Dis moi ce que tu lis.
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Nantho Valentine
a.k.a
quantat
Citation de : youtou
jviens de me taper du Umberto Eco, le nom de la rose et le pendule de foucault.
Rhâââââ c'est super bien écrit et/ou traduit. 'tention hein, perso je foutrais ça dans le même sac que Bukowski ou Barjavel. Perso, je parle italien, enfin nan je le parle mal, pis je le comprends pas mieux, mais en lisant ce bouquin pourtant traduit en français, j'entendais toutes les expressions piémontaises que ma daronne me sort tout le temps.
Pas facile à expliquer, mais la traduction est vraiment une oeuvre d'art, et utilise à perfection les similitudes entre français et italien (et soit dit en passant, c'est une honte que l'italien soit pas enseigné aux petits français et le français aux petits ritals, c'est probablement les 2 langues se ressemblant le plus au monde, pis bon, comme si ça suffisait pas, les 2 pays ont à peu près la même démographie, la même économie, la même superficie, en plus d'avoir la même histoire culturelle).
Umberto Eco est un "monstre" ... je comprends pas qu'il soit si "ignoré" en France... ce type a une culture effroyable et une intelligence hors du commun ... mais voilà, on a l'air con à côté avec nos BHL, Onfray etc...
Le nom de la rose est une superbe hypothèse sur la disparition du texte d'Aristote sur la comédie...
Les ptits ritals peuvent apprendre le français : ma copine Elena étudiait Sartre en français en classe de première (enfin l'équivalent)... en "terminale" elle coinçait un pote prof de philo sur les intellectuels français ...
J'ai des amis à reggio Emilia qui parlent couramment le français... ils ont appris par eux mêmes... lors de beuveries transfrontalières...
Je crois qu'on occulte un peu la culture italienne de peur qu'on s'aperçoive de notre degré d'arriération...c'é tanto da imparare
Anonyme
Citation :
Umberto Eco est un "monstre" ... je comprends pas qu'il soit si "ignoré" en France... ce type a une culture effroyable et une intelligence hors du commun ...
Pis surtout c'est truffé d'humour. Là où des jean d'ormesson vont se polir le chinois à se regarder écrire de la merde de niveau CM1 en racontant leurs minables souvenirs bourgeois d'une enfance chiante, Eco écrit presque aussi bien que Saramago et parvient à mettre du lol de partout, en plus d'enrichir culturellement son lecteur sans qu'il y ait fait gaffe.
Citation :
Je crois qu'on occulte un peu la culture italienne de peur qu'on s'aperçoive de notre degré d'arriération...
Bof, je trouve pas forcément qu'on soit arriéré par rapport à eux (et du reste j'aime pas trop comparer les pays), et dans les 60's, c'était plutôt l'Italie qui était retournée à la barbarie et la totale misère. Par la suite, c'est probablement le pays qui a le plus avancé en Europe de l'ouest, et dans tous les domaines.
En revanche, je maintiens que c'est le pays le plus proche culturellement de la France (qui lui a absolument tout piqué, que ça soit la bouffe, la langue, au final ceci dit on leur a piqué la chose la plus importante : l'idée de la beauté esthétique et de la recherche de la classe), bien plus que la Belgique ou le Luxembourg qui ont pourtant la même langue, ou que l'Allemagne qui est notre principal partenaire économique.
Au final, un français c'est rien d'autre qu'un italien énervé : dans les 2 cas ça parle tout le temps et trop fort. Mais le rital est toujours 2ème degré, et tient des propos dignes d'un regard de défi lancé à un orage, tandis que le français a oublié le lol et finit pas se prendre au sérieux.
sqoqo
Genre, phonétique du film muet ou psychologie des foules dans le Sahara ..ou l'urbanisme tzigane
Sinon, ce bouquin est fabuleux d'érudition ...je ne sais pas si le Da Vinci code a essayé de s'en inspirer ( la blague dans ce cas) pour la relecture proposée de l'histoire, mais on peut voir ce pendule comme un da vinci code pour adultes , se donnant les moyens de son ambition, dense, documenté, plein d'humour, et sacrément bien écrit ( et traduit)
J'ai adoré..il y a aussi en filigrane une histoire sentimentale douce amère assez fine, mais surtout un pied extraordinaire à suivre Eco dans les jonctions, osées, qu'il établit entre certains moments historiques ou pensées politico-religieuses
Anonyme
Citation :
Youtou, tu t'es pas gondolé dans le pendule de Foucault, quand ils imaginent des départements universitaires totalement farfelus ?
Genre, phonétique du film muet ou psychologie des foules dans le Sahara ..ou l'urbanisme tzigane
Yep, les types imaginent et construisent tout un édifice pour étayer une théorie du complot.
Ils font même un logiciel qui va donner des théories complotistes (le livre a été écrit courant 80's) si on lui rentre des données même farfelues, les héros du bouquin rentrent même Mickey et Minnie.
Y a d'ailleurs un site web actuel qui fait la même chose, m'en souviens plus du titre.
Citation :
.je ne sais pas si le Da Vinci code a essayé de s'en inspirer ( la blague dans ce cas) pour la relecture proposée de l'histoire, mais on peut voir ce pendule comme un da vinci code pour adultes , se donnant les moyens de son ambition, dense, documenté, plein d'humour, et sacrément bien écrit ( et traduit)
pour la ptite histoire, la 1ere fois que j'ai le pendule de foucault, c'était en vacances toussa, en bouquin de plage, et par total hasard, j'avais embarqué aussi le da vinci code. Javé halluciné tellement le da vinci code était un plagiat médiocre et putassier, et sérieux en plus.
quantat
Citation de : sqoqo
Youtou, tu t'es pas gondolé dans le pendule de Foucault, quand ils imaginent des départements universitaires totalement farfelus ?
Genre, phonétique du film muet ou psychologie des foules dans le Sahara ..ou l'urbanisme tzigane
Sinon, ce bouquin est fabuleux d'érudition ...je ne sais pas si le Da Vinci code a essayé de s'en inspirer ( la blague dans ce cas) pour la relecture proposée de l'histoire, mais on peut voir ce pendule comme un da vinci code pour adultes , se donnant les moyens de son ambition, dense, documenté, plein d'humour, et sacrément bien écrit ( et traduit)
J'ai adoré..il y a aussi en filigrane une histoire sentimentale douce amère assez fine, mais surtout un pied extraordinaire à suivre Eco dans les jonctions, osées, qu'il établit entre certains moments historiques ou pensées politico-religieuses
La grande différence avec le da Vinci code c'est que Eco va s'inspirer de faits historiques réels .... tandis que l'autre bouquin - c'est Eco qui en parle- - est basé sur des fakes du XIX (ou de romans du XII...)...Eco a d'autres démystification à son actif, éparpillées dans ses articles (comme la prétendue croyance du moyen age selon laquelle la terre était plate)... Sa culture immense est aussi ce qui fait que dans ses romans y'a toujours des trucs qui nous (enfin, au moins à moi) échappent (comme les détails de la guerre Aristote Platon dans le Nom de la rose)
[ Dernière édition du message le 23/06/2015 à 11:41:04 ]
Anonyme

La Tchéquie de nos jours.
Le vieux Viktor Dyk est assis sur un banc au soleil, attendant le moment propice pour écraser de sa canne un coléoptère
qui ne lui a rien fait si ce n'est se trouver à proximité de ladite canne.
Il est comme ça Dyk. Un genre de vieil aigri et cynique au caractère fort qui s'accommode mal de l'époque et de ses contemporains.
C'est aussi un esprit brillant et vif qui ne manque pas d'humour.
Ce qui en fait un personnage apprécié par les gens âgé du quartier.
L'ambiance de ce quartier change brutalement lorsqu'on apprends la mort de Mme Horak qui, percutée par une voiture à un carrefour,
s'est traînée jusque dans son appartement où elle a fini par succomber.
D'autres disent que c'est faux, et qu'en réalité elle s'est suicidée en se mettant la tête dans le four.
A moins que ce soit un meurtre?
Qu'est-ce qui est vrai?
Quel bouquin !!!
On se marre pas mal car c'est sacrément bien écrit avec des personnages bien construits, des idées à foison, c'est fin et intelligent, poétique et touchant, avec toujours un peu de fond, question de ne pas prendre le lecteur pour un imbécile.
J'étais vraiment enthousiaste à l'idée de reprendre la lecture et de retrouver tous ces personnages.
C'est simple j'aurais aimé que le livre ne s'arrête pas. Patrik Ourednik en a sous la pédale
et on n'est jamais déçu.
Il faut souligner saluer le travail de traduction de Marianne Canavaggio qui donne au livre un cachet très particulier.
Je pourrais conseiller des tas de livres, mais si vous n'avez pas trop le temps de lire, que vous ne savez pas quoi choisir
et que vous voulez malgré tout vous mettre un bon bouquin sous les yeux et dans la tête sans vous la prendre je vous conseille chaudement celui-ci.
Quelques extraits pour ceux que ça intéresse:
- Vous êtes au courant? Il paraît que madame Horak s'est fait renverser par une auto.
- Ah? Et c'est grave?
- Grave ou pas, elle en est morte.
Dyk avait coutume de déclamer des sentences de son cri agrémentées de fausses références, le plus souvent bibliques.
Il avait compris depuis longtemps que dans ce pays la plus haute manifestation d'intelligence consiste à répéter ce que quelqu'un a déjà dit.[...]
Une fois il avait eu l'idée de rajouter "Livre de Ruth,4,6" et voilà que les regards s'étaient éclairés, ceus des femmes d'admiration, ceux des hommes de dépit.
"La nuit est promesse de l'aube, Lévitique, 2, 10" disait-il en se levant de sa chaise lorsqu'il quittait une soirée.
"Creuse le sable, tu te trouveras toi-même. L'Écclésiaste, 17, 5" exhortait-il une collègue qu'il comptait tromboner un de ces quatres. "Le père déploie sa voix puissante, las ! le fils ne l'entend point. Gilgamesh, chant troisième," consolait-il son voisin qui se plaignait de son rejeton pubescent.
Les ados ! Tristes avortons ! Beurk ! Ces regards de veau ! Ces gueules toutes lisses ! Cette conviction gégaire d'être unique ! Cette bêtise larvaire sourdant des fonds de la préhistoire ! Ces ego de dinosaure auxquels il suffit de suggérer Sieg Heil, Vivele communisme ou Think Different !
Et quand ces analphabètes réussissaient enfin à tirer leur coup, il ne restait plus qu'à fermer les fenêtres malgré l'été suffocant, si puissant était le désir de ces merdaillons d'informer les environs de leur triomphe orgastique.
- Vous voyez bien. Je peux causer tant que je veux sans rien dire, mais si,je veux m'en griller une dans la salle d'attente
chez le docteur ou baffer un morpion, c'est pas permis.
- Non
- De notre temps c'était permis.
- Oui.
- C'est démocratique?
- Que ce ne soit pas permis?
- Oui.
Najman était un spécimen si accompli de la connerie tchèque qu'on aurait pu l'exhiber dans les Expositions universelles:
jovial, trivial, populaire, passablement inculte, imperturbable et agressif. Il adorait discuter, ce qui en Bohême, désigne une opération sociale consistant à désarçonner le plus rapidement possible le crétin d'en face.
Ce n'est que quand un Tchèque se plie à cette contrainte qu'il est considéré comme un homme intelligent: ici, l'intelligence jaillit des ténèbres dans lesquelles un crétin plonge un autre crétin.
Si bien qu'argumenter veut dire nier tout ce que les autres disent, par principe (ils ne m'auraont pas), et qu'avoir une opinion revient à barboter dans le marécage dans le marécage qui tient lieu de cervelle au dit.
Najman excellait dans les discussions, argumentations et opinions, de sorte qu'il jouissait de l'estime et de la considération de ses concitoyens: arriver à exprimer son crétinisme avec toute l'autorité que cela suppose est pour les Tchèques l'ambition suprême, juste après la collaboration fructueuse avec les puissances du moment et l'entretien des nains de jardin.
LECTEUR ! Notre récit vous paraît dispersé ? Vous avez l'impression que l'action stagne ? Que dans le livre que vous tenez en main, il ne se passe au fond rien de très remarquable ? Gardez espoir : soit l'auteur est un imbécile, soit c'est vous ; les chances sont égales.
Né quelques siècles plus tôt, il aurait pu devenir François d'Assise ou Bartholomée de Las Casas ; dans la Tchécoslovaquie communiste du début des années soixante-dix du siècle, vingtième de son ère, il passait invariablement pour un con.
[ Dernière édition du message le 24/06/2015 à 10:05:14 ]
Anonyme
Janvier 1936.
Alors que Charles Digoin, la cinquantaine, rentre chez lui il croise
un homme bizarrement habillé qui lui demande:
"Eh bien ? Vous ne me reconnaissez plus ?!!"
Il faut dire que M.Digoin a un passif dont il craint constamment l'irruption
qui gâcherait le confort tranquille de sa vie de petit bourgeois provincial.
Ma curiosité pour cet auteur avait été éveillée par Benoît Poelvoorde, grand lecteur en général
et fan de Emmanuel Bove (1898 - 1945) en particulier.
Je n'ai pas été déçu.
Le style n'est pas flamboyant, plutôt "froid" d'une certaine manière, mais assez subtil pour nous faire croire qu'on lit quelque chose de banal, ce qui n'est en réalité pas le cas.
En effet, l'auteur excelle dans la mise à nu des orgueils propres aux personnages de la haute et petite
bourgeoisie parisienne et provinciale qui habitent ce roman.
A priori ce n'est pas une thématique ou un milieu qui m'attire,
mais Emmanuel Bove décrit si bien ce petit monde qui bouillonne d'opportunisme, de manipulation, de jalousie, de zèle éhonté mais aussi de petites faiblesses sans que jamais cela ne se dévoile, mais que chacun des personnages perçoit et analyse selon ses intérêts.
Il nous révèle donc ce qui est occulté, ce que cache chacun(e) d'eux/d'elles, sans tomber dans un romantisme bavard, affecté ou ampoulé mais avec tout de même une forme de classicisme.
Allié à cette "froideur" du style, c'est peut-être là la force de l'écriture dans ce livre.
Les personnages sont évidemment finement construits, la construction et le rythme bien maîtrisés et il n'y a rien de superflu, rien à jeter.
Avec Raymond Guérin, Drieu La Rochelle et quelques autres, Emmanuel Bove fait partie de ces écrivains dans l'ombre de Céline qui ont été un peu oubliés mais qui méritent d'être ramenés à la lumière.
[ Dernière édition du message le 01/07/2015 à 10:23:33 ]
Anonyme
je note, merci !
Anonyme
Les Américains qui ont débarqué en 1944 en Normandie
étaient de vrais gaillards et mesuraient en moyenne 1m73
et si on avait pu les ranger bout à bout plante des pieds contre crâne
ils auraient mesuré 38 kilomètres.
Ainsi s'ouvre ce livre dont il n'est pas facile de parler.
Cette "brève histoire" permet de nous interroger sur l'histoire
et ce que nous en savons ou pensons vraiment savoir non seulement selon l'orientation idéologique, politique ou morale
de chacun mais aussi d'un pays oui d'un continent entier.
L'auteur ne prend pas vraiment position mais propose d'abord d'identifier les courants politiques marquants (pour faire court nazisme, communisme, démocratie), compare leurs idéologies, leurs faits et méfaits.
Pour essayer de comprendre il se retourne vers ce qu'en dirent les philosophes, les psychanalystes, les anthropologues, les ethnologues, les linguistes.
Ce qui donne par exemple:
"Les nazis pensaient que [...] mais les communistes disaient que [...] les philosophes dirent alors [...] ce à quoi les psychanalystes s'opposèrent car selon eux [...]."
C'est écrit un peu à la manière de quelqu'un qui réciterait une leçon bien apprise.
Il n'y a pas vraiment d'ordre chronologique.
Ce livre soulève, sans révisionnisme aucun, l'interrogation suivante: que savons-nous vraiment de l'histoire
si ce n'est ce qu'on nous en dit?
Qu'est-ce qui est vrai?
Qu'est-ce qui est faux?
Sachant que l'auteur lui-même ayant déjà fait une sélection de faits et d'analyses faites par d'autres.
Et nous lecteurs, que savons-nous de l'histoire et que retiendrons-nous de celle proposée par Patrik Ourednik?
Nous ne pouvons que répéter ce qui a été dit, prendre parti selon nos tendances mais l'image entière
est hors de portée d'une certaine façon.
D'ailleurs est-il possible de comprendre un siècle en cantonnant la recherche uniquement
à son début et à sa fin?
Puisque c'est très bien fait, l'auteur en profite pour brouiller les pistes à un autre niveau en glissant ça et là quelques anecdotes édifiantes ou absurdes dont on ne sait pas non plus si elles sont vraies ou fausses, de petites histoires dans la grande histoire. Peut-être sont-elles plus véridiques que la grande?
Bien que représentant une partie congrue les tendances de la fin du XXème siècle sont aussi présentées mais
il y a moins de recul et donc moins d'acuité.
A priori ça n'a l'air de rien, mais construire ce livre a certainement demandé un gros travail de documentation
mais aussi de structuration. Pour couronner le tout, ça ne manque pas d'humour.
C'est vraiment une réussite selon moi.
En à peine 150 pages l'auteur couvre le torrent du siècle passé et nous offre
un résumé des courants forts l'ayant agité.
Ce livre vous permettra d'y naviguer sans pour autant vous garantir que sa carte est claire,
mais entre-temps il vous aura instruit, fait réfléchir et amusé.
Balaise.
En bonus un petit extrait sur la révolution internet:
[...] 180 pays avaient accès à l'Internet et pouvaient communiquer avec ceux qui partageaient des intérêts
semblables et entrer en contact avec l'association des mères suisses qui donnait des conseils sur la façon de communiquer avec les adolescents ou avec des citoyens qui communiquaient spirituellement avec les extra-terrestres et souhaitaient partager leur expérience avec d'autres citoyens ou encore avec les élèves de l'école élémentaire de Winnipeg qui avaient trouvé une belette morte pendant une excursion et avaient écrit une rédaction sur la vie des belettes.
a.k.a
Anonyme

Sous une forme qui a l'air largement autobiographique, l'auteur nous fait visiter Paris entre 1900 et 1947.
Cette visite de Paris lui sert aussi à faire une rétrospective de sa vie, plusieurs évènements historiques ou intimes étant attachés à la géographie de la capitale.
A travers la ville c'est donc au fond de lui qu'il se promène et qu'il nous promène, nous emmène.
Un Paris de petites gens, de prolétaires, de petits commerçants, d'appartement chers et insalubres (déjà),
de prostitués, de métiers oubliés.
Le personnage est vraiment attachant et on le doit certainement à son talent d'écrivain.
Il y a de très beaux passages et des formules poétiques éblouissantes.
Je me suis cependant ennuyé à la lecture de certaines évocations, celles d'un Paris oublié et définitivement
perdu, évocations qui ne parlent probablement qu'aux gens de sa génération si ils sont encore vivants.
Par certains aspects ce n'est pas très éloigné de "Banlieue sud-est" de René Fallet ou de "L'apprenti" de Raymond Guérin, avec ce côté initiatique
dans un cadre très parisien.
Mais c'est une teinte mélancolique qui domine le livre, sans humour mais sans tristesse ni pathos.
Juste un état des lieux personnel, affectif, d'un auteur d'une cinquantaine d'années toutes colorées
par sa vie dans les quartiers de Paris.
Touchant et bien écrit, je n'ai pas eu l'impression de perdre mon temps.
sonicsnap
Anonyme

La petite Lucie n'a que deux ans lorsqu'une nuit elle disparaît.
On la retrouve au bout de quelques heures, endormie et blottie dans le giron du loup en cage de ce cirque dont le père de Lucie est employé.
J'avais vraiment été séduit par Le Très-Bas du même auteur mais là c'est la catastrophe.
C'est bien écrit, pas de doutes là-dessus, mais le personnage est insupportable et ce que lui fait dire l'auteur (c'est à la première personne) n'arrange pas les choses.
On peut pardonner une candeur toute naturelle à l'enfant qu'est Lucie, mais en grandissant elle garde un logiciel de "gamine" qui peut certes séduire mais pour ce qui me concerne m'a juste donné envie
de la tarter.
Lucie c'est la vie de bohême rêvée pour une parties des lectrices "bobos" (parisiennes?) entre 18 et 35 ans de Télérama ou autres revues féminines (allez voir les critiques, je n'invente rien) où tout est beau et facile, ou rien n'est très important et qu'en cas de difficulté un éclat de rire règlera tout.
En réalité c'est un personnage d'une niaiserie confondante, hermétique à toute forme d'autorité cela va de soi, une rebelle qui se veut insouciante mais que je qualifierais de nombriliste.
Le tout est truffé de formules qui se veulent belles et profondes mais qui ne sont que des poncifs
lourdaux, de pseudo-philosophie de la vie et de sagesse lite, des clichés éhontés dont je me demande comment l'auteur a pu les coucher ainsi sur le papier sans se demander si ce n'est pas un peu bêbête.
Il me rétorquerait probablement que c'est le personnage qui est ainsi.
Mouais.
Je ne résiste pas à l'envie de vous proposer quelques citations question de vous faire une idée.
Éloge de la folie d'abord:
Ma mère est folle je crois. Je souhaite à tous les enfants du monde d’avoir des mères folles, ce sont les meilleures mères, les mieux accordées aux cœurs fauves des enfants.
Mais oui une maman folle c'est tellement génial
Je sais que j'ai moins peur des fous, je crois qu'ils sont bien moins dangereux.
Un petit tour dans un asile pour la demoiselle pour qu'elle commence par comprendre qu'il a différentes sortes de fous et non pas les fous
Niveau rebelle ça donne ça:
Je viens de comprendre que personne, jamais, ne me contraindra en rien. Personne. Jamais. En rien. L’internat, on verra bien. J’ai trouvé ma méthode. Elle est simple. Elle vaut pour l’internat comme elle vaudra plus tard pour un mariage, pour un métier, pour tout. Ma méthode, c’est : on verra bien.
Faut dire qu'elle tient de sa mère qui lui tient ce discours à la veille de son mariage:
Mais je suis heureuse que tu ne m'écoutes pas, ça me plaît comme ça, c'est bon signe, on t'a bien élevée, petite, on t'a appris à n'écouter que ton coeur et lui seul.
Sacro-sainte maman qui n'échappe pas aux clichés sexistes:
Le travail des mères, c'est de protéger les enfants de la noire humeur des pères. Et les pères? Leur travail est, je crois, de même nature: ils sont là pour garder les enfants de la trop vive folie des mères. Pour moi cela n'aura marché que d'un côté.
Ma mère aura toujours été ravie par le mouvement de ses enfants, qu'ils entrent, qu'ils sortent, qu'ils passent au tribunal ou à la mairie. Il est hors de question que qui que ce soit - fût-ce son mari - émette la moindre réserve sur notre conduite. Elle seule a le droit de nous critiquer. C'est son privilège de mère - et c'est sa grâce de ne jamais user de ce privilège.
J'ai peur de vieillir. Je me demande si les hommes connaissent cette peur-là.
Les hommes sont protégés de beaucoup de choses - par les femmes comme mères et ensuite comme épouses.
Dans le genre anti-conformiste pointue:
J'avais choisi une robe d'été bien qu'on fût en hiver.[...] Rien n'est plus triste de toujours s'habiller "comme il faut". Rien n'est plus désolant que ces gens qui ne disent et ne font jamais rien de "déplacé".
De toute façon, dans la vie faut pas s'en faire:
Je ne dis rien. Je n'ai rien à dire.[...]Je retrouve ma boussole, mon instinct, ma formule merveilleuse: on verra bien. Et voilà.
Le couple est une chose difficile - comme toutes les choses impossibles. Et puis, au fond, qu'importe ce qui devrait être: ce qui est suffit à ma joie. J'ai un secret: la vie m'aime bien. La vie vient toujours à ma rencontre quand je suis au bord de l'oublier. Pourquoi m'en faire?
Inspirée par la proximité d'un cimetière, voilà le discours qu'elle tient à son ex-mari:
Mais Roman, mon bon Roman, mon vieux Roman, quel rapport avec l'amour? On ne va pas rester avec quelqu'un sous prétexte qu'il est perdu sans vous - à moins qu'il s'agisse d'un enfant et qu'on en soit la mère*. je ne suis pas ta mère Roman et je ne veux plus être ton épouse.
Je suis heureuse de ce que nous avons vécu ensemble, même si j'ai un doute sur ce mot: ensemble. Je suis heureuse et je m'en vais. Regarde-les [elle lui montre les tombes] ils ont fini de chercher, eux. Ils ont trouvé. Moi je n'ai pas trouvé, Roman, et il n'y a rien ni personne dont je ne puisse me passer.

* parce que les pères c'est pas leur genre, on connaît heing...nan mais
Il y en a d'autres, des pelletées de bêtises affligeantes du même calibre.
A la fin je ne lisais plus que pour voir si il pouvait y avoir pire et je n'ai pas été déçu,
puisque notre bonne gamine plaque une carrière d'actrice en forte ascension pour libèrer de l'hospice une vieille dame atteinte d'Alzheimer avec pour but l'emmener où elle veut car je cite:
Tout est possible.
C'est un petit conte, une petite ode à la légèreté qui ne manque pas de lourdeurs.
Vu le bouquin j'allais pas me priver d'un jeu de mot aussi facile.
J'ai pas mal d'autres Bobin à lire. J'espère qu'ils ne ressembleront
pas trop à celui-ci. Remarquez ça a l'avantage d'être vite lu.
[ Dernière édition du message le 13/07/2015 à 20:21:16 ]
Anonyme
Anonyme
Mais pour faire plus direct, j'avais commencé ça il y a trois jours:

Ampoulé comme un sapin de Noël, j'ai arrêté au bout de 60 pages,
écoeuré par la sophistication stérile et froide du style.
[ Dernière édition du message le 13/07/2015 à 21:06:12 ]
a.k.a
Jackbrelle
Je redébarque, je prendrai le temps ultérieurement de revisiter les pages...
Je lis " Les Masques Du Temps " ( Robert Silverberg )...
Résumé: Deux chercheurs ( un vieux un jeune ) bossent sur respectivement la réversibilité du temps, et la libération de la force intra-atomique... le premier a réussi a envoyé deux trois particules vers le passé qui ont étés annihilées directos... L'autre a abandonné ses recherches, il a flippé à mort sur les conscéquences boulversifientes pour la société marchande de ses découvertes et s'est reclus avec son amoureuse à poil, où le vieux est bien venu aussi, c'est la grosse amitié mais sans partouze...
Tsaââm! http://laurent.tarrisse.perso.sfr.fr/test_gif/organiste.gif
Arrive un mec du futur/ou un charlatan hyper-doué... Y séduit tout le monde, son magnétisme fulgure, il se tape hommes/femmes comme je fume. Aussi il laisse sous-entendre cette libération intrachose et vient du Future...
Faussaire génial ou non est la question à traiter par le héros plus une équipe de rigolo-pénibles,cougardnymphe, gros lours..., Le type raconte ( au "je" ) avec l'ironie un peu anglaise... Drôle et socio-70's mais pas trop de stéréotypes, langage crédible ( manque " Putain chier! ça déchire comme c'est stylé! " Donc ça va )...
J'ai fait de l’insomnie hier juste pour lire la suite!
Après un échange d'idées, chacun peut repartir avec la sienne.
[ Dernière édition du message le 13/07/2015 à 21:10:32 ]
Anonyme
http://www.cybersfere.com/pict/cyber/ref/131837.jpg

Je les avais emmenés avec moi ce matin, question de savoir lequel j'allais lire.
Ce sont des livres assez courts.
Cependant, je n'ai pas été emballé au point d'aller au-delà de la page 30 ils vont donc tous finir chez des amis
ou en solderie.
Anonyme
Voici la première page du roman:
Je m'appelle Martin.
J'ai vingt-huit ans.
Un jour que je rentrais chez moi sans être attendu,
j'ai trouvé mon frère et ma fiancée couchés dans mon lit, endormis dans les bras l'un de l'autre.
Dans le moment, j'ai pu prendre sur moi et, sans éveiller personne, je suis sorti pour aller considérer la situation dans la rue.
Ayant descendu un étage, je me suis trouvé, sur le palier du cinquième, nez à nez avec Chazard, un locataire irascible qui se plaignait quotidiennement qu'on fît trop de bruit au dessus de sa tête.
Chazard m'a entrepris avec son habituelle véhémence et, me voyant qui filais sans vouloir l'entendre, il a tenté de me retenir par le flottant de mon veston.
Ç’a été le réveil de la bête.
Je suis revenu sur lui, je l'ai frappé à la mâchoire et, sur un dur coup de pied qu'il venait de me porter
au tibia, je l'ai fait basculer par-dessus la rampe dans la cage de l'escalier.
Il a poussé un hurlement que tous les locataires de l'immeuble ont dû entendre
et il est mort en arrivant au rez-de-chaussée, la tête éclatée sur les dalles.
En une seule page, avec sobriété, détails essentiels, concision redoutable, presque banale, dans un français simple mais maîtrisé et efficace, l'auteur propose un programme captivant, un univers entier.
La suite ne déçoit pas avec des personnages forts, divers, très réussis et très attachants.
Telle qu'elles sont décrites les femmes et les filles sont particulièrement charmantes et on rêverait de rencontrer
certaines d'entre elles.
C'est vous dire si leurs profils sont réussis.
Un brin d'intrigue, des réflexions sur l'amour qui valent ce qu'elles valent, un parfum de lutte des classes, de l'humour, des moments d'intimités tendres très touchants viennent servir de liant et donner aux personnages toutes
leurs mesures, y compris les plus humbles.
On navigue entre légèreté et gravité mais sans pathos pesant qui pourrait alourdir le porpos.
Le style est riche mais jamais ampoulé, un rien cinématographique tant sont bien rendus certaines scènes, dialogues, réactions, attitudes et même certains silences.
On rêve d'une adaptation cinéma "d'époque" avec entre autres, Jean-Pierre Léaud dans le rôle de Michel, le frère de Martin, Marlène Jaubert dans le rôle de Valérie, Bernadette Lafont jouerait Tatianna.
Il y a de multiples tiroirs qui s'ouvrent tout au long de l'histoire.
Certains le restent d'autres se referment.
L'inconnu est bien évidemment à double-sens.
Un roman distrayant, captivant, bourré de charme et émouvant.
Anonyme
http://partenulle.blogspot.com/p/histoires.html
Avec ce dernier opus :
READ & ENJOY !
a.k.a
As-tu la lecture de ses poèmes enregistrés par lui-même ? Je l'avais vu à l'occasion de la parution de sa traduction des sonnets de Shakespeare, une voix chevrotante de petit vieux pendant la conversation. Pour finir, il a lu quelques sonnets : on aurait dit la voix d'un autre homme, puissante et sûre, dans la force de l'âge... Un grand moment.
Anonyme
Je ne peux pas l'écouter, Ce qui fut sans lumière est mon recueil préféré de Bonnefoy et devine quel poème je connais par cœur ? Je tenterai quand même une écoute mais pas ce soir.
As-tu la lecture de ses poèmes enregistrés par lui-même ? Je l'avais vu à l'occasion de la parution de sa traduction des sonnets de Shakespeare, une voix chevrotante de petit vieux pendant la conversation. Pour finir, il a lu quelques sonnets : on aurait dit la voix d'un autre homme, puissante et sûre, dans la force de l'âge... Un grand moment.
Ha, chanceux ! Tu as rencontré un grand homme.
Sinon, je ne te conseille pas d'écouter ma version : c'est sincèrement une réinterprétation, et je crois pas que ce poète l'approuverait. Je me suis concentré sur la dimension spirituelle de sa poésie, tout en laissant de côté le prosaïque et la simplicité des choses qui sont, je crois, une matière importante dans sa création. Bref, je pense que tu n'aimeras pas !
Anonyme
Ceci dit ce bouquin lui a valu pas mal d'inimités : il se passe dans la France de l'immédiat après guerre, genre pendant l'été 45, et les communistes et autres revanchards y sont dépeints comme aussi débiles que les collabos (ce qui est totalement vrai d'un point de vue historique) : c'était pas trop dans l'air du temps, et je doute que ça le soit même en 2015.
Très bon roman, affreusement lol, qui a d'ailleurs donné un très bon film, avec un casting délirant (Marielle, Noiret, Depardieu, Blanc, Prévost, Luchini....Fallait de bons acteurs ceci dit, les -très bons- dialogues du livre étant repris à l'identique).
Anonyme
@ Kumo : si t'as bien aimé Marcel Aymé, je te recommande vivement Uranus, amha son meilleur bouquin sur le fond et la forme.
Merci pour le conseil.
En fait je l'ai repéré hier chez un bouquiniste.
J'y passerai cet après-midi normalement.
Je me souviens effectivement des images du films à sa sortie mais je ne l'ai jamais vu.
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