Dernier épisode consacré à la grosse caisse dans le cadre du chapitre traitant de l’enregistrement de la batterie. Jusqu’à présent, nous nous sommes essentiellement focalisés sur le cas particulier de nos exemples sonores. Or, tout le monde n’a pas à disposition le même parc de micros que celui proposé par le studio qui nous a gentiment accueillis pour l’occasion. C’est pourquoi je vous propose aujourd’hui un petit tour d’horizon des alternatives que vous pouvez envisager lors de la prise de proximité de votre kick.
Kick out the jams
Je ne m’étendrai pas sur le cas du micro « Kick Sub » car, d’une part, il n’existe bizarrement que peu de modèles dans le commerce, et d’autre part, je vous ai déjà subtilement dirigé vers des méthodes DIY au cas où vous auriez le courage de mettre les mains dans le cambouis. De plus, nous verrons lors d’un prochain article qu’il est possible de se passer de cette prise en appliquant la technique du « layering ».
Concentrons-nous donc sur les deux autres micros, à commencer par le « Kick out ».
En dynamique, il existe une ribambelle de modèles aptes à remplir la tâche. En faire une liste exhaustive me semble tout aussi inutile qu’illusoire. Je me contenterai donc de vous citer les grands classiques du genre qui ont fait leurs preuves :
Pour un son plus « précis », ou si vous êtes à la recherche d’un peu plus de « finesse » dans la captation des détails de jeu, il est possible d’avoir recours à certains micros électrostatiques à partir du moment où ces derniers sont capables d’encaisser de forts niveaux de pression acoustique. Par exemple, j’ai obtenu des résultats assez surréalistes avec un AKG C 414 B-ULS alors que ce n’est pas forcément sur ce terrain-là qu’on l’attend. Mais si vous avez la chance d’avoir un portefeuille suffisamment garni, je ne saurais trop vous conseiller le roi incontesté en la matière : le modèle Fet du fameux U47 signé Neumann.
Enfin, ne sous-estimez pas l’intérêt des micros à ruban pour cette captation « Kick out » ! La rondeur caractéristique de ce type d’engin peut vraiment être un atout si c’est le genre de son que vous recherchez. Attention cependant ! Les micros à ruban sont des joujoux particulièrement fragiles et ne supportent généralement pas les niveaux de pression acoustique trop élevés. Par conséquent, il convient de ne pas diriger directement la capsule vers la peau de votre grosse caisse. En inclinant le micro pour qu’il forme un angle d’environ 45° avec le sol, vous éviterez aisément tout problème. Concernant les modèles préconisés pour la tâche qui nous intéresse aujourd’hui, le Beyerdynamic M 160 est un incontournable. Un Royer Labs R-121 fera également le boulot avec brio, même si lorsque j’en ai un à disposition, je préfère le réserver à une autre tâche, par exemple la « Room Mono ».
Kick Starter
Passons à présent au cas du micro « Kick in ». Pour nos exemples audio, nous avons utilisé un micro de type PZM, le Shure 819. Mais ce genre d’engin ne fait que rarement partie de l’arsenal de base du MAOïste débutant. Pour le remplacer, un dynamique cardioïde pourra faire amplement la blague. Les micros dynamiques cités dans le paragraphe précédent s’en sortent d’ailleurs à merveille. J’ajouterai cependant deux autres classiques à cette liste : le Sennheiser MD 421 et l’increvable Shure SM57. Ces deux modèles ne sont certes pas capables de retranscrire à eux seuls la complexité du son d’une grosse caisse. Mais si vous les utilisez en complément d’un micro « Kick out » bien gras, ils sauront ajouter juste ce qu’il faut de « craquant » à l’attaque de la batte, pour peu qu’ils soient bien placés…
À propos du placement justement, le PZM utilisé pour nos exemples sonores était sagement couché à l’intérieur de notre grosse caisse. Mais lors de l’utilisation d’un dynamique cardioïde, il est évident que ce genre de placement ne donnera pas grand-chose. Avec de tels micros, il convient de rapprocher la capsule le plus possible de la peau de frappe à l’intérieur du fût. Si vous visez le point d’impact de la batte, vous obtiendrez un « clic » plus « perçant », alors que si vous vous focalisez sur une zone comprise entre le cerclage et le point d’impact, vous aurez un « clic » plus « compact ».
Notez que si la grosse caisse de la batterie que vous enregistrez ne vous permet pas de placer un micro à l’intérieur du fût, vous pouvez « tricher » en plaçant ce micro « Kick in » à l’extérieur, du côté de la batte. Il faut tout de même faire attention à plusieurs choses dans ce cas-là… Tout d’abord, il ne faut pas que le placement de ce micro vienne contrarier le confort de jeu du batteur. De plus, prenez soin de vérifier que le mécanisme de la pédale et/ou le tabouret du batteur ne produisent pas de grincements parasites. Si tel est le cas, un petit graissage s’impose. Enfin, faites également attention aux éventuels bruits de frottement du pantalon du batteur. Cela peut paraître idiot, mais je vous assure que les bruits de frottement d’un jean peuvent passablement pourrir une prise… Si vous vous demandiez pourquoi beaucoup de batteurs se baladent en short, je crois que vous tenez là un élément de réponse !
Sur ce, rendez-vous la semaine prochaine pour de nouvelles aventures !