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On Refait le Patch #20 : Test du Spectrasonics Omnisphere 2 - Des ronds dans l’Orb

9/10
Award Valeur sûre 2015
2015
Valeur sûre
Award

Si savoir se faire attendre implique une quelconque équivalence en termes de qualités, nul doute que la version 2 d’Omnisphere doit être parée de nombre d’entre elles. Pour en avoir le cœur net, faisons le tour du logiciel.

Dans le monde du logi­ciel, certains éditeurs semblent être passés maîtres dans la gestion des attentes du consom­ma­teur, et de (l’éven­tuelle) frus­tra­tion qui peut en décou­ler. « Ah, je n’ar­rive pas à finir ce son, si seule­ment j’avais la nouvelle version de… (placer le nom de tel ou tel logi­ciel), je suis sûr que j’y arri­ve­rais rapi­de­ment.  ». Même si cela semble exagéré, ce type de réac­tion est entendu assez fréquem­ment, du moins parmi les personnes pensant que l’ou­til prime sur les idées. Reste que, dans le respect des règles du marché, nombreux sont ceux à créer des attentes. On avait pesté en son temps contre Apple, qui avait mis quatre ans à nous propo­ser une mise à jour sérieuse de son logi­ciel, mise à jour atten­due non pour soif consu­mé­riste de nouveau­tés, mais parce que les défauts, bugs et problèmes étaient nombreux et connus depuis fort long­temps.

En est-il de même avec Omni­sphere ? Non. Conçu comme une sérieuse évolu­tion d’Atmos­phere, le précé­dent synthé multi­tâche de Spec­tra­so­nics, avec quand même une nette spécia­li­sa­tion dans les sons évolu­tifs, les nappes riches ou éthé­rées, Omni­sphere s’était imposé comme un produit parfai­te­ment maîtrisé, que l’on aime ou pas le prin­cipe utilisé. Les prin­cipes, devrions-nous dire, puisque de nombreux utili­sa­teurs ne se sont servis (et ne se servent toujours) que de la partie à base d’échan­tillons, oubliant que le logi­ciel offre une partie synthèse assez mahousse, n’ayant pas grand-chose à envier aux ténors du genre, voire les battant sur leur propre terrain grâce à des fonc­tions inédites ou implé­men­tées de façon incroya­ble­ment claire et effi­cace.

Par effet quasi­ment inverse, l’at­tente d’une nouvelle version était moti­vée par la curio­sité, un apport de nouveaux samples ou fonc­tions, mais rien qui a priori améliore de façon signi­fi­ca­tive un logi­ciel déjà parfai­te­ment auto­nome.

Voici donc, sept ans près, une éter­nité dans le monde logi­ciel (éter­nité plus un mois, l’édi­teur ayant retenu les versions envoyées à fin de tests, comme motivé par une quel­conque peur d’une infor­ma­tion empê­chant la vente massive dès la sortie…), la version 2 d’Om­ni­sphere. Que propose-t-elle ?

Intro­du­cing Spec­tra­so­nics Omni­sphere

Machine de test

MacPro Xeon 3,2 GHz
OS 10.10.3
Spec­tra­so­nics Omni­sphere 2.0.3d
Logic Pro X 10.1.1

Quatre solu­tions sont propo­sées pour l’ac­qui­si­tion du logi­ciel, toujours via l’On­line Tech­shop (peuvent pas dire Store comme tout le monde ?) ou en direct auprès des reven­deurs (l’im­por­ta­teur histo­rique, Univers Sons, semble avoir été écourté). L’achat sans upgrade coûtera 399 euros. L’up­grade Stan­dard, pour les posses­seurs d’Om­ni­sphere 1, leur en coûtera 249 $. À noter que les utili­sa­teurs d’At­mos­phere peuvent passer à Omni­sphere 2 pour la même somme. Puis l’up­grade VIP, destiné aux posses­seurs à la fois d’Omni­sphere 1, Trilian et de Stylus RMX, revien­dra à 199 $. Enfin l’up­grade est gratuit pour les clients ayant acheté Omni­sphere 1 entre octobre 2014 et mai 2015.

Une fois les diffé­rentes démarches effec­tuées dans le store (la boîte pour un achat sans upgrade s’achè­tera chez un des reven­deurs agréés), on instal­lera le « Omni­sphere 2 Upgrade Down­load Mana­ger », qui permet­tra de télé­char­ger les 20 Go et quelques de données, présets, formes d’ondes, échan­tillons, ce qui pren­dra le temps que permet votre connexion inter­net, l’in­té­rêt étant que l’on peut couper et reprendre quand on le souhaite, à l’état où le télé­char­ge­ment en est. L’adop­tion d’un tel gestion­naire rejoint une atti­tude que l’on retrouve chez de nombreux éditeurs, sauf que celui de Spec­tra­so­nics ne permet qu’un seul et unique télé­char­ge­ment complet : on a donc inté­rêt à sauve­gar­der rapi­de­ment (et plusieurs fois) le contenu ainsi télé­chargé.

Spectrasonics Omnisphere 2

Cepen­dant, conscient de l’évo­lu­tion de l’en­vi­ron­ne­ment infor­ma­tique (dispa­ri­tion des lecteurs optiques de nombreuses confi­gu­ra­tions), Spec­tra­so­nics compte mettre en place un système de vente sur disque dur (à la façon East­West) et par télé­char­ge­ment (pensez simple­ment que l’ori­gi­nal est fourni via huit DVD…). L’au­to­ri­sa­tion s’ef­fec­tue via un simple numéro de série, merci Spec­tra, mais elle dépend d’un certain nombre de choses au niveau des dossiers, et il vaut mieux suivre à la lettre les instruc­tions. On peut instal­ler le logi­ciel sur plusieurs bécanes, l’in­ter­face de l’édi­teur deman­dant simple­ment de justi­fier le pourquoi des instal­la­tions supplé­men­taires).

Quoi de neuf, docteur ? 

Spectrasonics Omnisphere 2

Évidem­ment, ce qui était à la fois attendu et promis par l’édi­teur est l’im­port de fichiers audio. Chose promise, chose due. Mais il faut dissi­per tout de suite les malen­ten­dus : Omni­sphere 2 ne trans­forme pas Omni­sphere 1 en échan­tillon­neur de la mort qui tue… Non, loin de deve­nir un équi­valent de Kontakt, Mach­Five ou HALion, Omni­sphere 2 se « contente » d’im­por­ter un son pour en tirer une forme d’onde qui sera ensuite utili­sée comme maté­riau de base dans les oscil­la­teurs offerts par le logi­ciel. Pas de stretch, donc une lecture clas­sique de l’échan­tillon (sauf à l’uti­li­ser avec le moteur granu­laire, on y revien­dra), de plus en plus rapide à mesure que l’on monte dans les aigus. Voici une note de piano droit, puis sa lecture à diffé­rentes octaves une fois impor­tée. 

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On l’en­tend, la lecture reste assez propre à toutes les octaves. Je n’ai pas rencon­tré de problèmes parti­cu­liers à l’im­port (atten­tion, Wave ou Aif seule­ment, mono ou stéréo, de 8 à 32 bits), comme il n’y a ni resam­pling, ni analyse pour synthèse addi­tive, l’au­dio importé reste intact. On peut rensei­gner les hauteurs dans les tags du fichier (dans un éditeur externe) ou dans le nom même du fichier, toujours un gain de temps lors de l’im­port.

Évidem­ment, pour tout ce qui est boucles, loops ryth­miques, la fonc­tion n’a pas grand inté­rêt, puisqu’un tempo sera accé­léré ou ralenti avec effet de chan­ge­ment de hauteur (et les marqueurs doivent être inclus, Omni­sphere 2 ne permet­tant pas d’en ajou­ter et/ou reti­rer). Mais n’ou­blions pas que pour ça, l’édi­teur propose Stylus RMX qui gère toutes ces problé­ma­tiques de façon très effi­cace.

Synth harmo­nie et la FM

On l’a dit, Omni­sphere 2 n’est pas un sampler, mais un synthé. Et là, il faut dire que l’édi­teur nous gâte. Aux possi­bi­li­tés déjà assez poin­tues de type synthèse sous­trac­tive offertes par la première version sont ajou­tées de très sérieuses amélio­ra­tions aux quelques outsi­ders qu’étaient la FM, la synthèse granu­laire et les réglages d’Uni­son et Harmo­nia (ces trois derniers regrou­pés sous l’on­glet Mult dans la version 1).

Spectrasonics Omnisphere 2

Commençons par ce dernier : il s’agit d’un proces­seur d’har­mo­nies, qui permet de créer jusqu’à quatre voix simul­ta­nées en plus de la première note jouée. Ces quatre voix peuvent acti­vées, ampli­fiées, trans­po­sées, désac­cor­dées et placées dans l’image stéréo indé­pen­dam­ment. On dispose d’un mix entre note d’ori­gine et harmo­nie(s), ainsi que de présets auxquels on peut rajou­ter les siens. La program­ma­tion est très rapide.

Voici un exemple autour de la note de piano déjà impor­tée (aucune modi­fi­ca­tion de type filtrage, modu­la­tion, etc., pour le moment). Une seule note est donc jouée à la base, et l’ac­cord résulte des réglages d’Har­mo­nia.

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Rajou­tons-un peu de qualité, en para­mé­trant une réponse du filtre et de l’am­pli­tude à la vélo­cité, et en plaçant deux-trois effets par dessus.

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Jusque-là, on reste dans les possi­bi­li­tés déjà présentes dans la première version. Mais l’édi­teur a ajouté une partie lorsque l’on utilise l’Os­cil­la­tor en mode Synth, qui permet de sélec­tion­ner quatre formes d’ondes diffé­rentes par harmo­nie (celle en cours dans l’os­cillo, ou à choi­sir dans le menu offert), de modi­fier indi­vi­duel­le­ment leur forme, symé­trie et synchro et de modi­fier la phase de l’en­semble.

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 Un rappel, on n’uti­lise pour le moment qu’un seul Layer, sans effet, avec un filtre.

Du grain, et tutti quan­tique !

Spectrasonics Omnisphere 2

Autre amélio­ra­tion notable, celle de l’Uni­son (huit voix maxi­mum), qui n’of­frait à l’époque que désac­cor­dage fin et gros­sier, chan­ge­ment d’oc­tave, profon­deur et largeur, et qui gagne deux nouveaux contrôles Analog (chan­ge­ments aléa­toires de hauteur et de phase) et Drift (le déca­lage de hauteur entre les voix de l’Uni­son).

Un exemple de synthé mono avant et après passage par l’Uni­son.

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FM et Ring se voient eux aussi dotés de nombreux para­mètres supplé­men­taires, notam­ment de forme, de symé­trie et de synchro, et surtout la possi­bi­lité de choi­sir libre­ment la forme d’onde du modu­la­teur, parmi toutes celles dispo­nibles dans le synthé.

Toujours sur le même synthé, un exemple de Ring Mod.

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Puis de FM.

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Spectrasonics Omnisphere 2

Mais le plus inté­res­sant reste le moteur granu­laire, sérieu­se­ment étoffé. Car c’est grâce à lui que l’on va pouvoir tirer profit des sons impor­tés. Bien entendu, cette synthèse sera aussi mise à profit (et l’est déjà) dans les nouveaux présets four­nis (plus de 4500 programmes et Sound­Sources). Pour en savoir plus, se réfé­rer aux articles de newjazz, notam­ment cette page et celle-ci.

Reve­nons zaux grains. On peut main­te­nant mani­pu­ler à loisir leur hauteur, leur durée, leur forme dyna­mique et leur posi­tion dans l’image stéréo, en dispo­sant de huit voix par Layer.

Voici plusieurs exemples, repre­nant le son à base de notes de piano. D’abord l’ac­cord joué, puis les trai­te­ments, faisant appel d’abord au réglage Speed, qui permet des effets de time stretch, selon diverses posi­tions qui condi­tionnent l’ordre et la vitesse de lecture des grains (j’ai arrêté l’ac­cord avant sa fin natu­relle, qui semblait infi­nie…).

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En jouant sur Posi­tion, on déter­mine quelle partie du sample est jouée, avec des effets de Time Freeze, le tout (comme pour le réglage Speed) dépen­dant aussi des para­mètres Grain Depth, Inten­sity, Spread, etc.

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Spectrasonics Omnisphere 2

Rappe­lons encore une fois, que l’on n’uti­lise qu’un seul Layer, sans aucun effet…

Évidem­ment (ah ?), la tota­lité des para­mètres peut être auto­ma­ti­sée, résul­tant ainsi dans des effets très parti­cu­liers si dési­rés. Voici l’ac­tion de plusieurs LFO sur diffé­rents para­mètres du moteur granu­laire, cette fois-ci avec la même note char­gée dans les deux layers, et toujours le même accord (et toujours pas d’ef­fets, simple­ment le para­mètre Crush légè­re­ment actif).

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En prenant d’autres Sources dans les Layers et en ajou­tant un effet ici et là, on obtient par exemple ce genre de choses.

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Seule chose à laquelle prêter atten­tion : plus on sophis­tique les réglages et auto­ma­tions de para­mètres du moteur granu­laire, et plus la jauge CPU monte, monte, monte… D’au­tant que l’on peut parfois addi­tion­ner les éléments de synthèse (quand ce n’est pas possible, le petit voyant bleu sous le moteur des diffé­rentes synthèses passe au rouge).

Bilan 

Un seul article comme celui-ci ne suffi­rait pas à dérou­ler toutes les nouveau­tés et fonc­tions d’Om­ni­sphere 2. D’abord la nouvelle inter­face, bien plus grande (parfois trop, car il n’y a aucune option de redi­men­sion, ou de masquage du nouvel onglet de navi­ga­tion à gauche) et les nombreuses amélio­ra­tions de pages de synthèse : Ring Mod, FM et autres moteurs de trai­te­ments béné­fi­cient tous d’un écran ou plusieurs affi­chant formes d’ondes, spirales granu­laires, etc. Une aide bien­ve­nue.

Le navi­ga­teur est lui aussi très bien conçu, dans l’es­prit de ce qui se fait depuis quelques années partout : caté­go­rie, modèle, type, genre, etc., et le système de Tags lors de sauve­gardes, d’en­ri­chis­se­ment des carac­té­ris­tiques d’un son fait gagner beau­coup de temps. Ajou­tons-y l’ef­fi­cace Sound Match, qui permet d’af­fi­cher des sons censés être proches de celui utilisé au moment de la recherche.

Le très effi­cace Orb est toujours aussi inté­res­sant, et un moyen très ludique de produire du son : lancer la boule dans la spirale, c’est rigo­lo… Plus sérieu­se­ment, asso­cié à un Omni TR sur iPad (connexion immé­diate sans soucis, seul reproche, la fenêtre d’au­to­ri­sa­tion de connexion entrante qui s’ouvre systé­ma­tique­ment lorsque l’on ouvre Omni­sphere 2 dans Logic Pro X, malgré la vali­da­tion du pop-up), Omni­sphere 2 est un plai­sir à pilo­ter live, grâce au Live Mode et au Stack Mode.

Les 25 (25 !) nouveaux effets ajoutent encore à la palette sonore du logi­ciel, et les colla­bo­ra­tions effi­caces avec Nomad Factory ou le déve­lop­peur de l’ImpOs­car (Jon Hodg­son, créa­teur ici du Power Filter) pour les précé­dents logi­ciels sont complé­tées par des effets déve­lop­pés par Over­loud, résul­tant en de très belles simu­la­tions d’am­pli. L’In­ners­pace ou le Thrift­shop Spea­ker, qui semblent être des logi­ciels de convo­lu­tion, permettent aussi des choses très inté­res­santes (rêve : dispo­ser du Thrift­shop sous forme de plug-in sépa­ré…).

Les amélio­ra­tions appor­tées à l’ar­pé­gia­teur, les nouveaux sons et formes d’ondes (20 Go de contenu supplé­men­taires, rappe­lons-le), et tout le reste (voir la page nouveau­tés sur le site de l’édi­teur) ajoute à la sensa­tion que Spec­tra­so­nics, éditeur rare au sens où il ne présente un produit nouveau que très rare­ment, a encore réussi son coup. En fait, ce n’est ni une sensa­tion, ni une impres­sion, c’est une réalité : Spec­tra­so­nics a encore réussi son coup. Bravo messieurs.

 

 

 

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Notre avis : 9/10

Award Valeur sûre 2015
2015
Valeur sûre
Award
  • Absolument tout sauf...
  • ... pas de Standalone
  • Pas de manuel fourni autrement qu’en ligne
  • Pop-up d’autorisation de connexion entrante systématique avec Logic
  • Attention au CPU

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