Nous poursuivons aujourd'hui toujours notre harmonisation du standard de jazz Summertime de George Gershwin.
Il s’agit de nous plonger encore davantage dans les arcanes de l’harmonisation. Vous voyez que nous nous éloignons petit à petit de notre première proposition, qui semble de plus en plus simpliste au vu de ce vers quoi nous nous dirigeons progressivement. Nous avons dans les articles précédents commencé à intégrer de manière plus poussée les substitutions d’accords, en cherchant à peupler les parties du morceau qui nous semblaient un peu « vides » harmoniquement parlant. Nous allons progresser encore dans cette voie.
Structuration du morceau
Mais pour cela, il nous faut nous pencher encore davantage sur la structure même de notre morceau. Nous avions défini dans l’article 91 que celui-ci se divisait en deux grandes parties qui s’articulaient au niveau des mesures 9 et 10. Or chacune de ces parties se subdivise elle-même en deux autres. Ainsi, on peut facilement reconnaître une deuxième phrase musicale dans la première partie à partir des notes Mi et Do de la mesure 5 qui forment une sorte de levée. Dans la seconde grande partie du morceau, c’est au niveau des mesures 13 et 14 que se situe la transition vers la dernière phrase musicale, mais nous nous y intéresserons plus tard.
Pour l’instant, revenons à la première partie. Nous voyons donc que la toute première phrase musicale du morceau s’achève au niveau de la mesure 5. Nous pouvons alors procéder ici comme nous l’avons fait pour la fin de phrase musicale de la mesure 9, c’est-à-dire renforcer le La mineur par une cadence parfaite. Nous divisons donc ici par 2 la durée de l’accord de La mineur de la mesure 4 et introduisons un accord de Mi dominante 7 afin d’accentuer la sensation de fin de phrase musicale sur la mesure 5. Voici ce que cela nous donne concrètement :
Le retour des dominantes secondaires
Nous avons maintenant rendu cette partie plus animée, mais nous pouvons aller encore plus loin. En effet, à présent que nous avons marqué la fin de la première phrase, nous pouvons tout aussi bien accentuer le début de la seconde. La mesure 7 est occupée par un accord de Ré mineur. Comme nous l’avons vu précédemment, rien de tel qu’une petite dominante secondaire pour opérer l’accentuation souhaitée. Et en ce qui nous concerne ici, cela tombe particulièrement bien que la dominante de Ré soit La. Il nous suffit ainsi de simplement modifier la tierce de l’accord de La mineur de la mesure 5 et de lui adjoindre une septième, mineure elle aussi, pour le transformer en accord de septième de dominante que nous pouvons intégrer de la manière suivante :
Nous le notons V7/IV car il s’agit de la dominante du quatrième degré de la tonalité.
Voilà pour cette semaine. La prochaine fois, je vous inviterai à étudier avec moi comment nous pourrons enrichir encore notre harmonisation grâce aux modulations, notamment en passant par les accords pivots et l’utilisation de formules de II-V-I secondaires. Enfin, dans les articles suivants, nous verrons comment ré-articuler nos accords pour les amener à respecter les mouvements harmoniques.