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Sujet Alors, il faut voter OUI ou NON pour la Constitution Européenne ?

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Sujet de la discussion Alors, il faut voter OUI ou NON pour la Constitution Européenne ?
Je ne me suis pas encore fait une religion à ce propos. En plus, je ne l'ai même pas encore lue...




Et vous ?

Putain, 22 ans que je traine sur AF : tout ce temps où j'aurais pu faire de la musique !  :-( :-)

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Le monologue c pas mal. Et de 5... :bravo:
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Citation : je préfère que tout péte dans l'espoir d'un monde plus juste pour la nature, chacun, le pauvre, le faible, le moyen, les animaux et même le riche (surtout lui d'ailleurs!)!



J'ai bien peur que les jeux ne soient faits et que le futur même proche ne nous ramène aux heures les plus sombres du moyen-âge ...alors, l'Europe ...

Tâchez de rester du côté des Seigneurs .... Ca va craindre pour les serfs ...
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Hors sujet : Bonne nuit ...on se couche tôt sous les tropiques (23 h comme même ...) et demain matin, bateau à convoyer à 5h :zzz:

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Je suis ravi. Que la France dise non. D'un point de vue géographique déjà, ca en fait chier plus d'un... Non seulement le pouvoir politique en place va être affaibli par la population du pays qu'il dirige mais par le poids européen tout entier. Peut-être avait-il oublié un peu vite que nous somme putain de s amére de flics mibre en fin libres.
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C'est bien Papéête? :aime:
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Hello, voici comme promis quoi qu’un peu tard mon long post en réaction à un texte de F.Lordon qui a été présenté ici. J’ai essayé tout au long de ce message de rester simple et de me garder de tout prosélytisme ou de toute réaction partisane. J’ai gardé mes envolées lyriques pour la toute dernière partie de ce message ou j’expose des arguments que je trouve marquants pour le « oui »

1) vu que F.Lordon est un personnage publique et que peu de monde ici me connaît "en vrai", voici un rapide CV.
DEUG A (maths & informatique)
Maîtrise de sciences économiques
BA ‘economics & business administration’ (équivalent anglais d’une maîtrise en gestion)
Maîtrise de Sciences Politiques
DESS en gestion de la Technologie et de l’innovation
Dans le civil, je suis consultant en « conduite du changement ». C’est un terme lapidaire pour dire que j’aide des entreprises à s’adapter à des changements voulus (refonte du système d’information, modifications des activités, acquisition d’un concurrent, internationalisation …) ou subits (fusion, rachats, changement réglementaire…) notamment en définissant la formation, la communication, des réorganisations ou en conduisant certaines négociations.
Mes clients sont les directions générales, les directions des ressources humaines ou les DSI de sociétés comme la SNCF, EDF, Snecma, AXA…
Je considère comme une victoire personnelle de n’avoir jamais fait virer qui que ce soit de son taf ;)
Tout ça ne garantit pas que je ne dis pas de conneries mais il me semble utile de savoir qui prend la parole ;)


2) passons au texte de F.Lordon… ma remarque d’ensemble est qu’à part taper sur le TeCE et proposer de vagues analyse politiques il ne propose pas grand chose et semble faire preuve d’un manque de réalisme politique étonnant en ce qui concerne l’UE… Je trouve aussi que le ton général très suspicieux nuit à la lecture du texte. Il y a aussi quelques énormités… mais ce texte soulève quand même des points vraiment intéressants alors zieutons ça en détail :

Citation : Le gouvernement français, en proie à quelques légères angoisses électorales, a obtenu de ses partenaires européens que l’épouvantail du projet de directive européenne dite Bolkestein (1) soit remisé le temps qu’il faudra. Evidemment, il faut avoir le sens du merveilleux pour imaginer la directive « services » totalement terrassée, ou une certaine tendance à l’affabulation pour nier qu’elle réapparaîtra propre comme un sou neuf sitôt dissipée la « chienlit » populaire.


Euh c’est quoi le rapport direct avec le TeCE ???
A part que avec un TeCE qui s’applique ce genre de directive aurait été probablement soit « tuée dans l’œuf » ou au moins discutée plus tôt, plus sereinement, en impliquant d’avantage le parlement européen et en étnt communiqué très tôt aux parlements nationaux … Autrement je ne m’étonne pas vraiment que des hommes politiques fassent de la politique ;)

Citation : Comme la propension au serment dans les dernières extrémités est la chose du monde la mieux partagée, voilà que les socialistes, à leur tour, tentent d’apporter leur obole et promettent un « grand traité social »... pour « après ». Ce ne sera jamais que le troisième ou le quatrième puisqu’ils ont maintenant pris l’habitude de jurer à peu près à chaque élection – passé Maastricht, l’Europe serait sociale, c’était certain ; Amsterdam n’irait pas plus loin sans les quatre conditions posées par M. Lionel Jospin, etc., et tant d’autres.


Ben tant que notre classe politique confondra un référendum sur un traité européen avec une bonne vieille élection, on entendra un paquet de promesses débiles et d’argumentations inexactes à la place d’explications et d’opinions correctement argumentées…on est d’accord sur ce point… mais bon… il me semble qu’il y a des conneries et des choses justes exprimées par les tenants du "non" comme par ceux du "oui". Perso j’ai juste tendance à faire un peu plus confiance aux explications neutres du TeCE présentées par le sénat ou la documentation française… et je prête un peu plus d’attention aux propos de «connaisseurs» de l’UE qui ne voient pas dans ce référendum d’enjeu personnel

Citation : C’est la bruyante irrationalité du peuple qui fait regretter la douce quiétude des sommets européens entre amis : Barcelone en mars 2002 et la déréglementation de l’énergie sans cri, Lisbonne en mars 2000 et la perspective d’un marché du travail libéralisé dans l’huile, pour ne rien dire des bonheurs simples de la Commission, directives à l’étouffé et décisions sans tapage inutile.


Si c’est pour dire que le fonctionnement de l’UE n’est pas assez lisible pour le commun des mortels on est plutôt d’accord mais franchement, je trouve le ton de ce paragraphe à limite de la parano… et il faut être sacrément coupé de la réalité et de la vie de l’UE pour oser dire « Barcelone en mars 2002 et la déréglementation de l’énergie sans cri » quand on connaît un tout petit peu le sujet et les négociations sans fins qui ont abouti à cette déréglementation dont les effets premiers sont
1)de reconnaître la vocation publique d’une partie de secteur de l’énergie
2)définir par exemple un « droit à l’électricité »
3)initier une politique de protection de l’environnement suffisamment efficace pour que l’UE soit la seule zone au monde qui ait réduit sa consommation d’énergies fossiles ces dernières années
4)laisser aux états la gestion des éventuelles « privatisations » dans ce secteur
5)faciliter les échanges et diminuer la dépendance énergétique de l’europe dans son ensemble
6)limiter le monopole d’un ensemble d’acteurs…

Citation : Bolkestein rangé, la pédagogie un peu exaspérée du « oui » va pouvoir s’épargner de faire remarquer aux électeurs que la directive Services n’est pas dans le traité – ils s’en étaient aperçus tout seuls, merci. A vrai dire, il fallait une dose dangereusement croissante de mauvaise foi – ou alors d’aveuglement bienheureux – pour soutenir que les deux textes sont étrangers l’un à l’autre. Par un argument passablement maladroit, les partisans du « oui » s’imaginent en effet dissiper les craintes en rappelant que la problématique partie III ne fait pas autre chose que compiler les traités antérieurs. Mais comment mieux dire l’identité libérale-concurrentielle d’une construction européenne dont le projet déréglementateur remonte aux origines mêmes ? Aussi la référence au traité de Rome de 1957, visiblement faite pour apaiser les inquiétudes par la réminiscence heureuse des années 1960, est-elle à la fois factuellement fondée et politiquement inepte. Il est vrai qu’il est plus facile d’anesthésier le corps électoral en le reconduisant à un passé simple et cotonneux qu’en tentant de mettre au clair pour lui une histoire pleine de paradoxes et de menaces.


Euh … j’ai pas tout compris à ce paragraphe … voir quand même un peu plus loin mon blabla sur le terme libéral ;)

Citation : Paradoxal en effet, un traité de Rome très libéral rédigé au cœur d’une époque très keynésienne. Paradoxale encore, une norme juridique européenne réputée supérieure et pourtant restée lettre morte pendant près de trente ans. C’est une histoire non linéaire qu’il faudrait prendre le temps de raconter, histoire d’un long sommeil du principe concurrentiel européen, puis d’un progressif réveil, et maintenant d’un imperium sans merci (2). On peut donc convoquer le traité de Rome à des fins anxiolytiques, mais à la seule condition de faire oublier que le texte débonnaire n’a révélé que tardivement sa véritable identité, et a muté de façon endogène en une machine à déréglementer devenue à demi folle. Comme, il y a peu, celle destinée à faciliter les OPA hostiles, la directive Bolkestein ne fait pas autre chose que déployer l’essence même de cette construction européenne, avec l’imperturbable logique d’un caractère physique exprimant un code génétique. De l’innocent traité de Rome à l’agressive déréglementation des services, il y a l’intime solidarité de l’accomplissement du premier par la seconde, et la coparticipation d’une même idée : l’idée concurrentielle, dont la consécration constitutionnelle renforce, si besoin en était vraiment, le dynamisme invasif.


Bon … si j’ai bien compris, la concurrence c’est méchant et l’ultra libéralisme c’est affreux… pourquoi pas c’est ma foi une opinion très défendable mais pour faire très simple il faudra m’expliquer pourquoi avec cette analyse les ultra libéraux restent farouchement opposés au TeCE.
Il faudra m’expliquer pourquoi il est judicieux dans ce genre d’analyse de placer au même niveau de valeur des traités majeur comme Rome ou le TeCE et des directives parmi les plus contestées et pas encore votées…
Il faudra aussi m’expliquer comment un économiste comme F.Lordon peut entretenir une telle confusion sur ces notions élémentaires d’économie que sont la concurrence, une économie de marché et une politique libérale…
Si la vraie question est de savoir si l’UE est libérale… ça mérite une vraie réponse explicitant au passage la signification que l’on donne au terme « libéral ». et là F.Lordon se limite à un amalgame très douteux.
(voir encore une fois mon blabla sur le terme de « libéralisme » un peu plus loin)

Citation : Mme Elisabeth Guigou, ancienne ministre socialiste, clame que le « non » n’a rien compris et que la prodigieuse avancée démocratique constitutionnelle permettra de faire barrage aux futures directives Bolkestein. On ne voit d’abord pas bien par quelle soudaine révolution mentale les gouvernants français, leurs commissaires et leurs parlementaires, indifféremment socialistes et libéraux, s’opposeraient subitement aux déréglementations qu’ils n’ont cessé de valider. Temps de travail, énergie, OPA, courrier, services, la liste n’est-elle pas suffisamment longue pour rendre plus probable l’hypothèse de son prolongement que celle de son renversement ?


Euh … au lieu de hurler à la déréglementation à tout va, il suffit de suivre la « vie » de l’UE pour s’apercevoir que l’action de l’UE vise le plus souvent à « structurer » et donner des moyens de contrôles et de développement à un ensemble de marchés. L’UE n’échappe certes pas au ridicule (ahhhh la norme européenne sur le calibrage des cornichons… une avancée majeure après 8 mois de discutions !!!!) ou aux dérapages (l’harmonisation du temps de travail étant un grand moment de loose de la commission par exemple)… mais ne retenir que ces échecs aux conséquences le plus souvent limitées, c’est AMHA enterrer un peu vite le dynamisme européen dans des secteurs comme les télécoms, l’énergie, l’aéronautique… dynamisme en grande partie du aux actions de l’UE. C’est aussi enterrer l’émergence économique de pays comme le Portugal, la Grèce, ou l’Irlande… pays pour lesquels l’UE a été d’un soutien inestimable...

Citation : On ne voit pas bien non plus comment nier que le principe concurrentiel soit devenu la ligne de force des politiques publiques européennes, la toile de fond sur laquelle les exemptions fragiles de l’éducation, de la santé, de la culture et des services publics sont vouées à faire figure de verrues dérogatoires du droit commun. Le destin d’une exemption, sans cesse menacée d’être submergée par la vague principale, est d’être réduite – et l’entreprise de mise en concurrence généralisée ne s’arrêtera qu’une fois sa matière définitivement épuisée.


Euh… Il faut retourner en première année d’étude pour remarquer que « le principe concurrentiel » n’est à aucun moment une « ligne de force » d’une quelconque politique… la concurrence n’est qu’une caractéristique possible et sous des formes multiples d’un marché. L’UE a en effet parmi ses vocations le contrôle de la concurrence sur certains marchés ce qui ne constitue en rien une quelconque politique économique. Dire que le TeCE implique forcément à terme que des secteurs comme l’éducation, la santé, la culture ou les services publics doivent fonctionner selon un modèle de marché concurrentiel est simplement inexact
(je ne referai pas ici une analyse détaillée du traité sur ce point et me contenterai simplement de rappeler que le TeCE protège d’avantage ces secteurs et propose simplement un cadre pour une éventuelle ouverture maîtrisée et pragmatique)

Citation : Entre dénégation pure et simple et prophétie d’apocalypse, la réponse sociale-démocrate à cette perspective laisse rêveur. Très maître de lui, M. Julien Dray, porte-parole du Parti socialiste, assure que les mauvais sondages du « oui » ne doivent pas « faire paniquer », mais dérape l’instant d’après en avertissant que la victoire du « non » équivaudrait à « un nouveau 21 avril ». De cette calamiteuse mise en garde, il faudrait en vérité prendre l’exact contrepied : la victoire du « non » est le plus sûr moyen d’éloigner la perspective d’un nouveau 21 avril.
Car, contrairement à ce que se figure M. Dray, la pathologie spécifique de cette date ne réside pas tant dans l’élimination du candidat socialiste, péripétie presque indifférente, que dans l’accession au second tour du candidat d’extrême droite. Or les succès du Front national ne sont pas autre chose que la défiguration d’une question sociale qui, faute de trouver les forces politiques capables de l’exprimer selon ses véritables significations, fait malgré tout résurgence, mais sous des formes monstrueuses et méconnaissables : les luttes identitaires se substituent aux luttes salariales, la figure de l’immigré est promue pour faire oublier celle du chômeur, les enjeux sécuritaires recouvrent ceux des inégalités. Le déni radical de ce que les colères d’une société doivent à la dégradation de ses conditions matérielles d’existence se paie tôt ou tard, et, si elle n’y prend pas garde, la très moderne social-démocratie, qui pensait en avoir fini avec les luttes de classes, déclarées hors d’âge, pourrait bien avoir à passer de nouveau à la caisse.


Beh sur ce point de « politique quasi intérieure » je laisse J.Dray et F.Lordon responsables de leurs propos et je n’ai pas grand chose à commenter

Citation : Il faut donc que le Parti socialiste se trouve dans la désorientation idéologique la plus profonde pour ne pas même apercevoir la vertu propre de ce référendum européen, qui est de remettre le débat sur des rails qu’il n’aurait jamais dû quitter. Cette fois-ci, pas question de s’en tirer avec des histoires de « sauvageons » ou de casseroles comme dans une élection présidentielle de base qui ne sert à rien et ne fait qu’interchanger sociaux-libéraux et libéraux-libéraux. Pour une fois, un scrutin pose sans échappatoire possible la question soigneusement éludée lors de toutes les consultations précédentes : celle du capitalisme libéral-concurrentiel.


Euh ben chacun interprète la question du référendum comme bon lui semble mais il me semble que voter « non » tout comme voter « oui » ne changera strictement rien au «capitalisme libéral concurrentiel»

Citation : Les électeurs le sentent bien, ils ne vont pas louper l’occasion. Non seulement il leur est offert de se prononcer sur le projet d’une politique européenne qui a explicitement mis en son cœur le principe de la concurrence généralisée, mais il leur est possible de le faire avec le recul de vingt ans d’expérimentation dont ils sont à coup sûr bien placés pour apprécier les effets... et pour anticiper l’avenir probable. Vingt ans de promesses de prospérité, de certitudes d’économistes et d’experts catégoriques. Qui se souvient des monts et merveilles annoncés à la veille du « grand marché » de 1993 ? La directive Bolkestein nous les promet à nouveau, avec en elle la même foi granitique en l’universelle efficacité de la concurrence. Mais, coinçant les entreprises entre des prix industriels qui baissent et des exigences de rentabilité financière qui montent, la concurrence généralisée n’a rien généralisé de plus que l’ajustement salarial et la précarité. Par un extraordinaire privilège idéologique, le modèle du marché jouit donc de la possibilité de prolonger indéfiniment ses expériences en vraie grandeur en dépit de ses échecs répétés : des décennies de libéralisation sans le moindre effet, sinon sur le pouvoir de négociation des entreprises ; autant de baisse du coût du travail sans le moindre tremblement spécifique sur le chiffre du chômage. En attendant, réservant l’éventuel surplus de richesse créée à quelques-uns au prix de l’inquiétude de tous les autres, la concurrence généralisée dévaste la société. Or voilà que pour la première fois depuis qu’elle a été lancée malgré elle dans l’aventure néolibérale, la société se trouve confrontée, non plus aux seuls symptômes, mais aux vraies causes de sa dévastation.


Super !!! ceci est un mix d’actualité européenne et d’un résumé hyper synthétique à la sauce européenne d’un ouvrage (Anti-equilibrium) de Janos Kornaï, un des néo-marxiste les plus brillants de la fin du 20°siècle (dont je recommande la lecture très instructive). C’est bien d’avoir des références, c’est mieux de les citer. Et c’est encore mieux d’indiquer que cette analyse correspond à un changement radical de paradigme économique déjà considéré par son auteur en 1971 comme irréaliste dés que l'on cherche à quitter une analyse systémique de l'économie pour passer au domaine politique...

Citation : Selon les partisans du « oui » les plus tempérés, il serait irrationnel de refuser un traité qui n’est certes pas au-dessus de tout reproche mais dont l’avancée marginale demeure malgré tout positive. Il faut avoir un curieux sens du « positif » pour trouver – parmi tant d’autres – que « l’économie sociale de marché hautement compétitive » se substitue avantageusement à la « République indivisible, laïque, démocratique et sociale (3) » comme nouvelle forme de notre destin collectif...


Comme cela a déjà été exposé sur le forum, une éventuelle substitution du TeCE aux constitutions des Etats membres est une ineptie

Citation : Mais les sociaux-démocrates d’aujourd’hui savent-ils seulement que l’« économie sociale de marché » est une trouvaille d’économistes libéraux allemands récupérée par la démocratie chrétienne de l’immédiat après-guerre ? On la doit en particulier à M. Alfred Müller-Armack, nommé par Ludwig Erhard (4), directeur du « département des questions fondamentales » (ça ne s’invente pas) du ministère de l’économie. Or pour Müller-Armack, l’économie sociale de marché se définit « comme un ordre économique dont l’objectif est de combiner, dans une économie ouverte à la concurrence, la libre initiative et le progrès social garanti précisément par les performances de l’économie de marché (5) » – précisément... c’est donc le marché lui-même, et lui seul, qui est l’opérateur du progrès social, sous la bienfaisante gouverne du « consommateur » unique pilote légitime de l’économie, puisque « cette orientation sur la consommation équivaut en fait à une prestation sociale(6) ». Le progrès social, c’est simple comme le bonheur du consommateur...


Punaise !!! :8O: il est temps de reprendre un bouquin d’histoire de la pensée économique pour s’apercevoir que ce pauvre Alfred Müller-Armack a du se retourner dans sa tombe devant une interprétation aussi débile de deux « alertes citations » parfaitement hors contexte !!!

Quand on sait que cette fameuse « économie sociale de marché » a été définie à cette époque dans le cadre d’une économie mixte et a amené à conduire des politiques massivement keynésiennes (interventionnistes et opposées aux politiques libérales)…

Quand on sait que par « l’économie sociale de marché se définit comme un ordre économique dont l’objectif est de combiner, dans une économie ouverte à la concurrence, la libre initiative et le progrès social garanti précisément par les performances de l’économie de marché (5) » A.Müller-Armack ne dit rien d’autre que dans un contexte capitaliste, il souhaite favoriser la croissance économique tout en répondant à des objectifs de progrès sociaux. Et que justement ces progrès sociaux ne sont réalisables que si l’économie de marché se « porte bien » (en gros le progrès social ne peut être une préoccupation que pour une économie déjà raisonnablement prospère…)

Quand on sait que remise dans son contexte le bout de phrase « cette orientation sur la consommation équivaut en fait à une prestation sociale » signifie en terme plus actuels « augmenter le pouvoir d’achat est de la responsabilité de l’état »

ça fait tout drôle de voir écrit avec un tel aplomb une telle énormité…
suite à cette connerie sans nom j’ai cessé de commenter ce texte


3)j’ai l’impression après avoir lu ce texte et suivi quelques discussions ici qu’il y a une ENORME confusion autour du terme: « libéral » Voici donc une Pitite explication circonstanciée tirée de cours d’économie et de sciences politiques :

libéral : dans son sens commun et d’après le petit robert : « favorable aux libertés individuelles »

attention ce terme est utilisé avec deux sens bien différents dans deux notions elles même très différentes :

- « économie de marché libérale » qui désigne le système économique actuel de l’essentiel de la planète. On peut vaguement l’assimiler à la version du système capitaliste dans laquelle on vit depuis un peu plus de 30 ans. C’est un régime économique et social dans lequel les capitaux, sources de revenus, n’appartiennent pas en règle générale à ceux qui les mettent en œuvre. Il garantit une liberté d’action aux acteurs économiques (liberté de travail, d’entreprendre, d’échange…) et structure les échanges « commerciaux » sous formes de marchés répondant à des règles de libre concurrence. On peut noter que ce régime ne présuppose à aucun moment le rôle économique de l’état, qu’il autorise des échanges « non commerciaux » (tant qu’ils n’interdisent pas les échanges commerciaux) et s’accommode d’à peu prêt n’importe quelle politique économique (classique, libérale, néo-ricardienne, keynésienne, mixte, régulationniste, monétariste, etc. )

- « politique libérale » (ou libéralisme) qui désigne un ensemble de politiques en particulier économiques issues pour l’essentiel des approches néo classiques et de l’école de Vienne (les fameux ultra libéraux). La doctrine correspondante tend à garantir les libertés individuelles dans la société. Selon elle, la liberté économique, et le libre jeu des acteurs économique ne doivent pas être entravés. Cela se traduit par la recherche d’une «concurrence pure et parfaite», de la liberté de travail et des échanges et l’application d’un «individualisme méthodologique» à tout comportement économique. L’atteinte de cet objectif est censée garantir l’équilibre de l’économie et la satisfaction de chacun. Plus concrètement, cela se traduit entre autre par une négation du rôle économique de l’état, la généralisation à tous les secteurs et à TOUS les échanges d’un marché soumis à une concurrence pure et parfaite, à la suppression de toute entrave au comportement économique des différents acteurs et une politique sociale inexistante.

On peut alors répondre un peu plus clairement à la question « l’UE d’aujourd’hui et celle du TeCE sont-elles libérales ? »
Du point de vue du sens commun du terme la réponse est globalement oui

Si la question est « Le TeCE consacre-t-il un modèle libéral? » La réponse est là aussi oui. Et il n'y a rien de nouveau à cela. La construction européenne repose, depuis ses débuts, sur l'avènement d'un marché commun ouvert à la concurrence. C'est une histoire de démantèlement de barrières.

Si la question est « l’UE est elle engagée dans une politique libérale » la réponse est « très rarement ». On mène au sein de l’UE tout type de politiques et on peut considérer que l’UE, de par son rôle économique majeur (fonds structurels, structuration de marchés selon des règles différentes de celles d’une « concurrence pure et parfaite », PAC, EUREKA…) renforce le rôle des états et de leur coopération. En toute logique un ultralibéral ne veut pas de l’europe du TeCE



Dernier point : pourquoi vais-je voter « oui » ? étant donné que j’ai déjà été TRES long… je vais faire dans le court et imagé :

Je suis perso un européen convaincu… non pas parce que j’ai une « vision » de l’Europe et de son devenir mais simplement parce que je la vie et je la connais : je voyage souvent, j’ai effectué une bonne part de mes études chez nos amis grands bretons, un bonne part de mes collègues et amis vivent aux 4 coins de l’europe et mes études et mon taf m’amènent à côtoyer l’UE, ses institutions et ses habitudes de négociation et de coopération…
L’UE est donc pour moi une « vieille copine ». et là elle débarque avec un TeCE dont j’ai vaguement suivi la lente élaboration.
A la lecture du doc je suis tenté de lui dire « ah… ouais, sympa, il y a des vrais avancées mais bon.. c’est pas le truc hypra top moumoute que j’attendais. En particulier ça ne va pas très loin sur plein de trucs. Et puis tu as un peu glandé du bulbe ces derniers temps non ? »

Après un peu de réflexion je l’imagine parfaitement me répondre « ben ouais… avec ma sale habitude de ne rien sortir sans avoir négocié pendant trois plombes pour mettre tout le monde d’accord, mon TeCE pose des bases communes à défaut d’être top ambitieux. Et sans te ressortir plein d’arguments sur les apports de ce traité, je te rappelle juste qu’il facilitera l’établissement de politiques dignes de ce nom sur des sujets comme la recherche, l’éducation, etc. Il consacre aussi la naissance d’une europe politique encore un peu molle mais qui a le mérite d’émerger. Et puis quand même… en 50 ans et avec une administration comparable en taille à celle de la ville de Paris j’ai fais plein de trucs cools et j’aimerai bien continuer et aller plus loin avec mes p’tit nouveaux. Un p'tit encouragement ferait pas de mal »

Là je suis tenté 2 secs, par pure mesquinerie de lui répondre « va chier avec ton TeCE tout pourris » mais très vite je lui répond « bon allez… je dis oui à ton TeCE … et dépêche toi d’aller nous pondre des trucs qui déchirent sa mère en tong plutôt que de rester là à laisser des politicards te déguiser en pute :volatil: »

Ouala … fin de ce très long post … mais je vous l’avais promis

Sur ce je pars prendre mon avion pour Berlin (taf oblige) alors j’aurais un peu de mal à répondre à d’éventuelles questions.

4017

Citation :
attention ce terme est utilisé avec deux sens bien différents dans deux notions elles même très différentes :



Tu oublies un des sens americains, plus ideologique, centre lui aussi sur les libertes individuelles, la responsabilite individuelle, et la negation du role l'etat dans quasiment tous les domaines, pas forcement qu'economiques (pour le port d'armes, depenlisation de toutes les drogues, fin de toute aide sociale etc...).
4018
4019
Je suis quand même pressé que le vote ait lieu, je commence à en avoir marre de cette campagne. Tain, 4000 message sur ce thread, c'est pas mal, quand même...
Y'a encore des indécis?
4020
Va savoir .... :clin:

Citation :

Ci dessous un court article de daniel RALLET

La concurrence : une machine à réduire les droits sociaux




Par leurs luttes des années 90, les chauffeurs routiers salariés avaient obtenu une amélioration de leurs conditions de travail, notamment dans le domaine de la durée du travail et des repos compensateurs.

En mars 2002, la Commission européenne a pondu une directive sur le temps de travail dans les transports. Cette directive était le produit direct de la libéralisation du transport routier opérée par la même Commission. En effet, la concurrence sauvage permise par cette libéralisation avait provoqué une grave détérioration des conditions de travail des routiers et une dégradation de la sécurité routière.

Malheureusement, la directive s’est avérée moins protectrice que la législation française. Le patronat français s’est donc plaint de subir des coûts plus élevés que la concurrence et a demandé au gouvernement français de relever par une loi les plafonds de durée du travail et de supprimer les repos compensateurs.

L’Assemblée nationale a ratifié le 7 avril dernier l’ordonnance gouvernementale de novembre 2004 portant sur le temps de travail dans le secteur des transports. La durée de travail maximale courte distance passe de 48 à 52 heures, et de 50 à 53 heures pour les grands routiers. La période sur laquelle est calculée cette moyenne passe de un à trois mois, ce qui peut permettre à un employeur de faire travailler un grand routier 56 heures par semaine pendant plus de deux mois.

Cette affaire est exemplaire : elle traduit bien la partie de ping pong qui se joue entre directives européennes, appétits patronaux et la politique gouvernementale pour organiser le dumping social.

Elle montre que la concurrence est un mécanisme redoutable de régression sociale dés lors qu’elle devient la norme supérieure.

La concurrence a cette force d’être à la fois le but et le moyen d’y parvenir.