler hors du studio égale­ment.

Et là, on ne fait que grat­ter la surface. Le système des onglets refer­mables est inté­res­sant, mais peut vite deve­nir embrouillé pour celui qui ne pense pas bien à tout refer­mer hors usage. En effet, on dépasse vite la capa­cité d’af­fi­chage de la fenêtre, même en plein écran, et l’on se retrouve à beau­coup navi­guer de droite à gauche pour retrou­ver des pistes aux deux points extrêmes (à moins de penser à complè­te­ment replier chaque voie inuti­li­sée). Notons quand même qu’il est très inté­res­sant que RME ait inclut la possi­bi­lité d’en­re­gis­trer sous forme de préré­glage les états visuels du logi­ciel (quel onglet est fermé, lequel ouvert…) : onglet layouts presets (voir en bas à droite).

Quant au bundle, il n’y en a pas. On le mettra dans les points néga­tifs pour chipo­ter, et, car certains concur­rents, dans la même gamme de prix, en incluent un. Ce manque inci­tera peut-être quelques utili­sa­teurs à se tour­ner, par exemple, vers Ante­lo­pe… Et cela peut se comprendre, selon les besoins de chacun, mais nous préfé­rons dire combien, au vu de la « géné­ro­sité » de l’ap­pa­reil, cette absence ne nous a pas paru abusive pour autant.

Bench­mark

Préci­­­­­sons-le d’abord, l’UFX III travaille dans une réso­­­­­lu­­­­­tion max de 24 bits/192 kHz. Un petit tour du côté de RTL Utility nous apprend que la latence réelle est la suivante :

Le buffer sur 32 échan­­tillons en 44.1 kHz, RTL Utility remonte une latence de 2,993 ms

Le buffer sur 64 échan­­tillons en 44.1 kHz, RTL Utility remonte une latence de 4,444 ms

Le buffer sur 128 échan­­tillons en 44.1 kHz, RTL Utility remonte une latence de 7,347 ms

Le buffer sur 256 échan­­tillons en 44.1 kHz, RTL Utility remonte une latence de 13,152 ms

Le buffer sur 64 échan­­tillons en 96 kHz, RTL Utility remonte une latence de 2,208 ms

Le buffer sur 128 échan­­tillons en 96 kHz, RTL Utility remonte une latence de 3,542 ms

Le buffer sur 256 échan­­tillons en 96 kHz, RTL Utility remonte une latence de 6,208 ms

Afin de tester l’in­ter­face, nous avons fait un bench­mark avec notre fidèle APx515 d’Au­dio Preci­sion (lien). Comme d’ha­bi­tude, nous publions les résul­tats obte­nus en THD, rapport signal/bruit et dévia­tion des voies, pour les entrées et sorties analo­giques. Pour toutes les confi­gu­ra­tions, je règle le gain pour obte­nir le meilleur résul­tat possible.

Gain max : 60 dB, on peut monter jusqu’à 66 dB avec le gain numé­­rique de la STAN, et c’est ce qui est annoncé par RME.

Plage dyna­mique (pondé­ra­tion A) : 115,347 dB

Commençons par les entrées ligne : 

  • LINE - Relative Level (1,00000 kHz)
  • LINE - THD+N Ratio
  • LINE - THD Ratio
  • LINE - SMPTE Distortion Product Ratio

 

Dévia­tion : ±0,042 dB

THD+N : 0,001 % THD : 0,0006 %

Rapport signal/bruit : 101,677 dB

Distor­sion d’in­ter­mo­du­la­tion : –99,928 dB

Passons aux entrées micro : 

  • MIC - Relative Level (1,00000 kHz)
  • MIC - THD+N Ratio
  • MIC - THD Ratio
  • MIC - SMPTE Distortion Product Ratio

 

Dévia­tion : ±0,033 dB

THD+N : 0,001 % THD : 0,0004 %

Rapport signal/bruit : 104,770 dB

Distor­sion d’in­ter­mo­du­la­tion : –98,077 dB

Qu’en est-il de la sortie casque

  • HP - Relative Level (1,00000 kHz)
  • HP - THD+N Ratio
  • HP - THD Ratio
  • HP - SMPTE Distortion Product Ratio

 

Dévia­tion : ±0,196 dB

THD+N : 0,0009 % THD : 0,0005 %

Rapport signal/bruit : 103,756 dB

Distor­sion d’in­ter­mo­du­la­tion : –87,654 dB

Conclu­sion

Les résul­tats des mesures parlent d’eux-mêmes… La latence, le rapport signal bruit, la THD+N, tout est abso­lu­ment excellent (et l’on ne s’at­tend pas à moins). La plage dyna­mique est très grande, et l’on est tout parti­cu­liè­re­ment impres­sionné par des sorties casques très silen­cieuses et avec une distor­sion extrê­me­ment basse.

Fireface-UFX-IIIQuant à la diver­sité des entrées/sorties, leur nombre très élevé, les infi­nies possi­bi­li­tés de routage, là aussi, on ne trouve rien à redire. L’in­ter­face est construite avec des maté­riaux de grande qualité, chaque connec­tique est robuste. Bref, il s’agit d’un appa­reil fait pour durer, et fait pour travailler au quoti­dien sans inquié­tude.

L’élé­ment prin­ci­pal qui mérite donc d’être soulevé, à nos yeux, c’est la proxi­mité exis­tante entre cette UFX III et la UFX II qui vient d’être mise à jour par RME. La diffé­rence est nette : 62 voies de plus (en plus de résul­tats appa­rem­ment légè­re­ment meilleurs, mais on est là dans le domaine de l’in­au­dible, de toute façon). Elle est aussi moné­taire : 500 euros de plus.

Il nous semble que c’est là que tout se joue. Un tel écart de prix ne nous semble pas injus­ti­fié, car le MADI ouvre des possi­bi­li­tés impor­tantes et diver­si­fiées d’uti­li­sa­tions de l’in­ter­face. Mais par ailleurs, l’op­tion nous semble égale­ment ne corres­pondre qu’à des usages de « grande » ampleur, ce qui (d’une certaine façon) a pour consé­quence inverse de reva­lo­ri­ser l’UFX II, qui appa­raît soudain comme une option inté­res­sante et raison­nable pour tous ceux qui n’ont pas l’em­ploi de 188 voies. Pour résu­mer, l’UFX III est donc une inter­face remarquable, mais qui ne détrône aucu­ne­ment sa prédé­ces­seuse, venant plutôt ajou­ter un éche­lon d’ex­cel­lence à l’offre de la marque alle­mande.

Notre avis : 9/10

  • 12 entrées analogiques dont...
  • 4 entrées micros
  • 8 sorties lignes
  • 2 sorties casques
  • Toutes les sorties analogiques couplées en courant continu
  • 2 E/S numérique ADAT
  • 1 E/S numérique AES
  • 1 E/S Wordclock
  • 2 E/S MIDI
  • 1 E/S MADI
  • Le tout faisant jusqu'à 188 voies
  • Possibilité d'enregistrer directement sur support mémoire USB
  • Utilisation possible en standalone (sans STAN, entièrement contrôlable par m'écran)
  • Possibilité d'utiliser un contrôleur externe
  • Possibilité d'utiliser les canaux MADI pour transporter des signaux de contrôle MIDI
  • Class Compliant
  • Latence très basse
  • THD très basse
  • Excellente linéarité
  • Aucun vrai bundle d'effets et de simulation (on chipote vraiment)
Pays de fabrication : Allemagne

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