T-Rex Engineering a été fondé en 1996 par deux guitaristes et ingénieurs amateurs de pédales « boutique », Lars Dahl & Sebastian Jensen. Les Danois se sont forgé une belle réputation dans le monde des effets, notamment grâce à la Mudhoney, une pédale de distorsion polyvalente, au grain bien sympathique.
Depuis tout ce temps, le fabricant danois n’a toujours pas fait de version française de son site internet à ce jour et votre fanzine audio favori n’avait pas encore fait de test en bonne et due forme de leurs produits. Ce qui était un scandale va se résoudre immédiatement, car nous allons rattraper le temps perdu avec trois nouveautés de leur gamme, dont voici la première.
Cosy
La pédale et sa boîte partagent la même esthétique marron et crème sur imprimé de motifs floraux sombres. L’ensemble, associé à des potards ressemblant à s’y méprendre à ceux des instruments Fender estampillés « Jazz », est assez sexy et ne surchargera pas le pédalboard grâce à son format compact (60 × 50 × 115 mm).
Les entrées/sorties s’effectuent à l’avant de la pédale et la prise dédiée à l’adaptateur secteur (non fourni) se trouve à droite au format standard (soit 9 V avec le moins à l’intérieur). L’utilisation d’une pile est possible en cas d’urgence pour une durée annoncée de 30 à 60 minutes, en démontant le capot inférieur de la pédale.
Contrairement à la majorité des pédales qui sortent actuellement sur le marché, T-Rex ne parle pas de true bypass, mais d’« Analog dry signal ». Autrement dit, le signal passe toujours en partie directement de l’entrée à la sortie, en y ajoutant le son réverbéré qui est le seul à passer dans les méandres de la conversion numérique. À l’oreille, je n’ai décelé aucune différence notable entre le son bypass et le son direct sans la pédale.
Bouton à pied
Je vais m’attarder quelques instants sur un détail important pour les musiciens qui ont le pied lourd : le footswtich. En effet, en tâtant ce dernier avec mon pouce, il s’avère que le « clic » se trouve en fin de course du push-push, laissant une « course molle » importante avant enclenchement. Pas très rassuré quant à la qualité du switch, je suis allé voir ce qu’en disaient les concepteurs danois sur leur site. Et il se trouve que le procédé a été mûrement réfléchi. En effet, les guitaristes-ingénieurs semblent avoir pris en compte les contraintes de ce type de switch, à savoir : être capable de se prendre une centaine de coups de pied rageurs par heure. Mais ils ont également voulu faire en sorte que la « sensation de clic » sous le pied soit la meilleure possible et ont donc demandé à leurs sous-traitants de fabriquer des switchs exclusifs, utilisés sur l’ensemble de la gamme.
À l’usage, la sensation de clic est en effet très rassurante et on se surprend à ne plus regarder la LED pour vérifier que le switch est bien enclenché. Quant aux éventuels problèmes à long terme, j’invite les AFiens possesseurs de produits T-Rex à venir en témoigner sur le forum.
By n’est pas In
Il ne s’agit nullement d’une traduction danoise malheureuse, mais plutôt d’un constat marketing. En effet, on peut voir l’inscription « Made by T-REX Denmark » sous le footswitch, mais il suffit de retourner la pédale pour constater la présence de l’incontournable « Made In China ». Cela ne présage rien de la qualité de l’engin, mais c’est tout de même regrettable. Ceci étant dit, l’intérieur de la pédale semble fort bien conçu et assemblé avec soin.
Bon alors, elle fait quoi cette pédale ?
La Creamer propose 3 types de réverbes numérique (Room, Spring et Hall), commutables à l’aide d’un petit switch métallique à 3 positions, ainsi que des contrôles de tone, de decay et bien sûr de quantité d’effet. C’est (beaucoup) moins que ce que l’on peut trouver ailleurs, notamment chez leurs compatriotes de TC Electronic, mais pourquoi se compliquer la vie avec 12 présets de shimmer si vous ne recherchez qu’un seul « beau » son de réverbes.
De la crème dans les oreilles
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Puisque la formule est simple, je vous propose d’écouter le même extrait avec tous les potards à midi, en utilisant le micro manche d’une Stratocaster Gilmour NOS sur un AC-30, le tout précédé du son dry. La pédale est branchée en direct dans le VOX.
- Dry Strat AC 30 00:16
- Room Strat AC 30 00:37
- Spring Strat AC 30 00:36
- Hall Strat AC 30 00:35
On peut d’abord constater que le taux de réverbe est conséquent alors que nous n’en sommes qu’à la moitié de la course du potentiomètre. Les amateurs de bizarreries pourront donc expérimenter les sonorités les plus folles.
La spring « mouille » agréablement les coups de médiators, la room fait le job et la hall est ici réglée bien trop fort pour être appréciée à sa juste valeur. Néanmoins, on sent bien le potentiel de cette dernière une fois correctement réglée.
Passons alors à un tout autre set, avec le micro chevalet d’une Les Paul Gothique associé à un Triamp MkII dans le but d’entendre de la distorsion crémée. J’en profite pour faire passer la pédale dans la boucle d’effets du Hugues & Kettner que je règle à midi, pour pouvoir mettre la réverbe à fond, tandis que j’augmente le decay aux trois quarts et baisse très légèrement la tonalité.
- Dry LP Triamp Disto 00:09
- Room LP Triamp Disto 00:29
- Spring LP Triamp Disto 00:29
- Hall LP Triamp Disto 00:30
La Hall se marie particulièrement bien à la distorsion, donnant cet effet un peu « héroïque » recherché par certains solistes. La Spring se débrouille très bien dans un registre pourtant à priori moins propice aux ressorts. Quant à la Room, elle fait le boulot, mais manque de réalisme pour convaincre tout à fait, car elle n’est pas à l’aise avec les réglages élevés de decay et finit par perdre en définition.
Voyons enfin le rendu de la T-Rex sur une demi-caisse, avec une Riviera Custom P93. J’utilise les trois P90 ensemble sur le canal crunch du Triamp, tandis que la pédale reste bouclée, avec cette fois la tonalité aux trois quarts et le decay à 10 h.
- Dry Epiphone Triamp Crunch 00:08
- Room Epiphone Triamp Crunch 00:22
- Spring Epiphone Triamp Crunch 00:22
- Hall Epiphone Triamp Crunch 00:23
Dans un de ses registres de prédilection, la spring est si convaincante qu’on pourrait être tenté de la mettre un peu plus fort. La Room s’en sort mieux avec la Archtop, en partie grâce au decay plus court. Tandis que la Hall confirme sa belle présence sans aigus exagérés malgré la tonalité augmentée.
Avec ou sans crème ?
T-Rex signe une très bonne réverbe, certes moins polyvalente que ce qu’on peut trouver chez la concurrence dans les tarifs avoisinants, mais particulièrement efficace et facile à utiliser. Le mode spring m’a particulièrement plu par son côté « canaille » fidèlement retranscrit dans cette version numérique. La Hall est également très réussie, et s’accommode aussi bien des sons clairs que des saturations. Quant à la Room, elle fait le job, mais sonne un peu « terne » et elle ne pourra pas prétendre simuler de grandes pièces, car elle devient peu réaliste lorsqu’on augmente le decay.
Une bonne pédale donc, qui fera le bonheur des guitaristes qui recherchent la qualité de son et la simplicité d’utilisation.