Dis moi ce que tu lis.
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Nantho Valentine
Anonyme
Dans cet ouvrage, l'un des plus grands spécialistes de l'Islam shi'ite iranien expose les différents
courants de la pensée philosophique musulmane.
Il faut bien admettre qu'acoller "philosophie" et "Islam" tiendrait presque de l'oxymore, tant l'un se base sur la raison et l'autre sur la croyance.
C'était sans compter les multiples courants de pensées qui ont émergé depuis la naissance de cette religion mais aussi de l'apport intellectuels des religions et philosophies qui la précédèrent.
L’ensemble est assez touffu avec pas mal de mots arabes et persans définissant des principes fondamentaux avec de multiples ramifications pas toujours faciles à saisir au premier abord. Au début il faut donc un peu se battre avec cela et avec le style de l’auteur qui ne fait pas dans la vulgarisation telle qu’on la connaît aujourd’hui mais dans l’universitaire pointilleux, trop quelques fois. Plutôt érudit que digeste en somme.
Cela dit une fois la bataille des 200 premières pages gagnée la suite paraît bien plus claire même si là encore l’auteur, par soucis de précisions nous perd quelques fois dans certains « détails ».
Le livre s’organise en deux parties :
- la philosophie islamique des origines jusqu’à la mort d’Averroès
- la philosophie islamique de la mort d’Averroès à nos jours
Pour chacune des périodes l’auteur détaille les courants, leurs spécificités et les personnages marquants.
On apprend évidemment beaucoup de choses notamment sur l’aspect spirituel et mystique de l’Islam.
Comme je le disais c'est assez dense, mais ça vaut vraiment le coup.
sonicsnap
Mince, ça j'ai peur que ce soit d'un niveau un peu élevé pour moi mais c'est dommage car le sujet m'intéresserait vraiment..
Anonyme
C'est pas une question de niveau, j'y connaissais à peine plus que toi avant de m'y plonger.
C'est plus une question d'attention.
Si tu n'as pas le temps de lire régulièrement une heure par jour mais 15mn par-ci, 1h par-là etc etc...ça risque d'être galère et tu devras toujours relire ce que tu auras peut-être oublié entre-temps.
[ Dernière édition du message le 23/09/2013 à 14:55:56 ]
sonicsnap
En général, je lis le soir avant de dormir, ça peut donc aller de 10 minutes à une heure grosso modo, des fois un peu plus. Mais je vais quand même noter les références de ce bouquin. Je verrai bien si j'arrive à suivre ou pas.. Merci de toutes façons pour l'info!
Anonyme
si ça t’intéresse, j'ai quelques refs notamment un bouquin sur l’Évangile de St Jean et un autre sur la Torah qui sont vraiment bien.
Anonyme
Tu l'as trouvé sur Nancy, kumo ? ton avis me donne envie de lire ce bouquin, tiens.
Citation :
un autre sur la Torah
Fépété, perso ça me brancherait bien !
Anonyme
Si tu veux un bouquin sur l'Islam je te conseille plutôt celui-ci:
Je reviendrai plus tard sur l'aspect philosophique Vs l'aspect pratique.
Sinon je n'ai pas encore lu mais je suis équipé sur la religion chrétienne etc etc...mais pour la Torah je suis preneur
Youtou> tu trouveras facilement ce bouquin au Hall ou à la Fnac, c'est un genre de classique.
Sinon il y a ça mais je ne l'ai jamais trop feuilleté:
oryjen
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L'artiste entrouvre une fenêtre sur le réel; le "réaliste pragmatique" s'éclaire donc avec une vessie.
Anonyme
Anonyme
Juste un petit HS en spoiler (pour pas encombrer) sur les raisons qui ont faite que j'ai lu ce bouquin.
Ce dernier parlait de Shiabodin Sohrawardi, initiateur de ce qu'on appelle "les platoniciens de perse", qui firent une sorte de synthèse entre certains aspects du platonicisme, du Zoroastrisme (religion originelle de l'Iran) et l'Islam.
Les détails ici:
https://fr.wikipedia.org/wiki/Sohrawardi
En quête de plus d'information sur ce mouvement je suis tombé sur "Histoire de la philosophie islamique"
dans lequel un chapitre était consacré à Sohrawardi et ce mouvement.
A l'époque je n'avais lu que ce chapitre.
Mais récemment j'ai appris que le ramadan n'était pas obligatoire.
Un algérien disait:
"Le ramadan est un acte à caractère spirituel, visant à éprouver sa spiritualité.
Pour faire le ramadan il faut être genre « ceinture noire de spiritualité ».
Dans le Coran il n'est pas écrit que le ramadan est obligatoire pour tous les musulmans.
(note de l'afien: J'ai vérifié dans mon exemplaire du Coran.)
Ceux qui ne veulent pas le faire doivent nourrir un pauvre en contrepartie.
Ceux qui sont en voyage ne sont pas obligés de le faire non plus, ils pourront le
faire plus tard si ils le souhaitent.
Les malades n'y sont pas astreints.
Or aujourd'hui dans bon nombre de sociétés musulmanes tout le monde fait le ramadan mais sa pratique n'a plus rien de spirituelle et tient plus d'une sorte de tradition culturelle doublé d’une sorte de « contrôle social » pour distinguer le « bon » musulman du « mauvais ».
Cette confusion entre le spirituel et le culturel fait que ce pilier de l'Islam se voit vidé de sa symbolique spirituelle. De fait, le "ramadan culturel" ne fait pas s'élever spirituellement des millions de croyants, il ne fait que des affamés qui tombent de fatigue toute la journée, causant des accidents et des incidents dus à l’irritation nerveuse."
J'avais trouvé ce point de vue très intéressant et je me suis donc plongé plus profondément dans ce livre de Corbin.
J'y ai effectivement pris connaissance de l'aspect mystique et spirituel de l'Islam avec un côté éxotérique (shari'at, aspect littéral et code légal) et un côté ésotérique (haqiqat, « vérité spirituelle » pour faire court). Le Coran, selon le degré de spiritualité/le niveau d’initié du lecteur, peut avoir de 4 à 9 interprétations ésotériques.
Par la suite je me suis dit que malgré qu'il soit un sujet passionnant l'Islam spirituel faisait rarement la une des journaux.
Mais en reflechissant à ce que disait l'algérien que je cite plus haut je me suis finalement dit que ce n'était pas étonnant car ce n'est pas non plus la vision la plus mise en valeur dans pas mal de pays musulmans, ces derniers semblant effectivement appliquer plus l'aspect littéral (shar'iat) que Corbin qualifie quelques fois d’Islam comme «idéologie sociale ».
Anonyme
Un livre plutôt à caractère spirituel plutôt que "scolaire".
je développerai un peu plus ce soir, là je suis au taf.
Anonyme
donc je recherche un ouvrage plus initiatique "qu'universitaire", je sais pas si je suis clair.
sinon pour ceux qui voulaient une référence sur la Torah:
Leçons sur la Torah - Léon Askenazi
Anonyme
Seth>Citation :
je cherche plutôt un livre sur l’ésotérisme dans l'Islam ainsi que sur le soufisme.
[...]
j'ai un peu plus de temps.
donc je recherche un ouvrage plus initiatique "qu'universitaire", je sais pas si je suis clair.
L'intérêt du livre de Corbin c'est qu'il passe en revue plusieurs mouvances et leurs doctrines respectives, soufisme compris. Ce qui permet peut-être déjà de savoir vers quoi s'orienter.
Son développement sur la mystique et l'ésotérisme shi'îte duodécimain et l'ismaëlisme regorge d'informations sur les principes adoptés qui, même si elle n'ont pas de caractère initiatique donnent une idée sur le sens de réflexion.
Pour ce qui me concerne, je trouve qu'aborder l'ésotérisme islamique et le soufisme est une rude tâche et plus encore en livre.
J'ai quelques livres de soufis ou sur le soufisme mais ils nécessitent à mon sens un certains nombres de pré-requis,
sans quoi les textes paraissent quelques fois vraiment ésotériques.
L'un de ces pré-requis, le plus important, est la croyance en un Dieu.
Or dans le soufisme tout tourne à peu près autour de cela et comme je n'y crois pas vraiment j'ai d'autant plus de mal à y adhérer.
[ Dernière édition du message le 25/09/2013 à 08:04:51 ]
Anonyme
ok, je vais donc sans doute le lire.
sinon, ouais, pour tout ésotérisme, si tu ne crois pas en un Dieu, c'est de suite moins facile.
quand je pense à ce que le topic sur la spiritualité aurait pu devenir sans le trollage massif à base de psyball...
bref, merci pour les infos.
[ Dernière édition du message le 25/09/2013 à 10:49:17 ]
Anonyme
de rien
Anonyme
Je viens de terminer "mort de Bunny Munro" de Nick Cave
Bunny vend des produits de beauté en porte à porte, mais c'est aussi un sacré queutard. Après le suicide de sa femme il part avec son fils de 9ans sur la route, hanté par l'image du vagin d'Avril Lavigne, et bien décidé à baiser toutes les femmes du pays.
Peut être pas aussi dérangé (et encore que) et prenant que son premier "et l’âne vit l'ange", mais encore un sacré bouquin de Nick Cave! Sordide à souhait, assez gerbant, parfois une touche d'humour très noir qui m'a fait honteusement rire...un bouquin dégueulasse qui vaut vraiment le détour.
oryjen
Hébin tu es un gros pervers, Huitounet-et-demi, voilà ce que tu es...
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Anonyme
Tu l'as lu aussi ? P'tain à la fin, quand tu comprends, ça fait vraiment froid dans le dos
Anonyme
Pascal, un écrivain quinquagénaire, se plonge dans l'évocation de son passé (son enfance dans le Limousin des années 50/60) avec une jeune amante venue de la même région.
Bon ben c'est du lourd dans tous les sens du terme.
D'abord c'est un bon petit gros poche de 700 pages.
Les pages sont noires de texte avec quelques respirations de temps en temps et quelques dialogues
lorsque nécessaire.
Du lourd aussi car là y a du style bordel, voire trop peut-être quelques fois, au point que cela pourrait
passer pour du maniérisme et qui l'est à mon sens dans certains passages.
Une phrase peut prendre une demi-page, une page, une page et demi et contenir une parenthèse de quelques lignes.
Cette forme et le style sont donc exigeant et nécessitent de l'attention et beaucoup de temps.
Mais ne vous laissez pas impressionner par la forme car le propos est captivant.
Si, comme moi, vous avez un peu plus de la quarantaine et avez passé vos vingt premières années à la campagne vous vous y retrouverez très certainement.
Outre les rapports familiaux déterminant, l'auteur parle beaucoup des gens du coin et de leurs moeurs.
Ces gens ne sont pas de cette civilisation issue du monde grec et romain.
Ils sortent de la terre à l’instar des arbres, du blé ou du maïs, des fruits et des légumes qui se cultivent dans leur région depuis des siècles.
La religion chrétienne est un repère mais il y a encore beaucoup de croyances païennes, de choses étranges et sombres issues des temps anciens.
Ils semblent tout droit arriver d'un tableau du XIXème siècle, et pourtant c'est bien la France rurale du milieu du XXème siècle.
On y retrouve donc tous ces personnages de villages: l'idiot, le nouveau riche, la vieille teigne, les garçons et leurs rites initiatiques pour faire partie de la bande, les filles qu'on regarde de loin et les premiers émois, les marginaux, les orphelins, le forgeron, les familles "bizarres" selon qu'on soit adulte ou enfant, les rescapés des guerres, les légendes etc etc...bref un tableau éblouissant de ce que fût la vie rurale.
On trouve aussi pas mal de questions existentielles assez intéressantes qui questionnent le lecteur: la mort, le temps, le progrès, le moderne et la beauté d'une certaine langue française qui semble disparaître au grand dam de l'auteur.
Au final je crois qu'à part lire ce livre et s'en faire un idée je ne saurais pas quoi en dire
si ce n'est qu'il m'a envoûté et que j'ai pris un grand grand plaisir à le lire.
Je ne lis pas trop d'auteurs français, mais depuis le choc Céline c'est la première fois que je ressens la force du style.
Grosse bonne baffe pour ce qui me concerne.
[ Dernière édition du message le 09/10/2013 à 09:37:16 ]
Pictocube
Tant qu'il y aura des couilles en or, il y aura des lames en acier
Anonyme
New-York dans les années 40. Claude Rawlings, 6 ans, vit seul avec sa mère, chauffeuse de taxi qui ne rechigne pas sur la bière et le whisky après une journée de travail. Claude ne va pas trop à l'école et passe pas mal de temps seul dans l'appartement miteux en sous-sol ou à traîner dans la rue, récupérant quelques cents ici et là.
Un jour il décide de regarder d'un peu plus près le petit piano blanc qui traîne au fond de l'appart.
Aussi épais que le livre de Millet mais tout de même bien plus facile à lire.
Comme c'est traduit je ne me prononcerai pas sur le style mais c'est très agréable à lire.
Du point de vue de l'histoire et du rythme ça ressemble à un bon film américain bien bouclé dans lequel il y a ce qui faut où il faut, y compris le truc un peu gros à la fin que l'auteur choisi de contourner assez subtilement
pour que ça ne soit pas énorme.
Si Hollywood s'emparait de ce livre (je suis d'ailleurs surpris que ce ne soit pas déjà fait) à coup sûr la fin seraient changée.
Hormis celle de Claude Rawlings, la psychologie des personnages n'est pas trop approfondie mais l'auteur donne assez d'indices pour que le lecteur en fasse des déductions et puisse les cerner. Ils sont d'ailleurs très bien présentés.
Je n'ai pas connu New-York entre 1940 et 1960 mais c'est rudement bien décrit et avec ce dont on peut se souvenir de photos ou de quelques films dont l'action se déroulaient à l'époque on visualise aisément les rues et les ambiances.
Il y a aussi une dimension historique avec les commerçants juifs du quartier, ayant fuit l'Europe et le nazisme.
L'auteur ne creuse pas trop mais l'évocation est émouvante.
Mais le fond de cette histoire est cet éternel rêve américain rendu possible ici par la musique.
L'auteur étant lui-même musicien on a droit pas mal de détails sur le travail de l'instrument, comment un musicien perçoit les choses et pour peu qu'on ressemble un peu à Claude Rawlings on s'y identifie.
Si on prends des notes, on peut se faire une super playlist allant de Mozart à Copland en passant par Liszt, Chopin, Stravinsky, Bartok, Ives, Debussy, Schoenberg, Charlie Parker et Art Tatum.
Lorsqu'on est soi-même musicien il y a non seulement un petit bonus de plaisir de lecture mais c'est terriblement stimulant d'un point de vue créatif. On réalise une fois de plus que faire de la musique est une forme de privilège, un privilège qu'on oublie quelques fois en traînant sur AF en lisant/écrivant des chroniques pareilles
[ Dernière édition du message le 16/10/2013 à 09:17:34 ]
Anonyme
Je viens de terminer "Le grand sommeil", de Raymond Chandler (la traduction de Boris Vian)
Du noundediou de bon polar Ricain avec un puzzle qui se regroupe tout pile à la dernière page et un perso principal aux petits oignons.
Du tout bon!
Dans un tout autre registre du coup je viens de sortir ma prochaine victime de son étagère:
Anonyme
Fin de la première guerre mondiale, l'empire austro-hongrois est en déclin.
Henri, 73 ans, général à la retraite et grand bourgeois vit retiré dans le château familiale au milieu des bois. Un jour arrive une lettre.
Son meilleur ami Conrad, subitement disparu sans aucune explication il y a de cela 41 ans vient lui rendre visite. Il a attendu cela longtemps.
J'ai acheté ce livre au pif, à l'intuition et je n'ai pas été déçu.
La tension va crescendo dans ce huis-clos qui a l'amitié pour propos.
Très bien écrit (le personnage de Henri est brillamment approfondi), pas une minute d'ennui dans ce roman du hongrois Sándor Márai, que l'on compare souvent à Zweig à ce que j'ai pu lire ici ou là.
Pour ce qui me concerne je ne connais pas assez Zweig mais j'ai pensé à Hermann Hess.
Belle découverte.
Anonyme
Que dire sur les près de 60 chroniques réunies ici?
Dur dur. Pour ceux qui connaissent ils ne seront bien évidemment pas déçus.
La poésie, le surréalisme, l'absurde, l'humour, la philosophie, l'histoire
et les auvergnats se voient une fois encore transformés en perles de couleurs afin de nous
proposer des figures toujours nouvelles dans un kaléidoscope vertigineux dont l'homme,
quel qu'il soit, constitue les petits miroirs.
Magistral.
C'est paraît-il un des grands auteurs français trop méconnu de la seconde partie du XXème
siècle. Le livre est très court (58 pages) et se lit en 20 minutes.
Ça sens la sueur, la merde, le sperme, la solitude, l'enfermement, la folie,
les petites vies insignifiantes dans des rues obscures et des appartements minuscules.
Le style est affirmé et original mais je n'ai pas été totalement convaincu, cela dit j'essayerai
tout de même de lire un livre plus conséquent.
Quelques extraits:
Ah, comme vos rues sont froides, messieurs, et comme on y meurt lentement, à petit feu, à petits pas, de chagrin et d'ennui ! Comme le coeur est lourd à porter en vos déserts ! On y chemine en exil toute sa vie. Etrange voyage d'hiver.
Dans cette rue, on avait toujours la sensation d'un froid glacial, même au mois d'août. Les passants avaient des allures de chrysanthèmes tardifs, et novembre s'éternisait.
Que le monde est étrange à travers un viseur. Géométrique. Propre. Cristal de neige. Un cercle, une croix : le dépouillement absolu. Le vide. Parfois, je m'amusais à tirer des papillons, comme ça, pour le plaisir. Ils disparaissaient en poussière dans la lumière d'été.
[ Dernière édition du message le 01/11/2013 à 18:06:31 ]
oryjen
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