Qu'ils s'appellent Cubase, Logic ou Sonar, les séquenceurs vedettes du marché sont aujourd'hui de telles usines à gaz qu'on se demande bien, à chaque nouvelle mouture, ce que les développeurs ont pu ajouter de neuf pour justifier la mise à jour. De fait, pour cette huitième version de Sonar, Cakewalk a préféré travailler sur une foule de fonctions plutôt que sur une grosse innovation.
Qu’ils s’appellent Cubase, Logic ou Sonar, les séquenceurs vedettes du marché sont aujourd’hui de telles usines à gaz qu’on se demande bien, à chaque nouvelle mouture, ce que les développeurs ont pu ajouter de neuf pour justifier la mise à jour. De fait, pour cette huitième version de Sonar, Cakewalk a préféré travailler sur une foule de fonctions plutôt que sur une grosse innovation.
Il faut dire qu’à ce sujet, Sonar peut se targuer d’être un des plus complets séquenceurs qui soient, tant du point de vue des fonctionnalités (V-Vocal & Audiosnap pour les opérations de transposition et de calage audio, ACT pour la gestion des surfaces de contrôles, gestion d’effets hardwares externes et du side-chain…) que des effets (Réverbe Lexicon ou à convolution, tranche de console de Kjaerhus Audio…) et des instruments virtuels fournis (Dimension, Rapture, Z3TA+, etc.).
Voyons ce qu’apporte cette version 8 qui, outre de nouveaux instruments et plug-ins intéressants, annonce des fonctionnalités rendant le travail plus agréable et rapide.
Les nouveaux instruments
L’un des points forts de Sonar a toujours résidé dans son bundle logiciel, lequel s’étoffe encore dans cette version, avec trois nouveaux instruments et quatre nouveaux effets. Commençons donc par les instruments avec l’arrivée du True Amber Piano, qui est en fait l’un des quatre modules du True Pianos de 4Front (une remise de 30 % est d’ailleurs proposée sur l’achat de la version complète normalement vendue 150 €). Je vous laisse vous faire votre propre avis sur ce piano virtuel vu que les goûts dans ce domaine sont aussi variés et contradictoires que concernant les claviers maîtres! Sachez simplement qu’il fait partie des pianos virtuels les plus appréciés. Assez peu gourmand en ressources, il propose des réglages permettant d’adapter la réponse de l’instrument au jeu et au clavier utilisé. On dispose ainsi de 7 variations de son (proximité, ambiance, studio…) et d’une réverbe débrayable. Il est louable d’avoir ainsi intégré un des instruments de base des songwriters.
Beatscape
Les amateurs de bidouillages sonores et de musique basée sur des boucles seront certainement très séduits par Beatscape, un tout nouvel instrument permettant à la fois de jouer des boucles, de les remixer et d’en trafiquer le son. Il s’articule autour de 16 cellules (ou pads) dans lesquelles ont peut mettre soit une des centaines de boucles fournies (avec une palette de styles très large, y compris hors de l’électro), soit n’importe quelle boucle ou sample au format wav, rex ou rx2. Chaque cellule dispose de réglages pour la lecture (synchro, bouclage, vitesse, etc.), la transposition, l’accordage fin, le swing, le panoramique, le volume et trois inserts d’effets.
Lorsqu’une boucle est chargée, sa forme d’onde est affichée dans une fenêtre « slice edit », découpée en tranches suivant ses transitoires. Les séparateurs sont évidemment éditables (déplacement, suppression, ajout) tandis que les tranches peuvent être interverties par simple glisser-déposer. Précisons d’ailleurs qu’elles sont toutes affectées à une touche du clavier. Chaque cellule ayant son canal MIDI, on peut ainsi jouer les slices de toutes les cellules en changeant simplement de numéro de canal, 16 touches du clavier restant affecté au déclenchement et l’arrêt des cellules complètes.
Il y a déjà donc de quoi bien remixer puisqu’on pourra :
- lancer les boucles complètes de cellules
- modifier les boucles par glisser-déposer
- jouer en MIDI une séquence des slices composant chaque boucle (pour ceci, on peut utiliser le classique Piano Roll ou le séquenceur pas à pas intégré depuis la version 7 et amélioré ici).
Petit bémol, je n’ai pas trouvé comment enregistrer d’automation sur ce step séquenceur de modulations, ce qui est d’autant plus dommage que modifier celui-ci en temps réel est assez rapide et apporte de belles bidouilles sonores. Tout le reste est toutefois automatisable.
Beatscape est donc vraiment un excellent instrument. Facile à prendre en main, il permet aussi bien de s’amuser en live que de créer rapidement des morceaux, des bases de morceaux ou des remix.
Dimension Pro
Finissons enfin avec une nouveauté qui n’en est pas tout à fait une puisque, si Sonar 7 était livré avec Dimension LE, c’est désormais la version Pro (complète) du logiciel qui nous est proposée. Ce sampleur-synthétiseur mériterait un test à lui seul, mais pour l’essentiel, sachez que Dimension Pro permet de générer des sons à partir d’échantillons, de tables d’ondes ou de modèles physiques (synthèse par guides d’ondes). On traite ces sources avec un module DSP (avec low-fi, filtre et drive), un égaliseur 3 bandes paramétriques, un module d’effet et des courbes de modulations. Jusqu’à 20 générateurs d’enveloppe, 20 oscillateurs basse fréquence et 20 générateurs de suivi de clavier peuvent être affectés à différents paramètres. Et ceci, pour chacun des 4 programmes, Dimension Pro comportant quatre modules identiques indépendants qu’on mixe ensuite entre eux, avec éventuellement des effets. Autant dire qu’avec un tel arsenal, la palette sonore de l’instrument est large et s’étend des samples d’instruments réels aux sons synthétiques dans tous les styles (dont des nappes et des sons évolutifs ou « auto-séquencés »). Dimension Pro est d’ailleurs fourni avec une banque de sons assez monstrueuse de 1500 patchs et 8 Go de samples. Dans cette dernière, on trouve entre autres le célèbre Garitan Pocket Orchestra, la bibliothèque Hollywood Edge Sound FX, ou encore les pianos électriques Vintage Keys signés du créateur des modules E-Mu Proteus 2000… Et la mise à jour 8.3 a encore vu la collection de son s’agrandir de samples de synthés vintage (SH-101, TB-303 et VP-330 de Roland ainsi que des Arp Odyssey, Moog Minimoog et Sequential Circuits Prophet5). On a 6 à 8 sons pour chacun de ses synthés et ils sonnent vraiment bien : on retrouve la pêche et le percutant, ainsi qu’un grave riche typique de ces machines analogiques.
Il y a donc de quoi faire, le mieux étant d’aller écouter les démos sonores sur cette page. Précisons pour finir que Dimension Pro est relativement simple d’abord et qu’il vous sera facile de créer vos propres sons. S’il ne s’agit pas à proprement parler d’une nouveauté, on se réjouira de l’intégration d’un outil aussi puissant dans son séquenceur… Rappelons que Dimension Pro seul coûte tout de même 310 € !
La question peut se poser de savoir à quoi peuvent encore servir DropZone, Cyclone, RXP ou SFZ… compte tenue de la présence des bien plus puissants Dimension Pro ou Beatscape. Mais conserver ces instruments assure une compatibilité ascendante avec les anciens projets (dans la même idée, les vieux plug-ins d’effets, bien largement dépassés de longue date, sont toujours proposés à l’installation). De plus, s’ils peuvent avoir des approches ou des fonctions similaires, ils fonctionnent souvent de façon plus ou moins différente. Ainsi, on peut utiliser et modifier une boucle Rex aussi bien dans Beatscape que dans RXP. Mais là où Beatscape est pensé pour travailler sur plusieurs boucles, RXP n’en charge qu’une. Par contre, on pourra jouer au clavier aussi bien des slices de la boucle que la totalité de celle-ci, transposée ou pas selon la note jouée (jusqu’à plus ou moins une octave), ce que ne permet pas Beatscape dans lequel la hauteur de la boucle est un paramètre. De plus, il est souvent intéressant de charger un plug-in plus léger quand on n’a pas besoin des fonctions du « gros ». Cela préserve les ressources et l’occupation de l’écran (leurs fenêtres sont plus petites).
Sur les instruments virtuels, les nouveautés de Sonar 8 Producer sont donc vraiment une réussite. Même ceux qui possèdent déjà Dimension Pro auront intérêt à upgrader pour bénéficier de Beatscape.
Nous allons voir que, côté effets, c’est pas mal non plus.
Les effets
Commençons par le terrain déjà connu par ailleurs avec Guitar Rig 3 LE de Native Instruments. Est-il nécessaire de présenter ce célébrissime ensemble pour guitares et basses comportant des simulations de pédales d’effets et d’amplis ? C’est la version « LE » (allégée) que nous avons ici. Elle offre 3 amplis (Twan Reverb, Lead 800 et Bass Pro) avec 12 enceintes, 11 effets, un accordeur, un métronome et comporte une cinquantaine de presets. Si on est loin de la profusion délivrée par la version complète (vers laquelle on peut upgrader avec une remise d’une cinquantaine d’euros), cette version LE permet déjà de faire pas mal de choses. Évidemment sur des prises guitare pour lequel il est conçu, mais Guitar Rig est aussi très intéressant à utiliser sur d’autres sources.
Puisqu’on parle d’autres sources, on s’attaque à tout ce qui est rythmique avec le TS-64 Transient Shaper. Il s’agit d’un processeur de transitoire à la manière du Transient Designer inventé par SPL. Pour savoir de quoi il s’agit, le mieux est d’aller voir cette vidéo. Vous pouvez aussi écouter les extraits réalisés sur une boucle de batterie (dry, tour de presets). Comme vous l’entendez, le TS-64 Transient Shaper permet beaucoup de choses aussi bien dans la subtilité pour travailler la dynamique d’une piste percussive que violemment pour des effets spéciaux, y compris sur bien d’autres sources que des percussions (comme sur cette rythmique au bouzouki, d’abord dry, puis avec le TS enclenché). Le TS-64 offre de nombreux réglages allant au-delà de l’attaque et du relâchement. On peut régler le poids, c’est-à-dire le corps ou sustain avec un réglage de timbre permettant de faire intervenir ce réglage plutôt dans le grave ou les aigus. Il en est de même pour le relâchement où on dispose de ce même réglage de timbre. Je vous invite à écouter tout ceci dans cet exemple audio. À noter que le TS-64 fonctionne à phase linéaire : il n’induit pas de modification de la phase du signal traité. Voici un petit tour d’horizon du TransientShaper.
Un autre plug-in vient rejoindre la collection des « 64 » à phase linéaire (qui comportait déjà un égaliseur et un compresseur), c’est le TL64 Tube Leveler. Il s’agit d’un simulateur de préampli à lampes. Soyons clairs : le TL64 ne fera pas sonner une prise acoustique réalisée avec du matériel à transistors comme si elle avait été faite avec du matériel (micro ou préampli) à tubes. C’est que d’autres éléments que cette fameuse « chaleur » (apportée par une légère distorsion et des harmoniques) rentrent en compte dans le son « lampes ». Mais il permet d’apporter aux pistes une ampleur évoquant celle que peut donner un circuit à tubes. Là où son usage est particulièrement pertinent (comme le suggère Cakewalk dans la documentation) c’est sur les sources numériques où il apporte une épaisseur et une légère distorsion tout à fait musicale qui ramènent au domaine sonore analogique. Ce qui montre sa qualité, c’est que même utilisé avec des réglages extrêmes, il conserve sa musicalité.
Exemples repris du test du préampli Audient Mico : voix sèche, voix avec TL64 Tube Leveleret pour témoin la voix avec le circuit HMX du Micoqui simule lui aussi un circuit à tubes.
Le dernier ajout est le Channel Tools. Véritable couteau suisse de la stéréo, il permet de modifier indépendamment le gain, le panoramique et le retard de chaque canal d’une piste stéréo. Il servira aussi bien à augmenter ou réduire la largeur le champ stéréo d’une piste qu’à corriger des problèmes de phase liés au placement des micros, ou encore à caler des pistes au sample près. Enfin, il permet le décodage des enregistrements M/S (mid-side), ce qui en fait un outil aussi pratique que complet.
Dommage que, tant qu’à faire, Cakewalk n’ait pas intégré un visualiseur du champ stéréo et de la phase. D’autant qu’on dispose depuis la version 7 d’outils orientés mastering (les compresseurs et égaliseurs « 64 » à phase linéaire). Rappelons au passage l’existence d’un analyseur de spectre capable de générer des enveloppes d’automation à partir du signal analysé (quatre courbes correspondant à 4 bandes de fréquences).
On en a terminé avec les nouveautés de cette version 8 pour les instruments et plug-ins. Sachant qu’elle en comporte également plein d’autres qui étaient présents dans de précédentes versions. Parmi ceux-ci, signalons que le plug-in d’insert de hardware externe a été amélioré, notamment avec une meilleure synchronisation lorsqu’il est utilisé en conjonction avec d’autres plug-ins nécessitant une gestion de la compensation de retard. Et on peut désormais en utiliser plusieurs par projet. Ouf !
Voyons maintenant quelques nouveautés du côté des fonctionnalités du logiciel.
Nouvelles fonctions et améliorations
Celles-ci sont très nombreuses. Je ne vais pas toutes les lister. Il vous suffit de consulter les news d’Audiofanzine et l’annonce de la sortie de Sonar 8 pour en avoir la liste exhaustive.
Commençons par quelques détails qui sont des fonctions que des utilisateurs de Cubase souhaitaient retrouver dans Sonar. Ainsi, les pistes MIDI disposent d’un témoin signalant toute activité MIDI sur la piste et d’un vumètre qui affiche la vélocité des notes jouées (comme un vumètre audio). On peut aussi désormais quantizer le MIDI à l’enregistrement. Personnellement, je n’ai jamais compris l’intérêt d’une telle fonction puisqu’on peut régler une quantization dans les paramètres de piste (ce qui est non destructif) ou appliquer une quantization comme traitement à un clip ou une sélection.
Nettement moins un détail, on salue également l’arrivée d’une « piste instrument » qui regroupe sur une même piste l’instrument virtuel et sa piste MIDI. Lorsqu’on fige le synthé, ce sont les données audio qui apparaissent sur la piste à la place des données MIDI. À tout moment, on peut re-séparer piste MIDI et piste audio ou les re-fusionner et ça se fait en deux clics. Malheureusement pour ceux qui comme moi apprécient de travailler souvent avec plusieurs pistes MIDI pour un même instrument, cette nouvelle piste ne peut pas contenir plusieurs pistes MIDI. Mais l’intérêt d’une piste instrument est notamment qu’elle allège considérablement le projet, que ce soit dans la vue pistes comme dans la console. Elle amène un sacré confort.
L’explorateur de boucles a aussi été amélioré. La nouvelle version est plutôt bien fichue : elle ressemble simplement à l’explorateur Windows avec une colonne supplémentaire dans laquelle on peut choisir avec quel instrument virtuel on veut préécouter un fichier MIDI sélectionné. On peut aussi sélectionner le bus de préécoute. Par contre, on ne dispose pas de gestion des presets comme chez le cousin germain ou chez Native Instruments. Une avancée qui serait bienvenue, de même qu’une bête gestion de dossiers favoris.
Il y aussi des améliorations côté transport avec l’ajout d’un bouton pause dont je n’ai pas compris l’utilité, le bouton play assurant déjà play/pause. On a aussi deux boutons d’avance et retour rapide (dont je n’avais jamais remarqué l’absence auparavant, travaillant de longue date avec des surfaces de contrôle qui le géraient). On dispose également d’une barre de position permettant, en bougeant un curseur, de se déplacer à grande vitesse dans le projet. C’est très pratique, mais il est dommage que le curseur soit un peu petit. Enfin, un bouton permet d’écouter uniquement les pistes sélectionnées. Très pratique, mais passons aux nouveautés les plus importantes…
D’abord, on peut désormais affecter des sorties de pistes ou de bus à des sorties physiques mono au lieu des couples stéréo. Lorsqu’on choisit une sortie, on peut simplement sélectionner gauche, droite ou stéréo. Une fonction bien utile pour ceux qui utilisent par exemple des sommateurs analogiques ou des consoles de mixage hardware, mais aussi tout simplement pour l’utilisation d’effets hardware avec entrées mono.
On a aussi pas mal d’améliorations du côté de la gestion des bypass. On avait déjà la possibilité de bypasser individuellement chaque effet ou tout le rack d’effet d’une piste, d’un clip ou d’un bus. Désormais, on peut bypasser d’un clic tous les racks similaires (pas exemple tous les racks de clips) ou, par une combinaison de touche, la totalité des effets. Mieux, encore, on peut bypasser la compensation de retard des plug-ins : ceci permet d’annuler la compensation de retard lorsqu’on utilise des écoutes d’entrée. C’est particulièrement précieux pour les enregistrements audio si les plug-ins qu’on utilise génèrent un retard audible. Cette annulation de la compensation est uniquement à l’écoute : les données audio restant évidemment calées.
Cette fonction n’a peut-être l’air de rien, mais elle est très efficace pour ceux qui enregistrent dans des projets utilisant des plug-ins générant beaucoup de retard (comme des réverbes à convolution) et permet de gagner un temps fou lors des séances d’enregistrement.
Fonctions pratiques
Sonar a toujours évolué vers plus d’ergonomie et de productivité. Cette dernière version ne fait pas exception à la règle. Les « petites » améliorations y sont innombrables, rendant l’usage du logiciel plus fluide et efficace. Le confort de travail s’en trouve considérablement amélioré, comme on le voit lorsqu’on fait de l’editing qui est certainement, dans le travail de réalisation d’un morceau, la tâche la moins plaisante, voire la plus pénible.
De ce côté, cette version 8 apporte des choses intéressantes, à commencer par l’amélioration du magnétisme : on dispose désormais de deux réglages différents clairement identifiés pour ce dernier : un pour la vue 'pistes’ et un pour la vue 'piano roll’, ce qui fait gagner un temps fou.
On peut également cumuler temps musical (mesure, blanche, noire…) et temps absolu (milliseconde, échantillon, image) ou caler le magnétisme à des points de repère (événements, clips ou transitoires), y compris s’ils sont situés sur d’autres pistes. Bien sûr, on conserve toujours ce bon vieux calage aux points zéros de la forme d’onde qui évite, à l’inverse de ce qu’il est nécessaire sur d’autres logiciels, de devoir systématiquement ajouter des fondus aux débuts et fins de clips, même leur de leur découpage. D’ailleurs, tout l’éditing est grandement facilité par les groupes de clips pour l’édition. Avec cette nouvelle fonction, lors d’un enregistrement simultané de multiples pistes, Sonar peut grouper automatiquement les clips générés. Ceci qui permet d’éditer ensemble tous les clips d’une prise en agissant sur un seul clip du groupe. Ceci est encore plus utile lorsqu’on réalise des enregistrements en boucle (chaque prise pouvant alors constituer un groupe) et encore plus lorsque les différentes prises s’accumulent sur les couches de pistes.
On peut créer des groupes à la main. Il est facile d’enlever ou ajouter des clips à un groupe ou d’ignorer provisoirement le groupement (pour n’éditer qu’un clip). Et lorsque l’on divise des clips qui font partie d’un groupe, le logiciel peut créer automatiquement de nouveaux groupes à partir des clips divisés.
Côté enregistrement, on a désormais la possibilité d’armer les pistes pour pendant la lecture ou l’enregistrement. Qui n’a jamais vécu cette scène : on lance une lecture du morceau pour que le musicien se mette dans l’ambiance. On se prépare à enclencher l’enregistrement un peu avant qu’il n’attaque (pas avant pour ne pas enregistrer inutilement du silence) et là, on s’aperçoit qu’on a oublié d’armer la ou les pistes. Auparavant, il fallait arrêter la lecture (ou l’enregistrement). Désormais, on peut armer la piste sans arrêter quoi que ce soit. Ceci peut aussi servir pour réaliser des punchs à différents endroits d’un projet : on met en enregistrement, mais on n’arme les pistes qu’au moment où elles devront enregistrer quelque chose. Cela couvre bien plus de possibilités que l’habituelle fonction punch-in punch-out qui se limite à un seul intervalle de temps.
Après l’enregistrement, le mixage où les fonctions de solo bénéficient aussi d’évolutions. Outre la le paramètre « ignorer le solo » qui permet à une piste de rester toujours audible même si d’autres pistes sont mises en solo, on dispose d’un mode solo avec atténuation. Ainsi, lorsqu’on passe une piste en solo, les autres sont atténuées (valeur réglable) au lieu d’être totalement mutées. Inversement, le solo exclusif permet de n’entendre qu’une seule piste, même si plusieurs pistes sont en mode solo.
Une fonction toute bête s’avère aussi bien précieuse : Sonar nous signale si une quelconque sortie est mal affectée. Par exemple, si un auxiliaire était envoyé sur un bus qu’on a ensuite supprimé.
L’optimisation du logiciel
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Cakewalk a beaucoup communiqué sur ce point, déclarant que Sonar 8 avait fait l’objet d’une importante optimisation, notamment pour l’exploitation des processeurs multicoeurs. La firme annonce des gains de performance importants. J’ai là dessus deux constats contradictoires. Le premier est le ressenti. En travaillant avec cette version, on sent un gain de stabilité et de fluidité. Un peu la même impression que lorsqu’on passe d’un système d’exploitation très chargé à un système fraîchement réinstallé.
J’ai effectué un test en prenant un même projet dans la version 7 et la version 8. Dans la version 7, j’ai blindé ce projet déjà bien chargé en pistes, instruments virtuels, effets et bus en lui ajoutant des instruments et effets chaînés jusqu’à la limite d’apparition de craquements audio (test à 3 ms de latence en 16/44,1 comme pour tout le reste de cet article). Puis j’ai rouvert ce même projet dans la version 8. Les screenshots de jauge CPU ne montrent pas une différence flagrante. On remarque un gain important du côté accès disque avec 30 % pour Sonar 8 contre 39 % pour la version 7. Pas rien ! Mais côté CPU, à part qu’on n’approche plus du rouge… ce n’est pas si flagrant. Ceci ne peut évidemment être considéré comme un véritable benchmark et, indépendamment des questions de chiffres, le logiciel semble bien se montrer plus rapide, stable et performant.
Sonar 7 |
Sonar 8 |
C’est également vrai sous Vista 64 bits où Sonar prend désormais en charge les drivers WASAPI, la nouvelle norme pour l’audio sous Vista (SP1) et les futurs OS de Microsoft. Leur avantage est une prise en charge de multiples périphériques audio avec faible latence, même pour des interfaces audio ne disposant pas de pilotes ASIO. Sonar fonctionne avec le mode « exclusif » du WASAPI, le plus adapté à l’audio puisqu’il donne à celui-ci la priorité des ressources.
Par contre, toujours pas de Rewire en 64 bits. Cela ne dépend apparemment pas de Cakewalk, mais de Propellerhead (et Steinberg) qui sont les détenteurs de la technologie Rewire. Les aficionados de Reason on donc intérêt à rester sur des versions 32 bits.
Tout n’est pas rose
Cette version 8 donne aussi quelques occasions de râler.
Il y des fonctions qu’on aimerait enfin voir apparaître, telle une piste de tempo et signature rythmique comme annoncée dans Cubase 5. On aimerait également une piste de marqueurs qu’on pourrait ajouter à sa guise dans le projet ou une solution pour ajouter des marques à chaque piste, par exemple pour préparer l’éditing.
On aurait surtout attendu une évolution du Session Drummer 2, le batteur virtuel arrivé dans la version précédente. S’il est satisfaisant pour avoir très vite une base rythmique pour développer une idée ou pour la réalisation de maquettes et démos, il est trop juste, en tout cas du côté des batteries acoustiques, pour réaliser une production finale de niveau album. Il est vrai qu’il est exagéré de demander à un plug-in inclus dans un séquenceur de faire aussi bien que des produits indépendants dédiés, mais Cakewalk nous donne des habitudes d’enfants gâtés ! Par contre, on se réjouit d’avoir vu s’ajouter des kits issus des légendaires boîtes à rythmes Roland TR, de LinnDrum et de Drumtraks de Sequencial Circuit. Et ces banques (pesant plusieurs centaines de Mo chacune) sonnent vraiment bien. Mais les batteries acoustiques restent limitées. Alors un petit effort sur le SD2 pour une prochaine version ?
Enfin, la fonction « Live Bounce » annoncée pour cette version 8 ne satisfait pas les demandes des utilisateurs. Elle permet l’enregistrement en temps réel des sorties d’effets et d’instruments virtuels (comme on peut le faire avec le plug-in TapeIt). À quoi ça peut servir ? Par exemple à enregistrer des manipulations sur des fonctions non automatisables ou pour utiliser certaines interfaces de plug-ins peu propices à la manipulation par surface de contrôle (les utilisateurs de Reaktor comprennent de quoi je parle !). Mais pour cela, il aurait fallu qu’on puisse toucher à l’interface du plug-in ou du synthé pendant le « bounce » en temps réel, ce qui n’est pas le cas (la souris devient inopérante comme pendant tout bounce ou figé). Alors ? Mauvaise compréhension de la part des utilisateurs ou erreur de communication de Cakewalk ? En tout cas, cette possibilité est espérée par un certain nombre d’utilisateurs.
Conclusion
Si cette dernière mouture de Sonar ne comporte pas d’évolution époustouflante comme l’ont été l’arrivée du V-Vocal ou de l’audiosnap dans les précédentes, il est assez estomaquant de voir le nombre de points qui ont été améliorés et de fonctions ajoutées, la plupart très précieuses. Et encore, cet article pourtant long est loin de tout traiter. Certaines de ces fonctions réjouiront les pros, d’autres facilitent la vie des débutants comme le pédagogique assistant d’insertion de bus qui aidera ceux qui n’ont pas l’habitude du mixage par bus.
Au final, une foule de nouveautés permettent des choses auparavant inaccessibles ou bien plus complexes et il est d’autant plus fort de la part de l’éditeur d’avoir réussi ceci tout en rendant le logiciel plus performant, rapide et stable.
Si on ajoute à ça l’excellente collection d’instruments et d’effets fournis et les banques de sons et de boucles riches et variés, on se dit que Sonar 8 Producer justifie décidément largement son prix.
Avec lui, un débutant aura tous les outils nécessaires pour aller déjà très loin dans la création, l’enregistrement et le mixage. Un amateur exigeant ou un pro verra son travail facilité tout en bénéficiant de plus de possibilités.
Sonar séduira aussi ceux qui travaillent le son à l’image et en multicanaux. D’autant que ses larges possibilités d’import/export (dont l’OMF2) permettent de facilement transférer ses projets à des utilisateurs d’autres logiciels professionnels.