Les conneries on stage

Pour répondre à Will: il n'y a pas de mépris dans mon propos. Il y a probablement un certain mépris dans les propos de mon pote musicien vis à vis de son propre boulot (en tout cas ça y ressemble!). Il s'agit de reprises "universelles", les trucs standards qu'on a entendu 100 fois (les amants de St jean...) et qui font danser. Le groupe ne choisit pas vraiment ce qu'il aime (ou pas à 100%). Il fait un mix entre les reprises ultra connues, les reprises moins connues, et une ou deux chanson de leur propre jus. Ils le font avec énergie et conviction. Les gens qui assistent au concert sont contents, et c'est de très loin le principal pour du balloche.

Mais ce même pote musicien a d'autres projets en parallèle, qui lui tiennent à cœur, qui sont des créations, et qui lui rapportent beaucoup moins. Et c'est là un truc qui chagrine pas mal de zicos: faire des reprises rabâchées à l'infini par tout le monde marche toujours mieux que des créations. Il y a derrière ce sentiment de "faire la pute", la déception vis à vis d'un conservatisme indéniable du public. C'est comme ça.

Citation :

Ah mais alors c'est tout le monde qu'en a un ? (par concert je veux dire, on en avait pas un d’attitré qui venait nous voir). Ca doit être de la même famille que ceux qui hurlent "Freeee bird" aux concerts de métal...

Dans le même genre, cette année à la fête de la zik on en a eu un - déjà bien bourré en fin d'aprème - qui venait sur la scène nous parler a plusieurs reprises pendant qu'on jouait car il voulait a tout prix qu'on lui joue du Michael Jackson (alors qu'on joue un espèce de garage-punk-métalisant super crade et bruyant ).

Citation :

Et c'est là un truc qui chagrine pas mal de zicos: faire des reprises rabâchées à l'infini par tout le monde marche toujours mieux que des créations. Il y a derrière ce sentiment de "faire la pute", la déception vis à vis d'un conservatisme indéniable du public. C'est comme ça.

Je comprends bien.

Maintenant, je m'étonne un peu que quelqu'un qui choisi une carrière de musicien ne s'attende pas à cet état des choses. On sait qu'un faible nombre de musiciens arrivent à vivre de leurs créations et un nombre encore plus faible arrive à en vivre toute une carrière (combien de groupes durent plus de 10-15 ans ? Combien d'anciennes vedettes sont profs de musique ou profs tout court ou ont acheté un bistrot ou un restau, pour ceux qui ne finissent pas attachés de presse voire à l'usine ?)

J'ai la chance d'avoir exercé d'autres métiers que la musique dans ma vie. J'ai aussi la chance (et le courage) d'avoir exercé celui de musicien. Mais j'ai toujours refusé de faire du baluche pour bouffer : quitte à faire quelque chose qui ne m'éclate pas, autant aller faire autre chose de plus facile (vendre des ordinateurs ou bosser dans un bureau), moins prenant, rapportant mieux et me laissant créer à côté.

Maintenant, il y a des zicos pro qui vivent d'alimentaire (baluche, reprises, studio, mais aussi cours) et font des projets perso à côté. Ces musiciens sont souvent méprisés et ça me navre. Ce n'est pas non plus moins respectable que d'aller au bureau ou à l'usine pour des boulots où on ne s'éclate pas spécialement et de faire de la musique le week-end. Sauf que ces gens ont aussi la chance de faire de la musique tout le temps.

J'ai même en tête quelques vedettes qui ont probablement fait leur carrière sur de l'alimentaire. Je pense à Sacha Distel qui était surtout fan de jazz et de guitare swing ou encore ce type dont le nom m'échappe (Frank Michael ?) qui n'est pas médiatique, mais remplit les parcs des expos de mémés et qui aurait clairement déclaré que c'était pas son truc, que lui était fan de blues.

Bref, peu d'élus. Amha, choisir la carrière de zicos sans être prêt à assumer de l'alimentaire, c'est effectivement risquer la frustration, voire d'être aigri. Autant faire autre chose, amha. Je connais d'ailleurs d'excellents musiciens qui ont choisi de ne pas être pro pour ces raisons et pour ne garder de la musique que le côté pour plaisir. Je respecte tout autant ce choix.

Juste pour qu'il n'y ait aucun malentendu.

J'ai mis le mot merde entre guillemets pour indiquer que je ne le prenais pas au premier degré.
Je voulais plus signifier par là qu'il s'agissait de jouer de la musique qui n'était pas obligatoirement notre tasse de thé.

Mais je voulais surtout souligner par mon post que, quelle que soit la musique que l'on joue - et qu'on l'apprécie soi-même ou non - , le fait de voir le public prendre son pied simplement et sincèrement est l'une des plus grandes joies du zikos.

Citation :

le fait de voir le public prendre son pied simplement et sincèrement est l'une des plus grandes joies du zikos.

+1
Jan m'a raconté une anecdote édifiante à ce sujet. Il est sonorisateur attitré du bagad de Lann Bihoué. Il m'a raconté que le mec qui les manage avait dit aux gars "les gens vous réclament Amazing Grace sur les concerts. Pourquoi vous ne la jouez pas ? (note : amazing grace, c'est un peu la tarte à la crème de la musique celtique)
- Stro naze !
- vous devriez quand même essayer. Les gens vont adorer et VOUS allez adorer."
Ils ont décidé de jouer un autre "tube" à la place... et kiffent comme des malades : ça fout une ambiance de feu, les gens sortent les briquets et tout et tout.
Bon, le bagad de Lann Bihoué, c'est pas non plus le groupe archi hyper pointu. C'est un peu (sans mépris de ma part) le truc "grand public" de la musique bretonne. Mais les membres du bagad sont généralement des brutasses qui jouent par ailleurs dans des bagadous où ils ont l'habitude soit de créations et d'originalité, soit de rechercher et dénicher des traditionnels anciens et quasi disparus, le plus souvent un mélange des deux.

Maintenant, jouer des "tubes" qui mettent le public en transe, mais ne me plaisent pas, je n'ai jamais aimé ça (et donc pas pratiqué). Je trouve que ça peut assez vite conduire à un mépris du public et de soi-même.

Et puis comme disait un collègue de la variétoche : "ça sert à quoi de faire des reprises de trucs que personne connait?"
A les faire connaître.

Quand je faisais de la reprise, on mélangeait des trucs archi connus (genre U2 ou Midnight Oil ou Brassens) et des trucs nettement moins connus (comme des Thiefaine obscurs ou carrément méconnus (genre "l'estaca" version française de Marc Robine).

Les gens s'éclataient avec le connu, mais aux pauses et après le concert, c'est des pas connues qu'ils venaient nous parler : ce sont elles qui les avaient le plus touchées.

Mains bon, on n'était pas un groupe à danser. Ça laisse plus de liberté.

En même temps, certaines salles de concerts cherchent un peu la merde, aussi.
Celle du centre socio-cul de mon bled passe plutôt des bons trucs. J'ai dû y aller en tout 3-4 fois.

La raison ? Ça fait des années que je leur dit (ainsi qu'à la nouille intersidérale qui est censée être adjointe à la culture) qu'il faut mettre des affiches.
"Ah oui, mais on édite un programme annuel est s'est annoncé dans Ouest-France et le Télégramme
- Bien sûr. C'est bien connu que la population qui va aux concerts lit quotidiennement Ouest-France et le Télégramme"

Moralité, alors qu'il y a un panneau d'affichage au coin de ma rue (comme à d'autres endroits stratégiques du bled) qui me permettent de savoir tout ce qui se joue dans les bars, c'est généralement le lendemain que j'apprends qu'il y a eu un bon concert à la salle en question

Tout ça parce que ces branlos ne sont pas foutus de prendre la peine d'aller coller quelques dizaines d'affiches qu'artistes et prod leur envoient pourtant à chaque fois.

Ah ça! la com', c'est le nerf de la guerre. Il faut toujours en faire beaucoup plus qu'on ne croit. D'ailleurs, sans vouloir remuer le couteau dans la plaie, ceux qui ont participé aux Festins Sonores sont bien placés pour en savoir quelque chose.

Mais je crois qu'on devrait ouvrir un nouveau sujet "Pourquoi ce con de public préfère-t-il se bourrer la gueule avec des pintes à 9 euros en écoutant des reprises De "Smoke on the water" plutôt que d'aller découvrir de nouveaux talents ?"

oui mais la réponse est dans le 3e mot du sujet