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Test de l’Akai MPC Touch - Touchée par la grâce ?

7/10

La MPC, dont le tout premier modèle fut développé conjointement par Akai et Roger Linn, est sortie en 1988 et elle est, sans aucun doute, l'un des instruments les plus iconiques de ce tournant de millénaire.

Si la guitare élec­trique est le symbole du rock, la MPC porte en elle un véri­table condensé de la culture Hip-Hop en marquant, tout comme cette dernière, une véri­table rupture avec la manière même que l’on avait de faire de la musique jusque-là. Pour la première fois, en sortant du domaine expé­ri­men­tal, un appa­reil destiné à la mani­pu­la­tion d’échan­tillons enre­gis­trés offrait la même liberté créa­trice à son utili­sa­teur qu’un instru­ment de musique – statut qu’elle a d’ailleurs immé­dia­te­ment acquis – tout en se libé­rant du modèle domi­nant du clavier de piano et de ses déri­vés pour la partie inter­face.

La MPC s’est depuis décli­née en de nombreuses variantes. Elle s’est notam­ment ouverte ces dernières années au monde infor­ma­tique avec les modèles Renais­sance, Studio et Fly, prévus pour pilo­ter le logi­ciel MPC sur un ordi­na­teur déporté. Cette dernière orien­ta­tion de la gamme, délais­sant les origines ‘stan­da­lo­ne’ de l’ap­pa­reil pour se diri­ger vers des solu­tions hybrides type Maschine – ladite Maschine d’ailleurs forte­ment inspi­rée de la philo­so­phie MPC, tout se tient ! – a forte­ment fait grin­cer des dents une partie des suppor­ters de la marque, qui atten­daient avec impa­tience l’ar­ri­vée d’une nouvelle occur­rence auto­nome de leur instru­ment favori.

Ont-ils été écou­tés avec cette nouvelle version de la MPC ? Eh bien… non ! La dernière MPC en date, bien qu’elle ait repris son nom origi­nal de Music Produc­tion Center (le modèle Renais­sance s’in­ti­tu­lait offi­ciel­le­ment Music Produc­tion Control­ler…), n’est toujours pas utili­sable hors connexion à un ordi­na­teur. Toute­fois, bien que la dernière-née des MPC ne soit pas exempte de défauts, les habi­tuels détrac­teurs de la philo­so­phie hybride auraient bien tort de ne pas y jeter un œil, une oreille et d’y lais­ser traî­ner quelques doigts. Et comme, sur AF, nous n’avions pas encore présenté le work­flow typique de la série MPC auquel ce dernier modèle reste fidèle, nous profi­te­rons de ce test pour répa­rer cette lacune. Les utili­sa­teurs chevron­nés nous pardon­ne­ront, je l’es­père.

Mais débu­tons, comme d’ha­bi­tude, par un petit tour du physique de la demoi­selle.

Présen­ta­tion exté­rieure

La MPC Touch est livrée avec un câble USB, un adap­ta­teur secteur (indis­pen­sable), un petit réhaus­seur en plas­tique qui permet d’in­cli­ner la machine vers l’avant ou l’ar­rière (très bien vu), deux petits adap­ta­teurs mini-jack / MIDI DIN, un mode d’em­ploi rapide de lance­ment, un poster double-face résu­mant l’en­semble des fonc­tions du hard­ware ainsi que de la version tactile du logi­ciel MPC (ça aussi, très bien vu), et enfin un flyer conte­nant les instruc­tions de télé­char­ge­ment dudit logi­ciel qui, préci­sons-le, est compa­tible Mac OS à partir de la version 10.9 et Windows à partir de la version 8. S’ajoute à cela un bundle incluant notam­ment les excel­lents synthés virtuels Hybrid 3 d’AIR et Twist de SONI­VOX, ainsi que des banques de samples et de loops de Tool­room et Prime­loops, le tout pour une instal­la­tion complète qui occu­pera envi­ron 20 Go sur votre disque dur. A noter que le mode d’em­ploi complet, au format PDF exclu­si­ve­ment, n’existe pas dans notre langue, malheu­reu­se­ment.

Akai MPC Touch : general

L’ap­pa­reil en lui-même mesure 41 × 21 × 5 cm, potards compris. Ce que l’on remarque en premier lieu, c’est bien sûr l’écran tactile de 7 pouces multi­points. La dalle fait un peu plas­tique au toucher, mais elle réagit plutôt bien. La lumi­no­sité, réglable par deux petits boutons sur le côté, est très bonne, quelles que soient les condi­tions d’éclai­rage, et le contraste ne varie pas trop en fonc­tion de l’angle de vue adopté. Un bon point, donc. À noter que l’écran peut faire office, lorsque le logi­ciel MPC n’est pas lancé, de second écran d’or­di­na­teur. Il perd alors cepen­dant sa capa­cité tactile. À chacun de juger de l’uti­lité ou non d’un écran d’ap­point de 7 pouces.

Mais une MPC ne serait rien sans ses pads. Si, comme je le disais, la sensa­tion de l’écran tactile fait un peu plas­tique, ce n’est plus du tout le cas des pads. Akai a depuis ses nouveaux contrô­leurs MPD délaissé les carrés un peu « cheap » utili­sés pour la MPC Renais­sance et la Studio pour des pads beau­coup plus épais, à la fois sensibles aux moindres varia­tions de vélo­cité, et dont la course profonde auto­rise une excel­lente gestion de l’af­ter­touch, poly­pho­nique qui plus est. Leur épais­seur leur permet égale­ment de béné­fi­cier d’un éclai­rage laté­ral, la face supé­rieure restant occul­tée. Ceci s’avère très repo­sant à l’usage, notre œil n’étant plus agressé par les couleurs flashy des pads RGB d’ap­pa­reils concur­rents. L’in­ter­face logi­cielle s’af­fi­chant sur l’écran tactile étant elle-même assez sobre, la MPC Touch propose un envi­ron­ne­ment de travail visuel­le­ment plutôt agréable.

Akai MPC Touch : Pads

Cela n’est pas contre­dit par l’éclai­rage des autres boutons présents sur la façade de l’ap­pa­reil, dans les teintes rouge, jaune et verte. Nous retrou­vons en haut à gauche quatre boutons de sélec­tion de banques de pads, qui grâce à la touche Shift permettent d’ac­cé­der jusqu’à huit banques au total. En dessous, nous avons les tradi­tion­nels boutons de Note Repeat pour la répé­ti­tion de notes, Full/Half Level pour bloquer la vélo­cité à sa valeur maxi­male ou bien médiane, 16 Level pour propo­ser, pour un seul et même son, 16 degrés de vélo­cité prédé­fi­nis répar­tis sur l’en­semble des pads, et le bouton Erase qui permet d’ef­fa­cer une note ou l’évé­ne­ment lié à tel ou tel pad en parti­cu­lier.

Sous l’écran, nous retrou­vons la touche Shift, qui, comme partout, permet d’ac­cé­der à des fonc­tions alter­na­tives, le bouton Menu qui permet de retour­ner instan­ta­né­ment à l’af­fi­chage du menu des fonc­tions utili­sables via l’écran tactile, le bouton Main qui provoque l’af­fi­chage du mode… Main, le bouton Undo/Redo dont la fonc­tion devrait être claire pour grande majo­rité d’entre vous, le bouton Copy/Delete qui permet de copier le contenu d’un pad vers n’im­porte quel autre pad, de n’im­porte quelle banque, le Tap Tempo qui permet de taper le tempo que l’on souhaite appliquer, et de bascu­ler ensuite entre le tempo géné­ral et celui d’une séquence en parti­cu­lier grâce à la touche Shift.

Nous trou­vons ensuite les tradi­tion­nels boutons de trans­port, ainsi qu’un bouton ‘+’ et un bouton ‘-‘ qui nous servi­ront notam­ment à navi­guer dans les menus et à incré­men­ter/décré­men­ter des valeurs, pour ceux qui ne souhai­te­raient pas s’aban­don­ner tota­le­ment au tactile. D’ailleurs, dans ce même état d’es­prit, on trouve une grosse molette cran­tée comme sur les Akai Advance. Avec son pous­soir inté­gré, elle permet de navi­guer mais égale­ment de sélec­tion­ner. Il est à noter qu’elle est d’as­pect plutôt fragile : à voir sur la durée quelle sera sa capa­cité de résis­tance sachant que, comme nous le verrons, elle risque d’être beau­coup solli­ci­tée. Celle-ci se trouve en dessous d’une série de quatre enco­deurs rota­tifs non cran­tés appe­lés Q-Links et dédiés au réglage de para­mètres. S’ils semblent a priori plus solides que la molette, leur embase forme un petit puit qui sera à terme un vrai nid à pous­sière. A noter que dans le logi­ciel, les Q-Links sont au nombre total de 16, et qu’ici, c’est un petit pous­soir un peu bran­lant qui permet­tra de passer d’une banque de 4 enco­deurs à l’autre. A l’usage, quatre petits boutons – comme pour les banques de pads – auraient sans doute été plus perti­nents, mais ce n’est pas très grave.

Termi­nons avec la face arrière qui propose, de gauche à droite, un bouton on/off, la prise pour le trans­for­ma­teur, la prise USB, deux entrées jack 6.35 pour la connexion de micros (sans alimen­ta­tion fantôme) et d’ap­pa­reil à niveau ligne (mais pas phono), une prise mini-jack pour un casque, deux prises mini-jack pour les entrée et sortie MIDI, et enfin une fente Kensing­ton.

À noter que le couple d’en­trées et le couple de sorties sont tous les deux accom­pa­gnés d’un petit potard de gain, qu’on espère suffi­sam­ment solide pour ne pas s’ac­cro­cher à nos affaires dans un sac… Par ailleurs, souli­gnons que la sortie casque et la sortie prin­ci­pale sont liées entre elles, ce qui est très dommage ! D’au­tant que le soft permet d’adres­ser des sorties master sépa­rées…

Comment ça fonc­tionne, une MPC ?

Le prin­cipe de base de la créa­tion musi­cale dans le monde MPC… c’est le sample ! Celui-ci peut être affecté de base à chacun des 8 × 16 = 128 pads dispo­nibles, eux-mêmes agen­cés en tracks (pistes), qui elles-mêmes se retrouvent orga­ni­sées en séquences. Ces dernières, qui ne peuvent être jouées simul­ta­né­ment, peuvent par contre être mises à la suite les unes des autres afin de consti­tuer des morceaux entiers. Elles peuvent égale­ment être affec­tées de tempos diffé­rents les unes des autres.

Akai MPC Touch : face arrière

Pendant la lecture d’une séquence, chacune des tracks qui la composent peut être désac­ti­vée, permet­tant au musi­cien de reprendre la main à tout moment pour impro­vi­ser, repro­gram­mer les pistes et re-mixer le morceau en live. Avec le temps, et notam­ment le passage à l’in­for­ma­tique, le système a évolué. Ainsi, les géné­ra­teurs de sons ne sont plus obli­ga­toi­re­ment des samples. D’ailleurs, lesdits géné­ra­teurs sont appe­lés aujour­d’hui des Programs. Ceux-ci peuvent être de 4 natures, chacune étant acces­sible par une petite icône spéci­fique sur l’écran de la MPC Touch. Nous avons les Drums, les Keygroups, les Plugins et les MIDI Programs.

La première caté­go­rie permet d’af­fec­ter rapi­de­ment des samples (pas néces­sai­re­ment percus­sifs, d’ailleurs) à chacun des pads de la MPC, la seconde de pouvoir jouer, en plus, ces samples de manière chro­ma­tique à l’aide des pads ou encore d’un clavier externe, la troi­sième, d’uti­li­ser un instru­ment virtuel comme source sonore, et la dernière enfin permet de pilo­ter un instru­ment externe via les connec­tiques MIDI.

Akai MPC Touch : sous ecran

Pour les caté­go­ries Drum et Keygroup, on peut stocker jusqu’à 4 couches (layers) de samples pouvant être déclen­chées simul­ta­né­ment ou bien selon des règles de réponse à la vélo­cité défi­nies par l’uti­li­sa­teur. À noter que si l’on peut empi­ler des samples, on ne peut empi­ler des instru­ments virtuels, ou des modules de gestion de commu­ni­ca­tion MIDI externe (contrai­re­ment à un instru­ment rack sur Live, par exem­ple…). A noter égale­ment que les MPC disposent depuis toujours de la possi­bi­lité de sampler soi-même ses propres sons, comme nous le verrons par la suite.

Pour termi­ner, préci­sons que l’on peut défi­nir huit sous-mixes et router le signal vers 16 paires de sorties, lorsque l’on utilise une inter­face audio qui le permet. Et l’on peut, pour l’en­semble des programs, sous-mixes et sorties masters, béné­fi­cier de quatre effets de retour. Souli­gnons d’ailleurs qu’à la date d’aujour­d’hui (2/12/2015), certains petits bugs d’af­fi­chage subsistent encore, qui font que dans certaines condi­tions bien précises, les effets de retour ne s’af­fichent pas. Mais ils sont bien pris en compte sonique­ment parlant !

La MPC et le tactile

Mais ce qui fait vrai­ment la parti­cu­la­rité de la MPC Touch par rapport à ses grandes sœurs, c’est bien sûr le mode tactile. Dès que l’on allume l’ap­pa­reil, l’écran qui s’af­fiche est le mode Main, que nous verrons plus bas. Mais si l’on souhaite accé­der à toutes les fonc­tions de la bête, il vaudra mieux partir du menu prin­ci­pal, acces­sible via le bouton physique Menu ou bien en cliquant sur l’icône dans le coin supé­rieur gauche du mode Main (ou de tout autre mode, d’ailleurs). La MPC Touch auto­rise la mani­pu­la­tion de para­mètres et de données de natures très diffé­rentes, que l’on peut clas­ser en cinq grandes caté­go­ries, l’ap­pa­reil propo­sant, pour chacune d’entre elles, une méthode d’adres­sage et de mani­pu­la­tion dédiée.

Akai MPC Touch : enveloppes

Tout d’abord, nous trou­vons les para­mètres qui se présentent sous la forme d’en­co­deurs ou de faders. Puis nous avons les boutons virtuels à deux états (actif ou inac­tif), ou ceux qui permettent de cycler entre diffé­rentes propo­si­tions. Ensuite, nous avons les menus, que l’on peut faire défi­ler, mais aussi les enve­loppes, qui peuvent être dessi­nées au doigt, ou dont les valeurs peuvent être entrées de la même manière que précé­dem­ment (manuel­le­ment via le pavé numé­rique, ou bien en agis­sant sur les boutons physiques). Enfin, il y a les textes (noms de fichiers, etc.), que l’on pourra entrer grâce à un clavier virtuel. Dans la majo­rité des cas, la mani­pu­la­tion des données via la MPC Touch se fera de la manière suivante : il faudra taper un bouton virtuel pour le sélec­tion­ner, dont on pourra alors modi­fier la valeur du para­mètre en faisant glis­ser son doigt dessus, ou en action­nant l’en­co­deur Data dial ou les boutons ‘+’ et ‘-‘.

Concer­nant ces modes de modi­fi­ca­tions des para­mètres, plusieurs points sont à soule­ver. Tout d’abord, en mode pure­ment tactile, il est impos­sible de lancer un défi­le­ment des données d’une simple glis­sade du doigt sur l’écran. Quand votre doigt s’ar­rête, le défi­le­ment s’ar­rête aussi, ce qui signi­fie qu’il faut répé­ter l’opé­ra­tion autant de fois que néces­saire pour faire défi­ler de grandes quan­ti­tés de données (des listes de samples, par exemple, sur l’or­ga­ni­sa­tion desquelles nous revien­drons). Il en va de même pour le bouton Data Dial qui ne possède pas de course expo­nen­tielle. Atten­dez-vous donc à faire des tours de molette ! Quant aux boutons ‘+’ et ‘-‘, ils n’au­to­risent pas la pres­sion conti­nue ! Aaaargh ! Dans la situa­tion actuelle donc, les trois modes (tactile, via molette Data dial  ou via ‘+’ et ‘- ‘) permettent une sélec­tion précise, mais aucun ne permet de navi­ga­tion rapide à travers de grandes quan­ti­tés de données. Pareil pour la modi­fi­ca­tion de para­mètres : impos­sible d’at­teindre en un seul coup les valeurs extrêmes. Pour­tant, une manœuvre de sélec­tion impliquant un défi­le­ment rapide par glis­sade tactile ou par molette à course expo­nen­tielle, combi­née à la préci­sion de la sélec­tion par boutons ‘+’ et ‘-‘ pour fina­li­ser l’opé­ra­tion, aurait tout simple­ment repré­senté la solu­tion idéale ! Allez, Akai, mettez-nous cela à jour au plus vite !

Akai MPC Touch : XYFX

Mais pour­sui­vons la descrip­tion de l’er­go­no­mie géné­rale du système. On notera qu’un double-tap sur un objet tactile – bouton, fader, valeur numé­rique, nom de piste etc. – permet d’ac­cé­der à des fonc­tions supplé­men­taires. Dans certains cas, cela pourra se traduire par l’ap­pa­ri­tion d’un pavé numé­rique ou d’un clavier virtuel pour entrer des valeurs numé­riques ou nommer des pistes par exemple, dans d’autres, on aura droit à une version plus grande de la commande concer­née afin d’au­to­ri­ser un contrôle tactile plus confor­table. Pour les valeurs numé­riques, on pourra les ajus­ter dans le pavé numé­rique via les boutons x2 ou /2 pour multi­plier ou divi­ser les valeurs par deux. Certains pour­ront d’ailleurs trou­ver l’usage du double-tap étrange sur une inter­face tactile. En effet, nos inter­faces tactiles tradi­tion­nelles nous ont habi­tués à répondre à la solli­ci­ta­tion d’une seule frappe dans la plupart des situa­tions. Or ici, il ne faut pas perdre de vue que les concep­teurs ont voulu lais­ser la possi­bi­lité aux utili­sa­teurs de ne pas se servir exclu­si­ve­ment de l’écran tactile. Ainsi, ceux qui souhai­te­raient employer ce dernier unique­ment pour sélec­tion­ner un item avant de le modi­fier via un contrô­leur physique doivent pouvoir le faire sans pour autant acti­ver l’item en ques­tion à la première mani­pu­la­tion tactile. Person­nel­le­ment, je trouve la solu­tion choi­sie par Akai plutôt satis­fai­sante à ce niveau.

On a, enfin, les données typique­ment liées à des modes d’af­fi­chage parti­cu­liers, comme par exemple les pas de séquence dans le mode step séquen­ceur, les événe­ments MIDI dans le mode Grid (grille), ou les slices dans le mode Sample Edit, trois modes dont nous parle­rons plus en détail. Sachez juste pour l’ins­tant que ces trois modes béné­fi­cient d’un zoom que l’on peut acti­ver tacti­le­ment via les tradi­tion­nels écar­te­ment et rappro­che­ment de deux doigts.

Akai MPC Touch : q link

Dans la plupart des modes, la partie supé­rieure de l’écran comporte une barre d’ou­tils qui affiche, entre autres, le nom de la piste actuelle, de la séquence, etc. La partie infé­rieure de l’écran, quand à elle, comporte des boutons qui déclenchent les fonc­tions spéci­fiques au mode actuel­le­ment affi­ché. Si tous les boutons ne peuvent être affi­chés simul­ta­né­ment, une petite flèche montante à l’ex­trême gauche de la barre de boutons indique que des fonc­tions supplé­men­taires sont acces­sibles en main­te­nant la touche « shift » enfon­cée. A propos des boutons tactiles virtuels de cette fameuse rangée infé­rieure, il me semble impor­tant de souli­gner qu’ils sont à la fois sous-dimen­sion­nés et mal situés. Leur utili­sa­tion implique en effet de coller son doigt sur la bordure infé­rieure de l’écran, mi-sur la dalle, mi-sur le contour en plas­tique, ce qui n’est ni vrai­ment agréable, ni vrai­ment pratique. On comprend que le design de la bête ne permette pas de propo­ser une rangée de boutons physiques univer­sels sous l’écran. Mais on ne peut s’em­pê­cher de se dire qu’une telle série de boutons n’au­raient pas non plus été tota­le­ment une absur­dité, leurs équi­va­lents virtuels ne servant alors qu’à indiquer la fonc­tion spéci­fique qu’ils rempli­raient selon le mode actuel­le­ment affi­ché. Bref, j’as­sume la subjec­ti­vité totale de cette opinion.

Pour termi­ner ce bilan de l’er­go­no­mie géné­rale de la bête, je dirais que, malgré certains défauts (notam­ment de taille et d’em­pla­ce­ment de certains boutons), nous avons avons affaire à l’in­ter­face qui, parmi l’offre exis­tant actuel­le­ment sur le marché, permet le plus de se passer de souris et d’écran d’ordi, et ceci est un tour de force à mettre au compte des déve­lop­peurs de chez Akai.

L’écran Main

Comme je le disais dans l’in­tro­duc­tion de cet article, si la dernière-née de la famille MPC se distingue par son approche tactile, elle ne déroge pour­tant pas fonda­men­ta­le­ment au modèle de fonc­tion­ne­ment de ses aînées. Concrè­te­ment, comment la nouvelle-venue traduit-elle le tradi­tion­nel work­flow MPC avec la nouvelle ergo­no­mie qu’elle propose ?

Akai MPC Touch : main

Tout démarre de l’écran Main, acces­sible de deux manières : par le bouton physique du même nom en-dessous de l’écran, ou bien par son équi­valent virtuel sur l’écran tactile de la bête, symbo­lisé par une maison­nette styli­sée. Dans ce mode, nous pouvons défi­nir la séquence que l’on souhaite char­ger, les pistes dont on souhaite la consti­tuer, ainsi que la nature du géné­ra­teur de son que l’on souhaite utili­ser par piste. On peut aussi renom­mer tout ce petit monde (séquences, pistes et programmes) à sa guise, direc­te­ment sur l’écran de la MPC Touch. Il nous est égale­ment possible de copier les séquences et les tracks, afin par exemple de créer une version d’une piste à laquelle on fera subir un trai­te­ment parti­cu­lier (en lui adjoi­gnant un effet, par exemple), alors que la première version restera intacte.

Chaque séquence béné­fi­cie de plusieurs réglages possibles. On peut défi­nir ainsi un tempo géné­ral pour l’en­semble du projet, ainsi qu’un tempo indi­vi­duel pour chaque séquence, débrayable pour reve­nir au tempo géné­ral. On peut bien entendu défi­nir le nombre de mesures que l’on souhaite par séquence, ainsi que si ladite séquence doit être mise en boucle, et sur quelles mesures exac­te­ment. On peut égale­ment trans­po­ser à plus ou moins 24 demi-tons. C’est égale­ment valable pour les pistes, qui peuvent être trans­po­sées indi­vi­duel­le­ment, et dont on peut régler la longueur et le degré de réac­tion à la vélo­cité. Souli­gnons qu’au moment de char­ger des plug-ins, on peut les filtrer par type (MPC Expan­sions, le format proprié­taire d’Akai, VST, AU, etc.) et/ou par fabri­cant.

Enfin, la ligne infé­rieure de l’écran permet d’ac­cé­der aux réglages de quan­ti­sa­tion, de mise en solo ou silence de la piste, à la sélec­tion de ladite piste, et aux réglages du métro­nome. A ce sujet, j’au­rais vrai­ment souhaité que cet écran de réglages du métro­nome puisse être acces­sible via un bouton physique sur la machine, car le bouton virtuel n’est pas dispo­nible à partir de tous les modes, et cela implique des mani­pu­la­tions supplé­men­taires un peu absurdes pour une fonc­tion aussi basique que celle-là.

L’écran Brow­ser

Pour char­ger des Programs, nous devrons passer par le mode brow­ser. Mais celui-ci permet bien d’autres choses égale­ment, comme nous allons le voir immé­dia­te­ment. Tout comme Maschine de Native Instru­ments ou les MPC Renais­sance et Studio, il est non seule­ment possible de sauve­gar­der le projet en cours – à condi­tion qu’une première sauve­garde ait déjà été effec­tuée dans le logi­ciel sur l’or­di­na­teur – mais égale­ment de char­ger un projet déjà exis­tant direc­te­ment via la MPC Touch, sans avoir à recou­rir à la souris et à l’or­di­na­teur. Ce qui est par contre moins intui­tif, c’est que si vous souhai­tez char­ger un nouveau projet vierge, vous ne pouvez le faire à partir du brow­ser. Il vous faudra reve­nir dans le mode Main, cliquer sur Project puis sur New. Que cela soit acces­sible dans le menu Main, pourquoi pas, mais que cela ne le soit pas par le brow­ser est plutôt étrange.

Akai MPC Touch : browser

Les fichiers sont visua­li­sables selon 5 critères : Projects, Sequences, Programs, Samples et All. Les déno­mi­na­tions sont parlantes par elles-mêmes et je ne vous ferai pas l’af­front de détailler. Inté­res­sons-nous un instant à la gestion des fichiers liés à vos projets. Toutes les ressources liées à un projet sont sauve­gar­dées dans un dossier « project­data » corres­pon­dant. C’est dans ce dossier que vous trou­ve­rez donc vos samples, vos séquences, et vos programs, tous vos programs, qu’ils s’agissent d’agen­ce­ments de samples indi­vi­duels ou bien de plug-ins externes ! Ce qui fait que, pour n’im­porte quel nouveau projet, vous pour­rez aller récu­pé­rer, parmi vos précé­dents projets, tel drum kit confec­tionné par vos soins, par exemple, ou bien tel plug-in para­mé­tré avec tel preset, sans avoir à effec­tuer préa­la­ble­ment quelque action que ce soit. De plus, 5 dossiers par défaut sont prédé­fi­nis, repré­sen­tés chacun par un onglet. On peut modi­fier ces choix en affec­tant le dossier actuel­le­ment ouvert à l’on­glet que l’on souhaite. On enfonce la touche Shift, on tape sur ledit onglet, et le tour est joué. Plutôt pratique.

C’est égale­ment par le brow­ser que l’on passe pour accé­der au pool de samples, c’est-à-dire la réserve dans laquelle on va piocher pour créer ses propres Programs. A noter que chaque sample est bien sûr pré-écou­table. Une fonc­tion très inté­res­sante vous permet, notam­ment lorsque vous travaillez sur un projet complexe, de navi­guer au sein des diffé­rents éléments de votre projet en cours (séquences, tracks, programs ), ceci afin de retrou­ver faci­le­ment tel sample par exemple, perdu au fin fond de la cinquième track de la huitième séquen­ce… Très bien vu !

Par contre, dans les points néga­tifs, je tiens à signa­ler que le tagage des samples n’est pas d’ac­tua­lité. C’est d’au­tant plus embê­tant que les four­nis­seurs des banques d’ori­gine n’ont pas jugé néces­saire de clas­ser leurs samples dans des sous-dossiers ! La navi­ga­tion au sein de ces masses de fichiers, avec les moyens décrits plus haut qui ne permettent pas, dans l’état actuel des choses, de se dépla­cer rapi­de­ment d’un bout à l’autre d’un dossier, peut deve­nir une véri­table plaie. Il existe certes une fonc­tion Load all qui vous permet de char­ger en une seule fois tous les fichiers d’un dossier. Mais là aussi, cela ne fait sens que dans le cadre d’une orga­ni­sa­tion soigneuse de vos samples en sous-dossiers. Ce n’est en tout cas que par elle que l’uti­li­sa­tion du brow­ser, par ailleurs plutôt bien pensé, se révé­lera plei­ne­ment satis­fai­sante.

Le mode Grid

Le mode grille corres­pond au même mode que sur l’or­di­na­teur, et présente un affi­chage de type piano-roll. Selon le program dont on souhaite visua­li­ser les données MIDI, la colonne de gauche affi­chera soit, un clavier de piano pour les Keygroups, les plug-ins et pour la gestion MIDI d’un module physique externe, soit les déno­mi­na­tions indi­vi­duelles des pads dans le cas de l’uti­li­sa­tion d’un drum kit ou d’un ensemble de samples non liés chro­ma­tique­ment entre eux.

Akai MPC Touch : Grid

Dans la barre d’ou­tils supé­rieure, on a le menu Track, qui permet de faire défi­ler et d’af­fi­cher succes­si­ve­ment le contenu MIDI de chaque piste, le nombre de mesures utilisé par chacune des pistes, le comp­teur de temps, les quatre outils (dessi­ner, effa­cer, sélec­tion­ner et zoomer), et enfin le bouton de setup qui permet de choi­sir si l’on sélec­tionne tous les événe­ments d’un pad en une seule fois, et si l’on souhaite béné­fi­cier ou non du suivi de lecture pendant celle de la séquence.

La barre d’ou­tils infé­rieure permet quant à elle de choi­sir quelle action on souhaite appliquer aux notes sélec­tion­nées via les commandes habi­tuelles Data Dial et ‘+’ et ‘-‘. On peut ainsi les trans­po­ser, ajus­ter leur vélo­cité, leurs points de début et de fin des notes, ou les dépla­cer dans le temps. Pour ces trois dernières fonc­tions, une pres­sion sur le bouton « Don’t Snap » permet­tra d’an­nu­ler, le temps de la pres­sion, le magné­tisme de grille et de dépla­cer ou modi­fier sans aucune contrainte la longueur de nos événe­ments MIDI. En pres­sant la touche Shift, on obtient l’ac­cès aux fonc­tions supplé­men­taires suivantes :

  • ‘TC’ (timing correct) permet de régler la quan­ti­fi­ca­tion et offre notam­ment une une fonc­tion legato bien sympa­thique qui permet de lier instan­ta­né­ment les notes MIDI entre elles.
  • Click permet d’ac­cé­der aux réglages du métro­nome (cf l’écran Main)
  • Track +/- permet de passer de l’af­fi­chage d’une piste à celui d’une autre, en doublon du menu situé en tête de fenêtre.
  • Enfin, les fonc­tions Mute et Solo sont égale­ment acces­sibles via ce chemin-là (entre d’autres, tel que nous le verrons).
Akai MPC Touch : pad color

On peut sélec­tion­ner aisé­ment tous les événe­ments MIDI corres­pon­dant à un pad en pres­sant celui-ci. L’un des prin­ci­paux reproches que je ferais est que que la préci­sion du place­ment des notes n’est pas toujours excep­tion­nelle. De manière assez surpre­nante, c’est surtout l’ou­til d’ef­fa­ce­ment qui s’est montré capri­cieux : il m’est arrivé souvent de devoir m’y reprendre 4 ou 5 fois avant de pouvoir effa­cer une note, à tel point que main­te­nant, je sélec­tionne sur l’écran tactile et j’ef­face via le clavier d’or­di­na­teur. Pour la créa­tion de notes, d’une part le problème est beau­coup moins prononcé, et, d’autre part, il est aisé d’af­fi­ner la posi­tion d’un événe­ment MIDI grâce aux fonc­tions de dépla­ce­ment tempo­rel et chro­ma­tique décrites plus haut.

En ce qui concerne la vélo­cité, celle-ci peut être modi­fiée via la fonc­tion évoquée plus haut, ou bien en faisant appa­raître une fenêtre dédiée sous la fenêtre prin­ci­pale. On peut alors modi­fier la vélo­cité de chaque note de manière tactile ou grâce aux contrô­leurs physiques habi­tuels déjà moultes fois cités dans cet article. On peut égale­ment tracer des courbes se déployant sur l’en­semble des événe­ments MIDI repré­sen­tés. À noter que lorsque l’on saisit du doigt la partie non-colo­rée de la colonne de vélo­cité (voir photo), on peut tracer une courbe invi­sible qui agira sur l’en­semble des colonnes. Alors que si l’on saisit la partie colo­rée, la seule colonne impliquée par les mouve­ments du doigt restera celle initia­le­ment touchée. Cela permet de n’être plus contraint à autant de préci­sion dans la mani­pu­la­tion tactile et de pouvoir légè­re­ment dévier de sa trajec­toire sans risquer de passer par mégarde au réglage d’un para­mètre adja­cent.

Le mode Step Séquen­ceur

L’autre mode prin­ci­pal de jeu proposé ici est le mode step séquen­ceur. Dans ce dernier, on peut assi­gner des séquences à chaque pad indi­vi­duel­le­ment. On peut défi­nir le nombre de divi­sions tempo­relles par mesure, sachant qu’il n’y en aura toujours que 16 affi­chées à l’écran. Si une mesure en comporte plus, on pourra dépla­cer la vue par groupe de 16 pas grâce à des flèches. On peut égale­ment dépla­cer, grâce à la fonc­tion Nudge, tous les pas de séquence vers la droite ou la gauche, afin de tester de nouvelles combi­nai­sons ryth­miques. Ceci nous est égale­ment faci­lité par une série de presets, ainsi que par un petit bouton bien pratique qui permet d’ins­tan­ta­né­ment inver­ser les pas de séquence actifs et les inac­tifs.

Akai MPC Touch : step sequencer

La barre d’ou­tils infé­rieure nous donne accès à la sélec­tion des pads, à celle de la piste puis de la mesure que l’on souhaite éditer (ainsi qu’à la possi­bi­lité de la suppri­mer inté­gra­le­ment), et à la quan­ti­sa­tion. On regret­tera juste que le gros affi­chage PAD et BAR en haut à gauche de l’écran ne soit pas acti­vable, et qu’il faille se farcir ces %§#@ de petits boutons virtuels en bas d’écran, dont j’ai déjà dit tout le « bien » que je pense plus haut.

Sinon, l’acit­va­tion/désac­ti­va­tion des pas de séquence se fait très faci­le­ment, et de plusieurs manières possibles, comme globa­le­ment un grand nombre d’ac­tions effec­tuables avec cette MPC Touch. On peut bien sûr utili­ser l’écran tactile et cliquer sur le carré au bas de chaque colonne (voir photo) pour acti­ver le pas de séquence corres­pon­dant. La colonne colo­rée qui appa­raît au-dessus symbo­lise la vélo­cité, et peut être modi­fiée par glis­sade. Mais on peut égale­ment utili­ser la matrice de pads physiques, chacun d’entre eux repré­sen­tant un pas de séquence. Il suffit de les frap­per pour les acti­ver, la vélo­cité lors de la frappe étant alors prise en compte.

Enfin, il ne faut pas oublier que le mode step séquen­ceur n’est rien d’autre qu’un mode de repré­sen­ta­tion de ce qui a été enre­gis­tré. Donc tout le travail que vous aurez pu effec­tuer dans le mode Grid ou bien simple­ment l’en­re­gis­tre­ment que vous aurez pu réali­ser de votre jeu sur les pads se retrou­vera traduit égale­ment dans ce mode.

Le mode Track View

Pas grand chose à dire sur ce mode-là, qui permet d’af­fi­cher toutes les pistes d’une même séquence, avec les prin­ci­pales options (longueur de la piste, sensi­bi­lité à la vélo­cité, trans­po­si­tion, niveau, pano­ra­mique, solo et mute, métro­nome et quan­ti­sa­tion). Si ce mode est globa­le­ment pas trop mal fichu, on pourra regret­ter, là aussi, que des « gros » affi­chages restent inuti­li­sés, alors qu’on est un peu forcé d’uti­li­ser des boutons plus petits et moins acces­sibles. Ainsi, on aurait aimé par exemple pouvoir cliquer sur le numéro de piste pour la muter/dému­ter. Non, au lieu de cela, on a certes deux boutons Mute, mais tout aussi petits et mal situés l’un que l’autre.

Le mode XYFX

Il s’agit là d’un pad XY, comme son nom l’in­dique. Atten­tion, cela ne signi­fie pas que vous pour­rez l’af­fec­ter à tout et n’im­porte quoi. Le pad est réservé à l’uti­li­sa­tion sur une série de 17 effets, qui regroupent des filtres, des delays, des phasers et flan­gers, voire des combi­nai­sons entre ces diffé­rents effets. L’af­fec­ta­tion du pad XY aux para­mètres des effets est fixe, ce qui ne laisse pas une très grande liberté. On ajou­tera pour chaque effet une enve­loppe basique compo­sée des seuls para­mètres d’at­taque et de release, ainsi qu’une balance « wet/dry » pour doser la quan­tité d’ef­fet. Une fonc­tion « latch » permet de conser­ver l’état de l’ef­fet une fois que l’on retire le doigt du pad XY.

Le module Sample Edit

Ce mode permet l’af­fi­chage du sample actuel­le­ment actif, ainsi que sa mani­pu­la­tion. On peut agir, en premier lieu, sur la défi­ni­tion du début et de la fin du sample, ainsi que sur la zone de loop. On peut égale­ment assi­gner un sens à ce loop : vers l’avant, vers l’ar­rière ou aller-retour. On peut aussi faire varier la hauteur ou la durée du sample en temps réel, mais « à l’an­cienne », c’est-à-dire que les deux valeurs restent liées entre elles (on monte la hauteur du son, sa vitesse de lecture s’ac­cé­lère, et vice versa). Pour obte­nir un véri­table pitch shift/time-stretch digne de 2015, c’est-à-dire en brisant la corré­la­tion hauteur-vitesse de lecture, il faudra passer par la fonc­tion Process, qui propose des trai­te­ments qui, eux, ne sont pas en temps réel. On peut ainsi, en plus du time-stretch précé­dem­ment cité, réduire au silence le contenu situé entre les marqueurs de début et de fin, effa­cer ce même contenu, effa­cer celui situé au-delà de ces mêmes marqueurs, extraire une partie d’un sample pour l’uti­li­ser ailleurs, norma­li­ser le gain ou le modi­fer, inver­ser le sample, ajou­ter des fade-ins et outs, effec­tuer de la réduc­tion de réso­lu­tion d’échan­tillon­nage, ou bien encore effec­tuer des conver­sions Stéréo/Mono.

Akai MPC Touch : sample edit

Mais l’une des fonc­tions les plus inté­res­santes consiste dans le slicing des fichiers audio. Celui-ci peut s’ef­fec­tuer de quatre manières : manuel­le­ment, en plaçant des slices à volonté via l’écran tactile (très pratique !!!), ou bien auto­ma­tique­ment en se réfé­rant soit à un seuil de volume défini par l’uti­li­sa­teur (très utile pour détec­ter les tran­si­toires), soit selon un nombre de « régions » défini par l’uti­li­sa­teur, soit selon un certain nombre de subdi­vi­sions tempo­relles. De toute manière, quelle que soit la méthode choi­sie, les slices pour­ront être ensuite re-dépla­cées et ré-ajus­tées par l’uti­li­sa­teur.

Chaque slice peut subir les mêmes trai­te­ments qu’un échan­tillon complet, à l’ex­cep­tion du time-stretch (mais le pitch shift reste possible !), de l’ef­fa­ce­ment, de la réduc­tion de réso­lu­tion et de la conver­sion stéréo/mono. On regret­tera simple­ment que les trai­te­ments appliqués ne puissent pas l’être de manière globale ! Vous saurez de quoi je parle quand vous aurez terminé d’ap­pliquer un par un les mêmes réglages de fade-in et fade-out à chacun des 64 slices que vous venez de créer dans votre fichier… Enfin, chaque sample modi­fié, ou bien chaque slice d’un sample, peut être affecté à un nouveau pad direc­te­ment à partir de cet écran. Les slices peuvent être conser­vés dans le système comme de simples marqueurs se réfé­rant à leur empla­ce­ment dans leur fichier d’ori­gine, ou bien être trans­for­més en samples à leur tour. Globa­le­ment, ce mode est très satis­fai­sant, sauf en ce qui concerne l’im­pos­si­bi­lité d’af­fec­ter un même trai­te­ment simul­ta­né­ment à l’en­semble des slices.

Le mode Program Edit

C’est un peu le pendant du mode Sample edit, mais pour les programs de manière plus géné­rale. Il est à noter que pour l’ins­tant, ce mode n’est pas encore dispo­nible pour les keygroups sur la MPC. Mais il est présent dans le logi­ciel MPC. Le mode se présente de manières diffé­rentes selon que l’on a chargé un program Drums ou un program Plug-in. Dans ce dernier cas, il affiche les para­mètres du plug-in (ou du moins ceux auxquels les déve­lop­peurs, lorsqu’il s’agit d’édi­teurs tiers, veulent bien lais­ser accès) dans 6 pages de 16 enco­deurs chacune. On peut les action­ner via les moyens habi­tuels: tacti­le­ment, ou via les enco­deurs Q-Link, la molette Data Dial et les boutons ‘+’ et ‘-‘. Les para­mètres ne peuvent être ré-affec­tés à d’autres enco­deurs virtuels via la MPC, mais c’est possible via le logi­ciel.

Akai MPC Touch : program edit

Par contre, dans le cas de Program Drums, on a accès à des para­mètres bien défi­nis. On accède ainsi aux réglages de poly­pho­nie pour l’en­semble du program, ainsi qu’à l’ac­cor­dage par demi-ton ou centième de ton. On peut égale­ment défi­nir quels seront les pads qui devront être déclen­chés ensemble – et quel sera celui qui déclen­chera l’unis­son (par exemple, on peut défi­nir que le pad 1 déclenche aussi le pad 2, mais que ce dernier par contre peut être joué seul). C’est ici égale­ment que l’on déci­dera si le son d’un pad doit être coupé par un autre ou non.

C’est ici aussi que l’on pourra orga­ni­ser et char­ger des layers supplé­men­taires par pad et défi­nir leurs règles de déclen­che­ment et leur compor­te­ment. On pourra égale­ment régler un filtre, son enve­loppe ainsi que celle de l’étage d’am­pli­fi­ca­tion. Les deux enve­loppes pour­ront être de type AD (Attack-Decay), AHDS (Attack-Hold-Decay-Sustain) ou ADSR (Attack-Decay-Sustain-Release), bien que le mode d’em­ploi ne mentionne pas ces dernières : bizarre. Quoi qu’il en soit, ces enve­loppes sont redes­si­nables à la main, ou bien via les Q-links, ou bien encore la molette Data Dial. Bref, là encore, on appré­cie la mutli­tude de possi­bi­li­tés de contrôle qu’offre la MPC Touch.

Toujours dans le mode Program Edit, pour les Drums, on peut encore défi­nir sur quel para­mètre va jouer la vélo­cité, si le sample sera joué inté­gra­le­ment après déclen­che­ment ou bien s’il sera coupé au relâ­che­ment du pad, confi­gu­rer un LFO et choi­sir à quel para­mètre l’at­tri­buer, char­ger jusqu’à quatre inserts par pad, et défi­nir la portion de signal envoyé aux quatre effets de retour auxquels on a droit, tout cela par pad égale­ment. Ouf ! Bon, les effets de retour ne semblent pas encore dispo­nibles dans la version que je teste, mais gageons qu’une MAJ corri­gera tout ça, n’est-ce pas, Akai ? Ah oui, j’ou­bliais : si tous ces réglages sont effec­tuables par pad, ils peuvent être égale­ment attri­bués à l’en­semble des pads simul­ta­né­ment.

Les modes Sampler et Looper

Rien de parti­cu­lier à dire sur eux, leurs noms expriment clai­re­ment leur fonc­tion. Le premier permet d’en­re­gis­trer ses propres samples, à partir d’une source externe ou bien même en ré-enre­gis­trant des séquences ou des samples internes. Autre fonc­tion toujours inté­res­sante, même si pas spécia­le­ment nouvelle ni origi­nale : on a la possi­bi­lité de déclen­cher l’en­re­gis­tre­ment à la détec­tion de signal entrant, ou d’un certain volume de signal entrant.

Akai MPC Touch : sampler
Akai MPC Touch : looper

Le looper, quant à lui, permet d’en­re­gis­trer de l’au­dio en boucle et en over­dub, c’est-à-dire sans effa­cer ce qui vient d’être précé­dem­ment enre­gis­tré. On peut le synchro­ni­ser à une séquence préa­la­ble­ment créée. Mais il ne peut enre­gis­trer que des signaux externes.

Aussi bien au sampler qu’au looper, on peut ajou­ter quatre effets qui seront enre­gis­trés en audio en même temps que le signal. Ils ne pour­ront dont pas être reti­rés après-coup.

Les modes Pad Mute et Track Mute

Là non plus, rien de parti­cu­lier à dire sur eux : ils permettent de réduire au silence ou de « réveiller » les pads ou les tracks indi­vi­duel­le­ment.

Les modes Pad Mixer et Chan­nel Mixer

[illus­tra­tion : pad mixer.jpg]

Ses deux modes sont très semblables, sauf qu’ils s’adressent, comme leurs noms l’in­diquent, respec­ti­ve­ment au pads et aux canaux. Dans le mode Pad mixer, on pourra choi­sir le Program sur lequel on souhaite agir, alors que dans le mode Chan­nel mixer, on agira de manière plus géné­rale sur les tracks, les programs dans leur ensemble, les retours, les sous-mixes et les masters. Chaque pad virtuel repré­sente alors, selon les modes, le pad d’un program ou bien un program entier, une track, etc. La ligne de boutons virtuels infé­rieure défi­nit chaque para­mètre que l’on peut pilo­ter, tels que le volume, le pano­ra­mique, etc. La modi­fi­ca­tion de ces para­mètres sera affec­tée à une colonne d’en­co­deurs Q-link par ligne de pads. Si l’on souhaite agir simul­ta­né­ment sur les volumes de deux éléments non situés dans la même rangée, pas de panique : le second élément pourra être sélec­tionné manuel­le­ment et piloté par la molette Dial Data pendant que le premier le sera par son bouton Q-link dédié. Le tout pourra être enre­gis­tré via des auto­ma­tions. Ces dernières, par contre, ne pour­ront être éditées en détail que dans le logi­ciel, la MPC Touch n’en permet­tant pas (encore ?) l’édi­tion.

Akai MPC Touch : channel mixer

On peut alors défi­nir pour chacun son volume, son pano­ra­mique, 4 inserts diffé­rents que l’on pourra char­ger aussi bien parmi les effets internes du logi­ciel MPC que parmi ceux d’édi­teurs tiers, des retours (mais qu’il m’a été pour l’ins­tant impos­sible de char­ger, la fonc­tion ne semblant pas être implé­men­tée à l’heure où j’écris ces lignes, tout comme d’autres sur lesquelles nous revien­drons plus loin). On peut char­ger jusqu’à 4 inserts par pad, plus 4 autres par programs.

A tous ceux qui sont habi­tués à une vue de type table de mixage, la présen­ta­tion sous forme de matrice de pads pour chaque élément de mixage pourra sembler un peu dérou­tante au début. Mais rassu­rez-vous, on s’y fait vite. On regret­tera seule­ment que le mode Pad mixer ne s 'applique pas aux plug-ins, même pas à ceux édités par InMu­sic (proprié­taire d’Akai, et de studios de déve­lop­pe­ment de modules virtuels tels qu’Air Music, qui four­nit le bundle logi­ciel). Dommage.

Les modes Next Sequence et Song

Akai MPC Touch : next seq

Ces deux modes auraient, à mon sens, pu être rassem­blés en un seul, leur seule fonc­tion étant de nous permettre de mettre nos séquences bout-à-bout pour en faire une chan­son, qui n’est pour l’ins­tant expor­table que via le logi­ciel. Si l’on peut faire en sorte que les séquences s’en­chaînent immé­dia­te­ment, à la fin de la mesure courante ou bien à la fin de la séquence active, il est regret­table qu’il n’existe pas de moyen de les enchaî­ner comme avec le mode « legato » d’Able­ton Live, c’est à dire de faire commen­cer la séquence suivante à la même subdi­vi­sion tempo­relle que celle à laquelle on inter­rompt la séquence précé­dente.

Dans l’état actuel des choses, si l’on peut effec­ti­ve­ment faire s’in­ter­rompre la première séquence aux 3 / 4 d’une mesure par exemple, la séquence suivante commence obli­ga­toi­re­ment au premier temps de sa première mesure. On n’a pas la possi­bi­lité de la faire commen­cer aux 3 / 4 de celle-ci. Dommage, car cela permet­trait des enchaî­ne­ments parti­cu­liè­re­ment inté­res­sants.

Le mode Pad Perform

Ce mode permet de défi­nir les notes envoyées par les pads, de les orga­ni­ser par gammes, et même de produire des accords auto­ma­tique­ment. Ces derniers pour­ront être des triades mineures ou majeures, des accords de septième mineurs, majeurs ou de domi­nante, et des accords de sus2 ou de sus4. Les gammes pour­ront être majeure, mineure natu­relle ou harmo­nique (mais pas mélo­dique…), penta­to­nique majeure ou mineure, blues, flamenco, gypsy, hongroise, persane, bebop majeure, par tons, chro­ma­tique, plus tous les modes dorien, phry­gien, etc.

Le mode Pad Color

Ce mode permet de défi­nir de manière assez précise le compor­te­ment colo­ri­mé­trique des pads selon les diffé­rents contextes de jeu.

Eh bien là, je suis bien ennuyé, car ces deux modes ne sont pas encore implé­men­tés dans la MPC Touch, et Akai ne peut encore donner de date de sortie de la MAJ qui vien­dra répa­rer cela ! Donc, wait and see ! Mais bon, à 700 euros la machine, ça fait un peu mal quand même !

Conclu­sion

Et c’est d’ailleurs le prin­ci­pal reproche que j’au­rais à faire à ce produit, et plus parti­cu­liè­re­ment à l’équipe marke­ting d’Akai, reproche qui va d’ailleurs se trans­for­mer en coup de gueule. Quand on sort un produit à 700 €, on s’ar­range pour le sortir terminé. Pas avec des fonc­tions qui affichent un bête écran « coming soon » ! Qu’ils aient des impé­ra­tifs commer­ciaux à respec­ter, soit. Mais vouloir abso­lu­ment sortir un produit pour Noël, quand on affiche un magni­fique « Profes­sio­nal » en-dessous du nom de l’en­tre­prise, c’est à la limite du contre­sens. Les profes­sion­nels du son n’en ont rien à faire de Noël dans ce cadre-là, ils veulent un appa­reil qui soit opéra­tion­nel, point ! Quitte à patien­ter un peu plus. Dans l’état actuel des choses, le marke­ting d’Akai fait juste passer les tech­ni­ciens de l’en­tre­prise pour des cloches, ce qui est à mon sens très injuste au vu du travail qu’ils ont fourni.

Akai MPC Touch : coming soon

En effet, on peut saluer la MPC Touch comme étant la solu­tion hybride actuelle qui permet le plus de se passer du recours à l’écran et à la souris, sans parler du clavier d’or­di­na­teur qui devient lui aussi inutile, les opéra­tions de nommage de fichiers, séquences, tracks, etc. se faisant via un clavier virtuel. Un effort énorme a été fait pour repen­ser inté­gra­le­ment pour le tactile toute l’in­ter­face du logi­ciel MPC, afin de retrou­ver toutes les fonc­tions du soft dans un format adapté à cette nouvelle ergo­no­mie. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que cela fonc­tionne, même si certains choix peuvent sembler étranges (navi­ga­tion fasti­dieuse dans les dossiers char­gés ou les grosses banques de sons, absence de bouton physique pour les options de métro­nome, boutons virtuels au bas de l’écran pas toujours hyper acces­sibles, sorties casque et prin­ci­pale non-indé­pen­dantes), ou que certains petits bugs subsistent encore.

Donc, mesdames et messieurs du marke­ting d’Akai, respec­tez un peu plus vos clients et le travail de vos équipes tech­niques, s’il vous plaît ! Dans l’état actuel des choses, nous ne pouvons malheu­reu­se­ment pas mettre une note supé­rieure à 3,5, note que nous trans­for­me­rons très certai­ne­ment lorsque les fonc­tions annon­cées, mais pour l’ins­tant absentes, seront implé­men­tées.

  • Akai MPC Touch : general
  • Akai MPC Touch : Pads
  • Akai MPC Touch : q link
  • Akai MPC Touch : face arrière
  • Akai MPC Touch : XYFX
  • Akai MPC Touch : pad mixer
  • Akai MPC Touch : browser
  • Akai MPC Touch : sous ecran
  • Akai MPC Touch : sample edit
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  • Akai MPC Touch : Grid
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  • Akai MPC Touch : program edit
  • Akai MPC Touch : sampler
  • Akai MPC Touch : next seq
  • Akai MPC Touch : Menu
  • Akai MPC Touch : enveloppes

 

Notre avis : 7/10

  • La refonte complète – et globalement réussie – du logiciel MPC pour le tactile
  • La possibilité de bénéficier, pour la majorité des actions, de plusieurs modes de contrôle
  • La possibilité de se passer réellement du recours à l'écran d'ordinateur et la souris... et même au clavier !
  • La grande qualité des pads, sensibles à la vélocité et l'aftertouch polyphonique
  • L'absence de certaines fonctions annoncées, sans que leur date d'implémentation ne puisse être précisée
  • Le design des encodeurs Q-Link et de leur bouton de sélection de banques
  • Molette Data Dial qui semble un peu fragile
  • Pas de possibilité, pour l'instant, de naviguer rapidement à travers les banques et dossiers (bonjour les tours de molettes)
  • La non-indépendance de la sortie principale et de la sortie casque

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