AAS renouvelle son synthé analogique virtuel, en ajoutant VA-2 à son nom. Il ne s’agit pas, bien entendu, du seul changement. Revue de détail.
VA. Utilisé comme suffixe ou préfixe suivant les éditeurs, cet acronyme est censé garantir la véracité du logiciel (ou de la technique embarquée dans un synthé numérique hardware, telle la synthèse VA-1 pour les séries K et PC signées Kurzweil) en termes de comportement analogique (VA, pour Virtual Analog ou Analogue). Parfois, c’est plus ou moins caché, intégré dans le nom, comme dans le cas d’un des plus récents synthés logiciels, et des plus convaincants, le Diva de u-he (Diva pour Dinosaur Impersonating Virtual Analogue, test ici).
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Évidemment, l’habit ne fait pas le moine, ici le nom le réalisme. Applied Acoustic Systems avait proposé il y a quelques années un très intéressant synthé façon analogique, tout simplement (mais pas humblement…) Ultra Analog (on trouve parfois la mention VA-1, mais elle n’est pas visible sur l’interface). Les promesses pour l’époque étaient bien tenues, malgré une configuration qui paraît assez anodine en regard des possibilités offertes aujourd’hui, aussi bien dans le monde matériel que dans celui du logiciel.
Champion de la modélisation physique avec son fer de lance Tassman (maintenant en version 4), AAS a su décliner plusieurs instruments reprenant la technique maîtrisée, en la rendant plus abordable et immédiate, tels les Chromaphone, Lounge Lizard ou Ultra Analog première et deuxième versions. Voyons ce qu’apporte la dernière mise à jour de ce dernier.
Introducing Applied Acoustics Systems Ultra Analog VA-2
L’éditeur propose le logiciel sous trois formes, complète à 149 $, updates depuis la première version à 29 $ et depuis Ultra Analog Session (une version limitée du synthé), à 49 $ (soit à peu près 109, 21 et 36 euros). D’un point de vue compatibilité et formats, Ultra Analog VA-2 peut être installé sur Mac ou PC, offrant une version autonome et les plugs Audio Unit, VST, RTAS et AAX. Première grande modification, le passage au 64 bits qui permet enfin de se passer des différents bridges disponibles suivant les logiciels hôtes.
Installation et autorisation en ligne via le numéro de série (deux autorisations possibles par numéro, merci) ne posent aucun problème. Ne reste plus qu’à voir et écouter ce qui se cache sous la nouvelle interface graphique.
Intégration et changements
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Évidemment, le premier constat à l’ouverture est le changement d’interface graphique. Elle rejoint en cela l’apparence et l’organisation mises en place sur Chromaphone et apparemment installées depuis Lounge Lizard 4. La taille de la fenêtre est la même, l’organisation en trois fenêtres aussi. La gestion de la partie supérieure reste semblable (voir aussi encadré), celle des effets est celle du LL4 (voir test ici), c’est-à-dire EQ, Comp et Reverb fixes (mais débrayables) et deux emplacements permettant un choix entre neuf effets, chacun disposant d’un ensemble de réglages très complet. L’éditeur a ajouté un Vintage Chorus réussi, permettant de travailler suivant trois modes, Chorus, Flanger 1 et 2. Voici un premier exemple sonore, sans puis passant par les trois modes selon différents réglages.
La page Play regroupe tous les réglages de jeu (étonnant, non ?), concernant la polyphonie (32 maxi), les modes et comportements (mono, unisson, stéréo, legato, etc.), le vibrato et son potard de réponse à la molette de modulation (bien vu), ainsi que l’arpégiateur qui est un des gros bénéficiaires de cet update, grâce à une présentation beaucoup plus claire, notamment du point de vue des pas programmables. Les tout petits carrés de la première version n’étaient en effet pas un modèle d’ergonomie. La fenêtre présente aussi des boutons d’activation et des rotatifs pour les fonctions les plus évidentes des effets qui, rappelons-le, bénéficient d’une page dédiée. Grand perdant de l’update : le module Recorder, qui permettait d’enregistrer en audio ce qu’on jouait en temps réel.
Production sonore
La présentation globale des éléments de production sonore (le synthé proprement dit) a changé, certaines fonctions renommées, d’autres placées dans des modules différents (dont l’origine remonte de toute façon à Tassman), mais le fonctionnement et le routing semblent identiques à la première version : deux oscillos à quatre formes d’ondes (Saw, Sine, Square et Noise), avec PW, Sync, mode Slave et Sub, deux filtres résonants multimode, multipente (LP, BP, Notch, HP, For « pour formant » 1, For2, deuxième et quatrième ordres), avec Drive inclus (six types de saturation), suivi de clavier et taux d’action de l’enveloppe, un générateur de bruit, deux amplis séparés, deux LFO, deux enveloppes de volume, deux enveloppes pour le filtre (toutes les enveloppes disposent d’un très bien vu réglage Time, qui prend le pas sur le Sustain si désiré, permettant ainsi de faire chuter le son tout en gardant la touche appuyée), le tout offrant un accès aux fonctions les plus communes et un Advanced Settings, affichant toutes les fonctions. On salue aussi l’arrivée d’un deuxième filtre formantique.
C’est plutôt clair et bien fait, même si l’on perd le bénéfice du survol immédiat de toutes les fonctions, parfois pratique. Là, il faut naviguer d’onglet en onglet, ce qui prend plus de temps, surtout quand on s’évertue à manipuler, en pestant après un possible bug, un réglage qui ne procure aucune action, et pour cause, puisque l’on n’est pas sur le bon onglet, ou que le petit voyant vert d’activation du module quasi illisible sur fond gris n’est pas allumé. Ah, de la nécessité des contrastes dans le graphisme…
La banque apparemment reconduite dans son intégralité (pas eu le temps de tester les centaines de présets) bénéficie d’un apport de 110 présets signés Richard Devine.
À titre de comparaison, voici quelques présets comparés après vérification de l’identité de réglages, version 1 d’abord.
On notera quelques différences (très légères) dans les aigus, et l’action « adoucissante » du Vintage Chorus, ainsi qu’une gestion différente des transitoires suivant l’utilisation ou non du compresseur. Pour finir, quelques exemples de sons signés Devine.
Bilan
Ultra Analog VA-2 restera familier aux utilisateurs de la première version, malgré les changements cosmétiques, induisant parfois une rapidité moindre dans le sound design. L’apport du nouveau filtre et du Vintage Chorus se fait entendre, ainsi que celui des autres effets, dont l’EQ et le compresseur.
Certains choix sont difficilement compréhensibles, et on n’aime pas le fait d’avoir un limiteur en sortie qui ne peut être débrayé ; l’intention est bonne, quand on fait de la recherche, il arrive assez souvent que des pics assez violents se produisent, mais il est bien aussi de pouvoir avoir la main sur ce type de traitement. Autre reproche, et malgré un Midi Learn très simple à mettre en œuvre, aucun programme ne dispose d’une assignation d’aftertouch. Il faudra le faire soi-même, mais sans possibilité de limiter la plage d’action.
L’UA VA-2 profite du savoir-faire en termes de modélisation de son éditeur (pas d’aliasing, dynamique totale sans palier, etc.), et s’il ne peut égaler la polyvalence de Diva, et la spécialisation de Monark, il n’en demeure pas moins un excellent synthé de recherche, qui sonne, avec une consommation CPU acceptable et à un tarif somme toute raisonnable. Que demander de plus ? Une démo ? Elle est téléchargeable sur le site de l’éditeur…
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