Vous allez bientôt vous attaquer à la recherche de dates. Mais si vous décrochez un concert demain, avez-vous tout le matériel nécessaire pour l'assurer ? Dans les lieux où vous serez amené à jouer, certains seront équipés et vous n'aurez que vos instruments à apporter. Mais dans de nombreux cas, il vous faudra trouver vous-même toute la sonorisation. Avant de voir de quoi vous allez avoir besoin, nous allons faire aujourd'hui un point sur les bases de la sonorisation.
Qu’est-ce que le son ?
Le son est une vibration des matériaux et notamment de l’air. Quand une corde de guitare vibre, elle génère des différences de pression de l’air qui sont perçues par notre oreille. Celle-ci transmet l’information au cerveau qui la traduit en son. Quand le son se diffuse dans l’air, sa puissance diminue en fonction de la distance. On remarque aussi qu’on entend très bien un son faible dans un environnement silencieux alors qu’il va devenir inaudible dans un environnement bruyant. Or, les gens sont bruyants. Restez seul dans une pièce et vous entendrez certains sons faibles (comme le bruit de radiateurs ou encore de la circulation à l’extérieur). Remplissez-la de gens, même calmes, et les sons, auparavant audibles, sont désormais noyés dans le bruit ambiant. Le principe de base de la sonorisation consiste donc à capter des sons et à les diffuser à plus forte puissance pour qu’ils soient audibles par un grand nombre de gens dont certains éloignés de la source, et ce, même si l’environnement est bruyant.
Les éléments de la sonorisation
Le Shure SM58, un micro dynamique pour le chant souvent utilisé sur scène |
La source : c’est le son qu’il faut diffuser vers le public. Par exemple une voix, une guitare, un instrument électronique, une batterie… On différenciera les sources acoustiques qui nécessitent d’être captées par un micro pour être transformées en signal électrique et les sources électriques qui donnent directement un signal… électrique. Les premières comprennent les voix et tous les instruments acoustiques (guitares, contrebasses, violons, percussions, etc). Les secondes les instruments électriques (guitares et basses électriques ou électro-acoustiques, synthés et machines électroniques, batteries électroniques, etc.)
Les micros servent à capter les sources acoustiques pour les envoyer dans le circuit de diffusion. En gros, un micro est un appareil qui utilise des variations magnétiques (électro-aimants) pour transformer les différences de pression de l’air générées par le son en signal électrique. Dans le cas des guitares électriques, c’est directement le mouvement des cordes en métal devant des aimants qui génère ce courant. On trouve deux grands types de micros : les statiques et les dynamiques. Les dynamiques sont moins précis (moins sensibles), mais ils sont plus solides et coûtent moins chers à fabriquer. Toutes ces raisons font que ce sont les micros les plus utilisés sur scène. Les statiques délivrent un son plus précis. C’est pourquoi ce sont les rois en studio. Ils nécessitent une alimentation (la fameuse « fantôme » ou « Phantom » ou 48V). On les utilise toutefois beaucoup sur scène, notamment pour capter les instruments au son riche comme des pianos, les cordes, etc. Ils servent aussi pour les overhead de batterie. Enfin, sachez qu’il existe de plus en plus de micros statiques pour le chant sur scène. Ce sont des micros « à main » ressemblant à un classique micro chant dynamique. Ce qui détermine la qualité d’un micro n’est pas qu’il soit statique ou dynamique. Il faut juste choisir le bon micro pour la bonne application.
Préamplificateur
Une console Mackie |
Les micros, qu’ils soient pour les sources acoustiques ou ceux de guitares/basses électriques ou électro-acoustiques, délivrent une tension très faible (quelques millivolts). Avant de lui appliquer d’autres traitements et pour lui permettre de circuler en étant moins sensible à des perturbations, il faut donc augmenter la tension de ce courant. C’est le rôle des préamplis qui vont permettre de lui appliquer un « gain ». Ceux-ci peuvent être autonomes (en racks ou boîtiers), intégrés dans un combo guitare (ou basse) ou intégrés dans la console ou table de mixage. Ce sont des deux derniers cas que vous devriez le plus rencontrer dans un premier temps.
Dans une console, la préamplification est ce qu’on appelle « l’étage de gain ». Notez que pour des questions de compatibilité, vous ne pouvez pas rentrer directement le signal venant d’un instrument électrique dans une console. Surtout en ce qui concerne les guitares et basses. Il est nécessaire de passer par un boîtier appelé boîte de direct ou « DI » (prononcer à l’anglaise : « dit aïe ») qui va adapter le signal au format accepté par l’entrée micro de la console. S’il y a peu de longueurs de câble, vous pouvez brancher les instruments électroniques récents sur les entrées ligne. Mais s’il y a de grandes longueurs ou que ces instruments sont anciens, il faut aussi les passer par une DI.
Les traitements : il est rare qu’on utilise le son « naturel » tel qu’il est envoyé par le micro. On le fait généralement passer par plusieurs types de traitements et effets dont voici les plus courants…
Les égaliseurs
Egaliseur graphique Behringer |
Ceux-ci permettent d’atténuer ou d’augmenter certaines bandes de fréquences. Les plus basiques sont les coupe-bas (ou passe haut) qui atténuent fortement tout ce qu’il y a sous une fréquence donnée et laissent passer ce qu’il y a au-dessus. Une console est généralement munie de coupe-bas sur les entrées micro. Souvent réglé sur 75 Hz, il permet de supprimer des fréquences non essentielles sur la plupart des sources (ce qui libère de la puissance pour les amplificateurs) et surtout de couper les éventuelles ronflettes générées par le courant à 50 Hz. On trouve également des égaliseurs à deux (grave et aigus), trois (graves, médiums, aigus) ou quatre (graves, bas-médiums, haut-médiums, aigus) bandes. Beaucoup sont à fréquences fixes et ne permettent que de baisser ou monter une bande de fréquences (la fréquence centrale de cette bande est indiquée sur le bouton). C’est souvent le cas sur les amplis de guitare. On trouve également des semi-paramétriques qui permettent de choisir la fréquence centrale de la bande que l’on veut atténuer ou augmenter. Sur les petites consoles que vous utiliserez, vous trouverez probablement des égaliseurs avec un coupe-bas, graves et aigus fixes et les médiums en semi-paramétriques. Enfin, sur de plus grosses consoles (ou des racks dédiés), on trouve des égaliseurs « full » paramétriques. Ceux-ci permettent choisir les bandes de fréquences à régler, mais également la largeur de ces bandes de fréquences.
Egaliseur paramétrique TL Audio |
Les égaliseurs cités servent principalement à travailler le son de chaque source. On trouve également des égaliseurs graphiques qui servent surtout à régler l’ensemble du son mixé, notamment pour l’adapter à l’acoustique de la salle. Un égaliseur graphique comporte des petits faders à la place de boutons rotatifs et généralement beaucoup plus de bandes de fréquences qu’un paramétrique (à partir de 7 et jusqu’à 48 ou plus), mais ces fréquences sont fixes. Un égaliseur graphique permet, pour peu qu’il comporte un nombre de bandes suffisant, de corriger rapidement une fréquence précise, ce qui est notamment pratique pour supprimer un larsen lié à une résonance de la salle.
L’utilisation d’un égaliseur est délicate. On peut vite dénaturer le son. On va l’utiliser pour surtout pour faire ressortir les fréquences importantes pour chaque source en atténuer les fréquences non significatives pour libérer de « l’espace » pour les autres instruments. Le réglage des égaliseurs nécessiterait un livre entier. S’il n’y a qu’une chose à retenir, c’est le principe « less is best » (moins, c’est mieux). Si une source est « bouffée » par les autres, plutôt que de monter exagérément une ou plusieurs fréquences de cette source, baissez des fréquences sur les autres éléments du mix.
Les traitements dynamiques
Ceux-ci jouent sur le niveau sonore. Le plus connu, courant et utile (voire nécessaire) est le compresseur. Son rôle est de diminuer la dynamique du son en réduisant les écarts entre les sons les plus faibles et les plus forts afin que les sons les plus faibles restent audibles et que les plus forts ne cassent pas les oreilles du public. Contrairement à la croyance populaire, un son plus dynamique donne un volume sonore moyen plus faible. Au contraire, le travail de compression qui réduit la dynamique permet de donner un son plus présent, au volume moyen plus élevé. Vous ne pourrez probablement pas avoir des masses de compresseurs à disposition. Il faut affecter ceux que vous avez à (dans l’ordre décroissant de priorité) la voix lead, la basse, la caisse claire et la grosse caisse (si vous sonorisez la batterie, ce qui est rarement nécessaire dans les petites salles). Les compresseurs sont utilisés aussi bien pour les différentes sources que pour le mix général. Si vous débutez en son, je vous recommande de ne pas en mettre sur le général, le réglage étant dans ce cas particulièrement délicat. On met souvent sur la sortie générale (avant amplification) un type particulier de compresseur qu’on appelle un limiteur. Son rôle est d’empêcher les sons de dépasser un certain seuil. Cela sert notamment à protéger la partie amplification/diffusion contre des surmodulations qui pourraient endommager les haut-parleurs et faire saturer les amplis. Dans une petite sono, il est rarement nécessaire. Il suffit de faire un peu attention.
Réverbe 480L de Lexicon |
Dans les traitements dynamiques, on trouve également les noise gate (littéralement : porte de bruit). Cet appareil sert à couper le signal dès que le volume descend sous un certain seuil. Il empêche bruit de fond et souffle de passer quand ils ne sont pas couverts par le volume de l’instrument. Un noise gate est largement optionnel dans le cas d’une petite sono. Par contre, sous forme de pédale, il est pratiquement obligatoire pour un guitariste ou un bassiste qui a une chaîne d’effets importante.
La réverbe
Cet effet simule l’acoustique d’une pièce réverbérante et laissant le son « rebondir » sur ses parois. À ne pas confondre toutefois avec un délai qui est un écho produisant des répétitions détachées et assez distinctes de la source alors qu’une réverbération renvoie un son beaucoup plus complexe et riche où ces réflexions forment un son volontairement « confus » et mélangé. Une réverbe est nécessaire : elle évite que sorte des enceintes un son artificiellement sec et sa présence embellit les sources, notamment les voix. Sans compter qu’elle aide les chanteurs à mieux s’entendre et donc mieux placer leur voix.
Conclusion
Chaque petite partie de ce dossier pourrait faire l’objet d’un livre entier. Il n’est évidemment pas de notre propos de les détailler ici et il ne vous est pas forcément nécessaire de les connaître sur le bout des doigts pour assurer correctement une petite sonorisation. Je vous encourage cependant fortement à en apprendre un peu plus, notamment sur l’égalisation et la compression. Vous trouverez sur AudioFanzine (et ailleurs) des dossiers traitant de ces sujets en particulier. Dans le prochain volet, nous verrons la console ou table de mixage, les enceintes et les liaisons (câbles, prises, etc.).