Si les expérimentations sont fortement recommandées, les techniques classiques vous permettront d’avoir une vision globale et, plus important encore, vous donneront une meilleure connaissance des micros et des techniques de placement...
Les voix sont probablement ce qu’il y a de plus difficile à enregistrer. Chaque chanteur est différent et, dans une seule performance, on peut trouver une plage dynamique très étendue. En outre, les chanteurs ont tendance à bouger, ce qui constitue un autre défi.
Pour les pistes vocales, on donne le plus souvent la préférence aux gros diaphragmes. Les grands diaphragmes sont en général mieux équipés pour accueillir les hauts niveaux dynamiques potentiels d’un chanteur. L’effet de proximité a tendance également à ajouter de l’ampleur à la voix. Ce même effet peut être écrasant dans le cas d’un chanteur dont la voix est déjà extrêmement grave. Dans ce cas de figure, une capsule moyenne peut être davantage appropriée car elle entraîne un effet de proximité réduit.
Une directivité en 8 peut s’adapter à deux chanteurs situés l’un en face de l’autre, par exemple pour un duo.
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Les voix étant mises très “en avant” dans les mixages, micros et préamplis à lampes sont fortement recommandés pour leur enregistrement.
Les cardioïdes sont généralement employés pour la prise de son rapprochée des chanteurs, particulièrement lorsqu’on ne souhaite pas nécessairement que l’espace acoustique soit reproduit sur la piste. Par contre, si vous désirez que l’ambiance naturelle de la pièce s’entende, sachez que les micros omnidirectionnels peuvent donner d’excellents résultats.
Dans le cas où vous souhaiteriez enregistrer plusieurs chanteurs, il est possible que vous ne disposiez pas du matériel nécessaire à l’utilisation de micros et de pistes séparés. Pour un duo, placer les interprètes de part et d’autre d’une capsule en 8 fonctionne bien. Pour des choristes ou pour des groupes vocaux, placez les chanteurs en demi-cercle autour d’un cardioïde. Placez-les plus ou moins près du micro de manière à obtenir la symétrie désirée à partir de leurs différents niveaux.
Dans tous les cas, la distance entre le chanteur et le micro déterminera la “présence” ou intimité du son ainsi que la quantité de son réfléchi capturée. Sachez également que selon la loi de l’inverse des carrés, les légers mouvements du chanteur auront bien moins d’effet sur le niveau de sortie du micro s’il ne “mange” pas le micro. Idéalement, le micro doit être placé à 30–45cm du chanteur.
En orientant le micro vers le bas, il est possible d’empêcher l’énergie vocale indésirable d’atteindre
le diaphragme. |
Les micros pour les voix sont habituellement installés au même niveau que la bouche des interprètes. En les plaçant plus haut, vous obtiendrez un son plus nasal tandis qu’en les plaçant plus bas, le son obtenu semblera émaner beaucoup plus de la poitrine. Evitez les positions extrêmes car elles donnent l’impression d’étirer ou de resserrer la gorge des interprètes, phénomènes ennemis d’un bon enregistrement.Vous pouvez aussi tenter d’orienter le micro vers le menton de l’interprète de façon à ce que l’énergie de sa respiration ne soit pas directement projetée contre le micro. En outre, assurez-vous que le casque du chanteur est de type “fermé”. En effet, les modèles ouverts ont tendance à laisser échapper des sons que les micros capturent.
Un filtre anti-pop est souvent utilisé pour minimiser
les vocales plosives. |
Un filtre anti-pop est fortement recommandé afin d’atténuer les plosives (les “p” par exemple) et de protéger le diaphragme du condensateur des projections de salive. Les filtres antipop contribuent également à contrôler la proximité des chanteurs par rapport au micro. (Si un chanteur a tendance à s’approcher trop près du micro, placez le filtre anti-pop aussi loin par rapport au micro que là où vous souhaitez que se poste le chanteur et demandez-lui de chanter directement dans le filtre anti-pop et non dans le micro.)
Les filtres anti-pop ne permettent pas de contrôler les sifflantes, générées le plus souvent par la prononciation de la lettre “s”. Pour réduire les sifflantes, vous pouvez essayer de baisser et/ou d’éloigner le micro.Vous pouvez aussi demander au chanteur de tourner légèrement la tête pendant les passages sifflants afin d’éviter que les sifflantes ne soient projetées directement contre le micro. Si ces méthodes ne s’avèrent pas efficaces, il est peut-être nécessaire de traiter la piste vocale avec un de-esser, un type de compresseur spécial qui se concentre sur les fréquences sifflantes.
A propos de traitement, la majorité des ingénieurs du son utilise une certaine quantité de compression lorsqu’ils créent des pistes vocales. Un peu de compression améliore les choses mais en quantité excessive, elle peut écraser une voix. Une compression de quelques décibels est généralement tout ce qui est nécessaire pour empêcher les crêtes, tout en garantissant que le signal maximum pourra être envoyé à l’enregistreur. Les réglages d’égalisation ne doivent en principe viser qu’à obtenir un signal optimal et non à essayer de parfaire la tonalité finale, chose qui relève davantage du mixage.
Gardez à l’esprit qu’une forte réflexion acoustique, conséquence de la position d’un chanteur devant une surface dure, colore le son de la voix. Si cet effet n’est pas souhaité, éloignez le chanteur de la surface afin que la réflexion puisse décroître davantage avant d’atteindre le micro.
Nos oreilles étant particulièrement sensibles à la voix humaine, même les auditeurs occasionnels sont beaucoup plus critiques par rapport aux voix que par rapport à n’importe quel instrument. Une fois que vous êtes satisfait de la prise de son que vous avez faite des voix, sachez qu’il n’est jamais superflu de la comparer aux voix des chanteurs dans la pièce, et ce dans un souci de réalisme.
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Afin d’éviter les réflexions acoustiques primaires,
les chanteurs et les microphones ne doivent pas être placés directement en face d’une surface dure. |
Positionnement pour plusieurs chanteurs autour d’un cardioïde.
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