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L'Art

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Sujet de la discussion L'Art

Citation : Pour moi, le sensible est la partie du spectateur, pas de l'artiste, du moins pas en premier. Comme dans le shéma hegelien. Je me répète mais bon... Ce qui rejette à mon avis cette fameuse recherche de la beauté. L'artiste étant dans l'objectivisation de sa pensée, il ne peut tendre vers le beau.



Je suis d'accord avec ce que tu dis sur le sensible comme étant partie du spectateur, mais c'est bien une certaine sensibilité qui a poussé l'artiste à créer?
Une fois sa création achevée et présentée au public, ce dernier va exprimer une sensibilité variable, mais il y a de fortes chances que cette sensibilité soit proche de celle exprimée par l'artiste.

Tu fais ensuite entrer dans le débat la notion de "beau" et ça ne facilite pas le débat car c'est encore un sujet à part entière et très très relatif.

Citation : Tout cela fini par rentrer dans le champ de l'agréable par l'habitude. Ce qui m'amène donc à dire que le beau est du domaine de l'habitude, du commun, donc n'a decidemmment rien à faire avec l'art...



Je comprend ton raisonnement et je l'approuve dans une certaine mesure.
Mais n'est-il donc pas possible selon toi de s'habituer à un art qui serait beau ou une oeuvre d'art qui serait belle?
Qu'est-ce qui a selon toi, à voir avec l'art si ce n'est le beau et l'habitude?
Pour simlplifier ta réponse je voudrais que la notion de beauté soit comprise comme subjective et donc implicite.
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Pour ce qui est de la question du beau, il n'est même pas question de remettre en cause son caractère subjectif tant c'est pour moi une évidence. Mais quand à son rôle au sein de l'art, ce n'est pas ma volonté qui l'en a évacué, mais bien l'art lui même; et ce depuis les impressionnistes. Il est tout à fait possible de s'habituer à un art quel qu'il soit, jusqu'à ce qu'il en devienne beau. Mais comme on peut s'habituer à vivre à coté d'un élevage de cochons ou d'une papeterie industrielle. On s'habitue, ça fait partie de notre environnement. Quelque part ça nous rassure, et quand on se retrouve ailleurs, il manque quelque chose.
Ce qui a à voir avec l'art pour moi, même si je répète un peu ce que j'ai déjà écrit auparavant (mais j'affine cependant), c'est la singularité, la pertinence, le hors champ, la sémiologie, le concept. En somme pour moi, l'art réside dans ce qui est "avant" l'oeuvre. L'oeuvre d'art n'est qu'une projection matérielle de l'art lui même.
Pour ce qui est de la sensibilité génératrice de la création, je vois plus les choses dans cet ordre ci : l'artiste au cours de son existence détermine ses choix par ses prédispositions sensibles, qu'il analyse, en tire des centres de préoccupations qu'il objectivise, pour ensuite créer un concept générateur de l'oeuvre d'art.
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Citation : Mais quand à son rôle au sein de l'art, ce n'est pas ma volonté qui l'en a évacué, mais bien l'art lui même



Oui mais ce qui a été évacué à été remplacé par un nouveau "beau" et ça à recommencé par la suite et ça recommencera.

Citation : Ce qui a à voir avec l'art pour moi, même si je répète un peu ce que j'ai déjà écrit auparavant (mais j'affine cependant), c'est la singularité, la pertinence, le hors champ, la sémiologie, le concept. En somme pour moi, l'art réside dans ce qui est "avant" l'oeuvre. L'oeuvre d'art n'est qu'une projection matérielle de l'art lui même.



Tu dois être un fan du Dadaïsme alors.
Ce point de vue est très intéressant et j'en reviens à cette idée de transcendance, que l'art est avant et après l'oeuvre, il ne se réduit pas à l'oeuvre même, mais dans le cheminement qui a mené à sa création (d'où mon idée de style de vie dépassant largement de la pratique artistique) et le cheminement que suit ses multiples visions/interprétations.
Je repose alors la question fondamentale de savoir pourquoi fait-on de l'art?
Pour soi?
Pour l'art lui-même?
Une de ses deux solution est-elle meilleure que l'autre?
Si oui laquelle et pourquoi?
Les outils d'analyse du jugement de valeur sont-ils objectifs?
Jusqu'à quel point?
Y a-t-il vraiment un art absolu?
Est-ce bien nécessaire?



Citation : Pour ce qui est de la sensibilité génératrice de la création, je vois plus les choses dans cet ordre ci : l'artiste au cours de son existence détermine ses choix par ses prédispositions sensibles, qu'il analyse, en tire des centres de préoccupations qu'il objectivise, pour ensuite créer un concept générateur de l'oeuvre d'art.



Je suis d'accord avec toi, cette analyse me plaît beaucoup, c'est le mot concept qui va en faire tiquer plus d'un.

Je tiens à vous remercier tous pour la matière à réflexion que vous amenez dans ce forum et les pistes de travail et de recherche. Impressionant vraiment.
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Alors là tu tapes dans le mille, effectivement Dada est un de mes mouvements cultes, avec Fluxus, les situationnistes et Présence Panchounette.

Citation : Je repose alors la question fondamentale de savoir pourquoi fait-on de l'art?


Ca je pense que c'est absolument et nécessairement propre à chaque artiste, puisque j'admet le fait que chaque démarche doit être singulière. Et pour ce qui est de la volonté de certains de perdurer après leur mort, c'est un des motifs que je trouve le plus ridicule et mégalomane. C'est le christianisme de l'art. Pour soi, forcement, si l'on parle d'un sacerdoce, d'une quête, elle est avant tout personnelle même si le cadre de l'art propose ce cheminement à un public. Là intervient le besoin de confrontation. Quant à l'art pour l'art, c'est plus un sujet qu'une motivation m'est avis. Et je ne crois pas qu'une solution soit meilleure qu'une autre, puisque personnellement je n'ai pas d'échelle de valeur basée sur la motivation d'un artiste. Que tel ou tel travail me touche plus ou moins n'appelle pas forcement un jugement.

Citation : Les outils d'analyse du jugement de valeur sont-ils objectifs?


Certainement pas. Il n'y a pas une mais des histoires de l'art. La critique et l'histoire de l'art n'obéissent (quel horreur ce mot) pas aux même critères que la production. Il y a bien des querelles quant à l'interprétation de différents travaux. Mais ce n'est pas pour autant que cette qualité subjective de la nature de l'analyse de l'art dénigre son intérêt, bien au contraire. En plus des explications fournies par l'artiste lui même (passage obligatoire aujourd'hui), la confrontation de différents avis me parait essentielle pour ne pas instaurer des rêgles figées, qui pousserai l'art vers une quête d'absolu, d'universalité. Ce qui m'amène à répondre à ta dernière question. Il est plus que dangereux d'espérer l'absolutisme en art. Cela revient pour moi à le fachiser, imposer des dogmes, un mode de pensée et de création.

Et pour ce qui est du mot "concept", ceux que cela froisserait seront alors dans l'obligation de nier toute création depuis "Impressions au soleil levant" de Monet, bonne chance...
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Dire que la vie est un art ça revient à dire que tout est de l'art donc c'est la même chose que de dire que rien n'est de l'art!
Chaque activité doit avoir un définition pour êxister surtout pour une activité symbolique comme l'art

personnellement je sais que ça va un peu à contre courant de ce qu'on appelle art à l'heure actuel mais pour moi l'art doit être tout entier compris dans l'oeuvre sinon ce n'est plus de l'art ( voir l'art conceptuel)

On est pour moi dans un période de décrépitude avancé de l'art comme de la culture ( fétichisme de la marchandise pour ceux qui connaissent un peu marx) et justement l'art conceptuel en est le produit ultime quand on voit qu'un caca est entouré de machine conceptuel hyper complexe et vaste ( genre de bouquin de 200 pages de référence d'argument d'autorité et tout le bordel dogmatique) on n'est pas plus dans l'art mais dans la production de valeur symbolique et marchande à l'attention de la bourgeoisie
Il y aurait aussi bcp a dire sur l'activité décervelant de l'art populaire ( chanson télévisuelle ect...)
L'échappatoire se trouve dans l'art spontanée du peuple ( art brut, tagg ect..)
A ce sujet la meilleur critique était et reste Duchamp
L'art est mort mais on rejoue l'enterrement arretons la musique qu'il crève !
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Le post de Kartouche est celui qui manquait, il ramène le débat sur terre et met bien les choses à plat.

Citation : Dire que la vie est un art ça revient à dire que tout est de l'art donc c'est la même chose que de dire que rien n'est de l'art!



Cela dépend de la vie de qui. Pour un artiste c'est peut-être un art car il a un regard particulier car l'art fait partie de sa vie de sa façon de voir et d'envisager.
Pour le public c'est peut-être de la merde car il n'a pas un regard particulier, l'art est une option et pas une grille de lecture permanente mais son jugement est aussi valable que celui de l'artiste.

Ton affirmation est donc juste car les deux systèmes, art et non-art, se complètent.
Il n'y a pas d'absolu, et si il y en a un, ce dernier englobe tout.

En ce qui concerne ton point de vue sur l'art conceptuel et l'art populaire je suis d'accord avec toi, ils sont aujourd'hui tous les deux vérolés par l'argent (voir la FIAC actuellement ou la chaîne M6Music).

Cependant on peut voir de "belles" choses (conceptuelles ou pas) à la FIAC, tout comme il y a d'excellents tubes de R'n'B sur M6Music ("Just the one" de Ameria ça pète vraiment)mais c'est à chacun de décider de ce qu'il trouve artistique ou pas sans essayer de convaincre que l'autre à tort d'aimer ou de ne pas aimer.
Si il y a une explication cohérente, la donner mais ne pas l'imposer.

Pas facile quand on est passionné hein ?!!


Citation : L'échappatoire se trouve dans l'art spontanée du peuple ( art brut, tagg ect..)



Malheureusement souvent vite récupéré...pour mieux le court-circuiter?

Si ce dernier point vous intéresse je vous invite à lire:

"L'art du chaos. Stratégie du plaisir subversif"
"Zones Autonomes Temporaires"
tous deux de Peter Lamborn Wilson a.k.a Hakim Bey.

Plus généralement:

Les bouquins de T.W.Adorno "Le caractère fétiche dans la musique" et "Théorie de l'art" ainsi que les travaux des sociologues de l'école de Francfort dont il faisait partie.

"L'œuvre d'art à l'âge de sa mondialisation, une ontologie de l'art de masse"
de Roger Pouivet.

Je vous conseil aussi la collection Idée Reçues dont le principe est de prendre un thème et d'analyser les idées reçue sur ce dernier, l'analyse étant faite par un kador de la question.
Il y en a un sur l'art contemporain, ça coûte 7 ou 8 euros et c'est bien. foutu.
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Oui mais l'art n'est pas un grille de lecture c'est une production symbolique qui contient elle-même sa grille de lecture

Citation : Cela dépend de la vie de qui. Pour un artiste c'est peut-être un art car il a un regard particulier car l'art fait partie de sa vie de sa façon de voir et d'envisager.
Pour le public c'est peut-être de la merde car il n'a pas un regard particulier, l'art est une option et pas une grille de lecture permanente mais son jugement est aussi valable que celui de l'artiste.



Tu confond deux chose l'art et le beau
L'art est une regard sur le monde (un message) qui s'actualise dans des objets. Il n'y a pas d'oeuvre virtuel (au sens ancien opposé à matériel) car un oeuvre est toujours une réalisation. Ce serait comme parler sans mots cela n'a aucune réalité les mots on besoin pour exister comme l'art de quatre choses
- un emetteur ( l'artiste)
- un support ( l'oeuvre)
- un recepteur ( le public)
- un contexte historique et social qui donne sens à l'oeuvre ( la culture au sens classique)
le beau lui qui n'a en fait que peu à voir avec l'art est lui tributaire d'un jugement, et surtout comme le disait amanita d'une histoire et de l'habitude

Quand au bouquin de hakim Bey ce que je lui reproche c'est
- de reprendre la rhétorique situationniste en la modernisant pour la faire paraitre moderne alors qu'elle est déjà ancienne...
- de vouloir supprimer l'art depuis un point de vue artistique, de vouloir dépasser les avant-gardes depuis un point d'avant-garde (je suis la modernité notamment...)
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Y'a plein de pistes intéressantes dans vos derniers posts, mais pas trop le temps de disserter. Je voulais juste parler en passant de l'art conceptuel. Différemment à ce que vous semblez dire, l'art conceptuel n'est pas un courant d'intellectualistes qui ont supprimé l'objet de l'art au profit du concept, mais bien des artistes qui ont tenté de la manière la plus radicale qui soit de rompre avec toute forme d'esthétique (cf les travaux de Joseph Kosuth, et son texte fondateur de l'art conceptuel "Art after philosophy). L'oeuvre n'ayant plus pour but que d'illustrer la démarche (Douglas Huebler, et ses comptes rendus d'expériences sur le hasard).

Hors sujet : J'espère que je vais pas finir tard ce soir j'ai quand même d'autres trucs à écrire

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Déterrage !!!
Je ne sais pas si vous avez entendu Jean Clair entre 8h30 et 9h ce matin dans la matinale de France-Inter sur le thème de l'identité culturelle européenne c'était :aime:

Il a magistralement dézingué toutes les utopies "gauchistes" de l'accès à la culture comme émancipatrice de l'homme aujourd'hui.

Les journalistes étaient presque choqués par tant "d'insolence", Sandra Freeman s'est ridiculisée et Pierre Weil ne voulait pas admettre que Jean Clair pouvait avoir raison.

En gros M.Clair expliquait qu'en l'An Mil le monde occidental a été recouvert par le blanc manteau de l'église et que depuis l'an 2000 c'est le blanc manteau des musées qui recouvre l'occident.

On invite les gens à aller au musée mais ils n'en ressorte pas cultivés pour autant, car la culture n'est pas magique et elle nécessite une éducation préalable qui devrait normalement être prodiguée par l'état au sein de l'éducation nationale, ce qu'elle ne fait plus depuis un certain temps.
Il proposait le retour de l'étude de l'histoire de l'art dans les écoles.

Mais l'état ne semblant pas avoir de projet allant dans ce sens, il fait la promotion des musées, en offrant une culture pratiquement accessible mais néanmoins intellectuellement incompréhensible car superficielle. Il ne suffit pas toujours de voir une oeuvre pour la comprendre.

Il regrettait bien évidemment l'amalgame culture et consommation, soulignant au passage que le futur directeur du centre Pompidou de Metz (qui ressemble selon lui à un Buffalo Grill)est une ancien de chez McDonald.

A un moment le journaliste je crois, faisait part du fait qu'il y avait 1000 traducteurs au parlement européen et que c'était là une belle image du brassage culturel européen.
Jean Clair lui, trouvait cela triste, car il fut un temps où l'on apprenait la langue des autres et que dans les années 20 beaucoup d'intellectuels parlaient plusieurs langues et traduisaient les oeuvres de leurs collègues étrangers.

Bon j'ai résumé au mieux mais je vous invite à aller écouter Jean Clair lui-même.

http://sites.radiofrance.fr/franceinter/em/septneuf_dim/index.php