Nouvelle arrivée chez l’éditeur Fabfilter, Saturn, un plug-in de saturation et distorsion multibande. Un de plus, ou une approche renouvelée ?
Tout doucement, l’éditeur Fabfilter a réussi à s’imposer dans un marché très encombré, grâce à une politique évitant les sorties intempestives de plug-ins et leurs déclinaisons pour occuper le terrain, et misant plutôt sur le temps. Et bien entendu, grâce à la qualité de leurs logiciels et celle de leur conception de l’interface utilisateur, certainement parmi les plus réussies.
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Plusieurs produits Fabilter ont été testés sur Audiofanzine, comme Volcano 2, peut-être l’un des meilleurs plugs de filtrage (quel son !), Twin 2, leur synthé virtuel trois oscillos/deux filtres qui plane loin au-dessus de la majorité de ses concurrents à topologie semblable et leur excellent bundle de mastering.
Arrive aujourd’hui Saturn, dédié à la saturation et la distorsion multibandes. Avec la même réussite que celle de ses aînés ?
Introducing Fabfilter Saturn
On télécharge le plug sur le site de l’éditeur, l’autorisation s’effectuant par un simple code à copier/coller ; pas de dongle matériel, pas de challenge/réponse, merci. Autre motif de remerciements, l’éditeur offre quasiment tous les formats de plugs actuels, pour Mac (y compris les vieux G4/G5…) et Windows, en 32 et 64 bits pour les deux plateformes : AU, VST, VST 3, AAX et RTAS.
Les diverses fonctions, l’ergonomie, l’organisation du plug qui ont déjà été mentionnées dans les précédents tests ne seront pas détaillées, sauf exception, ici : ainsi de la façon de créer des sources de modulation, de les assigner (deux clics ou/et via drag’n’drop…), des 50 slots disponibles, de l’interface graphique qui est tout aussi ergonomique que graphiquement réussie, des sauvegardes de présets à l’échelle des modules et non seulement globale, de l’excellente implémentation du Midi Learn, des multiples niveaux d’Undo/Redo, de la possibilité d’effectuer des comparaisons de réglages (A et B), des toujours nombreux présets classés par familles, du menu d’aide interactif en survolant les réglages, du fonctionnement possible en M/S, etc.
De un à six, tous en bandes
Saturn permet de saturer ou distordre via divers types d’effets, et ce sur jusqu’à six bandes individuelles librement paramétrables. Ainsi chaque bande pourra utiliser son propre type de saturation/distorsion… La création d’une bande se fera par simple clic sur la partie supérieure de l’interface, une petite croix apparaissant sous la souris. On pourra ajuster manuellement le large slider vertical séparant les bandes. Apparaissent aussi des curseurs horizontaux qui règleront le niveau de sortie de chaque bande.
En dessous, une barre de réglages inclut un bypass, un menu de sauvegarde, un menu déroulant présentant les 16 types d’effets disponibles, de la saturation à lampes (Clean, Warm, Broken), de l’émulation de bande magnétique (Clean, Warm, Old), d’amplis guitare (Smooth, Crunchy, Lead, Screaming, Power), de saturation (Gentle, Heavy) et trois autres types (Smudge, Rectify, Destroy). On dispose aussi d’un circuit de réinjection avec réglages de Feedback et Freq, ce dernier paramétrant le délai. Ensuite Dynamics modifie la plage dynamique du signal traité, de l’expansion à gauche au squash le plus extrême à droite.
On trouve ensuite un gros rotatif Drive, réglant le niveau de saturation (l’interface devient de plus en plus rouge à mesure que l’on augmente le taux), et un Drive Pan. On continue avec une section Tone (EQ quatre bandes pré-réglées), et un niveau de sortie avec Pan.
En dessous se trouve la section de modulation (que l’on peut cacher), regroupant toutes les classiques sources de l’éditeur (les superbes XLFO et leurs 16 pas, contrôleur XY, générateur d’enveloppe, suiveur d’enveloppe et source Midi), selon la même parfaite ergonomie que d’habitude. La fenêtre du plug peut basculer de Normal à Wide, un format panoramique qui sera utilise lorsque l’on accumulera les sources de modulation. L’éditeur a aussi inclus un mode de fonctionnement HQ (oversampling 8X), nécessairement plus gourmand en ressources CPU.
Voilà sur une forme d’onde triangulaire, le résultat de chacun des types sans modulation ni correction de quelque ordre que ce soit, avec le réglage Drive à 50 % et Mix à 100 % (dans l’ordre énoncé plus haut).
Exemples guère musicaux, mais ce n’était pas le but.
Du crunch au mastering
Question musicalité, puisque l’éditeur a fourni un grand nombre de présets (plus de 150), on va simplement en écouter quelques-uns en provenance des familles Drums, Guitar Amps, Mastering et Saturation, avec les modifications nécessaires en fonction du fichier utilisé.
On l’entend, on obtient des résultats très marqués, modulés, aussi facilement que des subtiles modifications de transitoires dans une approche similaire à l’action de la compression/saturation de la bande magnétique.
Du saturé, du crunch, du doucement « réchauffé », on peut tout faire. Attention à la boucle de feedback, qui peut parfois produire certains bruits plus ou moins « aquatiques »…
Sur ce morceau mixé, quelques présets de « mastering », où les saturations façon bande magnétique ou lampes sont mises à contribution, de façon très légère ou plus marquée (version originale au début, comme sur les autres exemples).
Téléchargez les fichiers audio ici : Flac.zip
Bilan
Encore une fois, ce qui frappe lors des premières utilisations, c’est la qualité de l’interface, son ergonomie, montrant combien l’éditeur s’est creusé la tête pour obtenir cette simplicité et cette immédiateté d’usage. Quelqu’un n’ayant jamais manipulé un plug Fabfilter trouvera ses marques très rapidement. Ensuite, la puissance de traitement du logiciel est, comme d’habitude pourrait-on dire, proprement hallucinante (d’autant que le tarif, 129 euros, reste toujours raisonnable) : entre les six bandes disponibles, le nombre de réglages individuels, plus le nombre de modulations par bande, on ne voit pas comment on n’arriverait pas à obtenir le son désiré.
D’aucuns regretteront l’absence de filtre. Ce serait peut-être utile sur une distorsion/saturation pleine bande, mais là, avec six bandes totalement autonomes, est-ce vraiment nécessaire ? Poser la question, c’est y répondre.
Bref, c’est encore une réussite, justifiant la pratique de la maison, à savoir peu et excellent plutôt que beaucoup et moyen. Comme le disait Los Teignos dans son test du bundle de mastering, on serait curieux d’entendre ce que ferait l’éditeur d’une réverbe. Dans l’état actuel des choses, la logique de Fabfilter paie, et chaque nouveau plug permet de faire du ménage parmi ceux qui en deviennent aussitôt obsolètes. La démo est librement téléchargeable.