Trois ans après la sortie de son premier synthé analogique, IK récidive avec une série pro survitaminée dans de nombreux domaines. Voyons les progrès accomplis…

Clavier ou membrane ?
Le second est un modèle desktop à profil en L couché (comme le UNO Synth d’origine) avec membrane capacitive, intégrant un mini-clavier statique 32 notes (do à sol) et 2 bandes verticales (pitchbend et modulation). Il mesure 33 × 15 × 5 cm et ne pèse que 700 g. La membrane répond convenablement et on apprécie les nombreuses diodes intégrées, qui permettent de visualiser en temps réel les réglages des molettes et les notes jouées. La construction est cette fois tout en plastique, ce qui rend la machine moins robuste mais encore plus facile à transporter. Les autres composantes (moteur audio, commandes, connectique) sont communes aux deux modèles.
Ergonomie améliorée
L’écran affiche le nom des programmes, le paramètre en cours d’édition et sa valeur… bien pratique, sauf dans la matrice de modulation où on ne peut voir en même temps le numéro de routage, la source, la destination et la quantité de modulation (nous avons suggéré à IK d’améliorer ce point dans une future mise à jour, c’est sur la liste). En plus de ces commandes, on trouve des boutons pour la transposition sur +/- 2 octaves, l’appel de paramètres alternatifs essentiellement liés au séquenceur (pas très visibles par faible luminosité), l’écriture en mémoire, le tempo, le mode de voix (legato, mono, paraphonique), le maintien de note, le mode d’édition (global, programme, Song, arpégiateur, séquenceur), le transport du séquenceur et une rangée de 16 boutons lumineux pour sélectionner les programmes ou éditer les pas du séquenceur. C’est beaucoup plus complet que sur le UNO Synth d’origine !
Connectique complète
Restent la prise micro-USB (Midi, mise à jour du firmware) et la borne d’alimentation électrique. Sur le modèle clavier, il s’agit d’une borne circulaire pour bloc secteur externe 5VDC/3A fourni. Sur le modèle desktop, il s’agit d’une seconde prise micro-USB, nécessitant l’utilisation d’une puissance suffisante (un ordinateur par exemple) ou l’acquisition d’une alimentation idoine 5VDC/1,5 A minimum, puisqu’aucune n’est fournie. IK propose sur son site une banque de puissance adaptée de 10 000 mAh, créditée d’une autonomie de 4 heures. Nous ne sommes pas trop fans des prises micro-USB pour les alimentations, elles peuvent facilement sauter, d’autant qu’aucun système n’est prévu pour sécuriser l’ancrage du cordon. Ah, cette fois, pas de piles…
Panoplie sonore
Ce qui frappe d’entrée, c’est le niveau sonore élevé et l’absence de bruit de fond notable ou d’effet marqué de porte de bruit. C’est un net progrès par rapport au UNO Synth, dont la sortie audio n’était pas des plus propres. L’écoute des différents programmes fournis permet de voyager dans différents territoires sonores : basses analogiques pesantes, pads polyphoniques évolutifs large bande, séquences EDM déjantées, pêches de cuivres, timbres FM typiques, ambiances métalliques, drones, percussions très percussives. Bref, on sent que les VCO ont du caractère (un peu cracra, même, avec çà et là des apparitions d’harmoniques parasites, ce qui change des synthés trop propres), que les filtres sont variés, que les enveloppes savent claquer quand il le faut et que le séquenceur en a sous le pied. On remarque que le VCF1, emprunté au UNO Synth, ne ferme toujours pas complètement le signal quand la fréquence de coupure est réglée au minimum, ce qui n’est pas le cas du VCF2 que l’on peut heureusement placer en série. On remarque également qu’une section effets a été ajoutée, combinant plusieurs types de traitements simultanés, avec des chorus amples, des délais synchronisés et différentes réverbes parfois excessives. Le synthé est capable de passer de sonorités analogiques douces à des choses plus brutales, avec de belles saturations naturelles analogiques ou des choses plus trash. Bref, il se révèle très polyvalent, avec une qualité sonore bien distinctive.
Ondes variables
On peut directement éditer la fréquence, l’onde et le niveau des trois VCO. Pour limiter le nombre de commandes, le réglage de l’accordage est particulier : quand on part de la valeur centrale (désaccordage nul à Midi), on commence par les réglages fins (centièmes), puis on passe aux demi-tons (jusqu’à deux octaves), tout ça avec le même potentiomètre, dans les deux directions. L’encodeur permet alors de prendre le relai au centième de demi-ton, bien vu ! Tant qu’on parle d’accordage, signalons l’existence de 15 tempéraments clavier et d’un portamento (avec modes temps constant ou vitesse constante). Il est possible de faire interagir les VCO : synchronisation par le VCO1 des VCO2 et/ou VCO3, FM exponentielle des VCO2 et/ou VCO3 par le VCO1, modulation en anneau du VCO2 par le VCO1. Bref, c’est très complet et une fois de plus bien plus puissant que sur le UNO Synth.
Filtres combinables
Ces dernières ont une précision de 512 pas pour une tessiture de 20 Hz à 22 kHz, ce qui évite les effets d’escalier audibles. Elles peuvent être modulées directement par une enveloppe dédiée (commune, mais avec des quantités de modulation bipolaires séparées) et le suivi de clavier (-200 à +200 %, accessible via le menu). Le reste se fait par la matrice de modulation, nous en reparlerons plus tard… Le VCF2 atteint l’auto-oscillation lorsque la résonnance dépasse 105 sur une échelle de 128 valeurs. En sortie de filtre, on trouve un circuit de drive analogique constitué de deux diodes, apportant une saturation asymétrique très musicale, dosable dans la section effets. Le signal peur alors traverser le VCA, où il est directement modulable par une seconde enveloppe ADSR dédiée, avant de rejoindre la boucle d’effets.
Matrice de modulation
Le UNO Synth Pro enfonce le clou grâce à une matrice de modulation à 16 cordons. Pour chaque cordon, on choisit une source, une destination, une quantité de modulation bipolaire et un temps d’apparition (0 à 10 secondes, accessible via le menu). Cela se fait aisément avec les 4 potentiomètres en tête des colonnes et la rangée de 16 touches. Parmi les sources, la vélocité, la pression, la molette de modulation, le suivi de clavier, le Gate du clavier, l’entrée CV, l’entrée Gate, la fréquence et le niveau de chaque oscillateur (pas courant comme source), le bruit, les fréquences de coupure/les résonances/l’espacement des filtres (pas courant non plus), les LFO (onde et fondu), les enveloppes, les entrées CV/Gate (-2,5 à +2,5 V) et certains paramètres du séquenceur (accent, Gate, liaison). Parmi les destinations, la fréquence/la forme d’onde/le niveau de chaque VCO, la quantité de FM des VCO2 et VCO3, le niveau de bruit, les fréquences/les résonances des VCF, l’espacement des fréquences de coupure, la forme d’onde de chaque LFO (pas courant), la vitesse de chaque LFO, les quantités de modulation de chaque enveloppe (deux valeurs pour les filtres et une pour l’ampli), la quantité de drive, le niveau de sortie de chacun des trois effets, les sorties CV/Gate (0 à 5V), l’accent du séquenceur et les 16 cordons de modulation (un cordon peut en moduler un autre). Certains réglages absurdes ne sont pas possibles, comme la valeur de fréquence du VCO1 modulant la fréquence d’un autre VCO (car ce n’est pas de l’audio ici).
Trois effets
Il y a cinq types de délai : mono, stéréo, doubleur, pingpong et LCR. Les temps sont libres ou synchronisés au tempo (différentes divisions sont disponibles, séparés pour les côtés L et R le cas échéant). Le temps total maximal est de 1 000 ms, à partager entre les différents canaux traités suivant le type de délai. On peut aussi régler le feedback (nombre de répétitions) et filtrer les hautes fréquences pour adoucir le son répété. Les résultats obtenus sont satisfaisants, que ce soit de simples délais ou des ambiances stéréo plus étoffées. Enfin, la réverbe offre quatre algorithmes : hall, plate, reverse et ressort. On peut régler le prédélai (0 à 200 ms), la taille, le temps et le filtrage des hautes fréquences. Les résultats sont bons, on peut obtenir des ambiances variées, moyennant quelques va-et-vient dans le menu, pour peu qu’on ne surdose pas trop le signal traité au-delà de 30 %, sinon la réverbe devient vraiment trop envahissante. Nous avons suggéré à IK d’ajouter des paramètres d’effets dans la liste des destinations de la matrice de modulation, cela a été pris en considération.
Séquences mouvementées
Le séquenceur reprend intégralement les fonctionnalités du UNO Synth, avec quelques améliorations : déjà il passe à 64 pas (4 pages de 16) ; ensuite, il peut enregistrer des accords (en lien avec le mode paraphonique) ; enfin, on peut le transposer au clavier sur +/- 12 demi-tons en temps réel. On aurait aimé pouvoir aller au-delà de l’octave, mais c’est déjà pas mal. On trouve trois sens de lecture : avant, arrière, et pendulaire. Donc pas de lecture alternée avec répétition des pas extrêmes ni de lecture aléatoire. Il existe différents modes d’enregistrement : pas-à-pas, temps réel et édition pas-à-pas. En enregistrement pas à pas, on entre les notes, la durée (0,0 à 64,0), la vélocité (0 à 127), le temps de Gate (0 à 10), la liaison avec le pas suivant, l’accent et la valeur de n’importe quel paramètre de synthèse (une quarantaine), tout cela pour chaque pas. En enregistrement temps réel (sur un cycle), on active le métronome et on joue les notes souhaitées en tempo ; idem pour les mouvements des paramètres de synthèse qui sont alors enregistrés en continu. La vélocité jouée est prise en compte (avec un clavier externe pour le modèle desktop). Enfin, en édition pas à pas, on sélectionne le pas ciblé et on entre directement la valeur des paramètres à changer, via les touches dédiées et le menu. On peut aussi copier, coller et supprimer un pas donné. Un séquenceur solide !
Pour terminer, il existe un mode Song qui permet de chainer jusqu’à 64 séquences. Chaque pas correspond à un numéro de programme au choix et sa séquence jouée une seule fois selon sa durée initiale. À la fin d’un pas, le programme suivant est appelé et sa séquence enchaînée, jusqu’à ce que le dernier pas défini pour la Song soit atteint. La Song repart alors au début. C’est une bonne idée, dommage qu’il n’y ait qu’une seule Song en mémoire permanente.

- 01 Filtered Bass00:40
- 02 Driven Pulse00:35
- 03 Reverb Pad00:48
- 04 String Machine00:29
- 05 Staccato Chords00:34
- 06 Brass Stabs00:27
- 07 Aciiiiid Bass00:46
- 08 Basse Maison00:48
- 09 Dirty Organ00:17
- 10 Contra Bass00:15
- 11 Bass & Snare01:09
- 12 Taurus Bass00:39
- 13 Sync Echo00:51
- 14 Sync Solo00:27
- 15 Perky Percu00:34
- 16 Analo Choir00:30
- 17 The Air01:07
- 18 Saved Prayer01:05
- 19 FM Mess00:47
- 20 End Title00:47