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Test des réverbes logicielles Arturia Rev Spring-636, Intensity & Plate-140 - Rev-olution ?

8/10
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Fin 2019, Arturia faisait un beau cadeau à tout le monde en offrant jusqu’à Noël un nouveau plug-in : une modélisation de la fameuse réverbération à plaque EMT 140. Cela laissait bien entendu supposer l’arrivée imminente d’autres joujoux au sein de leur série d’effets « You'll Actually Use ». L’attente n’a pas été bien longue, puisqu’en février 2020 les Grenoblois annonçaient la sortie de trois nouvelles réverbes et profitaient de cette occasion pour regrouper tous les plug-ins de la gamme au sein d’un seul et même bundle baptisé FX Collection.

Test des réverbes logicielles Arturia Rev Spring-636, Intensity & Plate-140 : Rev-olution ?

Ayant déjà pu témoi­gner de la qualité des préam­plis et compres­seurs virtuels de la marque, c’est avec un plai­sir non feint que j’ai accepté de passer sur le grill ces nouveau­tés. Voici donc mon « petit » compte-rendu…

Rev-ision

Dispo­nibles aux formats VST (2 & 3), AAX et AU en 64 bits pour Mac et PC, les derniers nés respectent la logique de la gamme avec une émula­tion d’une machine iconique, la Rev Plate-140, une modé­li­sa­tion d’un appa­reil vintage moins connu, la Rev Spring-636, et une créa­tion origi­nale (comme pour les récents délais), la Rev Inten­sity. Comme d’ha­bi­tude, l’ins­tal­la­tion/auto­ri­sa­tion se déroule le plus simple­ment du monde grâce au logi­ciel maison Artu­ria Soft­ware Center et un petit tuto­riel se lance à l’ou­ver­ture de chaque plug-in histoire de faire rapi­de­ment connais­sance avec l’en­gin.

Au rayon des points communs aux trois réverbes, nous avons le sympa­thique gestion­naire de presets bien connu des amateurs des produits de la marque française, la possi­bi­lité de redi­men­sion­ner l’in­ter­face (de 50 % à 200 % via un menu ou des raccour­cis clavier), une fonc­tion Undo/Redo (avec histo­rique d’an­nu­la­tion, s’il vous plaît !) ainsi que le désor­mais habi­tuel panneau de réglages avan­cés acces­sible d’un clic sur la double flèche située en haut à droite du plug-in. Il n’y a malheu­reu­se­ment pas de fonc­tion de compa­rai­son A/B, ce qui est assez surpre­nant étant donné qu’elle était appa­rue sur la série des trois compres­seurs…

3 Rev

Bref, niveau tech­nico-tech­nique, sachez que l’uti­li­sa­tion d’une instance sur ma machine de guerre (Mac Pro fin 2013 Hexa­coeur Xeon 3,5 GHz – 32 Go DDR3) consomme les ressources suivantes :

  • 0,5 % de CPU et 54 samples de latence pour la Rev Plate-140 ;
  • 1,4 % de CPU et 54 samples de latence pour la Rev Spring-636 ;
  • 0,4 % de CPU et 48 samples de latence pour la Rev Inten­sity.

C’est somme toute raison­nable, surtout pour des réver­bé­ra­tions.

Bien, nous allons à présent voir ce que chacune de ces bestioles a dans le ventre. Notez que je m’at­tar­de­rai essen­tiel­le­ment sur les détails qui les démarquent de la concur­rence sans faire une revue exhaus­tive de l’en­semble des réglages dispo­nibles. Cela me semble beau­coup plus inté­res­sant, d’au­tant que les manuels dans la langue de Molière sont libre­ment dispo­nibles sur le site de l’édi­teur.

Rev Plate-140

Commençons avec cette modé­li­sa­tion de la mythique réver­bé­ra­tion à plaque EMT 140. Artu­ria a eu la bonne idée d’in­té­grer l’étage de préam­pli­fi­ca­tion à lampe en entrée (potard Drive), permet­tant ainsi de « réchauf­fer » le son réver­béré, voire égale­ment le son source lors d’une utili­sa­tion en insert de piste. Petit raffi­ne­ment, une lampe virtuelle placée derrière une grille s’illu­mine sur l’in­ter­face graphique en fonc­tion de l’ajout de distor­sion harmo­nique. Voici ce que cela donne sur un son de caisse claire prove­nant de ma Linn­Drum :

01_Linn_dry
00:0000:05
  • 01_Linn_dry00:05
  • 02_Linn_140_Drive00:05

PlateLe premier extrait sert de réfé­rence. Sur le second, une instance de la Plate-140 est utili­sée en guise de préam­pli, c’est-à-dire sans ajout de réverbe, en pous­sant petit à petit le Drive histoire de mettre en avant la colo­ra­tion du signal. Inté­res­sant, n’est-ce pas ?

Comme d’ha­bi­tude, l’édi­teur greno­blois ne s’est pas contenté d’une émula­tion bête et méchante. Ainsi, le plug-in propose trois modes de fonc­tion­ne­ment :

  • Punchy – parti­cu­liè­re­ment à l’aise avec les sons percus­sifs ;
  • Clas­sic EMT – émula­tion du modèle origi­nal ;
  • Modern – réver­bé­ra­tion à plaque plus « clinquante » avec un déclin des hautes fréquences plus prononcé.

Pour mieux appré­hen­der ces trois algo­rithmes, voici unique­ment le son « wet » obtenu avec la même caisse claire que précé­dem­ment :

03_Linn_140_wet_Mono-1
00:0000:08
  • 03_Linn_140_wet_Mono-100:08
  • 04_Linn_140_wet_Mono-200:08
  • 05_Linn_140_wet_Mono-300:08
  • 06_Linn_140_wet_Stereo-100:08
  • 07_Linn_140_wet_Stereo-200:08
  • 08_Linn_140_wet_Stereo-300:08

Le para­mètre « Width » permet­tant de gérer la largeur stéréo du résul­tat, j’ai effec­tué des rendus mono­pho­niques et « full stereo ». Vous remarque­rez que non seule­ment les diffé­rences entre les algo­rithmes sont loin d’être anodines tant au niveau spec­tral qu’au niveau des tran­si­toires, mais égale­ment que l’im­pact sur les sensa­tions de largeur et de profon­deur de champ en conjonc­tion avec le réglage « Width » est assez bluf­fant.

Passons à présent à quelques extraits plus complexes et musi­caux :

09_Drums_dry
00:0000:13
  • 09_Drums_dry00:13
  • 10_Drums_140_wet00:13
  • 11_Drums_140_Tube_wet00:13

Comme toujours, le premier sample fait office de réfé­rence. Pour le deuxième, une instance du plug-in est placée sur le bus de batte­rie avec le modèle Punchy. J’ai mis à profit les réglages avan­cés avec un léger prédé­lai pour ne pas noyer la source et un filtre passe-haut histoire de ne pas engluer le bas du spectre. Le troi­sième exemple reprend exac­te­ment les mêmes réglages avec en sus le Drive poussé à fond de façon à faire subti­le­ment « crun­cher » le son. 

Écou­tons main­te­nant la bête sur une guitare jazzy :

12_Gtr_dry
00:0000:18
  • 12_Gtr_dry00:18
  • 13_Gtr_140_Mono00:18
  • 14_Gtr_140_Mono Post­Mod00:18
  • 15_Gtr_140_Stereo00:18
  • 16_Gtr_140_Stereo Post­Mod00:18
  • 17_Gtr_140_Hard­Pan00:18

Vous connais­sez la chan­son, le premier extrait se résume au signal source. Pour le deuxième, j’ai utilisé le mode Clas­sic EMT en mono pour un rendu rétro à souhait. Ensuite, la section modu­la­tion réglée de façon à opérer après trai­te­ment est mise à profit afin de tout de même obte­nir un rendu stéréo sauce chorus. J’ai réitéré l’opé­ra­tion avec le para­mètre Width 100 % stéréo. Enfin, j’ai utilisé la Rev Plate-140 sur un bus auxi­liaire afin de pouvoir envoyer le signal source complè­te­ment à droite alors que le signal réver­béré est complè­te­ment à gauche – tactique clas­sique pour obte­nir un rendu stéréo d’une source mono.

Pour en finir avec cette Plate, la voici à l’oeuvre sur un duo trom­bone/saxo­phone :

18_Sax_dry
00:0000:48
  • 18_Sax_dry00:48
  • 19_Sax_140_Light00:48
  • 20_Sax_140_Hard00:48
  • 21_Sax_140_Hard Wide00:48

Deux instances du plug-in ont été utili­sées ici, une pour chaque instru­ment. Comme vous pour­rez le consta­ter, j’ai d’abord été rela­ti­ve­ment raison­nable avant d’avoir la main plus leste, jusqu’à l’ex­trait « Hard Wide » qui emploie la même tactique de pano­ra­mique que précé­dem­ment pour chacun des instru­ments. Je ne sais pas vous, mais person­nel­le­ment, je trouve le résul­tat diable­ment plai­sant.

Sur ce, enchai­nons avec la deuxième réver­bé­ra­tion !

Rev Spring-636

SpringComme son nom l’in­dique, ce plug-in est une modé­li­sa­tion de la réver­bé­ra­tion à ressorts Gram­pian 636. Pour être tout à fait honnête, je n’avais jusqu’à présent jamais entendu parler de cet engin sorti à la fin des 60's. Après quelques recherches, il se trouve que de grands noms ayant large­ment contri­bué à l’His­toire de la musique (Pete Town­shend, Lee « Scratch » Perry", etc.) ont usé et abusé du joujou origi­nal à une certaine époque. Avouez qu’il y a de quoi atti­ser la curio­sité, d’au­tant que les réver­bé­ra­tions de type Spring ne sont pas légion dans le monde virtuel.

Comme pour la Plate-140, Artu­ria a modé­lisé l’étage d’en­trée et propose même deux modèles, « Mic » et « Aux 1 MΩ », offrant ainsi une plus large palette de colo­ra­tion à la sauce tran­sis­tor au germa­nium. Ici aussi, une LED virtuelle s’illu­mine en fonc­tion de l’ajout de distor­sion harmo­nique. Voici ce que cela donne sur le même son de caisse claire que précé­dem­ment lorsque cette Rev Spring-636 est utili­sée unique­ment en guise de préam­pli :

22_Linn_Spring_Drive-Aux
00:0000:08
  • 22_Linn_Spring_Drive-Aux00:08
  • 23_Linn_Spring_Drive-Mic00:08

Les résul­tats beau­coup plus violents qu’avec la Plate sont loin d’être inin­té­res­sants.

Dans une réver­bé­ra­tion à ressorts, il faut savoir que le réser­voir (Tank en anglais) abri­tant les ressorts joue énor­mé­ment sur la texture sonore du rendu. Or, ce plug-in propose pas moins de 8 réser­voirs diffé­rents acces­sibles depuis le panneau des réglages avan­cés. Afin d’illus­trer ces diffé­rents grains, voici unique­ment le son « wet » obtenu avec toujours la même caisse claire :

24_Linn_Spring_wet_Gibbs Orig
00:0000:07
  • 24_Linn_Spring_wet_Gibbs Orig00:07
  • 25_Linn_Spring_wet_Gibbs Alt00:07
  • 26_Linn_Spring_wet_Accu Vintage00:07
  • 27_Linn_Spring_wet_Space Echo00:07
  • 28_Linn_Spring_wet_Accu Type400:07
  • 29_Linn_Spring_wet_Accu Type800:07
  • 30_Linn_Spring_wet_Accu Type900:07
  • 31_Linn_Spring_wet_Synthi00:07

Comme vous pouvez le consta­ter, il y a large­ment de quoi faire.

Les réverbes de type Spring sont beau­coup utili­sées sur les guitares élec­triques, voyons donc ce que la bestiole peut donner sur notre guitare jazzy :

32_Gtr_Spring_Gibbs Orig
00:0000:18
  • 32_Gtr_Spring_Gibbs Orig00:18
  • 33_Gtr_Spring_Gibbs Alt00:18
  • 34_Gtr_Spring_Accu Vintage Wide_Aux00:18
  • 35_Gtr_Spring_Accu Vintage Wide_Mic00:18

Nous retrou­vons bien la pâte sonore carac­té­ris­tique des réver­bé­ra­tions à ressorts qui fait direc­te­ment voya­ger dans le temps l’au­di­teur.

Ne croyez cepen­dant pas que la Rev Spring-636 se limite à cela ! 

36_Drums_Sping_Space Echo Amb
00:0000:13
  • 36_Drums_Sping_Space Echo Amb00:13
  • 37_Drums_Sping_Snare00:13
  • 38_Drums_Sping_Snare_Space Echo Amb00:13
  • 39_Drums_Sping_Sonar_Space Echo Amb00:13

Sur le premier extrait, une instance est insé­rée sur le bus de batte­rie afin de créer une certaine sensa­tion d’es­pace. Pour le deuxième, la Spring-636 sert à donner une patine « Dub » à la caisse claire. Le troi­sième est un mélange des exemples précé­dents. Enfin, le dernier extrait met à profit la section Pre Filter située dans le panneau des réglages avan­cés avec un filtre passe-haut doté d’une réso­nance pronon­cée et une bonne dose de prédé­lai de façon à créer cette espèce de sonar. À l’usage, le Pre Filter, les 8 réser­voirs et l’éga­li­seur en fin de chaîne se révèlent être des outils de design sonore diable­ment puis­sants ! C’est un véri­table régal de s’amu­ser avec tout ça et cela ouvre des pers­pec­tives bien au-delà de la simple réver­bé­ra­tion à ressorts « à papa ».

Pour finir ce rapide aperçu, voici la Rev Spring-636 en action sur notre duo trom­bone/saxo­phone :

40_Sax_Spring_Hard Wide
00:0000:48
  • 40_Sax_Spring_Hard Wide00:48
  • 41_Sax_Spring_Hard Wide_Inten­sity Glue00:48

Sur le premier extrait, l’ins­tance employée pour le saxo­phone utilise le Tank Gibbs Alt de façon à bien mettre la ligne mélo­dique en avant alors que l’ins­tance du trom­bone est réglée sur le Tank beau­coup plus « sombre » Accu Type9 histoire de tapis­ser le fond du spectre. Pour le second exemple, j’ai utilisé en sus une instance de la Rev Inten­sity sur le bus prin­ci­pal de façon à impri­mer une plus grande cohé­sion sonore à l’en­semble. Voilà qui m’amène tout natu­rel­le­ment à la dernière créa­tion des Greno­blois !

Rev Inten­sity

Comme je vous l’ai déjà dit, cette troi­sième réver­bé­ra­tion n’est pas une émula­tion d’un modèle hard­ware en parti­cu­lier, mais bel et bien une créa­tion origi­nale de l’édi­teur. Toute­fois, les déve­lop­peurs se sont inspi­rés des premières réverbes numé­riques qui ont marqué pour le meilleur comme pour le pire les années 80.

Ne vous atten­dez cepen­dant pas à retrou­ver un sélec­teur d’al­go­rithmes Hall, Room et consort. Ici, tout est géré via l’in­ter­ac­tion entre les para­mètres « Size » et « Decay ». Ainsi, un Decay élevé avec un Size au plus bas donnera une réverbe de type « salle de bain », une valeur moyenne pour les deux produit une ambiance façon Hall, etc. À l’usage, l’uti­li­sa­teur retrouve très rapi­de­ment ses petits, ce qui permet d’ob­te­nir des rendus variés en un tour­ne­main.

42_Gtr_Inten­sity_Room
00:0000:18
  • 42_Gtr_Inten­sity_Room00:18
  • 43_Gtr_Inten­sity_Distant00:18

Bien entendu, l’ob­ten­tion de tels résul­tats dépend égale­ment des autres réglages dispo­nibles, mais cela illustre bien la capa­cité de ce plug-in à « géné­rer de l’es­pace ».

Et ce n’est pas tout ! Le panneau des réglages avan­cés permet beau­coup d’autres joyeu­se­tés :

45_Gtr_Inten­sity_Ducked_Off
00:0000:18
  • 45_Gtr_Inten­sity_Ducked_Off00:18
  • 46_Gtr_Inten­sity_Ducked_On00:18

Sur le premier extrait, la réver­bé­ra­tion outran­cière vient passa­ble­ment polluer le propos musi­cal. Qu’à cela ne tienne ! Le génial Enve­lope Follo­wer permet de modu­ler jusqu’à quatre para­mètres de la réver­bé­ra­tion en fonc­tion du signal de détec­tion qui peut être au choix le signal source, mais égale­ment un signal externe. En l’oc­cur­rence pour le second exemple, cela permet de faire très rapi­de­ment un effet de « ducking » sur la réver­bé­ra­tion en bais­sant le niveau de la réverbe lorsqu’un signal est présent en entrée de façon à mieux mettre en avant la source. Et ce n’est là qu’une utili­sa­tion basique de cette fonc­tion, vous verrez par la suite que ce suiveur d’en­ve­loppe a beau­coup plus à offrir…

Passons à présent à une batte­rie :

47_Drums_Inten­sity_Live
00:0000:13
  • 47_Drums_Inten­sity_Live00:13
  • 48_Drums_Inten­sity_Reverse Live00:13

Pour le premier sample, une instance du plug-in travaille sur le bus de façon à obte­nir un son tendance « Live ». Pour le second, une autre instance est utili­sée sur la caisse claire et la tout aussi géniale section « Func­tion » – que les utili­sa­teurs du synthé virtuel Pigments de la marque recon­nai­tront – permet de créer un effet ryth­mique fort inté­res­sant.

Pour finir, voici quelques exemples de rendus atypiques obte­nus grâce à ces deux sections :

49_Synth_dry
00:0000:24
  • 49_Synth_dry00:24
  • 50_Synth_Inten­sity_Strange Chorus00:27
  • 51_Synth_Inten­sity_Dyna­mic Pitch00:27
  • 52_Synth_Inten­sity_Fall00:27
  • 53_Synth_Inten­sity_Step Gated00:27

Comme vous pouvez le consta­ter, les possi­bi­li­tés créa­tives de cette Rev Inten­sity sont assez hors du commun, et je ne vous ai même pas parlé des filtres pré et post-trai­te­ment ou de la fonc­tion « Freeze ». En vérité, pour être tota­le­ment exhaus­tif, il aurait fallu un test complet rien que pour ce seul engin démo­niaque. Nous n’avons malheu­reu­se­ment pas la place pour cela et main­te­nant que nous avons entra­perçu les quali­tés indé­niables des derniers joujoux d’Ar­tu­ria, il convient à présent de jeter un œil du côté obscur de la Force, car même si le temps presse, même s’il est un peu court…

J’irai au bout de mes Rev

À tout seigneur tout honneur, commençons par la Rev Plate-140 qui, de base, ajoute un léger gain d’en­vi­ron 0,5 dB au signal traité, et ce, même avec le réglage de Drive au mini­mum. Rien de rédhi­bi­toire, mais comme il n’y a pas possi­bi­lité d’ajus­ter le niveau à la sortie du plug-in, mieux vaut en avoir conscience.

En parlant du Drive, il est à noter que sa mani­pu­la­tion est annon­cée comme auto­ma­tique­ment compen­sée, mais il ne s’agit pas ici d’une compen­sa­tion de la sensa­tion de volume perçu (Loud­ness), juste d’un proces­sus évitant de vous explo­ser les oreilles lorsque vous pous­sez le gain. C’est déjà ça, mais ça aurait pu être mieux.

Autre détail fâcheux, le prédé­lai ne dispose pas d’une option de synchro­ni­sa­tion au tempo, c’est d’ailleurs égale­ment le cas pour la Spring-636, alors que cette option est dispo­nible pour la Rev Inten­si­ty… Étant donné que l’édi­teur ne se gêne pas pour ajou­ter des fonc­tions à ses modé­li­sa­tions afin de les rendre plus perti­nentes et que l’op­tion est présente sur l’In­ten­sity, j’avoue ne pas comprendre cette absence, d’au­tant qu’il s’agit là d’une fonc­tion­na­lité diable­ment utile.

IntensityJetons à présent un œil à la Rev Spring-636. Comme la Plate, même avec le niveau d’en­trée au mini­mum, il y a un petit ajout de gain. Ici, un potard permet toute­fois de régler le niveau global en sortie, c’est donc moindre mal.

D’ailleurs, ce réglage « Output » dispose d’une option de chai­nage avec le poten­tio­mètre « Input » de façon à compen­ser auto­ma­tique­ment l’ajout de gain par l’uti­li­sa­teur… Mais ici encore, pas de compen­sa­tion de « Loud­ness » et surtout, cette compen­sa­tion en sortie se limite à –30 dB alors qu’il est possible d’ajou­ter jusqu’à 60 dB en entrée. C’est d’au­tant plus incom­pré­hen­sible que la course du potard « Output » permet de descendre jusqu’à –60 dB. Aurais-je loupé quelque chose ?

Passons sur l’ab­sence de synchro­ni­sa­tion au tempo du prédé­lai déjà évoqué pour abor­der un autre détail curieux : certains para­mètres de cette Spring ne sont pas acces­sibles via l’au­to­ma­tion et donc pas contrô­lables non plus via MIDI, notam­ment le type de réser­voir et le temps de Decay. Bien sûr, ça n’est pas utile à tout le monde tous les jours. Cepen­dant, il n’est tout de même pas si rare que ça d’au­to­ma­ti­ser un temps de réverbe. De plus, la manœuvre est possible avec les deux autres plug-ins. Serait-ce un oubli qu’une prochaine mise à jour vien­dra corri­ger ?

Dernier « souci » avec cette Rev Spring-636 qui n’aura certai­ne­ment pas échappé aux oreilles les plus atten­tives : si vous faites bien atten­tion, certains exemples de la Spring présents dans ce banc d’es­sai ont une sorte de « résidu fantôme de queue de réverbe » à leur début. Ces défauts sont dans un sens de mon fait, mais j’ai décidé de les lais­ser pour illus­trer le phéno­mè­ne… Il se trouve qu’en arrê­tant la lecture de votre DAW en plein milieu d’un passage où la réverbe est en action et en lançant aussi­tôt l’ex­port, la queue de réverbe finale du point où la lecture s’est arrê­tée vient polluer le début de l’ex­port. Je ne pense pas qu’il s’agisse réel­le­ment d’un bug, mais c’est la première fois que je remarque ce genre de phéno­mène. Mora­lité, mieux vaut attendre que le silence soit total au sein de votre DAW avant de lancer un rendu afin de ne pas avoir de mauvaise surprise.

Finis­sons ce tour d’ho­ri­zon des points noirs avec la Rev Inten­sity. Je n’ai pas trouvé grand-chose à repro­cher à la belle, mais certaines fonc­tions supplé­men­taires auraient été les bien­ve­nues. Les sections « Enve­lope Follo­wer » et « Func­tion », au demeu­rant fort sympa­thiques, ne disposent pas de switches de bypass. Cela aurait été pour­tant bien utile pour mieux juger de la perti­nence de leurs inter­ven­tions.

Toujours pour la section « Func­tion », il est dommage de ne pas propo­ser plusieurs modes de lecture comme c’est le cas au sein de Pigments.

Enfin, et cette remarque est valable pour les trois plug-ins, une option « Lock » bloquant le réglage de mélange « Dry/Wet » lors de la navi­ga­tion entre les presets aurait été un plus non négli­geable.

Rev Party

Malgré les problèmes présen­tés ci-dessus, force est de consta­ter qu’une fois de plus, Artu­ria nous livre trois plug-ins de haut vol. Bien sûr, comme pour les autres produits estam­pillés « You’ll Actually Use », il y a ici un parti pris esthé­tique tran­ché qui ne convien­dra pas à tout le monde. Si vous êtes à la recherche de réver­bé­ra­tions chirur­gi­cales déli­vrant un son « clean » plus blanc que blanc, passez donc votre chemin. En revanche, si vous adhé­rez à la « direc­tion artis­tique » des Greno­blois de manière géné­rale, courez donc essayer ces trois nouveaux joujoux ! Il s’agit d’ou­tils dotés d’un carac­tère sonore bien trempé, la qualité de grain est au rendez-vous, les possi­bi­li­tés créa­tives itou et l’uti­li­sa­tion reste d’une simpli­cité enfan­tine. Bref, ces trois réver­bé­ra­tions sont tout à fait cohé­rentes avec le reste de la gamme et c’est tant mieux !

P.-S. : Mon petit doigt m’a dit deux choses : tout d’abord qu’un « Easter Egg » sonore se cache au sein de la Rev Spring-636, mais il ne veut pas en dire plus pour ne pas gâcher la surprise ; ensuite, que l’offre de lance­ment pour ces réver­bé­ra­tions prend fin mercredi 4 mars alors si vous êtes inté­ressé, ne tardez pas trop…

Adden­dum

Sauf erreur de ma part, il me semble que la nais­sance de la « FX Collec­tion » signe l’ar­rêt de la commer­cia­li­sa­tion des bundles regrou­pant les plug-ins par famille. Si tel est le cas, je ne peux m’em­pê­cher de trou­ver cela dommage. Certes, le tarif demandé pour les 15 produits est très attrac­tif. Cepen­dant, tout le monde n’a pas forcé­ment envie ou même besoin de l’en­semble de la gamme. Cette consi­dé­ra­tion n’ayant pas réel­le­ment un rapport direct avec les plug-ins testés dans cet article, elle n’entre donc bien évidem­ment pas en consi­dé­ra­tion pour l’at­tri­bu­tion de la note finale.

 

  • 3 Rev
  • Plate
  • Spring
  • Intensity

 

Notre avis : 8/10

Award Valeur sûre
Valeur sûre
Award
  • Qualité sonore
  • Simplicité d’utilisation
  • Beaucoup plus polyvalentes qu’on ne pourrait le croire
  • Utilisable en guise de préampli (Plate-140 & Spring-636)
  • 3 modes (Plate-140)
  • 8 Tanks (Spring-636)
  • Easter Egg fort sympathique (Spring-636)
  • Possibilités de filtrage jubilatoires (Spring-636 & Intensity)
  • « Envelope Follower » et « Function » surpuissants (Intensity)
  • Cohérence avec le reste de la gamme
  • Tutoriel à la première ouverture
  • Undo/redo avec historique
  • Interface redimensionnable
  • Gestionnaire de presets
  • Manuels disponibles en français
  • Installation et autorisation via le logiciel maison Arturia Software Center
  • Consommation raisonnable
  • Ça sonne ! (déjà dit, mais vraiment, ça sonne)
  • Pas de comparaison A/B
  • Pas de synchronisation au tempo du prédélai (Plate-140 & Spring-636)
  • Pas de réglage du niveau de sortie (Plate-140)
  • Ajout de gain par défaut (Plate-140 & Spring-636)
  • Pas de compensation de Loudness (Plate-140 & Spring-636)
  • Chainage Input/Output déroutant (Spring-636)
  • Gare à la queue de réverbe lors de l’export (Spring-636)
  • Implémentation MIDI incomplète (Spring-636)
  • « Envelope Follower » et « Function » sans bouton de bypass (Intensity)
  • Pas de fonction « Lock » pour le mélange « dry/wet)

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