C’est L’ÉVÈNEMENT de l’AES de San Francisco de cette année : la sortie de Pro Tools 9 a retenu l’attention de tous durant le célèbre salon bi-annuel et a suscité un enthousiasme collectif. En effet, il ne s’agit pas d’une simple mise à jour cette fois-ci, mais bel et bien d’une petite révolution au sein d’Avid qui, pour la première fois depuis la création de la célèbre DAW, a choisi de «s’ouvrir au monde extérieur»...
Cela faisait plusieurs mois déjà que des rumeurs circulaient, ici ou là, sur une éventuelle possibilité d’utiliser un jour la célèbre plate-forme audionumérique indépendamment des fameuses interfaces Avid… Et bien, que ceux qui ont toujours secrètement attendu ce moment se réjouissent : Pro Tools Avid peut désormais fonctionner sans hardware Avid, avec de réelles performances dignes de ce nom. En tout cas, c’est ce qu’affirme le fabricant américain, désormais leader dans les solutions audio et vidéo numériques professionnelles.
Je vois déjà les sourcils se froncer et les plus suspicieux d’entre vous se dire, silencieusement, « Oui, mais il s’agit encore d’une version allégée! ». Que nenni! On parle bien ici avec Pro Tools 9 d’une version quasiment « unique » qui peut travailler avec n’importe quel type d’interfaces audionumériques… Toutefois, quand on se lance sur le site d’Avid pour en savoir plus, les choses se compliquent car, dans la réalité, plusieurs configurations restent possibles pour des tarifs très… variables!
C’est donc dans un souci de clarté que nous allons passer en revue les principales possibilités logicielles (et matérielles!) ainsi que les nouveautés offertes par Pro Tools 9.
Menu… Ou à la carte
Jusqu’à présent, les possibilités d’utiliser Pro Tools étaient assez simples, puisque restreintes : on avait le choix entre un système Pro Tools HD (contenant 1 carte DSP Core au minimum et évolutif grâce aux cartes Accel), situé autour de 10000 € TTC et plus, et le système Pro Tools LE – avec des fonctions limitées – pour un tarif allant de 300 à 2000 € TTC, selon les interfaces choisies… Aujourd’hui, les configurations sont nettement différentes même si, dans le fond, une certaine hiérarchisation des possibilités (et par conséquent, des tarifs!) reste toujours d’actualité.
La première version, Pro Tools HD 9, demeure le fleuron de la gamme de DAW Avid. En effet, comme son prédécesseur, cette mise à jour de Pro Tools HD 8 ne fonctionne qu’avec les cartes PCIe HD Core et Accel (contenant chacune 9 DSP) et elle est vendue dans les mêmes bundles qu’auparavant, à savoir le système HD1 (6800 € prix public HT avec une carte Core ), le système HD2 (9350 € HT avec une carte Core et une carte Accel) et le HD3 (11900 € HT avec une carte Core et deux cartes Accel). Jusqu’ici donc, pas de réelle surprise en termes de configuration.
La première nouveauté arrive avec la deuxième version, appelée Pro Tools HD Native, reprenant exactement les mêmes fonctionnalités logicielles que la version HD « simple » mais sans carte DSP. En lieu et place, Pro Tools HD Native est vendu avec une carte PCIe comprenant 2 ports Mini-Digilink pour y relier n’importe quelle interface HD dont les fameuses nouvelles interfaces Avid HD I/O : 16×16 Analog, 16×16 Digital, HD MADI ainsi que la nouvelle interface HD Omni ! Assez étonnant, cette version de Pro Tools est donc la première « version HD » à fonctionner sans carte DSP dédiée… Au contraire, une compatibilité entre le Pro Tools HD Native et les systèmes de carte UAD-2 vient d’être officialisée… Vous comprenez un peu mieux désormais ? Cette version est annoncée 2980 € prix public HT prix public.
Enfin, la dernière version (et pas des moindres!) sobrement intitulée Pro Tools 9, vient clôturer cette nouvelle gamme de produits software Avid en proposant un logiciel finalement très proche de la version HD et qui peut quant à lui fonctionner sur n’importe quelle plate-forme Mac ou PC. Ce bien sûr, quelque soit votre interface d’acquisition audionumérique compatible ASIO/Core Audio. Annoncée 510 € prix public HT, soit environ 600 € TTC prix public conseillé, cette nouvelle version affranchie de son hardware a clairement l’intention de s’imposer face à la concurrence. Voyons si elle y parvient.
Plus de pistes, plus de possibilités
S’il existe – comme nous venons de l’expliquer – plusieurs configurations de Pro Tools 9, il n’existe en revanche plus qu’un seul Installer pour toutes ces versions, disponible sur le site web d’Avid (ainsi que chez tous les revendeurs Avid) en version boîte et en version téléchargement depuis le 4 novembre 2010. Tout dépendra du matériel utilisé pour effectuer les acquisitions et conversions audionumériques. Sachez également que pour pouvoir installer Pro Tools 9, vous aurez nécessairement besoin de Snow Leopard (10.6.2 minimum) sur votre Mac et Windows 7 sur PC. Plus généralement, les configurations minimales requises pour pouvoir installer Pro Tools 9 restent les mêmes que pour la version 8.
Si Pro Tools 9 peut donc fonctionner sur votre Mac/PC quelque soit l’interface, il faut en revanche un compte et un dongle iLok (fourni avec Pro Tools 9 version boîte, bien sûr) pour pouvoir l’autoriser, chose à laquelle les utilisateurs de Pro Tools LE n’étaient pas forcément habitués. Prenant une vingtaine de minutes sur un Macbook Pro, l’installation est plutôt rapide (il y a bien en effet un seul Installer dans l’Image Disque) et sitôt déterminé le périphérique audio à utiliser en entrée/sortie (l’interface interne du MacBook Pro en l’occurrence), on peut donc commencer à faire le tour des nouveautés.
Il est important de noter que ce nouveau Pro Tools 9 supporte à présent le hardware audio MP, ASIO, Core Audio en plus de supporter les interfaces LE d’Avid (les fameuses MBox). Une fois Pro Tools lancé, une rapide configuration s’impose, afin de déterminer quel périphérique audio d’entrée/sortie vous souhaitez utiliser. Dans mon cas, ce fut assez simple!
Il était déjà possible d’utiliser Pro Tools LE auparavant dans une configuration minimale, avec la MBox micro, petite clef USB qui nous permettait d’utiliser Pro Tools dans n’importe quelle situation. Les différences majeures entre les versions précédentes et cette mise à jour ne se situent donc pas uniquement dans cette ouverture vers l’extérieur et cette simplicité de configuration.
Aujourd’hui, Pro Tools 9 (« non-HD ») remplace donc le Pro Tools LE d’un point de vue logiciel. D’un point de vue des performances, il est désormais possible de travailler avec des sessions comprenant jusqu’à 96 pistes mono/stéréo à 48 kHz (48 à 96 et 24 à 192), 256 bus internes, 128 pistes Aux, 64 pistes d’instruments virtuels et 32 pistes simultanées en enregistrement! Avid a enfin pris en considération les requêtes de ses utilisateurs qui ne voulaient plus d’un Pro Tools « Light » aux performances limitées par rapport aux versions HD, mais également par rapport à la concurrence…
La nouveauté réside également dans l’intégration de ce qui constituait auparavant des options payantes : l’encodage MP3, Digitranslator (qui, je le rappelle permet la gestion des exports OMF/AAF/XMF et le TimeCode, entre autres…), le « full » Import Session Data, Beat Detective mulitpistes… sont aujourd’hui inclus dans cette mise à jour. Pour faire simple, c’est un peu comme si Pro Tools 9 intégrait, de base, le DV Toolkit et le Music Production Toolkit ce qui est certes une bonne chose, même si sincèrement, sur nombre de ces fonctions, Avid comble plus son retard sur la concurrence qu’autre chose (on ne va pas non plus s’extasier du fait de disposer ‘gratuitement’ d’un encodeur MP3 en 2011) … Dans ce même esprit, Pro Tools 9 intègre – enfin! – l’ADC (pour « Automatic Delay Compensation » – gestion/compensation de latence induite par les plug-ins, les bus de mix internes…) qui n’était jusque-là réservée qu’aux systèmes HD. Un avantage qui amène la nouvelle version de Pro Tools 9 au même rang que ses concurrents (en termes de prix) par rapport au mixage, même si on peut toujours pester contre le bounce qui ne peut se faire qu’en temps réel contrairement à la plupart des séquenceurs du marché : si vous voulez effectuer un rendu d’un morceau de 15 minutes (ce qui n’est pas rare dans le contexte du son à l’image par exemple), cela vous prendra donc… 15 minutes ! Un détail assez étonnant quand la plupart des séquenceurs permettent tous de faire du rendu offline en accéléré…
Néanmoins, il reste des différences de fonctionnalités entre cette version « de base » et les autres (PTHD et PTHD Native). En effet, pour bénéficier de toutes les possibilités logicielles qu’offre un système HD (Native ou pas), il vous faudra acquérir le Complete Production Toolkit 2… pour lequel il faudra débourser 1700 € prix public HT ! À ce prix-là, vous bénéficierez de sessions pouvant contenir jusqu’à 192 pistes, le mixer Surround, les VCA ainsi que des fonctions de mixage et d’édition avancées… Pour la majorité des utilisateurs de Pro Tools 9, ces fonctions ne seront pas d’une utilité primordiale mais pour tous ceux qui ont des méthodes de travail pointues, cette option pourra vite se révéler indispensable. Vous trouverez un résumé des différences de possibilités (et un rapide comparatif avec la version 8 au passage…!) à cette adresse :
http://www.Avid.com/US/products/family/Pro-Tools/compare
Si l’on apprécie donc la démarche d’ouverture d’Avid avec ce Pro Tools 9, on ne manquera pas de souligner un certain manque de cohérence en termes de prix sur des options, comme le Complete Production Toolkit 2 (environ 1700€HT), qui ne s’adresseront qu’aux professionnels ayant le budget pour.
Alter – Native et HD
Comme cela a été abordé plus haut, une nouvelle configuration matérielle et logicielle fait son apparition avec la sortie de Pro Tools 9 : le Pro Tools HD Native. Reprenant exactement les mêmes fonctionnalités logicielles que le système HD, le Pro Tools HD Native comprend une carte PCIe présentant 2 ports Mini-Digilink et une connexion sérielle pour connecter une SYNC HD I/O. L’avantage majeur de ce système réside dans la possibilité d’utiliser d’autres cartes DSP pour le processing, notamment les cartes UAD-2. Les utilisateurs peuvent donc bénéficier du meilleur des deux marques! Alors pourquoi encore utiliser un système HD aujourd’hui? Le système HD Native, puisqu’il ne possède pas de cartes DSP, ne travaille pas avec les plug-ins au format TDM, dont la qualité n’est plus à prouver. En outre, le système HD propose l’option HEAT, un plug-in développé en partenariat avec Dave Hill/Crane Song censé recréer le comportement harmonique des magnétophones à bande et des technologies à lampe. Mais surtout, puisqu’il s’appuie sur les ressources DSP de ses cartes, le système HD est le seul système chez Avid fonctionnant de manière indépendante de la configuration informatique utilisée, offrant les mêmes performances quelque soit la station sur laquelle on travaille.
Il faut également souligner que, bien que Pro Tools 9 soit désormais ouvert aux interfaces d’autres marques, Avid n’a cependant pas oublié de soigner la compatibilité avec son propre matériel en assurant une latence minimum que l’on ne peut garantir en utilisant un autre hardware. Que ce soit pour la famille MBox ou ses interfaces HD I/O, les performances en terme de latence – notamment en enregistrement – seront toujours bien meilleures qu’avec du matériel « externe ». Pour un système HD Native avec les interfaces HD I/O, la latence assurée se situe à 1,66 ms pour une fréquence d’échantillonnage à 96 kHz et un buffer de 64, le tout directement géré dans Pro Tools. Grâce au Low Latency Mode (que l’on définit dans l’onglet Output de l’I/O setup), la latence peut descendre en dessous de la milliseconde.
Néanmoins, le système HD reste le plus performant : la latence générée est de seulement 0,44 ms (pour les mêmes interfaces) à 96 kHz. Alors il est vrai que, si les différences de performances des systèmes HD et HD Native, en conditions de mixage, peuvent se révéler insignifiantes, le système HD reste « imbattable » en condition d’enregistrement : la gestion des plug-ins, des inserts hardware, du réseau casque et du traitement d’une manière générale se fait très simplement et sans latence… Le HD Native ne gère pas ces fonctions aussi efficacement.
Enfin, il faut rappeler que seuls le mixeur interne du système HD fonctionne en 48 bits fixes, contrairement aux 32 bits flottants des systèmes Pro Tools HD Native 9 et Pro Tools 9… Pour ma part, en tant qu’utilisateur du système HD, je trouve hyper flexible cette nouvelle façon d’appréhender le logiciel; quand on fait l’acquisition de la mise à jour HD, Pro Tools 9 HD est livré avec le Pro Tools 9. Hyper pratique : quand on réalise un enregistrement sur un système, on peut éditer les prises plus tard, sur son ordinateur portable tranquillement, chez soi, dans le fond du bus en tournée, au bord de la piscine… En ayant juste besoin d’un dongle iLok et avec les mêmes fonctions disponibles! Énorme « plus » pour la DAW…
Les Nouveautés
D’un point de vue purement logiciel, les nouveautés ne sont pas légion dans cette mise à jour, mais le peu qui existe reste très intéressantes. J’en ai relevé deux majeures qui, à mon sens, ont un réel impact sur le workflow que l’on peut entretenir avec Pro Tools. La première nouveauté concerne l’I/O setup. Auparavant, lorsqu’on passait d’un studio à un autre au cours d’un même projet, il était assez délicat de gérer le changement d’I/O setup d’une session, surtout si des automations de volume, de pans, etc. avaient été réalisées. Non pas que l’opération était impossible – loin de là! – mais quelque peu laborieuse, à une époque où la rapidité d’exécution est aussi importante que la qualité.
Avec « l’ouverture au monde extérieur » des interfaces tierces-parties, il fallait bien que, d’un point de vue général, les développeurs se penchent sur la question de la gestion du Hardware et de ses entrées/sorties. Avid a globalement résolu ce problème en adoptant un point de vue différent par rapport à l’I/O setup, notamment au niveau de la gestion des sorties. Désormais, avant d’être affectées aux sorties physiques, les sorties dans le I/O Setup sont affectées à des « bus de sorties »… En clair, il est beaucoup plus facile de réacheminer les sorties en fonction de votre nouveau Hardware sans pour autant détruire l’I/O Setup précédent… et par conséquent tous les paramètres qui lui sont affectés (automations, …).
La deuxième nouveauté se situe au niveau du routing des pistes Aux et des Bus… On voit que Avid a pris en considération les remarques de ses utilisateurs en simplifiant la création de nouvelles pistes Aux et leurs affectations. Vous avez besoin d’une Reverb sur la voix? En cliquant sur le départ Send de la piste voix, vous avez la possibilité d’envoyer ce Send vers un Bus ou une piste déjà existante ou encore une nouvelle piste à créer! Beaucoup plus simple et vraiment plus rapide, ce petit détail fait vraiment la différence !
Enfin, Pro Tools 9 intègre, de base, le protocole EuCon permettant de gérer la communication avec les produits Euphonix. On n’en attendait pas moins de la part d’Avid qui, rappelons-le, a racheté le célèbre constructeur de consoles et surfaces de contrôle au sein de sa société depuis le printemps de cette année. Concrètement, les utilisateurs de produits Euphonix seront ravis de constater à quel point il est aisé désormais de commander Pro Tools 9 avec leur(s) machine(s). Une case à cocher dans l’onglet « Peripherals » du menu « Preferences » et hop! Bon, évidemment, il faut bien penser à installer la dernière version du software Eucon car, sinon, « l’application Pro Tools 9 aura quitté inopinément »…!
Et c’est tout?
Oui c’est tout et si c’est une belle chose que de voir un outil professionnel se démocratiser, on ne peut s’empêcher de penser que cette version 9 n’a pas suivi la bonne voie ouverte avec la version 8 en matière de mise à niveau fonctionnelle et logicielle. Tout pro qu’il soit, le logiciel n’intègre toujours pas d’éditeur de pitch gérant les formants, pas de réverb à convolution, pas de Transient Designer ou de filtre FFT, choses que l’on trouve chez beaucoup de concurrents. Le logiciel ne brille pas non plus par ses outils de visualisation du signal (pas de spectrogramme sur lequel on puisse agir) et n’offre pas une grande liberté en terme de personnalisation de l’interface. Encore que ce dernier détail, défaut pour certains, présente un indéniable avantage : sur n’importe quel poste Pro Tools, vous retrouvez vos petits en deux secondes… En bref, Pro Tools conserve malgré tout certaines « lacunes » accumulées par le passé qui peuvent ennuyer quelques utilisateurs.
A l’heure où l’ouverture du soft à du hardware tiers invite enfin à la comparaison, force est d’admettre que le leader de l’industrie audio pro reste perfectible… Et si on peut certes pallier la plupart de ses manques en achetant des plugins de tierce partie, cela ne se fera que via les formats RTAS/AudioSuite/TDM suivant votre version, les standards Audio Unit et VST n’étant toujours pas reconnus par le soft. Certes, FXpansion vend bien un Wrapper permettant de transformer les VST en RTAS, mais il faut encore débourser pour l’obtenir… Le genre de surcoût dont ne s’apercevra même pas un professionnel, mais qui pour un acheteur au budget plus limité peut peser dans la balance, d’autant que l’offre en matière de freewares et de logiciels à petits prix au format RTAS est très faible…
Tout cela nous amène à considérer la pertinence de ce Pro Tools 9 en fonction des usages et des profils d’utilisateurs. Il ne fait aucun doute que pour les professionnels qui doivent l’utiliser en studio comme en déplacement (comme c’est le cas pour moi), c’est une mise à jour majeure qui offre une souplesse très supérieure au Pro Tools 8 LE, avec plus de pistes, plus de fonctionnalités dans sa version « entrée de gamme »… Et gageons qu’à l’heure des MOTU UltraLite et autres RME BabyFace, certains seront heureux de pouvoir troquer leurs petites MBox contre des interfaces un peu plus ambitieuses (encore que la nouvelle série MBox puisse aussi retenir leur attention).
Si cette compatibilité avec le hardware non-Avid vous indiffère en revanche, c’est à vous qu’il revient de peser la pertinence des apports de ce Pro Tools 9, qui ne sont pas légion : outre la gestion des entrées/sortie et le routing des pistes Aux & Bus, disons le tout net, on reste très proche du Pro Tools 8 sur l’essentiel du soft.
Reste enfin à considérer le cas du home studiste qui débarque et dispose d’un budget de 600 € pour s’équiper en séquenceur. Parce qu’il sera le logiciel idéal pour dialoguer avec le monde de l’audio Pro, Pro Tools peut représenter un bon investissement. Mais il faut bien admettre que la concurrence est rude dans ce secteur de prix et que le logiciel d’Avid n’en demeure pas moins entaché de certains défauts : manques côté fonctionnalités (pas de bounce offline, de freeze, etc.), suite de plug-ins loin d’être exhaustive (même si celle-ci a été améliorée depuis la version 8). On attend mieux d’un leader…
Pro Tools restera toujours Pro Tools
Il est vrai alors qu’avec cette nouvelle mise à jour, le « concept » Protools reste le même; il faudra peut-être attendre encore un moment avant de voir apparaître certaines fonctions au sein du logiciel d’Avid. Malgré tout le constructeur a l’air de rester à l’écoute des utilisateurs avec leur page ideascale.
Soyons clairs toutefois, le fait qu’on retrouve Pro Tools chez l’écrasante majorité des professionnels n’est pas seulement due à une performance commerciale de la marque. Outre la qualité des solutions hardware/software « clés en main » que représente la gamme HD, c’est aussi et surtout dans l’ergonomie du logiciel Pro Tools lui-même qu’il faut chercher les réponses à cette suprématie. Si certaines choses manquent, le soft sait aller à l’essentiel et se révèle d’une redoutable efficacité pour tout ce qui touche à l’enregistrement, à l’editing et au mixage audio, là où d’autres, à force de sophistication, rendent parfois complexes des choses qu’on aurait voulu simples (jusqu’à leur version 4, le Side Chain était par exemple dans Cubase ou Nuendo incroyablement compliqué par rapport à Pro Tools…).
Sur les fondamentaux, le séquenceur d’Avid ne déçoit pas en effet et permet de travailler vite et bien. C’est pour cela, avant toute chose qu’il est apprécié des pros et paradoxalement, pour cela qu’il est susceptible de retenir l’attention des débutants qui seront peut-être effrayés à la vue des menus, onglets et myriades d’options qu’on trouve chez certains concurrents… Si seulement tous les séquenceurs du monde disposaient d’une version démo, ces différences sauteraient aux yeux de plus d’un utilisateur avant de se décider pour l’achat.
Conclusion
C’est un sacré pas en avant que vient de réaliser Avid cette année, en assurant la compatibilité de son logiciel phare avec le monde extérieur et qui fera le bonheur de plus d’un professionnel ou semi-pro : on peut désormais emmener le logiciel partout, et dans une version qui n’a rien d’un ersatz du HD mais permet vraiment de travailler.
Suite à la mise à jour majeure qu’était la version 8, on aurait certes aimé un peu plus de nouveautés sur le plan fonctionnel ou sur celui des plug-ins, tout comme on reste interloqué par le prix du Complete Production ToolKit qui ne s’adressera du coup qu’aux professionnels. De fait, si le grand Pro Tools devient accessible à toutes les bourses, il n’est sans doute pas pour tout le monde et subit, maintenant qu’on peut réellement comparer, la concurrence agressive d’autres grands ou petits noms de la séquence. Et comme Avid n’est pas du genre à s’endormir sur ses lauriers, on a hâte de voir comment tout ce petit marché va évoluer…