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Test d'Apple Logic Pro X 10.5 - Appleton Live?

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Apple met à jour son séquenceur phare avec nombre de nouveautés qui ne visent pas seulement à améliorer l’existant, mais à emmener Logic dans une toute nouvelle direction.

Test d'Apple Logic Pro X 10.5 : Appleton Live?

Peuplé d’une ving­taine de concur­rents, le petit marché des STAN n’est pas vrai­ment le théâtre d’im­menses surprises, sachant que depuis des décen­nies, tous se conforment plus ou moins fonc­tion­nel­le­ment et ergo­no­mique­ment aux grandes lignes tracées par les pion­niers en la matière : Pro Tools, Cake­walk, Cubase et Logic. De fait, si chacun a ses petites parti­cu­la­ri­tés et s’ef­force à chaque version d’in­té­grer à sa manière les bonnes idées aperçues chez les autres, force est de consta­ter que les révo­lu­tions sont rares et il n’y a réel­le­ment qu’Able­ton Live dont on peut dire qu’il a, à sa sortie, changé le para­digme de la séquence en la soumet­tant au temps réel, accou­chant d’une sorte de séquen­ceur/instru­ment qui sert autant à produire qu’à faire des perfor­mance Live, d’où son nom. Cela a évidem­ment permis à Able­ton de convaincre nombre d’uti­li­sa­teurs, au point de deve­nir le séquen­ceur le plus utilisé du marché selon nos sondages, la plupart du temps en tandem avec une STAN plus clas­sique, Live servant à compo­ser et à jouer quand cette dernière sert à mixer et produire.

D’un point de vue concur­ren­tiel, Able­ton Live est donc l’homme à abattre pour tous, sachant qu’il n’y a rien d’évident à inté­grer sa philo­so­phie au sein d’un logi­ciel qui n’a pas été pensé pour cela dès le départ. C’est ainsi qu’on a vu se déployer ça et là des instru­ments virtuels essayant de donner le change chez les dino­saures de la séquence, comme le Loop­mash de Stein­berg par exemple, histoire d’of­frir des outils un peu plus orien­tés « jeu » que « produc­tion », mais rien qui ne puisse jamais repro­duire le work­flow imaginé par Able­ton, avec sa matrice de pads et son système de scènes d’une désar­mante simpli­cité.

Bien­ve­nue à la matrice

projectSi l’on parle de cela, c’est préci­sé­ment parce qu’Apple, après s’être creusé les méninges, est enfin parvenu à cela avec cette version 10.5. L’in­té­rêt pour le Live n’est certes pas nouveau chez Logic (On pense à Mains­tage notam­ment, plate­forme pensée pour simpli­fier l’uti­li­sa­tion de logi­ciels sur scène), ni même le fait d’uti­li­ser des boucles (les Apple Loops) mais ses concep­teurs sont enfin parvenu à inté­grer une inter­face qui reprend les prin­cipes de base d’Able­ton Live.

matrixliveUn clic sur une icône suffit pour y accé­der et glis­ser des boucles dans des cellules : en abscisse, les diffé­rentes scènes, et en ordon­née, les diffé­rents instru­ments, sachant que tout se met au tempo du projet auto­ma­tique­ment et qu’un clic suffit à déclen­cher ou arrê­ter la lecture d’une cellule, ou d’une colonne complète : pour jeter rapi­de­ment les bases d’une compo, on voit mal comment faire plus simple que cet espèce de lego. Vous pouvez bien évidem­ment enre­gis­trer du MIDI comme de l’au­dio dans une nouvelle cellule, ou encore boun­cer plusieurs boucles pour en faire une nouvelle, tout cela sans que jamais le musique ne s’ar­rête, et vous pouvez évidem­ment enre­gis­trer la perfor­mance que vous effec­tuez en déclen­chant les cellules ou colonnes : tout se trans­forme auto­ma­tique­ment en pistes que vous pour­rez retra­vailler dans l’in­ter­face tradi­tion­nelle de Logic.

Sur ce terrain, le soft d’Apple a d’ailleurs bien des argu­ments à faire valoir face à Able­ton qui, concé­dons-le, n’a jamais disposé d’une table très pratique pour le mixage (je ne parle pas là de gérer les simples pan et volume mais bien de dispo­ser d’un espace opti­misé pour inter­agir avec les plug-ins utilisé pour le mix). Bref, cette inté­gra­tion de la matrice est parfai­te­ment réus­sie, au point que beau­coup pour­raient sans doute se conten­ter des fonc­tions de Logic pour ne plus ouvrir Live, dont le prin­ci­pal argu­ment demeure désor­mais la parfaite symbiose qu’il forme avec ses contrô­leurs dédiés, et notam­ment Push.

remixfxSur ce terrain, Apple ne demeure toute­fois pas sans réponse en propo­sant une évolu­tion de Logic Remote pour iPad et iPhone qui permet de lancer les Live Loops en plus de pilo­ter tout le reste du logi­ciel, des effets Apple à la table de mixage. Voilà qui est inté­res­sant même si, dans les faits, le tactile n’offre pas tout à fait la même satis­fac­tion qu’un bon vieux contrô­leur où l’on peut tour­ner les potards et bour­ri­ner les pads. Disons que c’est une façon comme une autre de pous­ser la vente des tablettes et des télé­phones, tandis que rien ne vous empêche de pilo­ter votre Logic avec un autre contrô­leur orienté Pads. Le tactile s’avère toute­fois plei­ne­ment justi­fié lorsqu’on en vient au nouveau module RemixFX qui offre une approche temps réel parfai­te­ment dans l’es­prit des nouvelles possi­bi­li­tés de Logic : au moyen de pads XY et de rubans, on peut ainsi faire du stut­te­ring (répé­ti­tion de portions), du tape/stop, du scratch, bitcru­sher, filtrer, faire de la lecture inver­sée : bref, l’ar­se­nal des tradi­tion­nels effets de DJing vous attend dans une inter­face ultra simple pour mettre vos boucles et vos mix sens dessus dessous.

Sur ces seules nouveau­tés, on pour­rait déjà dire que cette version 10.5 remplit son contrat. Elle est loin toute­fois de s’en tenir à cela, Apple ayant égale­ment eu à coeur de faire évoluer les outils de Logic, à commen­cer par les échan­tillon­neurs.

Sampli­cité

quicksamplerC’est la deuxième énorme nouveauté de cette version 10.5 : on a le droit à trois nouveaux samplers pour sonner la relève de l’an­té­di­lu­vien EXS24 qui date de l’époque recu­lée où Logic était encore aux mains d’eMa­gic et qui, il faut bien l’ad­mettre, commençait à accu­ser son grand âge tant sur le plan fonc­tion­nel qu’er­go­no­mique, coincé qu’il était entre les grosses berthas à script (Kontakt, Falcon, HALion) et les samplers plus léger orien­tés « Drag & play » où il suffit de glis­ser un fichier audio pour le trans­for­mer de suite en instru­ment jouable et faire de la musique. C’est clai­re­ment à cette dernière caté­go­rie que s’at­taque Apple avec Sampler et Quick Sampler qui partagent un air de famille sur le plan du design avec un look vecto­riel et épuré faisant la part belle au noir, à l’orange et au bleu. Commençons par Quick Sampler qui vous propose les fonc­tions de base d’un sampler à l’an­cienne mais aussi un mode slicer et la possi­bi­lité d’en­re­gis­trer depuis le plug-in même. La plupart du temps, on glis­sera un fichier audio dedans pour le décou­per un tronçons (mode Slicer) ou le voir trans­po­ser sur tout le clavier (mode Clas­sic). L’édi­tion se veut simple mais elle n’en comporte pas moins 3 enve­loppes pour le pitch, le filtre multi­mode embarqué et le volume, en vis-à-vis desquelles vous trou­ve­rez deux LFO et une petite matrice de modu­la­tion. De quoi faire du Sound Design simple sans passer des heures en mapping et en program­ma­tion. C’est clair, intui­tif et bien foutu, et si l’on en veux plus, on pourra passer à Sampler tout court, qui n’est ni plus ni moins que le remplaça­cant d’EXS24.

samplerCompa­tible avec les banques de ce dernier, il offre évidem­ment plus de possi­bi­li­tés à tous les niveaux : jusqu’à 5 enve­loppes et 4 LFO utili­sables dans une matrice de modu­la­tion plus déve­lop­pées, deux filtres multi­modes utili­sables en série ou paral­lèle mais surtout l’ap­ti­tude à gérer les multi­samples pour chaque zone du clavier que vous aurez soin de défi­nir. Bref, si l’on est loin d’un Kontakt ou d’un Falcon dans la mesure où il n’y a pas de possi­bi­lité de faire des scripts très évolués pour défi­nir le compor­te­ment des samples, on n’en est pas moins face à une relec­ture inté­res­sante de l’EXS24, dotée d’une inter­face autre­ment plus claire et permet­tant une program­ma­tion autre­ment plus rapide. Cela est d’au­tant plus vrai qu’on dispose d’une fonc­tion Auto Sampler pour auto­ma­ti­ser le sampling d’un instru­ment, qu’il soit réel ou virtuel, pourvu qu’on puisse le pilo­ter par MIDI. Youpi ? Youpi ! Au point qu’on aurait envie de ponc­tuer ça d’un roule­ment de caisse claire et d’un coup de cymbale. Et ça tombe bien, parce que le troi­sième sampler dont je vous parlais répond au doux nom de Drum Machine Desi­gner…

Du Drum, des pads et des synth, nom de dieu…

dmdComme vous vous en doutez, il s’agit d’un Drum Sampler qui permet d’as­so­cier des sons à des pads d’où qu’ils viennent. Vous pouvez en effet soit glis­ser un fichier audio quel qu’il soit sur un pad, ou un instru­ment virtuel dont vous défi­ni­rez la note à jouer à chaque pres­sion sur le pad. Dans les faits ce Drum Machine Desi­gner est une sorte d’évo­lu­tion du Quick Sampler et reprend toute l’er­go­no­mie et les fonc­tion­na­li­tés de ce dernier pour ce qui est de l’édi­tion. On a en tout cas vite fait de se brico­ler des kits de batte­rie, sachant qu’Apple en four­nit plus de 70 prêts à l’em­ploi. Le seul regret tient dans le fait qu’un même pad ne peut pas char­ger plusieurs samples pour gérer la vélo­cité : Drum Sampler n’est donc pas Battery ou Geist, il vaut mieux le savoir…

drumsynthQu’im­porte : le fun est là et on va d’au­tant moins se plaindre qu’Apple nous propose, au delà des fonc­tions d’échan­tillo­nage, un tout nouveau module Drum Synth qui va permettre de géné­rer des kick, des snares, des clips, des hats, des cymbales et des percus­sions en tour­nant quelques potards. Le son de ce dernier est très convainquant au point qu’il formera un tandem de choc avec le Drum Machine Desi­gner comme avec le nouveau séquen­ceur à pas qui nous attend dans un onglet joux­tant le piano roll…

Beat it!

stepseqAvec ce dernier, Apple ne réin­vente pas la roue en termes d’er­go­no­mie : on se retrouve avec une grille dont on peut choi­sir la réso­lu­tion (jusqu’à 64 pas) et ou il suffit de cliquer pour ajou­ter ou suppri­mer un coup. Là où ça devient inté­res­sant, c’est que toutes les options qu’on peut espé­rer dans ce genre d’ou­til répondent ici présentes : on peut bien sûr éditer la vélo­cité et le gate de chaque note, mais égale­ment raccour­cir le nombre de pas d’une ligne (poly­ryth­mie bien­ve­nue), déca­ler son pattern, défi­nir son sens de lecture, la proba­bi­lité que chaque coup aura ou non d’être frappé, répé­ter une note jusqu’à 16 fois sur un même coup (parfait pour le glitch)… Combiné au Drum Machine Desi­gner et au nouveau Drum Synth, c’est une petite tuerie pour tous ceux qui font de la musique élec­tro­nique car rien n’y manque…

Pour essayer d’être anti­pa­thique

Dur de ne pas être enthou­siaste sur ce qui nous est proposé en sachant que la mise à jour est gratuite pour tous les posses­seurs de Logic, tandis qu’à 229 euros, le soft d’Apple est, en dehors de Reaper qui est vendu sans aucun bundle ou presque, la STAN au meilleur rapport qualité/prix du marché… pour peu que vous ayez un Mac ! C’est en effet le but de Logic depuis bien des années main­te­nant : faire vendre des ordi­na­teurs dont le tarif est très loin d’être démo­cra­tique.

Au-delà de ce point de vue qui pour­rait être discuté pendant des lustres (Oui les Macs sont bien finis et bien conçus mais il est diffi­cile de comprendre comment 16 Go de RAM supplé­men­taires peuvent être vendus 500 euros par exemple), on notera que Logic n’a toujours pas évolué sur nombre de défauts rele­vés lors de notre précé­dent test (pas de VST, colo­ra­tion des tranches insuf­fi­santes, pas de respon­sive design qui oblige à l’usage de grands écrans, pas d’objet audio, de splits de pistes, etc.) tandis qu’il se dote avec cette 10.5 de nouvelles capa­ci­tés qui ciblent ouver­te­ment les musi­ciens élec­tro­niques et qui lais­se­ront peut-être les autres indif­fé­rents. Mais recon­nais­sons-le tout de même : Apple a plus que rempli son contrat…

Conclu­sion

Avec cette version 10.5, Apple fait très très fort. Le fait d’in­té­grer avec une telle évidence une matrice à la Able­ton Live dans un logi­ciel par ailleurs extrê­me­ment complet, le désigne sans conteste comme le séquen­ceur le plus poly­va­lent du marché, alors qu’il est aussi avec Reaper celui qui offre le rapport qualité/prix le plus agres­sif. Et si ce n’était que cela : qu’on se tourne vers le RemixFX, les samplers, le Drum Machine Desi­gner ou le nouveau séquen­ceur à pas, tout ici a de quoi donner le sourire, à plus forte raison quand on est déjà utili­sa­teur de Logic et qu’on dispose de cette mise à jour gratui­te­ment. Certes, on comprends bien qu’il s’agit d’un produit d’ap­pel au prix sacri­fié pour faire vendre des Macs et des iPads aux tarifs élevés, mais ça marche ! Et bien sûr, ceux qui ne sont pas spécia­le­ment fans de musique élec­tro­nique n’au­ront pas le même enthou­siasme face à cette mise à jour, d’au­tant que nombre de défauts rele­vés dans notre test de la 10.4 sont toujours de mise, mais force est de consta­ter qu’Apple surprend une nouvelle fois son monde avec une mise à jour aussi géné­reuse que maîtri­sée. Bravo !

Notre avis : 9/10

Award Valeur sûre
Valeur sûre
Award
  • Le mode Live Loops : un vrai petit Live dans Logic
  • RemixFX, simple et complet
  • Quicksampler pour jouer vite et bien avec n’importe quelle ressource audio
  • Sampler, un EXS24 plus plus…
  • …doté d’un module Auto Sampler intéressant
  • Belle évolution de l’appli de contrôle iPad/iPhone
  • Drum Machine Designer, parfait pour se bricoler des kits à base de samples ou d’instruments
  • Drum Synth, simple et efficace
  • Séquenceur à pas ultra complet
  • Et tout ce qu’on adore depuis toujours dans Logic : un bundle de folie, Hyperdraw, l’environnement, les Stacks, les Smart Controls, l’ergonomie globale, le prix
  • Mise à jour gratuit !
  • Une mise à jour qui concerne surtout les musiciens électroniques
  • Peu ou prou les mêmes défauts que la 10.4
  • Stupéfiant rapport qualité/prix ne compensant pas le tarif élevé des ordinateurs et tablettes Apple

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