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Test de Reaper 6 - 6 education

9/10
Award Valeur sûre 2020
2020
Valeur sûre
Award

La plus configurable de toutes les STAN nous revient dans une sixième version, l’occasion de faire le point sur un logiciel qui a considérablement évolué depuis sa dernière mise à jour payante.

Autant le dire, si Reaper passe le cap symbo­lique de la nouvelle version, il convient de souli­gner la façon très parti­cu­lière dont Cockos fait évoluer son logi­ciel depuis ses débuts. Extrê­me­ment produc­tif, l’édi­teur ne cesse en effet de publier des mises à jours entre deux versions qui comportent bien évidem­ment des correc­tions de bugs mais aussi et surtout des myriades de nouvelles fonc­tion­na­li­tés plus ou moins ambi­tieuses. C’est ainsi qu’en version 5.11 est arri­vée la possi­bi­lité de faire des sous-projets dans un projet, tandis qu’un éditeur de parti­tion a fait son appa­ri­tion en v5.2, que la 5.5 a apporté rien de moins que l’édi­tion spec­trale dans le logi­ciel et que la 5.97 a vu Reaper s’ou­vrir aux plug-ins ARA2… Là où la plupart des concur­rents gardent ce genre de gros morceaux pour justi­fier l’achat d’une mise à jour, Cockos fait donc montre d’une géné­ro­sité inouïe, à plus forte raison si l’on consi­dère le prix extrê­me­ment bas du logi­ciel : 225$ si vous faites plus de 20 000$ de CA par an, et 60$ si ce n’est pas le cas… ce qui est le cas de la grosse majo­rité des utili­sa­teurs, sachant en outre qu’au­cune protec­tion n’em­pêche son usage sans payer : ce n’est pas fair­play vis-à-vis des déve­lop­peurs, mais à l’heure où certaines nous polluent avec des dongles USB, c’est un geste de confiance qui donne vrai­ment envie de passer à la cais­se….

Rien que cette poli­tique tari­faire pour­rait expliquer l’en­goue­ment que suscite le logi­ciel, mais c’est surtout dans son rapport à sa commu­nauté que Cockos fait très fort car l’édi­teur est à l’écoute conti­nuelle des dési­dé­ra­tas de ces derniers, tandis que Reaper est assu­ré­ment la STAN la plus person­na­li­sable du marché : de l’ap­pa­rence du logi­ciel à quan­tité de ses fonc­tions, tout ou presque peut être changé pour s’adap­ter à l’uti­li­sa­teur, ce qui fait que l’évo­lu­tion du logi­ciel n’est pas seule­ment tribu­taire de la force de déve­lop­pe­ment de Cockos mais aussi des milliers de ressources qui émanent de sa commu­nauté d’uti­li­sa­teurs. Un mode Session à la Able­ton Live ? C’est possible. Un look à la Cubase pour faci­li­ter la migra­tion ? C’est possible. Un bouton qui, d’un simple clic, vous permet de suppri­mer tous les silences d’une prise en rajou­tant des fondus d’en­trée et de sortie sur tous les segments restants ? C’est possible. Bref, Reaper est plus qu’une STAN, c’est un envi­ron­ne­ment de travail que chacun peut a priori adap­ter selon ses goûts et ses besoins. Et c’est d’ailleurs sur le plan de l’in­ter­face et de l’er­go­no­mie que nous allons commen­cer pour faire le tour de cette nouvelle version.

Adjust can get enough

reaperadjustLa première nouveauté de cette V6 réside bien évidem­ment dans une évolu­tion du thème de base, rela­ti­ve­ment discrète mais amélio­rant sensi­ble­ment les contrastes (encore que tous les utili­sa­teurs ne soient pas convain­cus par cette évolu­tion) tandis que le logi­ciel gère désor­mais les écrans à haute réso­lu­tion type Retina. Mais c’est surtout l’ap­pa­ri­tion de Theme Adjus­ter qui s’avère inté­res­sante puisqu’il permet de gérer très simple­ment l’or­ga­ni­sa­tion graphique voir fonc­tion­nel du panneau de contrôle des pistes, des tranches du mixeur ou encore des enve­loppes. Longueur de champs texte pour le nom des pistes, taille des sliders de volume, taille et posi­tion­ne­ment des vu-mètres, fonc­tions affi­chées : il y a déjà de quoi sensi­ble­ment person­na­li­ser son envi­ron­ne­ment de travail sans avoir à rentrer dans les détails tech­niques d’un thème, avec la possi­bi­lité en outre de joueur sur diffé­rents facteurs de zoom et de stocker jusqu’à trois réglages pour chaque élément (des Layouts). Rien à dire là-dessus, c’est propre et bien executé, même si certaines fonc­tions paraî­tront anec­do­tiques voire contre­pro­duc­tive à certaines : pouvoir dispo­ser d’un facteur de zoom diffé­rent pour chaque tranche ne permet en rien de gagner en préci­sion tout en intro­dui­sant une dissy­mé­trie dans la table de mixage qui peut être gênante. On imagine bien que ce genre de fonc­tions peut trou­ver son inté­rêt pour distin­guer certaines types de tranches ou de pistes, mais ce n’est clai­re­ment pas ce qu’il y a de plus notable comme nouveauté au rayon ergo­no­mie.

Fenêtre sur plug

reaperplugsOn dispose en effet désor­mais de la possi­bi­lité d’af­fi­cher depuis la table de mixage ou le bandeau des pistes de la fenêtre d’ar­ran­ge­ment des versions minia­tures des plug-ins Cockos les plus couram­ment utili­sés en mixage : cela concerne donc ReaComp, ReaX­comp, ReaEQ et ReaFir mais aussi les diffé­rents visua­li­seurs au format JS de l’édi­teur (Spec­tro­graphe, oscil­lo­scope, analy­seur de spectre, etc.) et quelques utili­taires. Inutile de dire que cette nouvelle fonc­tion offre un bon gain de temps au mixage dans la mesure où l’on repère d’au­tant plus vite quoi est sur quelle tranche et qu’on a même plus besoin d’ou­vrir le plug pour faire une correc­tion rapide, dans la limite de préci­sion qu’offre cet aperçu minia­ture : pour mettre vite fait un coupe-bas, ça marche, mais pour mater une fréquence qui tourne avec préci­sion, autant dire que la bonne vieille inter­face du plug-in est toujours de mise. Préci­sons-le aussi : cette fonc­tion est unique­ment réser­vée aux plug-ins Cockos et il n’est pas ques­tion de dispo­ser du même aperçu avec vos Fabfil­ter par exemple.

reaper-routingEntre amélio­ra­tion graphique et fonc­tion­nelle, on dispose d’un nouveau mode d’af­fi­chage de la matrice de routing, délais­sant le tableau à double entrée pour un aperçu plus graphique avec des câbles virtuels reliant les diffé­rents éléments. Reaper prend ainsi des faux airs de Reason, et même si cet aperçu ne révo­lu­tion­nera pas le logi­ciel, force est de consta­ter qu’il est moins abstrait et pour­rait s’avé­rer inté­res­sant pour réali­ser simple­ment des multis ou encore intro­duire des modu­la­teurs à la Bitwig. Affaire à suivre donc.

Tendre bézier

On dispose égale­ment aussi de la possi­bi­lité d’uti­li­ser des courbes de Bézier pour réali­ser des auto­ma­tions de contrô­leurs conti­nus MIDI : plus besoin de juxta­po­ser des dizaines de points pour faire une courbe en cloche par exemple, deux points et une petite poignée suffisent. Bien que ce soit un ajout non négli­geable, on ne s’at­tar­dera pas trop là-dessus vu que Reaper comble plus sur ce point son retard sur la concur­rence.

On en dira autant de l’ap­ti­tude du logi­ciel à suivre dyna­mique­ment les auto­ma­tions de tempo, si complexes soient-elles, grâce à ses algos de Time Stret­ch… Encore une fois : un ajout précieux mais pas forcé­ment révo­lu­tion­naire, moins en tout cas que certaines fonc­tions appa­rues de la v5 à la V6 comme l’édi­tion spéc­trale, même si c’est préci­sé­ment sur cette dernière que nous pour­rons bascu­ler vers le versant plus critique de ce banc d’es­sai.

Fâcheuse faucheuse

Tout génial qu’il soit sur quan­tité d’as­pect, le défaut de Reaper en V6 est assu­ré­ment toujours le même qu’en V5 : à trop donner de possi­bi­li­tés de person­na­li­sa­tion à l’uti­li­sa­teur, il tourne souvent à l’usine à gaz, avec des menus qui n’en finissent plus et des options d’op­tions parfois très acces­soires, comme si les dévs ajou­taient au soft tout ce qui peut faire plai­sir à sa commu­nauté, sans se rendre compte parfois que le trop est l’en­nemi du bien. La colo­ra­tion de pistes est un bon exemple de cela : pour cette seule fonc­tion, on dispose de 4 entrées dans un sous-menu suivant que l’on veut choi­sir une couleur ou plusieurs pour une ou plusieurs pistes de façon aléa­toire ou non. Ne suffi­sait-il pas d’une unique fenêtre rassem­blant tout cela ? Toute­fois, on n’au­rait pas pu appe­ler ces diffé­rentes fonc­tions dans des macros ou des scripts, ceci expliquant cela.

reapernightmareEt notons-le : quand bien même on peut person­na­li­ser le logi­ciel pour l’adap­ter à ses préfé­rences, on a vite fait de tomber sur des pans d’in­ter­face qui n’ont rien de person­na­li­sables et qui n’ont béné­fi­cié d’au­cun soin en terme d’er­go­no­mie : dans la fenêtre « Enve­lopes for Track » par exemple, l’ac­cès des contrô­leurs conti­nus d’un instru­ment virtuel ou des effets consiste en un listage gros­sier de centaines de para­mètres avec un ascen­ceur pour s’y balla­der hori­zon­tal (les pires d’un point de vue acces­si­bi­lité). Ce n’est pas incom­pré­hen­sible en soi, et certes on dispose de boîtes de saisie pour surli­gner ou filtrer les contrô­leurs répon­dant à une suite de carac­tères, mais on a cette impres­sion d’un logi­ciel à la fois extrê­me­ment abouti sur certains aspects qui relèvent du détail et curieu­se­ment rustique sur des choses plus essen­tielles. On en dira autant des plug-ins Reaplugs, tous excel­lents mais offrant des inter­faces extrê­me­ment rudi­men­taires, sans aucune vraie hiérar­chi­sa­tion des para­mètres. C’est peu dire que la possi­bi­lité d’ap­pliquer des skins à ces derniers les rendrait autre­ment plus attrayants et intui­tifs au quoti­dien.

Pour résu­mer sur ce point, disons qu’on sent parfois que derrière cette liberté un refus d’in­ves­tir une réflexion ergo­no­mique et de faire des choix, tout en livrant des fonc­tion­na­li­tés souvent dérou­tantes sur le plan de l’uti­li­sa­tion. C’est mani­feste sur l’édi­tion spec­trale par exemple, où les contrôles s’af­fi­chant en roll over n’ont rien d’évident à comprendre au premier abord, en l’ab­sence de libellé. De fait, même si l’ou­til est parfai­te­ment utili­sable, on se sent face à un module dont le déve­lop­pe­ment n’au­rait pas été achevé. Cela n’a rien de bien grave évidem­ment, car au rythme où s’en­chainent les mises à jour, on se doute bien que cette partie du logi­ciel comme le reste va évoluer dans les versions à venir. Mais cela refroi­dira certaines utili­sa­teurs qui passe­ront toute­fois à côté d’un formi­dable logi­ciel.

Reap Reap Reap Hourra

Bien qu’ils puissent rebu­ter certaines utili­sa­teurs qui préfé­re­ront les terrains plus bali­sés et docu­men­tés d’un Cubase, d’un Logic ou d’un Pro Tools, four­nis avec autre­ment plus de contenu, tous ces défauts ne pèsent toute­fois pas bien lourd en marge des énormes quali­tés du logi­ciel dans l’ab­solu, sans même tenir compte de son prix. Évidem­ment, on rappel­lera la puis­sance des macros et des scripts qui permettent de gran­de­ment simpli­fier les tâches fasti­dieuses (et l’en­re­gis­tre­ment comme le mixage n’en manquent pas), et on louera la souplesse du moteur audio de Cockos, capable de faire se cotoyer sur une même piste de l’au­dio ou du MIDI adres­sant plusieurs instru­ments virtuels là où la concur­rence récla­me­rait quan­tité de pistes pour faire la même chose. On parlera encore de la puis­sance des Recalls et des snap­shots, des événe­ments d’au­to­ma­tions, de la gestion avan­cée du routing ou de la capa­cité du logi­ciel à géné­rer du MIDI à partir de l’au­dio… Bref, à plus d’un titre, Reaper est une tuerie qui ne vole en rien sa popu­la­rité crois­sante et ses concur­rents feraient souvent bien de s’ins­pi­rer de la façon dont Cockos travaille.

Conclu­sion

Mille nouveau­tés sont appa­rues entre la version 5 et la version 6 de Reaper, et si le logi­ciel en a profité pour combler quelques retards sur ses concur­rents (courbes de Bézier sur les contrô­leurs conti­nus, gestion globale du tempo, éditeur de parti­tion) au point de deve­nir l’un des logi­ciels les plus exhaus­tifs du marché, il n’en garde pas moins des défauts qui subsistent depuis sa toute première version : un côté geek assumé à cause de ses myriades d’op­tions et de la possi­bi­lité de le confi­gu­rer à outrance, et quelques pans réel­le­ment en friche du côté de l’er­go­no­mie. C’est dommage car il ne faudrait sans doute pas grand chose pour corri­ger cela, mais on sent qu’on n’est pas loin d’un parti pris qui fait l’iden­tité même du logi­ciel, comme si Reaper était à Cubase et Logic ce que Linux est à Windows et MacOS : un envi­ron­ne­ment de travail puis­sant et fiable, mais qui deman­dera un mini­mum d’in­ves­tis­se­ment de la part de l’uti­li­sa­teur pour en profi­ter plei­ne­ment. Il n’y a donc sans doute pas de quoi lui attri­buer les cinq étoiles d’une note parfaite, mais sûre­ment plus que les quatre étoiles et demies liées à notre système de nota­tion.

Notre avis : 9/10

Award Valeur sûre 2020
2020
Valeur sûre
Award
  • Le Theme Adjuster
  • Support du Retina
  • Enfiin des courbes de Bézier pour les contrôleurs continus
  • Le suivi en Time Stretch des évolutions de tempo
  • L'aperçu des plugs depuis le mixeur et le bandeau des pistes
  • Le nouvel affichage du routing
  • Tout ce qui est apparu depuis la V5, et pas des petites choses : édition spectrale, éditeur de partition, événements d'automation
  • Tout ce qu'on aime dans Reaper depuis ses débuts : ultra configurable, puissant, souple, léger, aux mains d'une communauté très active et vraiment pas cher !
  • Toujours ce côté usine à gaz qui demande de l'investissement
  • Quelques interfaces rudimentaires depuis des lustres et pas du tout éditables
  • Toujours pas de réelle offre côté instruments virtuels

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