Il y a environ deux ans et demi, Ableton sortait, en coopération avec Akai, la première version du contrôleur dédié à Live, sa STAN maison, j’ai nommé le Push.
À l’époque, j’avais parlé d’une « grosse boule dans le jeu de quilles des solutions hybrides hardware/software », et effectivement, l’appareil n’a pas tardé à séduire non seulement très fortement les aficionados de Live, mais également les utilisateurs d’autres STAN — principalement à boucles — qui ont cherché très vite à l’adapter, via des scripts, à leur logiciel de prédilection.
Et voilà que cette année, Ableton remet le couvert avec la seconde version de son contrôleur, le Push 2, proposé en même temps que la version 9.5 de la STAN, version minimale nécessaire à l’utilisation de l’appareil. Nous nous pencherons donc également sur les nouveautés proposées par celle-ci. Et comme Ableton retire le Push 1 du marché, mais continue le support de l’appareil, nous verrons également comment celui-ci profite des dernières évolutions de Live, et s’il est pertinent pour ses utilisateurs de s’en défaire au profit du Push 2, ou non.
Vous êtes prêts ? Alors plongez avec moi !
Présentation extérieure
Le Push 2 se présente comme un parallélépipède noir de 378 mm de large x 304 mm de profondeur x 42 mm de hauteur en incluant les encodeurs rotatifs dont nous parlerons plus bas, ce qui le rend un peu plus imposant que son grand frère. Toutefois, cela ne vous obligera pas non plus à modifier vos habitudes de transport. Son poids est d’environ 2,7 kg.
Il est livré avec une alimentation externe accompagnée d’adaptateurs internationaux, d’un câble USB de 1,4 m coudé, sur lequel nous reviendrons, d’une clé d’activation pour la version « Intro » de Live et d’un guide de démarrage rapide. Le mode d’emploi est, comme d’habitude chez Ableton, téléchargeable sur le site ou bien accessible directement à partir de la STAN, et regroupe à la fois les instructions concernant cette dernière et celles concernant les Push 1 et 2. On constatera toutefois que le dernier mode d’emploi en date ne mentionne plus les APC de chez Akai ou les Launchpad de Novation ! On sent donc un net tournant dans l’attitude d’Ableton face à ses (ex ?) partenaires.
Mais revenons à nos moutons.
Les commandes du petit nouveau
Les encodeurs rotatifs dont je parlais au-dessus sont, comme sur le Push 1, au nombre total de 11, infinis, non crantés pour 10 d’entre eux, sensibles au toucher, et surplombent l’ensemble de la surface de contrôle. On remarquera toutefois que le dernier bouton, à droite de la série, se trouve légèrement plus écarté des autres. Cet encodeur, dédié au contrôle du volume général, n’entrera plus ainsi en conflit manuel avec son voisin, ce qui pouvait arriver fréquemment sur le Push premier du nom. On se félicitera de ce petit progrès. Lesdits encodeurs reprennent les mêmes modes de fonctionnement que leurs homologues du Push 1. Je vous invite là aussi à consulter notre précédent test pour en savoir plus.
C’est au niveau des autres commandes du Push qu’il y a eu de nombreuses évolutions. La plus visible concerne leur forme. En effet, les boutons sont beaucoup plus plats que ne l’étaient ceux du Push 1, et ils épousent encore mieux les contours des emplacements prévus pour eux dans la carcasse de l’appareil. Ce dernier point permet de réduire les risques d’introduction étrangère — notamment la poussière — dans l’appareil lui-même, et leur géométrie plate, au-delà d’une amélioration esthétique toujours subjective, réduit les risques d’accroche desdits boutons avec d’autres éléments, notamment lors du transport en sac à dos.
Quoi qu’il en soit, ceux-ci demeurent tout à fait cliquables, et leur manipulation est même plus agréable, à mon sens, que sur le précédent contrôleur. Tout cela est toutefois également très subjectif et j’invite chacun à essayer par lui-même. Mais c’est surtout au niveau de leur emplacement et des fonctions qu’ils commandent que l’évolution des boutons, d’un Push à l’autre, se fait sentir le plus, même s’il sera a priori facile pour l’utilisateur de s’y retrouver.
La principale évolution concerne les deux rangées de boutons qui se trouvaient en dessous de l’écran sur le précédent Push, et qui se répartissent, sur le nouvel appareil, au-dessus et en dessous de l’écran. Cette nouvelle disposition permet de mieux profiter des capacités d’affichage étendues du nouvel écran dont nous reparlerons plus bas. On pourra ainsi sélectionner simultanément un élément affiché en haut de l’écran et un autre affiché en bas.
Une autre grande évolution concernant les commandes du Push se rapporte aux boutons « volume », « tracks » « pan » et « send » de l’ancien modèle, qui disparaissent au profit d’un seul bouton « mix ». Celui-ci permet d’accéder, au sein d’une même interface, à l’ensemble des fonctions réunies des boutons disparus. Le fait que le nouvel écran ait une résolution beaucoup plus fine et permette l’affichage de plus d’informations que son prédécesseur n’est évidemment pas étranger à l’affaire, comme de nombreuses autres évolutions dans l’ergonomie générale du Push.
Les boutons « mute », « solo » et « stop clip » ont migré vers la gauche, mais ont conservé globalement les mêmes fonctions. « Double » se nomme maintenant « Double Loop », et « Automate » devient « Automation ». « Add effect » est quant à lui devenu « Add device » — nous verrons dans la section concernant Live 9.5 que cette nouvelle dénomination n’est sans doute pas innocente — et son emplacement a été modifié, tout comme celui du bouton « Add track », qui conserve son nom quant à lui.
Un bouton « Layout » a fait son apparition. Son rôle est double. Tout d’abord, il reprend la fonction qui est activée, sur l’ancien Push, par une seconde pression sur le bouton « Note », c’est-à-dire qu’il permet, au sein du mode « note », d’alterner entre le mode de jeu sur 64 pads et le mode « step séquenceur ». Mais c’est également par ce bouton que l’on peut accéder à la vue générale du projet afin de naviguer plus aisément entre les différentes pages de 8×8 clips. Les solutions adoptées par Ableton sur le Push premier du nom concernant ces fonctions étant globalement satisfaisantes, on peut se poser la question de la pertinence d’avoir créé ce bouton sur le nouveau modèle, surtout pour se limiter à deux fonctions. On peut en déduire qu’il se verra peut-être confier, au fil des MAJ de Live, la mission d’étendre les possibilités d’affichage d’autres éléments du logiciel…
Les quatre boutons directionnels ont migré vers la partie haute de l’appareil. Mais à leur ancien emplacement, nous retrouvons, en lieu et place des flèches haute et basse, les boutons de transposition d’octave, et en lieu des flèches droite et gauche, deux nouveaux boutons « page » qui permettent de se déplacer par pages entières, aussi bien dans le mode session que dans le mode step-séquenceur.
La partie gauche de l’appareil n’a pas subi de gros changements, comme nous l’avons déjà vu plus haut, mais elle accueille par contre un outil qui deviendra peut-être l’un des plus importants dans votre workflow : le nouveau bouton « Convert ». Celui-ci va vous permettre les manipulations suivantes. Avec Simpler, vous pourrez, en mode « Classic » ou « One Shot », créer instantanément une piste MIDI avec un drum rack, dont le premier pad contiendra l’échantillon. En mode « slicing » par contre, les différentes tranches de votre échantillon seront réparties sur les pads du drum rack. Quand on « convertit » à partir d’un drum rack, on obtient une nouvelle piste MIDI qui contient tous les périphériques du pad préalablement sélectionné. À partir d’un clip audio, la conversion créera une piste MIDI avec un Simpler contenant l’échantillon du clip.
Enfin, au centre de l’appareil, nous retrouvons la traditionnelle matrice de 8×8 pads, sensibles à la vélocité, à l’aftertouch monophonique (par canal) et rétro-éclairé via des LED RVB afin de toujours correspondre du mieux possible aux couleurs de clips, de pistes, etc. définies dans Live.
La face arrière
La face arrière du Push 2 comporte le bouton de mise sous tension, une encoche de sécurité Kensington et quatre prises : deux prises pour pédales à déclenchement (pas de pédale d’expression !), la prise USB et la prise secteur. À propos de cette dernière, l’utilisation du bloc secteur fourni n’est pas forcément obligatoire. Si vous vous contentez de l’alimentation via USB, votre Push 2 fonctionnera parfaitement, mais les rétro-éclairages des pads et boutons, ainsi que celui de l’écran seront fortement diminués, et il sera compliqué, notamment, de travailler par conditions de forte luminosité. Le Push 1 ne nécessite pas d’alimentation extérieure, mais ne dispose pas non plus d’un affichage coloré et aussi détaillé (mais énergivore) que le Push 2.
On notera l’absence de prises MIDI physiques tout comme sur le Push 1, mais dans le cas du Push 2, cela fait pendant à une caractéristique du nouveau venu : il ne fonctionne plus du tout de manière autonome, le mode « USER » de l’ancien modèle existant toujours, mais ne fonctionnant dorénavant plus que lorsque Live est actif. À noter que si, actuellement, le Push 2 n’est pleinement utilisable que sur Live, l’on peut faire confiance à la communauté des bidouilleurs pour développer des scripts pour d’autres STAN. On peut d’ailleurs déjà voir certaines choses sur le net…
Quant à la prise USB, une chose un peu énervante est à signaler : celle-ci est plus profonde qu’habituellement sur d’autres appareils, ce qui fait que seul le câble fourni avec le contrôleur, dont l’embout métallique est un peu plus long et le revêtement plastique un peu plus fin que la normale, pourra être utilisé, en tout cas chez moi. On m’a assuré que c’était possible avec d’autres câbles, mais je n’ai pas pu le vérifier. Si on salue le fait que le câble livré d’office soit coudé, ce qui le rend a priori plus pratique à utiliser que ses congénères, surtout en situation de studio encombré, on ne peut que critiquer la limitation imposée par Ableton.
Mais trêve de critiques. Car c’est lorsque l’on branche le Push 2 que l’on découvre ce qui marque réellement la différence d’avec son prédécesseur, j’ai nommé l’écran ! Celui-ci est tout bonnement magnifique ! Certains n’hésitent d’ailleurs pas à le comparer à celui de l’OP-1 de Teenage Engineering, un modèle du genre. On est loin de l’écran LCD du précédent modèle qui cantonnait ce dernier à l’affichage de données alphanumériques. Ici, nous avons droit à une dalle de 23 cm sur 4, parfaitement lisible sous tous les angles. Dorénavant, nous pouvons donc afficher certaines données de manière graphique, par exemple les types de filtres, mais aussi et surtout les formes d’ondes, que ce soient celles des oscillateurs de nos synthétiseurs virtuels (pour l’instant, en tous cas, limité aux synthés internes de Live), mais surtout celles de nos fichiers et clips audio, samples, etc. Ceci autorise d’ailleurs la manipulation directe de ces dernières à partir du Push 2, comme décrit plus haut. Maschine n’a qu’à bien se tenir !
Pour finir ce tour extérieur du Push 2, je dirais que l’ensemble respire un niveau de qualité supérieure à celui du précédent modèle. Outre les boutons mieux ancrés et le splendide écran, on notera que la surface de l’appareil elle-même semble être confectionnée dans une matière beaucoup moins sujette aux traces et griffures que l’ancien modèle. Rappelons que ce dernier avait été manufacturé par Akai à Taïwan, alors que le nouveau modèle est intégralement produit sous la marque Ableton et fabriqué en Chine.
Mais avant de nous pencher plus avant sur l’utilisation du Push 2, je vous propose de nous intéresser à ce sans quoi il ne serait qu’une simple coquille vide, j’ai nommé la nouvelle mouture d’Ableton Live. Et nous en profiterons également pour étudier en quoi les évolutions apportées par cette nouvelle version du logiciel impactent également le Push 1. Comme vous le verrez, celui-ci n’a pas dit son dernier mot !
Live 9.5
Avant toute chose, signalons que la dernière version de Live compatible avec Windows XP et Mac OS 10.6 était la version 9.2. Les versions ultérieures — incluant donc celle dont nous parlons aujourd’hui — nécessitent au moins Windows 7 sur PC et Mac OS 10.7 sur les ordinateurs d’Apple.
Couleurs
Commençons par l’évolution la plus visible. Dorénavant, les pistes sont colorées automatiquement à leur création, ce qui est une excellente chose. Ce qui l’est à mon sens un peu moins, c’est que les clips créés à partir de là adoptent automatiquement la couleur de la piste, ce qui n’est pas forcément très pratique pour identifier deux clips qui n’ont pas le même contenu.
Que l’on me comprenne bien : je trouve la coloration automatique des en-têtes de pistes une très bonne chose, d’autant que le Push 2, contrairement à son grand frère, en tire parfaitement parti et que l’ensemble autorise une meilleure identification desdites pistes, comme nous le verrons. J’aurais juste préféré que l’on puisse choisir si l’on souhaite que les clips adoptent la même couleur ou non, ou encore qu’ils puissent adopter une couleur commune plutôt par scène que par piste. D’autant que ce système peut s’avérer être une véritable faille dès que l’on utilise le Push : sur la grille du contrôleur, tous les clips d’une même colonne ayant la même couleur, et le numéro des scènes n’apparaissant pas, il devient tout de suite beaucoup plus difficile de se repérer verticalement sur des projets comportant un grand nombre de scènes. C’est d’autant plus dommage que, comme nous le verrons, Ableton a mis un point d’honneur à améliorer globalement l’ergonomie de son ensemble Push+Live. Peut-être lors d’une prochaine mise à jour ?
Filtres
L’autre grande nouveauté de cette version 9.5, c’est l’apparition de nouveaux filtres, qui sont inclus dans les modules suivants : Auto-Filter, Simpler, Sampler et Operator. J’entends par là que pour chacun de ces modules, nous n’avons plus accès seulement à un unique circuit de filtrage, mais à 5 : Clean (le circuit d’origine), OSR, MS2, SMP et PRD.
Sans entrer trop dans les détails, sachez que les quatre nouveaux circuits sont basés sur différents modèles « Vintage », dont ils sont notamment censés reproduire les possibilités d’auto-oscillation. Ce dernier point surtout est le plus intéressant. Après, les différences entre les nouveaux circuits ne sont pas forcément flagrantissimes.
On regrettera également que, pour l’instant, seul le « Sampler » bénéficie d’une fonction approchant un keytracking, permettant de réellement profiter de l’auto-oscillation. Mais l’une des principales améliorations au niveau des filtres réside — à mon sens — dans l’apparition de la fonction « morph ». Celle-ci permet de passer de manière totalement transparente d’un type de filtre à l’autre (attention, je ne parle pas ici des circuits précités, mais bien des types de filtres tels que décrits ici, en passant par les étapes suivantes : passe-bas, passe-bande, passe-haut, coupe-bande et retour au passe-bas.
Affichage des formes d’ondes
Dans la dernière version de sa STAN, Ableton a également amélioré l’affichage des formes d’ondes. Le zoom est effectivement plus fluide que précédemment, et le niveau de détail légèrement plus élevé. Par contre, on n’a toujours pas de réel zoom vertical, sauf en agrandissant la fenêtre d’affichage de la forme d’onde. Encore un petit effort, mesdames et messieurs d’Ableton !
Bargraphs
Pour continuer dans les améliorations de l’interface du logiciel, il est important de noter que les nouveaux bargraphs des pistes indiquent maintenant à la fois les niveaux RMS et maximaux, ce qui permet de mieux jauger visuellement quels instruments font taper le mix dans le rouge (quand on n’a pas d’oreille…). Le Push 2, avec son nouvel écran, tire d’ailleurs parfaitement parti de cette nouvelle fonctionnalité.
Nouveaux présets
Enfin, cette nouvelle mouture de Live arrive avec de nouveaux drum kits, de nouveaux présets pour les instruments et effets de Live tirant parti des nouveaux filtres et de nouveaux samples et clips audio, ainsi que de nouveaux instruments et effets Max for Live.
Gestion des plug-ins tiers
Mais, là aussi, j’ai gardé les meilleurs morceaux pour la fin (attention à ce que cela ne devienne pas une habitude…) ! Tout d’abord, on peut enfin, via le Push ou tout autre contrôleur prévu à cet effet (TouchAble, par exemple, sur iOS) charger des plug-ins tiers au format VST ou AU ! Eh oui, il n’est à partir de maintenant plus du tout nécessaire de les envelopper dans un « instrument rack » pour les rendre disponibles au chargement autrement que via la souris. Ça, c’est vraiment un énorme progrès, que nombre d’entre nous attendait depuis la sortie du premier Push, et cela explique certainement la nouvelle dénomination « Add device » du bouton « Add effect » de l’ancien modèle…
Et l’autre sucrerie que j’ai gardée pour le dessert, c’est la refonte complète du « Simpler » qui devient de facto l’un des piliers de l’ergonomie combinée du Push 2 et de Live.
Simpler
Simpler a en effet été revu de fond en comble, tant au niveau de l’interface que de ses fonctionnalités.
En ce qui concerne l’interface, les commandes se divisent en deux catégories : « sample », pour le travail sur les… samples, et « control » pour tout ce qui concerne le traitement du son (filtre, enveloppe et LFO). Non seulement on peut alterner entre ces deux vues, mais on peut aussi les superposer ! On bénéficie alors d’une vue largement plus détaillée des samples, tout en conservant les contrôles en dessous : bien pensé.
Mais ce n’est pas tout, loin de là, car la véritable grande nouveauté — et petite révolution — apportée par le nouveau simpler est… le « slicing » !
Celui-ci apparaît aux côtés des nouveaux modes « classic » et « one shot ». Le mode classic propose des paramètres adaptés à la création d’instruments mélodiques et harmoniques conventionnels, alors que le mode « one-shot », strictement monodique, est plus adapté à la création d’éléments percussifs. Quoi qu’il en soit, dans ces deux modes, on saluera l’apparition d’un mode de jeu « Glide » (appelé « Legato » dans le mode d’emploi), qui permet de jouer un échantillon sans modifier sa position de lecture. Une fois activé, vous pouvez faire varier la hauteur d’un échantillon tout en poursuivant sa lecture, ainsi que d’une fonction de portamento.
Mais revenons au « slicing ». Je parlais d’une « petite révolution », car auparavant, on ne pouvait accomplir cette tâche qu’en convertissant un clip audio en données MIDI, ce qui nécessitait des manipulations qui pouvaient engendrer une certaine interruption du workflow, surtout en live. Sans compter que cette fonction n’était pas accessible directement à partir du Push premier du nom. Dorénavant, tout échantillon chargé dans Simpler est instantanément découpable en tranches, par simple activation de la fonction « slicing », qui est, elle, accessible autant via le Push 2 que dans le logiciel.
Le nombre de tranches pourra être défini automatiquement selon le niveau de sensibilité de l’outil, que l’on pourra définir de 0 à 100 %, ou alors manuellement via la fonction de « pad slicing » sur laquelle nous reviendrons plus bas. Les tranches en question pourront être ensuite redimensionnées, recadrées, transposées, dotées de fade ins et de fade outs (un seul et même réglage pour toutes les tranches), voir leur point de départ déplacé ou bien être carrément supprimées. Le mode de lecture de ces tranches peut quant à lui être défini selon les options suivantes : monodique pour la lecture d’une tranche à la fois, polyphonique pour celle de plusieurs tranches simultanées, ou « thru » pour la lecture monodique, mais avec enchaînement des tranches suivantes.
Le warp fait également son entrée dans le Simpler, et pas qu’un peu. Non seulement, on retrouve toutes les possibilités déjà offertes dans le traitement des clips audio, mais en plus, un clip audio « warpé » conservera toutes ses caractéristiques de warp une fois intégré dans « Simpler », lesdites caractéristiques pouvant être librement modifiées par la suite. Enfin, c’est également via le Simpler que la fonction « Convert », évoquée plus haut dans la description extérieure du Push, prend tout son sens. Il est à noter d’ailleurs que cette fonction, comme certaines autres, n’est pas MIDIfiée. Elle sera plus difficilement accessible pour des appareils autres que le Push (sauf à bénéficier des scripts adéquats). Elle reste par contre tout à fait accessible à la souris… sauf le « pad slicing ».
Le « pad slicing » est la fonction qui permet de découper un échantillon en tranches manuellement, sans déléguer le découpage à un algorithme comme avec la fonction « slicing » initiale. Ceci s’obtient en actionnant un pad du Push 2 à chaque fois que l’on souhaite créer une tranche durant la lecture de l’échantillon complet. Le fait qu’elle ne soit pas accessible par l’utilisateur du logiciel signifie qu’il ne sera pas possible de l’affecter facilement à un autre contrôleur que celui de la marque, à moins d’attendre la sortie d’éventuels scripts externes. Une manière de faire la nique à la concurrence ?
Live 9.5 et le premier Push
Je vous parlais plus haut de ce que Live 9.5 allait apporter au Push premier du nom. J’en profite d’ailleurs pour inviter ceux qui souhaiteraient en savoir plus sur le fonctionnement de ce dernier à lire notre précédent test ici. Mais revenons à son utilisation avec Live 9.5.
Il est important de noter ici que, depuis la sortie du contrôleur, de nouvelles fonctions avaient déjà fait leur apparition au rythme des diverses mises à jour du logiciel, par exemple la possibilité de faire alterner la destination du ruban tactile entre le pitch shift (seule destination prévue à l’origine) et la molette de modulation, ou bien encore la possibilité d’utiliser le step séquenceur également avec d’autres types d’instruments que des drum racks. Concernant les nouveautés apportées par Live 9.5, on peut dire que globalement, Push 1 peut accéder à la majorité d’entre elles. On obtient ainsi notamment le chargement des plug-ins tiers décrit plus haut, ainsi que celui des samples, que l’on peut maintenant également pré-écouter. La pré-écoute peut également être activée pour les présets des modules internes de Live. À noter toutefois que le chargement de samples, que ce soit pour le Push 1 ou le Push 2, ne peut se faire, pour l’instant en tout cas, que dans les modules Simpler et Sampler. On ne peut pour le moment pas charger de samples directement dans un clip.
Au sein d’un drum racks, les pads peuvent dorénavant être dupliqués. La longueur des clips peut être maintenant spécifiée avec une précision à la double croche. Lorsque l’on presse « fixed length » durant un enregistrement, la dernière portion de celui-ci sera loopée sur la durée spécifiée. Les paramètres de gamme choisis via la fonction « scale » sont dorénavant sauvegardés dans le set actif. Enfin, même la nouvelle version de Simpler peut être utilisée avec Push 1, moyennant quelques limitations bien entendu.
Alors, quels sont les avantages réellement apportés par le Push nouvelle version ?
Le Push 2 en action
Comme nous l’avons vu, nombreuses sont les évolutions de Live 9.5 dont un Push 1 pourra profiter. Toutefois, le Push 2, qui bénéficie bien évidemment des mêmes caractéristiques de Live 9.5 que son prédécesseur, apporte un lot non négligeable d’améliorations.
Je ne vais pas vous reparler de l’écran (en fait, si !), déjà évoqué plus haut, et de toutes les interactions qu’il permet notamment avec la nouvelle mouture du « Simpler » : le workflow en termes d’édition, découpage, réagencement d’échantillons, est tout simplement magnifique, notamment grâce à la visualisation des formes d’ondes. Par exemple, chaque slice bénéficie de son propre niveau de zoom, dont le soft se souvient à chaque fois que l’on déclenche ledit slice. Il est à noter toutefois qu’une petite latence peut intervenir dans l’affichage desdites formes d’ondes. Mais rien de bien méchant.
Même lorsqu’il ne s’agit de reproduire « que » des données alphanumériques, l’affichage beaucoup plus fin de l’écran du Push 2 fait merveille. Le browser, notamment, permet de présenter l’arborescence des dossiers de façon à la fois plus développée et plus souple, l’affichage s’adaptant automatiquement aux éléments présentés. Les deux flèches droite et gauche à l’extrémité du browser facilitent également beaucoup la tâche de navigation.
Divers autres petits détails, tels que des icônes spécifiques identifiant les pistes sélectionnées à l’enregistrement ou bien encore les racks, participent à l’amélioration générale de l’ergonomie. Puisque nous parlons des racks, il est à noter qu’il est également possible, grâce au Push 2, de modifier directement via le contrôleur l’emplacement d’un module au sein d’une chaîne. On maintient enfoncé le bouton correspondant au module en question, et on tourne l’encodeur rotatif correspondant vers la gauche ou la droite pour faire « voyager » le module dans la chaîne. Extrêmement pratique !
On appréciera également que les noms des pistes soient affichés quasiment en permanence sur l’écran, et qu’il suffise, à tout moment, d’appuyer sur le bouton correspondant pour atteindre celle que l’on souhaite. D’autant que la reprise, par les boutons en dessous et au-dessus de l’écran, des couleurs des pistes correspondantes accentue encore l’aisance que l’on a à naviguer dans le set grâce au Push 2. Il est aussi très agréable de bénéficier de la reproduction en temps réel des mouvements des VU-mètres via l’affichage « Mix ». Et puisque nous parlons du mixage, il est maintenant possible avec le Push 2 de contrôler plus de six envois par piste.
Les réglages de setup se montrent également beaucoup plus fins sur le Push 2 que sur son prédécesseur. On dispose tout d’abord de trois courbes : l’une qui définit la sensibilité des pads, l’autre le gain appliqué au son, et la troisième le degré de corrélation entre la force de la frappe et le gain, de telle manière que l’on puisse obtenir la réponse la plus cohérente possible en termes de gain par rapport à la force exercée.
On trouve également les paramètres « display light » et « LED brightness » qui permettent de configurer l’intensité lumineuse émise respectivement par l’écran et les pads. Toutes ces nouvelles fonctionnalités ont pu voir le jour grâce au superbe écran. Mais l’autre élément qui fait tout le sel du nouveau Push, ce sont les pads. Ceux-ci se montrent bien plus réactifs que ceux du Push 1. On les effleure à peine que déjà du son se fait entendre ! En fait, ils réagissent tellement bien que les options citées plus haut concernant leurs courbes de réponse sont presque inutiles. Mais personnellement, j’ai été amené à regretter les choses suivantes (en plus de ce que j’ai déjà cité plus haut).
On rêve par exemple encore de la possibilité de déclencher un enregistrement d’arrangement (et non pas seulement de clips en mode session) via le Push. Il se pourrait toutefois que les prochaines versions de Live, actuellement en beta-testing, offrent la possibilité au Push de bénéficier de cette fonction. À voir, donc. Tout comme on attend toujours une véritable fonction copier/coller qui permettrait de dupliquer un clip donné à n’importe quel emplacement de la matrice, et pas uniquement à celui situé juste en dessous. C’est d’autant plus frustrant que la fonction existe en mode drum rack pour dupliquer le son d’un pad vers n’importe quel autre pad de son choix : on souhaiterait pouvoir faire la même chose avec un clip.
Il aurait également été sympathique de pouvoir lancer les scènes directement à partir du mode « note », sachant que les boutons de lancement de scène à droite de la matrice de clips ne sont pas occupés par une autre fonction en mode « note ». Une fonction « save » pour sauvegarder son projet directement à partir du contrôleur – fonction que l’on peut trouver sur Maschine – serait également bien utile pour limiter encore l’interaction avec la souris. Encore faut-il que la structure de Live le permette, ce qui n’est pas certain.
On aurait également souhaité pouvoir contourner — toujours à partir du contrôleur — les choix d’exclusivité d’armement et de mise en solo des pistes effectués dans le menu « préférences », tout comme on peut le faire dans le logiciel en maintenant la touche « shift » de l’ordinateur enfoncée. Enfin, on aurait aimé pouvoir bénéficier d’un contrôle sur les entrées-sorties des pistes, afin par exemple d’assigner la destination de pistes MIDI supplémentaires, ou encore définir à quelle entrée physique de la carte son correspond quelle piste audio. Oui, je suis exigeant, et alors ?
Conclusion
Comme nous l’avons vu dans le précédent paragraphe, le nouveau duo Live 9.5 – Push 2 laisse encore de la marge pour de futures évolutions. Mais dans l’état actuel des choses, il faut reconnaître que l’ensemble est extrêmement séduisant, et fonctionne parfaitement. On saluera notamment la possibilité — enfin — de charger des modules VST et AU directement à partir du contrôleur, la refonte complète du Simpler et l’amélioration phénoménale du workflow qui en découle en termes de gestion et de travail sur les échantillons, l’affichage plus esthétique et efficace de tous les types de données du projet grâce au nouvel écran… Mais on se rappellera également que toutes ces améliorations sont avant tout liées aux progrès de la STAN elle-même, et qu’à part les quelques évolutions totalement indissociables du nouvel affichage proposé sur le Push 2, le Push 1 profite pleinement de toutes les autres. Du coup se posent plusieurs questions. Le Push 2 ne serait-il pas un peu trop cher ? Quel est l’intérêt pour un possesseur du Push 1 d’évoluer éventuellement vers le nouveau modèle ? Les deux appareils s’adressent-ils vraiment au même public, ou non ?
Alors, tâchons de répondre dans l’ordre. Personnellement — et très subjectivement — le tarif du Push 2 ne m’aurait pas gêné si l’appareil venait enrichir — et du même coup, créer — la gamme en complément du premier modèle. Ici, il s’agit d’un remplacement, et donc il aurait, à mon sens toujours, dû être proposé au même tarif que le Push précédent, en tenant compte de l’obsolescence technologique inhérente aux matériels électroniques. On peut arguer du fait que le Push 1 était produit en sous-traitance par Akai, et que la production en propre du Push 2 par Ableton revient certainement plus cher à ces derniers. Ce à quoi l’on pourra répondre que ce n’est pas aux utilisateurs de payer les choix d’abandon de partenariat des fabricants. Cela dit, pour les personnes possédant déjà un Push 1, Ableton propose une réduction de 30 % sur le Push 2 contre remise de leur ancien appareil. Donc, à vous de voir.
Précisons encore, pour les utilisateurs du Push 1, et pour répondre à la seconde question, que celui-ci pourra continuer à vous rendre de grands services si vous avez essentiellement besoin d’un contrôleur utilisable comme un instrument de musique pour composer, piloter vos plug-ins ou encore déclencher vos clips dans Ableton Live, sachant qu’il bénéficie en bonne partie des nouveautés apportées par la dernière version du logiciel.
Le Push 2, avec son très bel écran graphique, s’adresse davantage aux amateurs de travail en live sur les échantillons, ce qui répond à la troisième question. Il n’en reste pas moins que son ergonomie surpasse celle du Push 1 également sur les autres aspects du travail. Donc, quoi qu’il en soit, et malgré mes réserves sur le tarif du Push 2, sur 2/3 choix étranges ou sur quelques fonctionnalités que l’on attend encore de voir apparaître dans Live, je considère cette nouvelle mouture de l’« instrument » d’Ableton comme une réussite.