Aux ingés-mastering:qui demande de pousser le volume pour être compétitif ds la Loudness War ?
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JolX

Salut tout le monde
Voilà, la question est dans le titre ! Je me demande d'où vient la demande de réduire la dynamique et de pousser de plus en plus le "loudness" des morceaux.
Dans beaucoup articles, je lis que ça vient des artistes eux-mêmes, qui veulent avoir un son "compétitifs". Ca se voit de manière très claire sur ce forum, où beaucoup d'amateurs veulent faire du "loud" pour paraître pros.
Dans d'autres, je lis que ça provient d'une pression du producteur/directeur artistique/de la maison de disque.
Je me doute que ce ne sont pas les ingés sons qui impulsent ce phénomène, quoi que, peut-être que c'est rentré dans les moeurs des techniciens du son. Un ingé son qui a masterisé l'album à -13dB RMS se dira peut-être qu'il a pas mal de dynamique, alors que c'est bien peu par rapport aux albums des années 70 dont il n'est pas rare qu'ils affichent -20 dB RMS.
Alors je me demande, dans le fond, comment ça se passe. Comment est négocié le volume moyen de l'album, quelles personnes prennent part à cette négociation, qui avance quels arguments.
Est ce que vous avez des trucs à dire là dessus, est ce que vous avez des anecdotes à raconter ? Ca m'intéresse énormément.
Merci !

Ryko

Un petit lien d'un site connu, concernant la LoudnessWar, avec un sondage/vote très intéressant et instructif (voir tableau) : Dynamic Range | pleasurize music !
[ Dernière édition du message le 29/05/2010 à 16:58:12 ]

lulumusique

Pour l'histoire du double master proposée plusieurs fois au cours du topic, est-ce réellement quelque chose de techniquement compliqué? proposer un coffret de 2 CD? est-ce qu'un 2ème master couterait trop cher? Je n'en sais franchement rien, je pose juste la question. Quitte à faire "vite fait" le master compressé en le passant en 5 minutes dans un processeur de type broadcast pour pas que ça coûte cher. Comme ça les "artistes" et les consommateurs qui veulent un son "fort" et "radio" seraient contents...
Je pense que le label orienté audiophile qui sort des doubles CD, dont un est masterisé pour la voiture le pc portable le baladeur (enfin bref 99% des auditeurs) et l'autre avec une plage dynamique honorable serait très bien vu par les audiophiles. Ca n'a rien à voir avec le coup du 24bits/192kHz qui n'a jamais marché car il n'apportait pas grand chose. Là ce serait vraiment audible par tout le monde (même si beaucoup de monde préfèreraient la version rabotée).
Car l'audiophile qui voit ce genre de CD est assuré d'avoir au moins un master correct, ce qui est loin d'être le cas avec la plupart des CD actuels.
En fait je souhaiterais que les labels qui proposent des masters corrects le fassent savoir: ne serait-ce pas possible d'écrire sur les pochette: "masterisé à volume moyen = XX". On pouvait bien voir pendant un certain temps si l'enregistrement et le mix étaient fait en numérique ou en analogique... c'est tout con mais qui peut prétendre n'avoir jamais peur appuyant sur "play" alors qu'il vient de sortir un CD de l'emballage...

pw

salut,
c'est justement l'objet du lien dans le post juste au dessus... ;)
DR noté sur la pochette, comme ça on sait à quoi s'en tenir.
amitiés
Phil
Symmetry (electrified folk songs)
Quantum Crash (rock prog solo project)
Lussy Bless (rock-metal)
Po&sic (slam)

scare

Quelqu'un pourrait me dire la part de marché que représente les audiophiles dans l'industrie du disque ?
0,0000000000000000000000000000000000001 % ?
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Slode

si ca sonne fort c'est forcement plus attractif moi je suis un fan de métal,... j'écoute aussi du jazz aucun souci mais il faut avouer que par exemple si vous prenez prenez ca, vous le baissez, le son ca n'aura plus du tout le même impact !

lulumusique

l'erreur est là: l'amalgame entre fort et compressé. Tu prends le même exemple avec un volume moyen maxi inférieur de 6dB, ça laissera passer quelque pics et l'impacte sera plus important. Bien sur il faudra mettre le général plus fort, c'est là le problème.

Anonyme

Citation :
faut avouer que par exemple si vous prenez prenez ca, vous le baissez, le son ca n'aura plus du tout le même impact !
C'est vrai qu'augmenter le son de ses enceintes, de sa chaine hifi, de son ordi, de son ipod, c'ets d'une difficulté à donner des sueurs et la bave aux lèvres.
Faut tendre le doigt pour tourner un bouton. Nan mais et pis quoi encore ? Bientôt faudra même faire l'effort d'être attentif à ce qu'on écoute.

Dr Pouet

Pour l'histoire du double master proposée plusieurs fois au cours du topic, est-ce réellement quelque chose de techniquement compliqué? proposer un coffret de 2 CD? est-ce qu'un 2ème master couterait trop cher? Je n'en sais franchement rien, je pose juste la question.
Je ne suis pas grand-chef-à-plumes chez EMI, mais à mon avis d'amateur de musique, de hif-i et de mao:
oui ça couterait beaucoup trop cher par rapport à ce que ça pourrait rapporter.
Je crois comme scare que le marché audiophile est hyper minime. Or pour avoir une amélioration très nette, je soupçonne qu'un mastering différent ne suffirait pas. Et même si ça suffisait, le fait de livrer pour chaque album, 1 CD pour 99% des gens et 1 autre CD pour 1% d'audiophile, ça a peu de chances de voir le jour. Ou alors en vente en ligne ? (il n'y aurait que le surcoût du mastering, voire mixage, mais sur quelques milliers ça peut être négligeable).
En toute logique il faudrait que le mixage lui même soit fait sur, et pour, des écoutes sans compromis. La volonté de "passer partout, même en mono" amène forcément des tas de limitations : dynamique, bande passante, stéréo...
D'ailleurs de ce point de vue j'ai l'impression que le pire était les années 80 avec tous les mixages faits sur NS10 et vérifiés sur Auratone (ou leurs sœurs). Aujourd'hui on a le problème de la surcompression, mais d'autres facteurs réduisent le poids de "il faut passer partout" ; notamment : autoproduction/project studios, home theater avec caisson de basses, écoute au casque...
Pour revenir au message de lulumusique : il faudrait donc 2 mixages et 2 masterings, donc oui ça coûterait "très cher", surtout en distribution physique. De plus l'augmentation des ventes risquent d'être nulle ; entre la petitesse du marché audiophile, et le fait qui si on veut le dernier disque de Arthur H, on va l'acheter quel que soit le mixage/mastering. Il y a peu de chances qu'une amélioration de la qualité sonore fasse vendre davantage.
Quitte à faire "vite fait" le master compressé en le passant en 5 minutes dans un processeur de type broadcast pour pas que ça coûte cher. Comme ça les "artistes" et les consommateurs qui veulent un son "fort" et "radio" seraient contents...
Comme ces consommateurs doivent représenter 99% des ventes, les producteurs ne voudront pas bâcler ce mixage/mastering là. C'est le plus important pour eux (et ça se comprend).
D'un autre côté, il est plutôt plus simple de faire un mixage / mastering sans compromis ; ça devrait donc coûter moins cher. Il y a même des labels qui font tout à la prise, donc avec zéro mixage ni mastering ! Essentiellement en classique, et un petit peu en jazz.
En fait je souhaiterais que les labels qui proposent des masters corrects le fassent savoir: ne serait-ce pas possible d'écrire sur les pochette: "masterisé à volume moyen = XX"
Ça pourrait être une bonne chose. Et même si le volume moyen ne dit pas tout, c'est une indication pas trop mauvaise, facile à vérifier, de la volonté de passer partout ou pas.
Un facteur positif est que les artistes autoproduits ou ayant un project studio poussent généralement pour avoir un chouette son, quitte à sacrifier un peu l'écoute dans de mauvaises conditions. Dans un interview croisé de Keyboard Recording Émilie Simon et Tori Amos se prononçaient explicitement dans ce sens : pas question d'avoir un son tout étriqué à cause de la volonté de "passer correctement sur une kitchen radio".

Slode

de toutes façon c'est un faux débat ca continuera éternelle cette au course au volume, t'écoute un morceau tu monte le son celui d'après il t'explose à la tronche, certains subissent et suivent le mouvement !

Warmy

drôle d'époque...

scare

Citation :
il faudrait donc 2 mixages et 2 masterings, donc oui ça coûterait "très cher", surtout en distribution physique.
2 master, rien de tel pour froisser le client en lui indiquant clairement qu'il a la possibilité d'acheter de la merde. Et donc de découvrir toute cette face caché qu'est la loudness war.
Non il faut mieux faire un seul master (merdique ou pas) mais que pour le client, la question de qualité ou pas ne soit même pas envisagé, ni connu.
J'ai vraiment l'impression, que le coté industrielle de la musique n'est pas pris beaucoup en compte ici.
La musique pop / rock et dérivés est une industrie et l'a toujours été ..... du moins pour ceux qui vendent des disque. Il faut donc raisonner malheureusement en terme de pognon pour comprendre la tendance.
Sinon j'aimerai bien faire un sondage, qui parmi les particuliers possède deux colonne Hifi dans leur salon pour écouter de la musique ?
Reponse : ceux qui aiment le home cinema
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[ Dernière édition du message le 15/03/2011 à 20:33:32 ]

samy dread

sans aller jusqu'à mettre 2 cd, il y a de la place sur un cd pour mettre 1 ou 2 morceaux en double avec un mastering différent
j'ai 2 colonnes hifi, mais si tu fais un sondage sur audiofanzine, tu risques d'avoir un biais dans tes résultats
Non je ne mettrai pas de pull

scare

Et tu l'expliques comment au gars qu'achètes qu'il y a deux fois le même morceau ?
genre :
- Le morceau 1 à un son de merde hyper compressé
- Le morceau 1' est le même mais contient de la dynamique permettant de vous rappeler que le bouton volume existe sur une chaine HIFI
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Dr Pouet

2 master, rien de tel pour froisser le client en lui indiquant clairement qu'il a la possibilité d'acheter de la merde. Et donc de découvrir toute cette face caché qu'est la loudness war.
Je parierais que le doublement du coût du support (même s'il est minime) est ce qui retient l'industrie du disque. Associé à l'absurde de fournir un CD peu utile à une large majorité de gens. Et globalement de faire un truc pour une infime minorité de gens...
la question de qualité ou pas ne soit même pas envisagé, ni connu.
Sur de toutes petites enceintes ou dans un environnement très bruyant (voiture...), le mixage compressé et à la bande passante réduite peut mieux passer que le mixage audiophile.

anton.

Citation de scare :
- Le morceau 1 à un son de merde hyper compressé
- Le morceau 1' est le même mais contient de la dynamique permettant de vous rappeler que le bouton volume existe sur une chaine HIFI
Ce n'est pas aussi simple que ça je pense. Il y'a des raisons effectives qui ont poussé les normes audios à cette mise à niveau. Les gens n'envisagent plus la musique de la même façon aujourd'hui par rapport à il y'a 20 ou 30 ans. La musique s'inscrit dans le chaos sonore qui caractérise le lieu ou elle est propagée et écoutée. Ses supports de diffusion ont changé, de même que les endroits qu'elle a investit et c'est une réalité culturelle, technologique et même sociale dont il faut, malheureusement ou non, tenir compte.
C'est à considérer comme un phénomène de masse qui peut exclure ceux qui s'en tiennent à une écoute plus musicale, plus sensible mais on en revient toujours à la même chose. L'idée d'une double plage n'est donc pas un parti pris mais un choix circonstanciel pratique.
Plateau of mirrors Mon blog musique et création.

DiZ69

Pour moi, il est devenu impossible, de faire ecouter a des amis, plus de 30 seconde de musique en silence...

Anonyme

ce n'est pas parce qu'une majorité veut avoir raison que la minorité a tort.
A raisonner ainsi, on tire le niveau vers le bas.
Proposer 2 masters, c'est s'incliner. Proposer un seul master, mais de qualité c'est mieux, ceux qui pensent que ça n'est pas assez écrasé passent leur chemin ou montent le volume (s'il ne veulent pas se faire une entorse, il existe même des télécommandes) ou acceptent la chose. Mais toutes ces questions sur le mastering sont à se poser dès le moment d'enregistrer un CD, au moment où l'on se demande "pourquoi/pour qui faire un CD ?"
[ Dernière édition du message le 16/03/2011 à 13:41:56 ]

Anonyme

+1 avec Gulistan.
JM

anton.

Dire ça et le répéter c'est ne pas prendre en compte ce que j'ai évoqué plus haut. La musique n'est plus cantonnée à un role de loisir domestique et à une écoute pure. Elle s'est fondue dans un environnement de plus en plus assujettie au bruit (magasin, urbanisme bruyant, discothèque) et à une technologie qui la réclame sous toutes ces formes (musique sur téléphone, ordinateur, autoradio).
Ce n'est pas seulement une majorité c'est une réalité de notre époque.
Plateau of mirrors Mon blog musique et création.

Dr Pouet

En voiture il vaut mieux avoir une dynamique moins grande que dans un salon. Et puis beaucoup de gens écoutent sur des petits HP à la dynamique et bande passante limitée. Là encore, si le mix + mastering est fait pour, ça passera beaucoup mieux.
Possible aussi qu'on ne parle pas exactement de la même chose. Gulistan évoque peut-être un mastering (et un mixage) un peu plus raisonnable. Donc compressé quand même, mais modérément. Ce serait effectivement un mieux (pas sur tous les disques, mais sur ceux "ravagés" ) ; et c'est probablement réalisable. D'autant que les radios recompressent après.
Par contre, et par rapport à l'autre débat sur le SACD ou DVD-audio, l'intérêt de 2 versions existe et existera toujours : il n'est pas possible d'exploiter un bon système, et de passer correctement dans un environnement défavorable.

Anonyme

Oui, la musique n'est plus qu'un bruit de fond nécessaire au décérébrage généralisé, pour empêcher la communication entre les êtres humains dans les lieux publics, pour éviter au porteur de casque audio de rue de percevoir son environnement trop moche.
Certains musiciens et producteurs (au sens anglo-saxon du terme) ont tellement peu confiance dans la qualité de ce qu'ils produisent qu'ils se sentent obligés de les imposer par le niveau sonore, annihilant par la même occasion une partie de ce qui crée l'émotion dans la musique.
Si on en est là, ce n'est pas pour des raisons musicales mais bien pour des raisons mercantiles et je trouve suspect que des musiciens défendent cette manière de voir les choses.
L'argument des conditions d'écoute ne tient pas. Les casques actuels sont assez isolants pour profiter correctement d'un peu de dynamique. Et si une production vise directement un public urbain écoutant sur des ipods, je peux comprendre cet argument. Mais pourquoi celles qui ne s'adressent pas à ce public imposent cette punition ?
Pour paraphraser un vieux slogan qui disait, "Police partout, sécurité nulle part", ou "Télé partout, info nulle part", maintenant on a "Musique partout, mais émotion nulle part".
JM

Warmy

Une des plus belle note de musique est parfois le silence...

anton.

Jan> Mais moi je suis d'accord avec ça mais il faut bien comprendre que la minorité qui veut préserver son espace émotionnel ne fait pas vivre les musiciens qui doivent coordonner deux choses: l'art dans ce qu'il a de plus sensible et le mercantilisme que tu dénonces. Theodor Adorno a théorisé ce processus dès les années 30 avec l'invention du phonographe. Le processus marchand domine celui de l'art puisqu'il lui permet de se diffuser et de se vendre et donc d'exister. Un CD avant d'être perçu artistiquement est d'abord un objet soumis à la dictature de la consommation. Les musiciens ont bien conscience qu'ils n'ont pas vraiment le choix et le MP3 n'y changera pas grand chose.
Pour les conditions d'écoute je pense que c'est assez clair. La majorité des gens se satisfont largement d'écouteurs lambda et même d'une enceinte de téléphone portable. Tuer le mastering c'est donc tuer les méthodes de consommation qui prédominent et conditionnent les sociétés modernes.
Plateau of mirrors Mon blog musique et création.
[ Dernière édition du message le 16/03/2011 à 19:06:39 ]

Dr Pouet

Mébon, juste pour la rhétorique...
L'argument des conditions d'écoute ne tient pas. Les casques actuels sont assez isolants pour profiter correctement d'un peu de dynamique. Et si une production vise directement un public urbain écoutant sur des ipods, je peux comprendre cet argument. Mais pourquoi celles qui ne s'adressent pas à ce public imposent cette punition ?
Ok pour l'ipod et la voiture (encore que). Mais quid de l'écoute sur une mini-chaîne faiblarde ?
Je me souviens avoir apporté chez des potes un morceau que je trouvais génial pour le faire écouter, et constater que ça ne donnait plus rien. Sans le constater personnellement, je n'y aurais pas cru. Et ce d'autant plus que:
- c'était une mini-chaîne "milieu voire haut de gamme carrefour"
- j'avais de mon côté des enceintes hifi certes, mais de bibliothèque, donc 2 voies, pas tellement plus grosses que celles de la mini-chaine
- le morceau n'était pas "ébouriffant". Ça devait être du jazz, l'un des morceaux de Spoonerism de Laurent de Wilde. Donc pas du classique avec une dynamique de 40dB.
Par contre la contrebasse jouait un rôle important dans la mélodie. Comme ça ne faisait plus qu'une note...
Et ce genre de problème, je pense qu'il existera toujours (à moins d'un progrès brusque et énorme dans l'acoustique...)
[ Dernière édition du message le 16/03/2011 à 19:19:25 ]

Anonyme

Citation :
Dire ça et le répéter c'est ne pas prendre en compte ce que j'ai évoqué plus haut.
On peut prendre en compte, mais ne pas adopter et refuser la démarche (en tant que musicien, technicien ou auditeur).
C'est ce qu'on appelle "la part du colibri".
Refuser, ne serait-ce qu'un peu, c'est toujours ça.
"Et dire qu'il suffirait de ne plus en acheter pour que ça ne se vende plus"
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