Se plaçant en concurrent direct du célèbre Boss Katana, les nouveaux amplis Line 6 Catalyst en empruntent beaucoup de fonctions. Il nous reste à voir si la marque tient ses promesses ou si le Katana a encore de beaux jours devant lui.
Quand Boss sortait le Katana en 2016, personne ne se doutait que la marque allait par la suite littéralement dominer le marché. De quoi fortement agacer Line 6 qui, à l’époque, avait aussi révolutionné l’industrie avec le POD et connu un franc succès avec les amplis Spider. Six ans après la sortie du Katana de Boss, Line 6 n’a pas lâché l’affaire et sort à son tour une série de concurrents directs à ce best-seller : les amplis Catalyst.
Le catalyseur pour guitare …
Même si en anglais le nom de ces nouveaux amplis sonne bien, il faut avouer que dans la langue de ce cher Molière, ce n’est pas le même Pastis. La série Catalyst, annoncée mi-février 2022, regroupe trois amplis aux caractéristiques communes, mais à la puissance différente. On retrouve le Catalyst 60, le Catalyst 100, tous les deux étant équipés d’un haut-parleur de 12 pouces et le Catalyst 200, gros bébé de 200 watts et avec deux haut-parleurs de 12 pouces. Je parle ici de gros bébé parce que l’engin pèse quand même 18.9kg, pour un ampli à modélisation, c’est lourd. Cela dit, en jetant un rapide coup d’œil à la concurrence, on se rend compte que le Boss Katana 212 affiche 19.8kg sur la balance, encore plus lourd. Le Catalyst ne s’en sort donc pas si mal.
Line 6 a donc voulu concurrencer directement Boss avec un ampli qu’on utilise de manière traditionnelle, sans passer par divers écrans et sous-menus, mais simplement en tournant des potentiomètres. Sur ce point-là, le pari est réussi, le Catalyst s’utilise effectivement comme un ampli traditionnel et on obtient assez vite le son souhaité. Commençons par détailler le panneau « avant » (les contrôles sont en fait positionnés sur le dessus) qui, étrangement, est très lisible et bien organisé. On trouve tout d’abord l’encodeur rotatif rétroéclairé baptisé Selector. Il sert à parcourir les six types d’amplis différents proposés par Line 6, mais aussi pour la sélection des effets, nous y reviendrons. Juste après se trouve la section Boost avec son bouton d’activation/désactivation et son réglage de niveau. Line 6 a appliqué un boost différent sur chacun des six amplis, ce qui est assez malin. Viennent ensuite les potentiomètres de gain, bass, middle, treble et présence qui permettent d’ajuster le niveau de gain et de sculpter le son avec une égalisation plutôt réactive. Se situent ensuite le réglage Channel Volume qui ajuste le niveau global, sans passer par le Master Volume, et la section effets. Cette dernière est très timide et beaucoup moins complète que sur le Katana. On trouve d’abord un potentiomètre Effect relié à un bouton puis la même chose pour la réverbe. Entre les deux boutons se trouve un troisième bouton Tap qui permet de taper le tempo du delay, entre autres. Enfin, le réglage de Master Volume ferme la marche. Malgré des contrôles au nombre très limité et un réglage global plutôt simple, on se rend rapidement compte que le Catalyst propose moins que le Katana. L’ampli de Boss, dans sa version MKII testée dans nos colonnes, propose cinq sons différents, dont une position Acoustic, avec chacun une variation. On a donc 10 sons dans l’ampli, là où le Catalyst n’en propose que 6. La section effets du Katana permet l’utilisation de plusieurs effets en simultané (boost, delay, effet de modulation et FX) auxquels vient s’ajouter une réverbe ! Sur le Catalyst, on choisit sa réverbe et un effet parmi les 18 proposés (répartis en 3 catégories) et c’est tout.
Détaillons à présent le panneau arrière qui, sur le Catalyst, est très fourni. On trouve d’abord le switch de mise en tension de l’ampli. J’aurais préféré qu’il figure sur le panneau avant, mais c’est une affaire de goût. Viennent ensuite le sélecteur de puissance qui permet de basculer entre 200 watts, 100 watts, 0.5 watt et Mute, le port USB-B pour utiliser l’ampli comme interface audio ou éditer les sons à l’aide d’un ordinateur ou d’un smartphone et la fiche MIDI In qui permet le branchement d’un contrôleur MIDI. On trouve ensuite une fiche pour connecter le foot switch Line 6 LFS2 pour changer de canal (ce que Line 6 appelle « canaux » sont en fait des presets) et activer/désactiver les effets. La section suivante regroupe une entrée auxiliaire sur Mini-Jack et une sortie casque avec simulation de haut-parleur. Dans l’application Catalyst Editor, on peut choisir entre une enceinte 1X12, 2X12 et 4X12 et une foultitude de micros différents dont évidemment, les plus classiques. J’ai utilisé le MD421 qui offre un rendu correct avec tous les sons. La boucle d’effets se trouve juste après, avec ses fiches Send et Return et un petit switch à deux positions qui détermine la fonction de la fiche Return : FX Loop et Power Amp In. On peut donc utiliser l’ampli pour y brancher un multieffet ou un préampli externe et n’utiliser que l’ampli de puissance et les haut-parleurs. C’est une fonction très bien pensée qu’on retrouvait d’ailleurs sur le Boss Katana. Enfin, le panneau arrière se termine avec une sortie sur XLR accompagnée de son switch de mise à la terre. Cette fonction en revanche ne figure pas sur le Katana et elle est très bienvenue.
Ergonomie
S’il y a bien un pari réussi par le Catalyst, c’est bien la simplicité d’utilisation. On comprend rapidement et sans devoir se plonger dans le mode d’emploi, comment utiliser la bestiole. Cependant, facile à utiliser ne rime pas nécessairement avec ergonomie. Sur ce point, selon moi, le Boss Katana reste supérieur. L’idée de Line 6 d’un sélecteur rotatif à six positions n’est pas mauvaise, on la retrouve d’ailleurs chez Boss, mais son utilisation n’est pas ici des plus simples. Cet encodeur rotatif est lumineux, mais cette lumière blanche est assez diffuse, et à moins d’être PILE au-dessus, on a parfois du mal à déterminer la position sur laquelle il se situe. De plus, cet encodeur sert également à naviguer entre les différents effets et types de réverbes. Ce n’est pas très instinctif même si cela fait gagner pas mal de place sur le panneau de contrôles.
L’utilisation des effets est d’ailleurs très laborieuse. La marche à suivre se déroule en plusieurs étapes, c’est dommage. On doit d’abord activer le module d’effets en appuyant sur le bouton. Au centre de ce dernier se trouve une LED qui, une fois allumée, témoigne de la mise en marche des effets. On doit ensuite maintenir une pression continue de deux secondes et basculer entre les trois types d’effets à l’aide du bouton TAP. La LED change alors de couleur pour indiquer sur quelle famille d’effets on se situe : vert : delay, bleu : modulation et violet : Pitch. Chaque « famille » d’effets possède ensuite six effets entre lesquels on bascule via l’encodeur rotatif ! Pas évident du tout. Le procédé est identique pour la réverbe : on sélectionne parmi six types de réverbes via l’encodeur rotatif. Comme sur le Boss Katana, on ne trouve que des réglages de Mix directement sur l’ampli, pour la réverbe et les effets. Cependant, Boss avait eu l’intelligence de séparer ces « familles » d’effets en autant de blocs physiques sur l’ampli de façon à pouvoir les utiliser simultanément. Sur le Catalyst, on a le choix entre un delay, un effet de Pitch ou un effet de modulation. Fort heureusement, la réverbe est à part et peut donc être utilisée en conjonction d’un autre effet. Vous pourrez donc intervenir sur le Mix de votre réverbe et de vos effets sur le panneau de contrôle. Pour l’édition en profondeur, rendez-vous sur l’éditeur logiciel. Ce dernier, au-delà de son look assez austère (c’est aussi le cas de l’éditeur du POD GO de Line 6, mais aussi de ceux des produits Boss), remplit assez bien sa fonction. La section effets comme la réverbe peuvent être placée pré ou post ce qui est bien pratique et les réglages sont globalement assez complets. L’éditeur donne accès aux réglages du Noise Gate (réglage du seuil et du déclin) et à une section baptisée Amp Advances Parameters. Cette section comprend les réglages de Sag, Bias et Bias X en plus d’une fonction Hum que l’on peut activer ou désactiver. Juste à côté se trouve la section simulation de haut-parleur. Cette dernière affecte la sortie directe sur XLR, la sortie casque et la sortie USB. Les micros disponibles sont les suivants : SM57, MD421, RE20, M160, C414, U67, U47, D12, 409, R121, AT4038, KM84, U87, D112 et SM7. L’embarras du choix donc !
Le tour des six sons
Les sons du Catalyst sont tous confectionnés par Line 6 pour cet ampli. La marque a employé la technologie de Sound Design qu’elle a utilisée pour les produits de la gamme Helix. On peut donc s’attendre à de la modélisation de haute voltige en commençant à triturer les réglages de l’ampli. Le son clair est droit, très standard. Il n’a pas de charme particulier, mais a le mérite de bien recevoir les pédales de saturation. Sa section Boost est agréable sur le premier tiers de la course du potentiomètre. On obtient alors un son « pushed clean » tout à fait utilisable et convaincant. En dépassant le premier tiers du potentiomètre Boost en revanche, le son devient presque fuzzy et pas très plaisant.
- Clean + Boost + Spring02:06
- Clean USB01:08
La position Boutique est plutôt sympa. La saturation est épaisse et le son est très musical comme l’égalisation qui réagit très bien. Le réglage de gain permet d’aller d’un son presque clair à une saturation bien épaisse et avec beaucoup d’harmoniques. Une bonne présence dans les médiums est remarquable. Le Boost ne m’a pas transcendé, il casse ce côté musical en apportant une couleur légèrement synthétique à l’ensemble.
- Boutique +Boost + Spring02:52
- Boutique USB02:12
En basculant sur la position Chime, le son s’oriente vers une teinte plus Vox dans l’esprit. On a un grain presque vintage, mais pas très agréable à jouer. La saturation possède quelque chose d’étonnant, le niveau de gain est difficile à décrire. En ajoutant le Boost, on entre sur le territoire des sons à la Brian May, guitariste de Queen. Le Boost ressemble à un Treble Boost qui déglingue l’étage d’entrée de l’ampli. Comme le son Boutique, ce réglage Chime réagit bien au potentiomètre de volume de la guitare.
- Chime +Boost + Spring02:33
- ChimeUSB02:17
On passe sur le réglage Crunch qui, selon la marque, a une couleur British assumée. Effectivement, le son possède une sorte de bosse dans les médiums qui le rapproche de celui d’un ampli Marshall. Sur les deux premiers tiers de la course du réglage de gain, le son est agréable et assez organique. En passant les deux tiers, il devient synthétique et rugueux. La section Boost n’est pas à la hauteur, mais on peut aller d’un son clair cristallin à un gros overdrive juste en triturant le réglage de volume de la guitare, c’est chouette.
- Crunch +Boost + Spring02:13
- Crunch USB02:48
Le son Dynamic affiche les mêmes symptômes avec une sonorité assez synthétique et un grain globalement décevant. Le ressenti de jeu n’est pas très agréable bien que le son s’éclaircisse comme il faut quand on baisse le volume de la guitare. La section Boost est ici assez bien étagée et apporte un peu plus de cohérence et de présence au son.
- Dynamic +Boost + Plate + Tape Echo02:15
- Dynamic USB02:44
Enfin, le réglage Hi Gain souffre des mêmes symptômes également avec un son trop artificiel. Sur les réglages de gain assez bas, le son est toutefois plutôt ouvert et dynamique. En montant le gain, on arrive vite sur une saturation numérique pas très concluante. Cependant, le son a le mérite d’être moderne et bien resserré, rien ne dépasse ni ne bave.
- Hi-Gain +Boost + Plate + Tape Echo03:08
- Hi-gain USB03:08
Faisons à présent un rapide tour des effets intégrés au Line 6 Catalyst. Comme dit plus haut, ils sont au nombre de 18, ce qui fait un peu pâle figure face aux 60 effets proposés par le Boss Katana MkII. Si les réverbes sont convaincantes et plutôt agréables, les autres effets ne m’ont pas fait sauter au plafond. Les différents delays sont sympas, mais sans plus, même constat pour les effets de modulation et de Pitch. Mention spéciale pour l’octaver qui a le mérite de ne pas décrocher et de bien suivre.
En bref
Avec le Catalyst 200, Line 6 a réussi son pari de concevoir un ampli numérique moderne qui s’utilise « comme un ampli traditionnel ». Cependant, si l’ampli est simple à utiliser, son ergonomie n’est pas au rendez-vous et manipuler l’engin n’est pas vraiment une partie de plaisir. Les six amplis conçus par la marque ne sont pas très convaincants bien qu’ils couvrent littéralement tous les styles que vous pourriez avoir envie d’aborder. La fonction Boost avec un boost différent pour chaque ampli est bien pensée, mais le résultat sonore n’est clairement pas à la hauteur. Quelques aspects sont encore à revoir comme la gestion des effets (qui ne sont pas assez nombreux à mon sens pour un ampli de cette catégorie) ou des presets. Le Catalyst 200 se pose en fait en concurrent du Boss Katana 212 première version. La version MkII est bien plus complète, aboutie, et offre bien plus que le Line 6 Catalyst. C’est dommage que la marque n’ait pas profité de son expérience dans le domaine des multieffets pour en intégrer davantage à l’ampli. Le Catalyst affiche en revanche une construction très soignée et une qualité de fabrication sans bavure. Les haut-parleurs sonnent bien que ce soit en sons clair, crunch ou saturé. Proposé au tarif de 498 €, le Catalyst 200 affiche un rapport qualité/prix assez moyen.