S’il y a bien un guitariste qui a su toucher et influencer ses pairs par son jeu, sa sonorité et son caractère, c’est Eddie Van Halen. Véritable virtuose de la 6 cordes, ce musicien permanenté a très largement contribué à l’essor d’un nouveau courant musical et de sa production. Le son de sa guitare est aussi célèbre que lui et c’est ce grain si caractéristique que Carl Martin a cloné dans la Panama.
Eddie in a box
Le fabricant danois Carl Martin, établi depuis 1990, a su proposer des effets analogiques de qualité utilisés par de nombreux professionnels. De Pete Thorn à Joe Bonamassa en passant par Tim Pierce et Andy Timmons, les guitaristes de tous horizons jouent sur des effets Carl Martin. La marque a souhaité offrir une pédale qui développe le son de guitare typique des années 80 et popularisé par un certain Eddie Van Halen. La concrétisation de ce projet a pris la forme d’une pédale baptisée Panama, sortie en mars 2019.
So-Cal
Le son de guitare ayant participé à l’essor du hard rock est véritablement né en Californie du Sud dans les années 70. La scène locale Glam Metal avec les groupes comme Mötley Crüe, WASP ou encore Kiss a largement contribué au développement d’un son caractéristique. L’obtention de cette sonorité typique est passée par l’utilisation quasi systématique des amplis Marshall outrageusement modifiés. On garde à l’esprit les différents ingénieurs électroniciens comme Lee Jackson qui ont développé des amplis basés sur ces têtes Marshall disposant de davantage de gain. Zakk Wylde et Paul Gilbert, entre autres, étaient d’ailleurs de grands utilisateurs des amplis Lee Jackson. Dans ce contexte sonore de la fin des années 70 sort le premier album d’Eddie Van Halen, véritable OVNI dans le paysage musical de l’époque. Le guitariste a su développer un son nouveau et immédiatement reconnaissable, à l’aide des outils dont il disposait. À l’époque, Eddie utilisait des amplis Marshall Super Lead Plexi qu’il alimentait par l’intermédiaire d’un boîtier dénommé Variac. Ce dernier permettait de varier la tension d’alimentation de l’ampli de façon à le « sous alimenter ». Cette sous-alimentation électrique de l’ampli aboutit à une sonorité typique que l’on baptisera plus tard « Brown Sound ». C’est ce célèbre « Brown Sound » que Carl Martin a souhaité reproduire avec la pédale Panama. Le nom de la pédale est emprunté à un morceau phare de Van Halen figurant sur le sixième album du groupe : 1984, sorti en… 1984.
Hot-Modded
Carl Martin a eu une démarche très pragmatique pour concevoir la Panama et la faire sonner de manière authentique. Depuis quelques années a débarqué la mode des « amp in a box » (littéralement « ampli dans une boîte »), ces pédales qui transforment le son clair sur lequel elles sont appliquées en un tout autre son. La marque danoise a d’ailleurs largement contribué à l’essor de ces pédales avec la Plexi Tone, véritable classique du genre. Carl Martin, en vrai puriste, a donc développé un circuit entièrement analogique, comme tous ses produits, répondant à la dénomination « Hot Modded Brittish Overdrive ». Tout est dit. On comprend bien que la Panama génère des sonorités très British, à la manière des amplis Marshall des années 70/80.
La pédale est très compacte et reprend le design des pédales Purple Moon et Atlantic Chorus de la marque. Les fiches jack sont situées sur le dessus, ce qui facilite grandement l’insertion de la pédale sur un pédalier déjà chargé. Le boîtier est bicolore, le panneau supérieur est argenté et le reste de la pédale est peint en noir. Le châssis en métal inspire confiance et solidité, tout comme les potards. Au nombre de quatre, ces derniers ajustent respectivement le niveau de l’effet, le taux de saturation, la tonalité et le « damping » (amortissement en français). En développant la pédale, Carl Martin a constaté qu’en augmentant la saturation, le son devenait brouillon et un peu baveux, comme sur de nombreux amplis, d’ailleurs. Le potard « damping » permet de resserrer les basses et de conférer au son un côté plus tranchant et moins baveux. C’est une fonction vraiment intéressante pour sculpter l’overdrive avec précision et lui donner le caractère que l’on souhaite. À l’image des amplis EVH 5150 MkIII utilisés désormais par de très nombreux groupes ayant besoin d’un gros son de guitare (le groupe Gojira en est un parfait exemple), la Panama peut certes développer le son typique inventé par Eddie Van Halen, mais aussi d’autres sons. En ajustant simplement le niveau de gain, on peut aller d’un très léger crunch à une saturation franche, riche et épaisse. Le potard Damping est très bien conçu et permet de donner du caractère à l’overdrive en réduisant ce côté baveux dégagé par les fréquences basses.
California Love
En jouant la pédale pour la première fois, ce qui frappe d’entrée de jeu est le réalisme du son et son dynamisme. On pourrait croire qu’on joue sur un ampli saturé et non pas sur une pédale. La marque a intégré un transformateur de courant au circuit de la pédale de façon à la faire fonctionner sous douze volts. La transformation s’effectue dans la pédale qui reste alimentée en neuf volts. Cette utilisation d’une tension plus élevée permet à la Panama de développer davantage de dynamique et un caractère très organique. La pédale réagit d’ailleurs très bien aux diverses sollicitations du guitariste. Les variations d’attaque sur les cordes ainsi que les éventuelles manipulations du potard de volume feront réagir la pédale différemment.
Le son de la Panama est très convaincant. Le grain British est ici bien reproduit et on reconnaît le caractère tranchant et assez aigu du son d’Eddie Van Halen. On s’essaie même sur les riffs les plus classiques du maestro. Le réglage de tonalité permet d’adapter la pédale aux différents amplis en face desquels elle se trouve et réagit bien. On peut aller d’une sonorité très lointaine et un peu étouffée à quelque chose de beaucoup plus ouvert et plus présent. Bien que les sonorités de la Panama soient directement inspirées des enregistrements de Van Halen et des sons de guitare de cette époque, la pédale est capable de bien plus et possède une vraie personnalité. Les sonorités générées par la Panama sont très inspirantes. Le fait que la pédale se comporte de manière très saine, sans baver et avec un bon équilibre en fréquences est un vrai point positif. Le réglage se fait très rapidement, on atteint sans difficulté le son souhaité. La course des 4 potards est assez longue pour offrir à la pédale une belle diversité de sons. Le réglage Damping est assez subtil, mais fait une vraie différence en termes de jeu. Le jeu de paume est alors beaucoup plus sec et précis. Bien que ce potard resserre les basses, ces dernières n’en sont pas moins présentes. Les réglages fonctionnent tous de manière interconnectée : en variant le niveau de saturation, on aura envie de resserrer ou d’épaissir un peu les basses et donc de revoir le réglage de tonalité également.
- Strat RI’6201:25
- Tone Sweep00:52
- Damping Sweep01:29
- Gain @ 12o’clock01:39
- Max Gain01:43
- Crunchy00:44
- With drums00:45
Chapeau Panama
Avec la Panama, Carl Martin a clairement réussi son pari. La pédale sonne vraiment bien et elle est très agréable à jouer. Les sonorités qui en sortent sont organiques et très authentiques grâce à sa conception entièrement analogique. L’utilisation d’un transformateur qui élève la tension à douze volts permet à la pédale d’être très dynamique et réactive. Facile à utiliser, fiable et efficace, la Panama apparaît comme une valeur sûre si on est à la recherche de ce son si spécifique et, jusqu’alors, pas facile à obtenir.