Dis moi ce que tu lis.
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Nantho Valentine


Anonyme

Je viens de terminer "l'étrange Monsieur Joseph", De Alphonse Boudard, biographie vraiment hallucinante de Joseph Joanovici personnage tout à fait hors du commun.
Ce cher Joanovici, s'est fait "remarquer" pendant l'occupation. Ferrailleur Juif, il fera fortune au début des années 40 en vendant des métaux à l'Allemagne nazie. Multi milliardaire, il rencontrera et deviendra un proche de personnages très haut placés dans la gestapo.
Mais il semblerait que Joano ait joué un double jeu, car grace à ces connaissance, il fera évader des centaines de juifs, et financera des réseaux de résistance en argent, armes, voitures etc...
Très bon bouquin pourtant casse gueule. Pas facile d'être objectif avec un pareil gugus, Boudard s'en sort pourtant à merveille en retracant le personnage, mais aussi une époque très sombre et franchement méconnue de notre histoire.

a.k.a

Fini les 1100 pages de Belle du Seigneur d'Albert Cohen dont j'avais parlé un peu plus haut : quel chef-d'oeuvre ! l'histoire (d'amour) à proprement parler ne commence qu'à la page 400, mais on ne s'ennuie pas avant. Après, pfff, magnifique de bout en bout. La grande force du pavé, ce sont les monologues intérieurs de certains personnages, et notamment ceux de Mariette, la bonne, qui sont à tomber. Il n'y a pas de ponctuation, mais la narration avance quand meme dans le flux de conscience du personnage, c'est assez incroyable. Si d'autres l'ont lu dans le coin, je veux bien savoir ce qu'ils en pensent...
La vie devant soi de Romain Gary sous le pseudo d'Ajar (son second Goncourt) : c'est l'histoire de Momo, un enfant de pute de 10 ans qui raconte sa vie dans un quartier populaire de Paris. Style inimitable reflétant parfaitement la vision de la misère par un gamin mais le tout est émaillé de remarques singulièrement vraies, du genre "la vérité sort de la bouche des enfants et je vais te le prouver". On passe du rire aux larmes deux fois sur la meme page. Les personnages sont droles et émouvants à la fois. Je ne citerai que celui de Madame Lola, une "travestite" qui "se défend avec son cul" au bois de Boulogne et qui casse la gueule aux clients qui lui font des emmerdes parce qu'il était champion de boxe en Afrique...
Deux livres de Tonino Benacquista : Quelqu'un d'autre, deux quarantenaires lient connaissance un peu par hasard et prennent le pari fou de se donner trois ans pour devenir celui qu'ils auraient voulu etre. De supers idées, une intrigue qui avance et quelques trouvailles lexicales qui en font une chouette lecture estivale. Un autre, du meme : Le Serrurier volant, qui raconte la vie de Marc, un type devenu serrurier après un bouleversement majeur dans sa vie. Son boulot lui fait faire des rencontres innattendues et redonne un sens à son existence. Les illustrations de Tardi n'ajoutent pas grand chose pour moi, mais pourquoi pas... Le récit est encore rondement mené ; j'ai lu ça hier soir d'une seule traite. Pas mauvais du tout le Bena...
[ Dernière édition du message le 24/07/2011 à 00:34:53 ]

Anonyme

Cannibales, de Daeninckx : court récit d'une centaine de pages sur les heures de gloire du colonialisme...
"1931, l’Exposition coloniale. Quelques jours avant l’inauguration officielle, empoisonnés ou victimes d’une nourriture inadaptée, tous les crocodiles du marigot meurent d’un coup. Une solution est négociée par les organisateurs afin de remédier à la catastrophe. Le cirque Höffner de Francfort-sur-le-Main, qui souhaite renouveler l’intérêt du public, veut bien prêter les siens, mais en échange d’autant de Canaques. Qu’à cela ne tienne ! Les « cannibales » seront expédiés.
Inspiré par ce fait authentique, le récit déroule l’intrigue sur fond du Paris des années trente - ses mentalités, l’univers étrange de l’Exposition -tout en mettant en perspective les révoltes qui devaient avoir lieu un demi-siècle plus tard en Nouvelle-Calédonie."

a.k.a

Daeninckx, très peu de déchets chez lui...

Anonyme

... suis d'accord
y a quelques années, il était venu dans une toute petite librairie à côté de chez moi pour présenter un livre... on était une dizaine de personnes...

dlibos

C'est très teinté idéologiquement ce thread ???
Tonino Benacquista : "La Maldone des sleeping" son premier polar, c'est un peu comme si Fred Vargas savait
écrire .
[ Dernière édition du message le 26/07/2011 à 14:09:49 ]

Anonyme

Citation :
C'est très teinté idéologiquement ce thread ???
c'est-à-dire ?

**naPOLEoN**


dlibos

Ah... c'est bien ce que je me disais, et quand on est pas marxiste on est nazi c'est ça?
Heureusement qu'entre les deux il y a un peu de place quand même, non ?...

**naPOLEoN**

Toi, tu vas plaire je crois.

Anonyme

je le sens aussi

Javier Guante Hermoso

Sentiment assez mitigé, en ce sens que je ne comprends pas la finalité de l'effort. Il n'y a pas de fin, on voit bien une évolution, une progressivité dans la folie du personnage, mais ça ne mène à rien. Je sais pas, on n'arrive pas à cerner si Bateman est vraiment dans une impasse, ou s'il va changer, en bien, en mal.
En parallèle à certaines scènes très crues et parfois superflues (trois scènes hautement porno-gore qui font un peu redites à mon sens), il y a quand même une grande finesse dans l'écriture. J'aime beaucoup la façon dont certains personnages sont dépeints, et il semble même que certains sont proprement intouchables: Mc Dermott et Van Patten, Courtney, Evelyn, Jeannette, ce sont des catalyseurs des ardeurs de Bateman, à leur insu.
Après il y a quand même quelques invraisemblances et oublis dans le discours. Price disparaît purement et simplement pendant 400 pages, réapparaît on ne sait pas pourquoi (même l'auteur semble le faire redébarquer sans véritable raison), et bien sûr, Bateman arrive à commettre autant de méfaits sans jamais être inquiété.
Le balisage des chapitres avec les vêtements, le Patty Winters Show, la carte du restaurant et la séance de sport est particulièrement bien pensé et donne un certain rythme à l'ensemble.
Enfin, l'ambivalence du personnage fait aussi partie des points forts du récit, à savoir d'une part un point de vue cynique et autocritique sur sa situation et celle de ses comparses, point de vue appréciable et rendant Bateman attachant, même à plaindre, et d'autre part la description de ses actes commis avec une froideur et une injustice le rendant proprement détestable.
J'en garderai certainement souvenir, même si j'ai quand même du mal à l'apprécier ou le détester.

MrKermit

Après il y a quand même quelques invraisemblances et oublis dans le discours. Price disparaît purement et simplement pendant 400 pages, réapparaît on ne sait pas pourquoi (même l'auteur semble le faire redébarquer sans véritable raison), et bien sûr, Bateman arrive à commettre autant de méfaits sans jamais être inquiété.
peut etre parceque la plupart des trucs qu'il décrit se passent uniquement dans sa tête de mec taré

Anonyme

j'aime particulièrement les passages où il pousse l'irrévérence au max, comme quand il songe à arrêter la coke mais se demande si c'est bien raisonnable compte tenu des 2 litres de vodka qu'il s'enfile à chaque jour

Javier Guante Hermoso


Peut-être bien, mais je sais pas, on a finalement assez peu de clés (à part l'histoire Paul Owen) qui nous mettent sur cette piste. Dois-je voir le film pour parfaire la lecture?

MrKermit


le film en dit pas plus non
C'est vrai qu'on s'en fait l'idée qu'on veut, et c'est pas dit noir sur blanc, mais tout devient plus sensé (enfin, moins insensé) si on se dit que c'est le cas.
Et de toute facon au début de lunar park, dans le chapitre ou il revient de maniere un poil fantasmée sur sa carrière, il dit texto que "si vous croyez que bateman a vraiment fait tout ce qu'il dit, c'est que vous n'avez pas compris le livre"
Donc voila

Mais j'ai eu un peu la même réaction que toi a ma premiere lecture (oui, je suis maso, je l'ai relu). Mais ca m'avait pas gené tellement j'avais pris le style dans la gueule tout du long

wildchild666

Ce bouquin est vraiment génial. Se prendre en pleine gueule les descriptions vestimentaires de chaque personne qu'il rencontre dans la journée, pour enchaîner dans la foulée avec un langage cru au possible, le tout dans un style unique ultra détaché qui sert l'inhumanité de Bateman.
A lire sur fond de Mozart ou Mutiilation.
Lunar park est le seul que je n'ai pas lu d'Ellis, mais il me fait de l'oeil là. Ce que je reproche un peu à cet auteur, c'est que ses bouquins se ressemblent trop. On pourrait parfaitement inverser certaines scènes d'AP avec Moins que zéro, puis avec Glamorama. Les personnages se ressemblent, style quasi identique et histoire toujours un peu vague, sans réelle fin pour nous laisser dans l'expectative la plus complète.
- Vous êtes contre tout ce qui a été fait depuis la dernière guerre...
- Vous vous trompez de date. Je suis contre tout ce qui a été fait depuis Adam

MrKermit

enfin une version "romancée" de lui même

Anonyme

En avant la zizique", de Boris Vian.
Vian nous raconte le showbizz avant l'heure. Grincant, drole, et écrit de main de Maitre. Génial!
La fermeture", de Alphonse Boudard.
1946, Marthe Richard reussi à faire voter la fermeture des maisons closes. Boudard nous raconte cette histoire pas jolie jolie. Je ne vous en dis pas plus; à lire!

MrKermit

écrit de main de Maitre
tout est bon chez lui


Anonyme

Je suis bien d'accord! J'ai dévoré "L'arrache coeur", et je suis en train de dévorer celui là. Et j'ai déjà acheté "Jirais cracher sur vos tombes", et "conte de fées à l'usage des moyennes personnes", que je ne devrais pas tarder à attaquer.
J'adore son style, ce côté "je vous emmerde", mais dit avec tellement de classe!

MrKermit



sonicsnap

Ouuiiii! Pour ma part, je classe l'Arrache Cœur dans mes cinq, et peut être dans mes trois bouquins favoris, mon livre préféré toutes catégories étant Nadja d'André Breton.
Grâce à l'Arrache Cœur, j'ai appris à voler en avalant des limaces bleues. Merci Citroën!

Anonyme

Citation :
Nadja d'André Breton
c'est un livre que j'aimais beaucoup, jusqu'à ce que je l'étudie en fac... l'analyse me l'a un peu démystifié...
[ Dernière édition du message le 22/08/2011 à 22:59:54 ]

sonicsnap

Moi je l'ai étudié en 1ère. Donc j'ai été au parfum au moment même où je l'ai découvert. Mais je me fiche éperdument des à cotés, des tenants et des aboutissants. Pour moi, ça reste la plus belle fresque poétique qui ait été couchée sur papier..
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