Wham Bam Jazz
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Silverfish Imperatrix

Mon thread sur le jazz, principalement bop et post bop:

sonicsnap


eklektik38


sonicsnap


Môssieur Jean


sonicsnap


molopomchips

En 2006, Juliette Gréco, qui vient de s’éteindre à l’âge de 93 ans, s’était confiée à Philippe Carles pour Jazz Magazine. Sujet principal de leur conversation : un jeune trompettiste qu’elle avait connu à Paris en 1949. Morceaux choisis.
« J’étais un peu la petite sœur de Boris Vian, qui était très protecteur avec moi. Or, la première fois où Miles Davis est venu à Paris, c’était à Pleyel. Comme il n’y avait pas de place dans la salle – de toute façon je n’avais pas de quoi me payer une place –, j’avais été amenée en coulisse par la femme de Boris, Michèle. Et j’ai vu Miles de profil : c’était absolument un Giacometti. Avec un visage d’une grande beauté. Je ne parle même pas du génie de l’homme : pour en prendre conscience, il ne fallait pas être grand clerc ni spécialiste de jazz. Entre l’homme, l’instrument et le son, il y avait une harmonie tellement rare ! A ce degré d’esthétisme, c’est assez bouleversant… Il était en soi un spectacle, pourtant habillé très classiquement, pas comme il s’est habillé plus tard, de manière “exotique”, et superbe, qui lui allait fort bien.
J’ai donc rencontré cet homme, qui était fort jeune [23 ans, NDR], et moi aussi [22 ans], puis nous sommes allés dîner tous ensemble, avec un tout un tas de gens que je ne connaissais pas. Et voilà. Je n’étais pas très anglophone, il ne parlait pas français. Je ne sais pas comment nous nous sommes débrouillés. Le miracle de l’amour !
Je me souviens, oui, de cette émission avec Jean-Pierre Foucault [en 1990, NDR]. J’avais été ahurie de voir cet archange sombre, qui descendait de son avion, jouant Les feuilles mortes et qui est venu s’asseoir à côté de moi, fou de rage : “Quelle bande connards ! Ils n’ont même pas branché le micro !” Mais quand Foucault l’a très gentiment remercié, lui demandant pourquoi il avait accepté de venir, il a grogné : “Parce que je suis amoureux de Juliette”, précissant qu’en l’absence de micro il n’avait joué que pour son ancienne dulcinée… Tout comme j’avais eu le privilège de l’entendre, chez lui, et même une fois dans son bain, jouer la musique de son “petit chéri” : Bach.
Associer mon chant à sa trompette ? Je ne suis pas folle – ou plutôt si : je suis folle mais j’ai le sens de l’humour. Pourquoi essayer de faire mal, ou moins bien, ce que d’autres font si bien ? Si Miles savait que j’étais chanteuse ? Il ne m’a jamais écoutée, sinon beaucoup plus tard à New York, au Waldorf Astoria. Avant, pour lui, j’étais moi, je m’appelais Juliette Gréco, j’avais une tronche bizarre, et c’est moi qu’il a aimée, ce qui est plutôt réjouissant.
Sartre avait dit à Miles : “Pourquoi n’épousez-vous pas Gréco ? – Parce que je l’aime trop pour la rendre malheureuse.” A ce moment là, ce n’était pas une question d’infidélité ou de donjuanisme, c’était une question de couleur : s’il m’avait emmenée avec lui en Amérique, j’aurais été une “pute à nègre”… Au Waldorf, où j’avais une suite très convenable, je l’avais invité à dîner. Il est venu avec John Lewis, et j’avais commandé le repas. La tête du maître d’hôtel quand il est entré : indescriptible ! Au bout de deux heures, on nous a quasiment jeté les plats… Miles m’a rappelé, à quatre heures du matin, dans un état… “Je ne veux plus jamais vous voir ici… Dans ce pays une telle relation est impossible.” J’ai soudain pris conscience que j’avais commis une erreur, par rapport à quelque chose d’inhumain, d’irrespectueux, d’où un sentiment étrange, d’humiliation, que je n’oublierai jamais. Là, sa couleur m’est apparue avec une extrême violence, alors qu’à Paris je ne m’étais même pas aperçu qu’il était noir !
Entre Miles et moi ce fut une superbe histoire d’amour, comme j’en souhaite à plein de gens. Nous ne nous sommes jamais perdus au cours de notre vie. Au gré des tournées, il me laissait des petits mots dans les pays d’Europe où j’allais passer : “J’étais là, vous n’y étiez pas.” Il est venu me voir à la maison quelques mois avant sa mort. Il était assis dans le salon. J’ai alors entendu son rire… démoniaque ! Je lui en ai demandé la raison : “Dans n’importe quelle endroit au monde, m’a-t-il répondu, cette femme de dos, je saurai que c’est vous.” »
Extrait de Jazz Magazine n° 570, mai 2006.

[ Dernière édition du message le 28/09/2020 à 07:39:05 ]

sonicsnap


_d j a n g o

On a de la chance d'être en France (pour ceux qui y sont).
Je suis en couple (avec enfants) avec une femme noire. En France, on a très rarement des regards desapprobateurs. Dans ma banlieue parisienne, c'est très très très courant, les couples mixtes.
Ce serait différent, encore de nos jours, dans certains pays. En vacances en Hollande, déjà, on sentait que c'était pas si courant... Surtout que je suis chauve avec barbe. Les regards hollandais... Pas tous bienveillants.
Le poids de l'Histoire, des dominations, de la xénophobie.
Résultats du questionnaire écolo :
[ Dernière édition du message le 30/09/2020 à 16:44:21 ]

sonicsnap

_d j a n g o > A première lecture, j'ai compris que c'était les "regards désapprobateurs" qui étaient très très courant dans ta banlieue. Ce qui m'a surpris. En relisant, je réalise que ce sont les couples mixtes qui sont très courants. Je comprends mieux.

molopomchips

Je viens de lire un super roman sur le sujet : "Americanah" de Chimamanda Ngozi Adichie
[ Dernière édition du message le 30/09/2020 à 16:32:32 ]

sonicsnap

Je ne poste pas souvent d'album entier, mais là, de toutes façons, il n'y a que deux morceaux.
Je viens seulement de le découvrir et je le trouve terrible! Miles Davis parfait. Mais surtout celui qui m'a flashé, c'est John McLaughlin! Sa guitare dans ce disque est magnifique! Tout ce que j'aime! Qu'on est loin des bavardages à deux cent à l'heure rasoirs de Mahavishnu. Ici, ça cogne, ça secoue, ça arrache, les cordes souffrent, c'est sale. Comment ça vit, quoi! Vraiment si vous connaissez d'autres disques sur lesquel McLaughlin joue de cette façon, donnez moi l'adresse!

ascent

Mais pour moi, il a toujours joué comme ça avec Miles Davis.
Et j'adore le morceau Duran :
En fait pour moi tous ces morceaux sont les plus représentatifs du terme Jazz-Rock.
https://ascent68.bandcamp.com/releases
https://www.youtube.com/channel/UC86OS80-CU2p4hxaDzIiIjw/videos
https://soundcloud.com/a-ascent

Silverfish Imperatrix

Mon thread sur le jazz, principalement bop et post bop:

Môssieur Jean

Vraiment si vous connaissez d'autres disques sur lesquel McLaughlin joue de cette façon, donnez moi l'adresse!
Ça n'est pas exactement le même jeu, mais avec le morceau ci-dessous on est loin des trucs très techniques:
Sur le même album, un peu plus sauvage mais avec quelques passages techniques quand même:

sonicsnap

Le morceau "Duran" avec Miles Davis, par contre me va très bien.
J'ai déjà écouté "Devotion" et je n'ai pas le souvenir d'avoir sauté au plafond. Je vais à nouveau me le jouer dare dare! Pour voir..

Môssieur Jean

et je n'ai pas le souvenir d'avoir sauté au plafond


Môssieur Jean


sonicsnap

J'ai réécouté "Devotion" mais même si, à la rigueur, je préfère ça à Mahavishnu, ça ne m'emballe pas autrement.
Non, vraiment dans "A Tribute to Jack Johnson" il y a une étincelle incroyable au niveau de la guitare, que jusqu'à présent, je ne retrouve que dans "Duran".
Enfin merci les amis pour vos suggestions!


ascent

https://ascent68.bandcamp.com/releases
https://www.youtube.com/channel/UC86OS80-CU2p4hxaDzIiIjw/videos
https://soundcloud.com/a-ascent

sonicsnap


_d j a n g o

C'est excellent.
1971. Cette période (fin sixties, début seventies) est un moment de l'Histoire où tout était foisonnant. Tout semblait possible. Un feu d'artifice intellectuel, culturel, politique. J'aurais tellement aimé vivre cette période... bien loin de la période actuelle où les pissent-froid sont rois.

Cet album est excellent. Je trouve qu'on ressent l'esprit de l'époque. Volonté de s'affranchir des règles, des barrières, de tout ce qui ressemble à une cloison.




Résultats du questionnaire écolo :
[ Dernière édition du message le 07/10/2020 à 18:15:42 ]

Silverfish Imperatrix

Bitches brew
Live at The Fillmore East
Jack Johnson
Live-Evil
On The Corner
Live at The Philharmonic Hall
Black Beauty
Big Fun
Get Up With It
Agharta
Water Babies
Pangaea
Dark Magus
Du studio, du live, du Miles électrique, pour moi rien à jeter, ça joue de la première à la dernière seconde de ces 14 albums officiels, avec les meilleurs musiciens du moment. Ça groove, ça cogne, il y a des moments d'intense beauté.
pas étonnant que Davis ait dû faire un break après ces 6 années de tournées et d'enregistrement.
Mon thread sur le jazz, principalement bop et post bop:

sonicsnap


Silverfish Imperatrix > Merci pour cette liste, il y reste des albums que je n'ai pas encore écoutés.

_d j a n g o

Gros classique du hard bop.

Résultats du questionnaire écolo :
[ Dernière édition du message le 07/10/2020 à 19:17:46 ]

Silverfish Imperatrix




Là aussi, les Blue Note de Herbie Hancock des années 60: que du bon.
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