Native instruments remonte pour la troisième fois dans l’ascenseur en surcharge des sampleurs logiciels. Le combat est rude pour se démarquer mais avec de sérieux atouts tels que 33 Go de samples et un mode ‘performance’, Kontakt pourrait bien faire la différence.
Native instruments remonte pour la troisième fois dans l’ascenseur en surcharge des sampleurs logiciels. Le combat est rude pour se démarquer mais avec de sérieux atouts tels que 33 Go de samples et un mode ‘performance’, Kontakt pourrait bien faire la différence.
Dès que j’entends le nom de Native Instruments, je me représente une bande de geeks mangeurs de pizza, scotchés à leur PC sous Linux. Cette image probablement erronée de NI, je pense l’avoir formé en 2002, l’année du premier Kontakt. L’équipe teutonne se décidait à sortir son sampler logiciel, un peu après tout le monde et même s’il s’agissait d’une minirévolution, elle avait les défauts de ses qualités. En ce qui me concerne, l’outil me donnait l’impression d’être un de ces sharewares géniaux, parti pour être éternellement en version bêta, développé par un surdoué socialement diminué et vivant seule dans un studio de 17,5 m2 quelque part dans son monde, incapable de communiquer autrement que par adressages mémoire et références de pizza.
Kontakt avait quelques gènes en commun avec Reaktor. C’était un de ces génies qu’on admire et évite à la fois, tant il est difficile d’avoir une conversation normale. ('Terrible le match de foot, hier, non ? – Oui, fascinant de voir la quantité d’énergie cinétique qu’il serait possible de mesurer sur un ballon au cours des 2H de jeu.')
Conscient que le côté ultrageek de l’interface était un handicap commercial qui ne pouvait que nuire aux nombreuses qualités du produit, NI s’est débattu : d’abord en sortant une version 2 (toujours beta ahem) avec une interface théoriquement plus intuitive, puis en déclinant le produit en deux versions simplifiées : Kompakt et Intakt, respectivement lecteur de samples et lecteur de boucles.
Mais les plus renseignés d’entre vous ont dû apprendre que Native Instruments renonçait apparemment à cette politique qui consistait à proposer plus de produits plus simples plutôt qu’un seul produit compliqué et ont purement et simplement supprimé Kompakt et Intakt du catalogue.
Doit-on en conclure que Kontakt 3ème du nom peut assumer à lui seul le rôle de sampler généraliste tout en restant l’ultime couteau suisse du sound design à base de sample ? Est-il arrivé au meilleur compromis GUI/fonctionnalités ? Armé de 33 GB de samples prêts à l’usage, pourra-t-il conquérir le cœur de tous les utilisateurs y compris ceux qui ne cherchent rien d’autre qu’un truc qui lit des échantillons ? Mon PC Pentium IV 3Ghz Hyperthreading, pourvu de 1 Go de Ram, 2 disques SATA dont 1 en 10K T/min, une Motu 828MKII et 2 UAD-1, parviendra-t-il à assurer un fonctionnement sans faille ?
La vue 'performance’
L’installation de Kontakt ne pose aucun problème particulier, si ce n’est celui du temps à y consacrer ! Il va falloir enchaîner les 5 DVD et laisser le programme d’installation faire son petit bazar avec. Le programme Service Center se charge de vous accorder votre légitimité de client payant content en simplifiant le système d’autorisation des logiciels, à condition d’avoir une connexion internet sur le poste de travail. Sinon, c’est la punition des numéros de séries interminables, des challenges / request, etc. Vivement que Native Instrument se mette à l’iLok !
Je suis un utilisateur comme un autre : quand j’installe 33 GO de joujoux, je veux tout de suite faire mumuse, invoquer ainsi ma muse ! Après le premier lancement, Kontakt construit la base de données des samples, instruments, et ‘multis’ disponibles sur mon disque dur. Je peux alors parcourir la liste dans l’explorateur intégré de Kontakt ou bien taper un mot pour filtrer la liste avec uniquement les noms le comprenant. Je tape ‘Flute’ et pouf, j’ai la liste de tout ce qui possède ‘flute’ dans son nom. Indéniablement pratique. Par contre, plutôt que d’avoir un explorateur de fichier d’une part et une base de données qui affiche une liste de programme en vrac d’autre part, j’aurai préféré avoir une seule vue avec arborescence et la fonction de recherche.
Ma première journée avec Kontakt aura donc consisté à charger les instruments livrés avec et à frapper les touches de mon clavier tel un Glenn Gould sous cocaïne se remettant tout juste du choc que lui a causé la fracture de ses deux poignets.
L’intérêt numéro de 1 de fournir des banques de sons avec un sampler, c’est de proposer des instruments qui permettent de présenter certaines spécificités du produit. La première nouveauté que l’on découvre alors est la vue performance.
Les instruments s’empilent les uns sur les autres dans l’espace de rack et s’affecte le plus petit canal midi disponible. Par défaut, c’est aussi ce qui détermine l’ordre de rangement des instruments. Ex. vous chargez un piano affecté sur le canal 1, une basse sur canal 2, une batterie sur canal 3. Vous supprimez la basse et chargez un set de percussion, il prendra le canal 2 et s’intercalera entre les le piano et la batterie. C’est un détail, mais j’apprécie la logique de cette affectation.
Mais la nouveauté qui saute aux yeux, c’est que chaque instrument à une mini interface personnalisée : une texture de fond et des contrôles pertinents pour son usage.
Par exemple, les cuivres de la banque de sons appelée ‘Band’, affichent un paramètre ‘articulation’ qui permet de choisir entre plusieurs types d’articulations, dont un mode ‘random’. Dans ce mode, quand vous jouez une note plusieurs fois de suite, vous n’entendez pas toujours le même son : parfois le son se terminera sur un glissando, parfois, le timbre sera légèrement plus rauque, etc., à l’instar de la fonction Humanizer de EZdrummer.
En bref, il est désormais possible, quand l’on crée un instrument de lui affecter une icône ainsi qu’une texture de fond personnalisée. Il sera possible pour les plus fortiches d’affecter les contrôleurs qui leur sembleront les plus utiles afin que ceux-ci soient immédiatement accessibles. Parfois, il s’agira de paramètres que l’on ne pourrait avoir autrement. Ceci est rendu possible grâce à une évolution de la fonctionnalité la plus pittoresque de Kontakt : les scripts dont la puissance n’a d’égale que son opacité pour les musiciens peu enclins à développer leurs dons d’ingénieurs-informaticiens.
En bref, il est désormais possible pour les créateurs d’instruments d’affecter une icône, une texture de fond personnalisée et les contrôleurs qui leur sembleront utile de proposer aux utilisateurs afin que ceux-ci aient immédiatement accès aux paramètres les plus pertinents pour l’instrument. Parfois, il s’agira de paramètres que l’on ne pourrait avoir autrement.
La vue performance est donc le pont du geek vers l’homme moyen : elle permet tout à la fois de présenter les caractéristiques d’un instrument et de rendre le rack (la zone où s’empile les instruments) un poil moins tristoune.
La bank de sons : œuf, jambon, fromage
Revenons un petit peu sur la banque de son, car c’est un des principaux arguments commerciaux du produit et je subodore que cela intéresse beaucoup de monde, d’autant que vous êtes contraint de l’acheter avec Kontakt 3. Il n’existe pas de Kontakt tout nu.
En quelques mots, c’est une banque touche-à-tout d’excellente qualité. Je ne peux pas dire que j’ai pris grand plaisir à jouer avec tous les instruments, malgré la bonne qualité globale des sonorités. Par exemple, les pianos ont de jolis timbres, mais leur dynamique est peu exaltante. Vous trouverez un piano droit, ce qui est plutôt rare, qui apporte une couleur intéressante. Pour les batteries, je n’ai rien trouvé de séduisant.
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Elle a quelques points forts : la banque de sons d’orchestres extraite de la Vienna Symphonic Library est vraiment très réussie. Je me suis permis d’ailleurs de vous proposer un petit essai façon musique de film. Vous y entendrez exclusivement des sons de cette banque, en dehors d’une boucle de percussions issue de la collection ‘World’ et que j’ai abusivement trafiqué dans Kontakt. La collection de son ‘World’ est très réussie aussi, même si tous les sons ne proposent pas un grand confort de jeu faute d’articulations supplémentaires qui auraient permis un usage plus réaliste de certains instruments.
Pour le reste, il y a de très jolies surprises à découvrir : ici un orgue bien chaud me rappelant la collection très réussie de chez Ultimate Sound Bank, là une basse électrique qui prend vie avec des inflexions particulières dans les vélocités élevées.
D’une façon générale, les timbres sont souvent très jolis et les fonctionnalités associées dans la vue performance souvent pratique, pour autant, on n’en retire pas toujours un grand plaisir ou un grand réalisme dans le jeu. Évidemment, Kontakt ne va pas tirer une balle dans le pied du katalog de Native Instruments : pas question de concurrencer Akoustik Piano, Elektrik Piano, Battery, B4, etc.
J’aurai tendance à dire qu’il me parait bien plus intéressant de viser des banques spécialisées que de miser sur une banque généraliste même gargantuesque en terme d’espace disque et encore, quand les générations me reliront ( on peut toujours rêver).
Mais celui qui veut acquérir une banque de samples complète pour se faire une bonne base de travail y trouvera largement son compte. Il faut aussi considérer ces 33 Go de sons comme une considérable provision de victimes pour les nombreuses cérémonies sacrificielles que vous présiderez dans le but d’invoquer les démons de la création ou, plus sobrement, comme le matériau brut de vos futures sculptures sonores, le sound design étant l’atout majeur de Kontakt depuis sa création. Dans ce but, vous trouverez quantité de timbres très riche et très intéressant à triturer.
Pour résumer, les timbres sont intéressants, souvent jolis et fourniront une bonne base de travail pour la recherche de sonorités nouvelles, ainsi que tous les instruments utiles pour composer et arranger un morceau de nos jours. Je me prends néanmoins à souhaiter que Kontakt soit proposé SANS banque de samples et à un prix plus intéressant que les 400 euros qu’on nous en demande. Le produit, sous sa forme actuelle, devrait être un bundle. Se retrouver avec 33 Go de sons couvrant tous les domaines signifie forcément qu’un ancien du sampling paie pour quelque chose dont il n’a pas vraiment besoin.
Importation : Kaputt ?
Un gros reproche souvent fait à Kontakt 2 était sa faible compétence dans le domaine de l’importation des différents formats.
Avec l’avènement de l’ère du ‘soft sampler’, le nombre de formats a explosé et la question de la capacité d’un produit à importer les banques des concurrents est devenue cruciale : fini le temps où il suffisait de savoir lire du Akai. Si tel musicien a été un utilisateur Gigasampler pendant longtemps et qu’il veut se repentir sur l’autel de Kontakt, il veut tout de même pouvoir continuer d’exploiter ses banques de sons préférées.
L’importation sous Kontakt propose deux principes : soit vous selectionnez un instrument (HALion, GigaSampler, Pulsar, MPC, Ensoniq, etc) dans l’explorateur et vous le glissez/déposez dans le rack, ce qui lance une conversion à la volée, charge à vous de le sauvegarder où bon vous semble ensuite, soit vous selectionnez le ou les instruments et lancer une importation par batch grâce aux boutons « import », ce qui aura l’avantage de créer dans le même temps les éléments à ajouter dans la base de données de Kontakt.
Outil de recherche |
J’essaie d’abord avec quelques sonorités issues de l’ère Gigasampler : La plupart passe sans problème. J’essaie le fameux GigaPiano et là… Argh, toutes les ‘releases’ notes sont trop fortes.
Le bug ne m’inquiète pas trop : qu’à cela ne tienne, je vais me faire la main sur l’edition. Je me rends sur la partie « groupes » (pour groupes de samples/zones de mapping) et grosse erreur de ma part, j’entreprends de les selectionner dans la minuscule fenêtre qui les liste ! Le procédé s’avère rapidement trop fastidieux et c’est là que l’onglet « monitor » de la partie gauche (pas au sens de maladroit hein ?) manifeste son utilité : il nous propose une vue en liste des groupes, filtrable par la saisie de quelques caractères. Coup de chance : tous les groupes utilisé pour les « release notes » de ce programme GigaSampler sont identifié par l’ajout de « RT » dans leur nom, je peux donc facilement les cocher un à un. Vue leur nombre, un petit « select all » quelque part m’aurait fait plaisir, CTRL+A n’ayant pas fonctionné. Mais voilà c’est fait ! Il m’a été possible de baisser le volume pour l’ensemble des release notes d’un seul coup. Pinailleur dans l’âme, je pars à la recherche d’une fonction qui permettrait d’inverser la selection ce qui pourrait me faire gagner du temps sur d’autres traitement pour tout ce qui n’est pas release notes… Non, ça n’existe pas. Et là c’est plus embêtant, car rien dans le nom des groupes de « notes on » ne permet pas de les discriminer de cette manière.
Navigateur d’instruments |
Parmi les nombreux services que la vue monitor peut rendre, vous pouvez par exemple voir la valeur de n’importe quel paramètre sa valeur dans chaque groupe afin de vérifier la cohérence. Pour reprendre l’exemple de mon GigaPiano, je peux tout de suite contrôler que tous les groupes « Release » notes ont bien le même « volume » (ou pas).
Tout cela, c’est la théorie : dans la pratique, il est fort probable que, comme moi après plusieurs essais, vous rencontriez des bugs d’affichage ne rafraîchissant pas l’état de la case quand vous la cochez par exemple. Un double click dans la colonne pour l’obliger à se réordonner par case cochée à résolu le problème, temporairement. Vous pourrez rencontrer aussi sans doute des gros ralentissement de l’interface pendant la sélection de zone de mapping sur les programmes un peu complexes. Vivement le patch !
Je fais de nombreux test d’importation et il y a des petits accrocs : l’importation de programmes pour Battery, trouvé sur un CD de samples achetés chez Speedsoft, passe par une phase où il me faut lui indiquer où trouver les samples. Difficile de savoir si cela est dû à l’outil d’importation de Kontakt ou à la manière dont les programmes ont été écrits.
J’essaie un programme Halion. Surprise, Kontakt n’importe pas les samples, son programme pointe vers le chemin par défaut qui était présent dans le programme Halion. Pas très grave, ça se corrige facilement. Toutefois, je rencontre des soucis de réglages d’enveloppes ADSR sur certains programmes.
Et puis au bout d’un moment, une importation Halion échoue complètement. Le programme n’avait pas l’air compliqué pourtant. Il génère un fichier Kontakt corrompu. Et par la suite, plus aucun programme n’est correctement importé. Je ferme et relance le plug-in. Toujours pareil. Reboot.
Et les CD Akaï ? J’insère un de mes vieux CDs poussiéreux dans le lecteur. L’explorateur de fichier de Kontakt détecte le format tout de suite. Je parcours le CD et là il me faut glisser/déposer, l’importation par batch échouant pour une raison obscure.
En résumé, pour l’importation, je dirais qu’on est dans la moyenne, les programmes passent en général pas trop mal hormis quelques petits embêtements pas trop graves.
Kontakt à l’étroit
Bon OK, passons sur les soucis d’importations : Kontakt est résolument tourné vers l’avenir, il n’a que faire des formats du passé.
Néanmoins, ma mésaventure avec les groupes me donne envie de creuser la question de la taille de la zone de travail dans Kontakt. Un bouton permet de choisir entre 3 tailles de fenêtre prédéfinies (que l’on peut personnaliser en fonction de ses besoins). Je choisis la plus grande, mais elle dépasse en hauteur dans mon séquenceur (Cubase SX 3), je pars donc rectifier les dimensions et ré applique mon choix.
La fenêtre a une hauteur plus confortable, ce qui, en mode édition d’instrument permet d’accéder à plus de choses rapidement. La fenêtre est plus large, mais c’est sans intérêt, le gain ne profite qu’à la zone réservée à l’explorateur de fichier / Base de donnée /moniteur qui me semblait bien assez claire. La zone de travail est toujours aussi resserrée. Ça ne respire pas beaucoup. Pour la plupart des paramètres, on s’en contente, mais pour la fenêtre de mapping, c’est un peu limite, et pareil pour la fenêtre d’édition de la forme d’onde du sample.
Bienvenue dans un monde de scrolling vertical où la roulette de la souris n’est pas reconnue en mode plug-in ! Du moins, jusqu’à ce qu’un utilisateur vous explique sur un forum l’utilité de l’option de configuration appelé « capture mouse from host »… Si ce n’est pas une option de geek, ça ! La fenêtre d’édition d’un instrument se présente un peu façon Reason ; tous les outils sont empilés les uns sur les autres. Chaque fois que vous affectez une modulation à un paramètre, elle se rajoute tout en bas, dans un dossier prévu à cet effet et juste en dessous de l’effet modulé, une ligne apparaît vous précisant le paramètre modifié par quel type de modulation. Sur cette ligne, un bouton vous permet alors de faire rapidement scroller la fenêtre jusqu’à l’endroit où se trouve le réglage de la modulation, qui sera alors encadré en jaune pour que vous la repériez plus facilement dans tout ce bordel. Sur la modulation, vous trouverez un bouton pour faire le chemin inverse, c’est-à-dire vers l’effet dont vous modulez un des paramètres.
Pas évident à expliquer, j’espère que vous me suivez. En gros, vous passez beaucoup de temps à aller de haut en bas, dans l’interface. Native Instrument a donné le nom de Quickjump, soit le terme marketing pour bricolage. Même si ça fonctionne bien, je ne trouve pas ça très pratique, ni très lisible, ni très ordonné. Par exemple, si on affecte une modulation à une ouverture de filtre, mais on veut régler l’ouverture de départ du filtre à un niveau optimum, on passe sans arrêt de l’effet à la modulation et c’est un peu…lourd. C’est comme tout, on s’y fait.
En mode Plug-in, les fenêtres d’éditions de formes d’onde, de mapping et de sélection de groupes sont toutes petites. Dans le cas du mapping et de la forme d’onde, il est possible de zoomer pour un travail précis, mais dans ce format, le compromis est toujours le même : vous gagnez en précision mais vous perdez la vue d’ensemble.
En mode Standalone, vous bénéficiez de la possibilité de « détacher » la fenêtre Mapping de la fenêtre de Kontakt et de l’agrandir selon trois formats prédéfinis. En revanche, elle souffre d’un gros inconvénient dans ce mode : le drag-and-drop depuis l’explorateur de fichier de Kontakt ne marche plus ! Il faut repasser dans la vue de Kontakt pour faire pouvoir glisser les samples sur la grille de Mapping : c’est bébête.
Le sample editor possède également la faculté de se détacher pour un plus grand confort. C’est heureux. Comme nous le verrons dans la rubrique suivante, il y a des détails dans l’ergonomie qui sont à revoir. A noter cependant que si le sample editor s’avère plutôt stable dans la fenetre de Kontakt, il m’a en revanche gravement planté Kontakt en mode « détaché », à plusieurs reprises, parfois avec la nécessité d’un reboot à la clé. Pas cool. Vivement les patches !
A noter qu’il est possible d’affecter un éditeur audio alternatif. Vous pouvez par exemple lancer depuis Kontakt un Wavelab ou Soundforge ou n’importe quel outil de ce type pour travailler plus précisément votre sample. J’aurai apprécié que l’on puisse se donner le choix entre un soundforge et un Recycle par exemple selon que l’on travaille sur une boucle à slicer (découper selon les éléments rythmiques du fichier) ou un sample à retoucher. Mais de toute façon, l’intégration avec Recycle n’est pas au mieux : si vous ouvrez un fichier wav dans Kontakt, vous pouvez l’envoyer dans Recycle pour le slicer, mais celui-ci le sauvegardera au format Rex et il vous faudra le réimporter dans Kontakt pour profiter des modif. Si vous ouvrez un fichier Rex dans Kontakt, vous ne pourrez pas l’envoyer dans Recycle, un message d’erreur s’affichera. D’ailleurs quand vous ouvrez un fichier Rex dans Kontakt et que vous lancez Soundforge pour l’éditer, vous constatez qu’il est envoyé au format Wav.
Pour « Slicer », il faut donc soit le faire à l’avance dans Recycle si vous préférez passer par lui, soit vous accommoder de l’interface de Kontakt, moins pratique sous certains aspects pour les raisons que j’expliquerai plus tard dans cet article.
Skulpture par Kontakt
Sans passer en revue les nombreuses possibilités du sampler le plus complet du marché dans ce domaine, nous allons aborder quelques-unes des possibilités que la nouvelle version nous propose.
L’interface de mapping des samples est un peu étroite, comme je le disais. Heureusement, une bonne partie du travail de mapping peut-être automatisée à condition d’avoir prévu une nomenclature claire des noms des samples qui constitueront votre instrument. Kontakt ouvrira une boite de dialogue vous montrant qu’il a identifié une structure dans le nom des samples dont il vous faudra préciser le sens via une interface très simple.
Kontakt permet de triturer un sample grâce à ses nombreux effets dont beaucoup sont l’héritage d’autres produits de la marque : des simulateurs d’ampli et de haut-parleurs directement issus de Guitar Rig, un filtre de chez Pro 53, etc.
Les effets sont très efficaces, de bonne qualité et on s’amuse beaucoup à triturer le son avec. Il est possible d’appliquer des effets à tout un instrument, ou seulement à un ou plusieurs groupes de samples. Par exemple : on peut appliquer un filtre LP uniquement sur une zone de vélocité, et un autre filtre sur une autre.
On peut faire varier n’importe quel paramètre d’un effet en lui appliquant LFO, via un genre de step séquenceur, enveloppes que l’on dessine et, nouveauté de Kontakt 3, que l’on peut caler rythmiquement sur la grille de slice du sample. Vous pouvez modulez l’amplitude dans le temps et de manière très précise grâce à un modulation shaper qui marche soit par le dessin dans une courbe, soit dans une grille. Les possibilités offertes par le modulation shaper sont très copieuses contrairement à ce que sa sobre interface peut laisser penser et selon les paramètres avec lesquelles on joue, ne sera pas évident à manipuler. Mais à force d’essai, on fini par comprendre ce qui se passe. En revanche, j’ai regretté de ne pouvoir appliquer des modulations aux inserts de l’instrument comme il est possible de le faire pour les inserts de groupes.
Si tout cela est encore trop simple pour vous, il vous est possible de moduler n’importe quel paramètre de n’importe quelle modulateur de la même manière… Et ainsi de suite… Je ne vous cache pas que les problèmes de la logique de l’interface évoqué un peu plus tôt dans l’article ne s’en complique que davantage. Vous vous retrouverez dans la zone « modulation » de l’interface avec une liste de modulations dont certaines modulent d’autres modulations et vraiment, c’est pas beau à regarder… Mais on peut pardonner devant autant de souplesse du traitement.
Kontakt 3 nous permet de travailler sur la forme d’onde directement dans le plug-in. Encore une fois, la taille de la fenêtre ainsi que quelques erreurs de jeunesse rendent la manipulation pas toujours évidente.
Direction le mode Stand Alone pour un peu plus de confort. Pas suffisamment toutefois : Par exemple, la zone de sélection est perdue quand on applique un traitement, ce qui est très pénalisant dans certains cas. Il faudra préférer le travail dans un Wavelab ou un Soundforge. Néanmoins, sur le principe, il peut être très pratique de pouvoir modifier la queue d’un sample directement dans Kontakt.
À noter également que l’édition de forme d’onde à son propre système d’undo/redo en plus de celui proposé par Kontakt 3. Et il y a des situations où il vaut mieux ne pas se tromper, sous peine de vous retrouver au tout début de vos manipulations.
Kontaktus RMX
La fenêtre d’édition des formes d’ondes de Kontakt 3 nous permet également de gérer le slicing, c’est-à-dire la découpe d’un son qui présente des éléments rythmiques en plusieurs petits morceaux. Ceci permet plus de souplesse pour les manipulations rythmiques. Le travail sur les slices peut-être partiellement automatisé. En revanche, tout comme avec Recycle, il peut fréquemment arriver de devoir faire une bonne partie du travail à la main pour un slicing propre de la boucle.
Il y a trois façons de créer les slices : en mode automatique métronomique, c’est-à-dire en fonction d’une valeur de durée (blanche, noire, croche, etc.), soit par détection dans la forme d’onde qui marche bien, soit tout à la main. Cette dernière méthode est à proscrire : plutôt que de nous donner un mode ‘bouton gauche : j’ajoute’, ‘bouton droit : j’enlève’, NI a cru bon de proposer deux modes : un mode ‘ajout de slice’ et un mode ‘suppression’, ce qui ne permet pas un travail très fluide. Devoir cliquer sur le bouton ‘mode suppression’ pour enlever un slice rajouté par erreur et retourner cliquer sur le bouton ‘mode ajout’ pour continuer son travail de découpe est loin d’être la façon la plus fluide de procéder.
Pour l’édition des slices ou le travail sur la forme d’onde de manière intensive, on ne pourra pas vraiment se passer d’un Wavelab, Soundforge et/ou Recycled. Mais il est bien pratique de pouvoir tester un reverse de slice in situ par exemple.
Petit bug très désagréable, quand j’effectue deux clics trop rapprochés pour écouter un slice plusieurs fois de suite, Kontakt ferme l’éditeur audio. Rapidement horripilant. En mode Standalone, dans la vue agrandie, le problème ne s’est pas posé.
En revanche, s’il est possible de faire un « drag and drop » des slices sur la grille de mapping depuis l’éditeur audio pour faire son mapping à la main, en mode standalone, vous perdez cette possibilité dès lors que vous êtes mode « détaché/agrandi » de l’un ou l’autre des éditeurs. C’est du détail, vous me direz, on peut s’en tirer sans ça, mais ça peut vite devenir pénible quand on manipule des programmes chargés et que l’on se voit contraint de fermer et réouvrir les editeurs plusieurs fois de suite.
Une fois votre fichier correctement slicé, vous pouvez demander à Kontakt 3 de générer le mapping des slices sur le clavier ainsi qu’un fichier midi pour votre séquenceur qui exécutera votre boucle au travers de ce mapping, vous donnant la possibilité de modifier le tempo, mais aussi le groove, la quantization, etc.
Parmi les choses fort sympathiques proposées par la gestion des slices de Kontakt, il est possible de caler des formes d’enveloppe sur les slices afin de faire varier les paramètres d’un effet en fonction du slice sur lequel il se trouve. Vous pouvez par exemple, ouvrir un filtre systématiquement sur les slices de caisse claire, le refermer sur ceux de grosse caisse, le faire varier sur les positions intermédiaires. Parallèlement, vous pouvez faire varier la résonnance du filtre de la même façon. Tant qu’on y est pourquoi ne pas essayer aussi avec les paramètres drive et tone de l’effet ‘Skreamer’ (simulation d’une pédale d’overdrive de type tube screamer pour guitare) ?
J’ai pris une boucle de darbouka trouvée dans ma banque de son wav personnelle, et je lui ai fait subir ce genre de traitement. Vous pourrez écouter le résultat en suivant ce lien.
Autant le dire, on a là un outil de travail très puissant, permettant des manipulations plus créatives que ce qu’un Stylus RMX nous offre. Dommage qu’on ne puisse importer les boucles slicées de Stylus directement dans Kontakt.
Konkluzion : Kompliké mais Komplet
Kontakt veut être le sampler le plus fourni du marché, mais il se sent à l’étroit dans le format plug-in (en attendant la nouvelle norme VST3) et les compromis à supporter nous rendent la vie difficile, de même que la philosophie de son ergonomie qui nous impose sa logique au lieu d’emprunter des approches plus connues.
Kontakt est un puissant outil de sound design à base de samples et permet des programmations de banques de samples très évoluées pour les professionnelles du sampling. Mais l’utilisateur de base va peut-être souffrir de cette philosophie quelque peu autistique qui voudrait que tout passe par lui et à sa façon. Qui peut le plus peut le moins toutefois, et Kontakt ne fait pas exception : une fois dépassée la phase de familiarisation, tous ces embêtements vous sembleront sans doute anecdotiques.
Il vous faudra déterminer si vous êtes du genre patient ou bien à vous décourager facilement. Si vous êtes dans le premier cas, alors il est certain que vous serez aux commandes d’un outil puissant dont vous ne pourrez plus vous passer. Et puis ce qui est sympa avec ce genre de produit, c’est qu’on ne cesse de découvrir de nouvelles choses à chaque utilisation ! Je mets à part les utilisateurs qui connaissent déjà les versions antérieures : sous réserve qu’une mise à jour soit publiée rapidement pour corriger les petits problèmes de stabilité, il va sans dire qu’ils ont tout à gagner à passer à la version 3 !
Kontakt 3 a également quelques petits bugs de jeunesse, même si rien de tout cela n’est catastrophique. On déplorera juste des comportements parfois étranges et désagréables comme cette fermeture intempestive de la fenêtre d’édition waveform quand on double-clique ; certes, on apprend à éviter les quelques rares plantage en trouvant des solutions de rechange. Mais c’est tout de même dommage que NI n’arrive pas à sortir un produit stable dès le lancement. En revanche, je me dois d’exprimer mon admiration devant la faible charge CPU en regard des traitements que l’on peut accumuler.
En définitive, Kontakt me fait donc penser à Cyrano de Bergerac : doué et talentueux, mais handicapé par son interface, il inspirera sans doute plus d’un concurrent mais peinera peut-être aussi à séduire un large public. D’un autre côté, le pari de Native Instruments est sans doute le plus durable : les évolutions de la norme VST3 laissent penser que NI pourra donner au moteur de Kontakt l’interface qu’elle mérite et l’affranchir du carcan rigide et inadapté qu’était avant cela le format « plug-in ».
Vivement Kontakt 4 alors !
[+] Tout-en-un : édition de forme d’onde, découpage des boucles en slice, effets send et d’inserts
[+] Nombreuses possibilités de traitement du son
[+] Effets de très bonne qualité (Convolution, Simulation d’ampli, HP, etc.)
[+] Le potentiel des scripts pour les musiciens ascendants développeurs
[+] Mapping intelligent des samples à la création d’un programme
[+] Banques de sons dans l’ensemble très bonne et très complète
[-] Interface pas à la hauteur de l’ambition des fonctionnalités proposées et peu confortable
[-] Ergonomie pas évidente pour un nouvel utilisateur.
[-] Importation de formats concurrents parfois approximative, voire buggée
[-] Pas de modulation pour les inserts d’effets globaux de l’instrument
[-] Vivement le patch!